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LANGAGE DRAMATIQUE ET ELEMENTS PARA VERBAUX

Dans le document Didactique, texte et jeu dramatique (Page 48-54)

Texte et jeu dramatique, quelques fondements théoriques

5. LANGAGE DRAMATIQUE ET ELEMENTS PARA VERBAUX

Cette cinquième partie se distingue des précédentes par le fait qu'elle traite d'aspects qui concernent la structure du langage, raison pour laquelle elle se trouve en fin de chapitre.

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Comme nous l'avons dit plus haut, interpréter un texte dramatique est une tâche très complexe qt.ù demande aussi de ma1h·iser un certain nombre d'élements propres au langage dramatique. Nous nous proposons io d'en développer brièvement quelques-uns. Nous choisissons de prendre en considération des éléments h·ès spécifiques, à savoir ceux qui sont directement liés à la J?roblématique de notre recherche. Tis appartiennent à la catégone des éléments paralingt.ùstiques que nous nommons éléments pnraverbctux du langage. De plus, ils se regroupent dans un ensemble qui correspona à la dimension structuration du lrmgn.ge. Les développer ici nous semble important pour deux raisons. Premierement, il faut avouer que nous avons dit trè peu de chose à leur sujet à travers les écrits théoriques que nous avons mis en évidence. Deuxièmement, ces éléments présentent des aspects communs aux deux approches que nous avons définies. Ainsi, indépendamment aes axes de travail, il nous faut comprendre la place qu'ils occupent dans l'expi-ession du langage dramatique avant de les distinguer dans les deux modèles didactiques.

Afin de sihter ces éléments paraverbaux, rappelons ici que le langage dramatique, à finstar d'autres langages, présente des aspects a la fms complexes et multidimensionnels.

Il réunit divers composants qui sont d'une part un ensemble d'éléments linguistiques, d'autre pait un ensemble d'éléments non linguistiques. Si les éléments para.verbaux appartiennent à l'ensemble des éléments non linguistiques, ils sont malgré cela situés en périphérie de ce q1ù est linguistique. Ils sont donc étroitement lies aux éléments linguistiques (ou verbaux), raison pour laquelle on les nonune aussi éléments paralinguistiques. To��s ces éléments, de par leurs cai-actéristiques respectives_.

dittèrent les uns des autres.

Le langage permet avant tout de communiquer, de véhiculer des idées, de manifester des intentions, d'exprimer des sentiments. Il est parfois actes d'écriture, actes de parole ou faits gestuels. Ceci définit le caractère protéiforme du langage.

Au-delà de leurs caractéristiques ou de leurs formes, ces éléments se distinguent par le fait qu'ils jouent des rôles différents, qu'ils n'ont pas la même fonction ni la même valeur.

Malgré ces différences, ils sont difficilement dissociables. Leur association dans l'utilisation du langage définit une relation d'interdépendance. Interdépendance qui permet à certains éléments de venir en compléter d'autres, de les soutenir voire les renforcer pour ainsi donner une nouvelle forme, tm nouveau relief au langage, une nouvelle valeur expressive.

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Texte et jeu âmmntique, quelques Jonâements thëoriques 51 D'une manière générale, dans le langage écrit comme dans le langage oral, les éléments verbaux sont ceux qui concernent le lan�aie au niveau du champ lexical et du champ syntaxique. Ces elem.ents définissent la structure de l'énoncé écrit et oral, la structure du texte écrit et dit. En ce sens, nous dirons qu'ils sont en quelque sorte la première matière du langage, l'ensemble des signes graphiques ou acoustiques de la langue.

Comme notre étude repose sur les capacités d'expression langagière des élèves, notre problémati�ue ne concerne pas directement ces capacités au niveau des élements verbaux. Cela ne veut pas dire qu'il faut les ignorer pour autant. D'une part, ils constituent les éléments des corpus que nous allons utiliser avec les élèves, les fragments de textes dramatiques, la matière écrite qui va être lue et dite, d'autre part, cette matière écrite sera forcément traitée au cours du processus d'oralisation. Ce traitement du matériau texh1el peut en outre en.traîner certaines conséquences, tme déformation du langage, oublis ou inversions de mots par exemple.

Pour revenir aux éléments paraverbaux, ces derniers s'associent aux éléments verbaux pour leur d01mer valew· et sens. « Ce sont eux, finalement, qui font du texte ce qu'il est lorsque le spectateur l'entend », comme le dit justement Lartflomas (1980, p. 50). Les éléments paraverbaux permettent d'inscrire l'objet langagier - en tant qu texte écrit - dans une dimension supérieure lorsqu'il est oralisé, c'est-à-dire ce qui fait de cette langue écrite un langage oral que nous dirons, de manière prosaïque, tm langa�e accompli, chargé de sens dans un contexte spécifique de la situation de communication orale.

Les éléments paraverbaux du langage ne sont pas directement présents dans le texte écrit. Pour les considérer comme tm phénomène observable, il faut que le texte écrit" soit oralisé. C'est donc au cours du processus d'oralisation, ici lors de l'interprétation du texte dramatique, que nous pourrons les observer et les éh1dier.

Dans notre problématique, nous ne nous occupons que de ceu� qui �once1:1ent la _prosodie,. à savoir la m�odie de la voix, les mflex10ns, l'mtonat10n, les faits d'accenh1abon, le rythme et les coupes, le tempo, les pauses. Un texte écrit, a fortiori le texte dramatique, reste tm objet inerte tant qu'il n'est pas dit ou oralisé par un locuteur. Pour l'oraliser, il faut que la parole s'active, se mette en action et, comme le disent Dolz et Schneuwly (1998, p. 53), « . . . on ne peut envisager l'oral en tant que fonctionnement de la parole san la prosodie, c'e t-à-dire

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des émotions ou des sentiments. Si ces éléments, qui sont des actes, peuvent temporairement être dissociés de la parole ou de l'acte de parole et exprimer dans leur fonction sémantique intentions, émotions et sentiments avec force (comme c'est le cas dans des ,P.ièces mimées), ils accompagnent cependant la parole de maruère très exhaustive dans la plupart des situations de communication orale. Ces mouvements de la main, du bras, de la tête, des yeux ou de toute autre partie du corps penncttent de souligner la parole, de la compléter, de J' achever voire de s'opposer à elle. Par leurs fonctions respectives, la valettr et le sens qu'ils peuvent donner à un énoncé oral nous avons jugé bon de regrouper ces éléments sous la rubrique éléments paraverbaux. Nous reviendrons sur le rapeort entre le geste et la parole par l'observation de faits spécifiques dans T'analyse micro des éléments visuels.

6. L'ef/__et perlocutoire. La parole est action ou instrument de l'action. C'est-à-dire que, dans la plupart des situations de communication, la parole est pour le locuteur l'instrument privilégié qui lui permet de manifester oralement ses mtentions, ses idées, ses désirs, ses émotions, ses sentiments. La situation de communication réunit au même moment et le plus souvent en un même lieu un locuteur et son interlocuteur. tlle permet au premier de dire au second ce qu'il aimerait obtenir âe ltù, ceci dans la plupart des interactions locuteur­

i:nterlocutetu du langage ordinaire. Si la parole est une action, elle permet donc d'accomplir verbalement un certain nombre d'actes.

Pour revenir au langage dramatique, on constate que la situation n'est pas différente du langage ordinaire. En effet, si l'on considère fes choses de ce point de vue, nous pouvons dire qu'il y a dans l'enchaînement âes répliques des effets souvent très fortement marqués, par la volonté même de l'auteur, au niveau des énoncés qui permettent d'accomplir une action. Ceci de manière même pfus significative pourrions-nous dire, car le langage dramatique permet une plus grande concentration des effets par rapport au langage ordinaire dans le sens où le langage dramatique n'est pas tm langage spontané puisque l'écrit précède le dit. Dans le texte dramatiCJ.ue, la forme des dialogues relève de la parole action et parnu les énoncés qui permettent d'accomplir une action on peut y déceler différents actes de langage, notamment des actes _gui contiennent tme force avec un effet que nous appellerons ejfet perlocutoire.

Qu'est-ce que l'effet perloetttoire ? D'une manière générale, il est l'effet que produit la parole du locuteur sur celle de son

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Texte et jeu dramatique, quelques fo11deme11ts thlforiques 55 interlocuteur. Autrement dit, la parole du premier peut :induire un comportement langagier particulier au niveau de celle du second selon des conséquence imputées au contenu et à la forme de la parole énoncée par le 1ocuteur. De manière plus concrète, les conséquences liées aux effets de la parole de ce dernier peuvent entraîner chez l'interlocuteur un changement de comportement langagier au niveau de l'intonation, du ton qu'il va employer par la suite ou de certains gestes liés à la parole également. Cet effet perlocutoire plonge en quelque sorte le destinataire d'un énoncé dans une relation au niveau du signifié qui lui donne une compréhension différente de cet énoncé, ceci à tel point qu'il opère en réponse tm. changement de comportement verbal voire non verbal. Ses intentions sont changées ainsi 9.ue les motivations de son acte de langage.

Nous pouvons dire ici qu'il y a, dans les conséquences liées à cet effet, une par.t très importante réservée à l'affect.

7. Ln dissociation. Nous proposons cet élément pour définir les particularités variables qui coordonnent le débit et l'intensité vocale. Par expérience nous avons pu observer, par exemple, qu'une augmentation de l'intensité vocale amène le locuteur plus ou moins consciemment à accenh1er le débit de son discours. A L'instar le comédien débutant aura tendance, pour garantir l'intelligibilité de son acte de parole, à hausser la voix et, sans se rendre compte, il accélère le texte au détriment de l' articulation ou du phrasé.

Ainsi nous définissons la dissociation comme l'organe de contrôle qui détermine le locuteur à opérer consciemment des variations sur l'axe qui lie l'intensité vocale au débit de la voix.

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Vere: 1111e nzorféîi;ontion de l'interprétntion du texte drnmntique 57

Chapitre 3

Vers une modélisation de l'interprétatio n du texte

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