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Une couverture vaccinale insuffisante chez les migrants

4 Séroprévalence et couverture vaccinale des migrants primo-arrivants

4.2 Une couverture vaccinale insuffisante chez les migrants

Plusieurs études soulignent une couverture vaccinale moindre chez les migrants et notamment les enfants immigrés par rapport à la population générale et aux enfants vivant dans leur pays d’origine, suggérant ainsi des inégalités d’accès à la vaccination dans les pays d’accueil (34).

En France, les données recueillies dans les CASO de MDM en 2018 montrent que près de 30% des enfants de 15 ans ou moins (≤ 15 ans) ne sont pas à jour des vaccins DTP, près de 40% ne sont pas à jour des vaccins contre la coqueluche et ROR et seulement 56,1% sont à jour des vaccins contre l’hépatite B (22). Concernant le vaccin contre le Bacille de Calmette et Guérin (BCG) contre la tuberculose qui n’est plus obligatoire en France depuis 2007 mais qui reste recommandé pour les enfants originaires de régions endémiques ou vivant dans des conditions précaires (ce qui correspond au profil des personnes rencontrées dans les CASO), 67,5% des enfants de 15 ans ou moins ont réalisé ce vaccin et 54,4% des personnes de plus de 15 ans (> 15 ans) (Annexe 5).

Cependant, ces taux de couverture vaccinale restent en-dessous de ceux retrouvés en population générale et en deçà des objectifs de santé publique qui permettraient de garantir une protection efficace à l’ensemble de la population. Santé publique France fait état d’une couverture vaccinale élevée des enfants, quel que soit le pays de naissance, à l’âge de 6 ans : 95,8% pour le DTP et 95,1% pour la coqueluche en 2012-2013 (45). Pour la rougeole, 96,4% des enfants de 6 ans ont reçu 1 dose et 83,2% 2 doses en 2012-2013 (46). Par ailleurs, selon l’analyse réalisée sur les enfants de 15 ans et moins de MDM, on constate que les taux de couverture vaccinale sont fortement associés aux conditions de logement : ainsi les enfants sans domicile fixe ou vivant dans des squats ou des campements ont une probabilité plus importante de ne pas être à jour de leurs vaccinations que les enfants ayant un domicile personnel (22). (Annexe 5) Ces résultats soulignent l’importance d’adapter les stratégies de prévention et de vaccination afin de faciliter l’accès aux soins de ces populations.

L’enquête ENFAMS réalisée en 2013 chez les enfants de moins de 13 ans sans logement en Ile de France (47) retrouve également une couverture vaccinale moindre chez les enfants immigrés. Les couvertures vaccinales des enfants sans logement nés en France étaient meilleures que chez ceux nés à l’étranger et proches de celles observées au sein de la population générale (> 90% à 24 mois pour la plupart des vaccinations). Chez les enfants sans logement nés à l’étranger, ce taux était nettement plus bas, inférieur à 50% au même âge pour toutes les vaccinations. La couverture vaccinale étaient cependant plus élevée après 24 mois dans ce groupe mais restait insuffisante.

En Europe, plusieurs études soulignent également des différences de couverture vaccinale entre les populations immigrées par rapport à la population générale.

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L’étude de Nakken et al. évalue le statut vaccinal et les besoins de santé des enfants et adolescents demandeurs d’asile au Danemark en 2015 (48). Parmi les 2126 demandeurs d’asile inclus, âgés de 3 mois à 17 ans, 33% n’étaient pas à jour de leurs vaccins au regard des recommandations danoises, 7% étaient partiellement à jour et 60% étaient correctement vaccinés. Les garçons, les enfants âgés de 12 à 17 ans et les enfants originaires d’Afghanistan et d’Erythrée étaient ceux qui présentaient les couvertures vaccinales les plus faibles. Le statut vaccinal était basé sur l’interrogatoire des parents, l’utilisation de sérologies étant jugée trop coûteuse et trop compliquée sur le plan logistique.

La couverture vaccinale d’un pays peut être affectée en contexte de guerre ou de conflit, du fait de l’interruption des programmes vaccinaux. Les enfants originaires de ces pays peuvent ainsi ne pas avoir reçu de primo-vaccination ou ne pas être à jour de leurs rappels. La Syrie par exemple connaît, depuis le début des conflits, un déclin de sa couverture vaccinale comme le montre le tableau 1 et une réapparition de MPV comme la poliomyélite (figure 2). La couverture vaccinale anti-poliomyélite est passée de 83 à 52% entre 2010 et 2014 (40). Un tableau en annexe 7 montre les couvertures vaccinales des six pays d’origine les plus fréquents des migrants arrivant en Europe depuis 2012.

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Figure 2 : Nombre de cas de poliomyélite rapportés en Syrie entre 1980 et 2019, source : OMS 2020 (49)

Concernant la rougeole, plusieurs études suggèrent que la couverture vaccinale est moindre chez les migrants que dans la population générale.

Une étude allemande a comparé la couverture vaccinale contre la rougeole entre des enfants nés en Allemagne et des enfants nés à l’étranger. Les résultats montrent que les enfants nés à l’étranger ont trois fois plus de risque de ne pas être vaccinés contre la rougeole (50). Une autre étude allemande a analysé les sérologies de la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle de 678 réfugiés enfants et adultes et a montré l’absence d’IgG chez 7,4% des sujets pour la rougeole, 10,2% pour les oreillons, 2,2% pour la rubéole et 3,3% pour la varicelle. L’immunité globale contre le ROR était très variable selon l’âge avec une immunité beaucoup plus faible chez les enfants et les adolescents (68,9% des enfants et adolescents étaient protégés contre le ROR) (42).

Des études conduites en Suède et au Royaume-Uni ont montré que les femmes migrantes étaient moins susceptibles d’être immunisées contre la rubéole que les femmes issues de la population majoritaire. Les femmes originaires d’Afrique sub-saharienne et d’Asie du Sud-Est étaient particulièrement concernées (51,52).