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Le ressenti sur la prise en charge vaccinale des migrants

2 Présentation des résultats

2.2 Le contexte

2.2.1 Le ressenti sur la prise en charge vaccinale des migrants

Il sera présenté selon que la prise en charge était qualifiée de « bonne », « mauvaise », « complexe » avec un lien fait avec la problématique vaccinale en France dans la population générale.

Une bonne qualité de prise en charge vaccinale des migrants a pu être exprimée avec une impression positive issue de leur pratique de terrain.

MÉDECIN B : « les migrants que je vois ce sont des migrants qui ont des droits d’accès clairs et donc dès que les droits sont clairs, la prise en charge derrière de vaccination est claire. »

Mais la qualité de prise en charge vaccinale des migrants pouvait être également qualifiée de mauvaise avec des difficultés quant à la mise en œuvre du rattrapage vaccinal chez ces populations. Certains en avait fait un des questionnements principaux dans leur pratique quotidienne.

MÉDECIN A : « elle me semble très très très très loin d’être optimale.. »

MEDECIN C : « la vaccination pour les migrants effectivement je trouve qu’elle est insuffisante, oubliée et peu claire. »

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Une des conséquences était l’impression d’une couverture vaccinale insuffisante chez ces populations migrantes, comme souligné :

MEDECIN L : « ils savent pas du tout où il en sont, euh … il y a une couverture vaccinale qui est hyper médiocre… »

La prise en charge est en tout cas complexe. Parmi les médecins ayant rapporté une mauvaise qualité de prise en charge vaccinale chez les migrants, certains l’ont expliquée par les nombreuses difficultés rencontrées :

MÉDECIN B : « Alors il y en a beaucoup, beaucoup beaucoup des difficultés… »

complexifiant ainsi les prises en charge, à moins d’en avoir l’expérience.

MÉDECIN F : «C’est complexe de prime abord mais à partir du moment où on a pris le temps de s’intéresser la question ça reste quelque chose de très abordable pour quelqu’un qui le pratique régulièrement. »

La problématique de la prise en charge vaccinale des populations migrantes a été intégrée dans le contexte plus large du rattrapage vaccinal dans la population générale, notamment par les médecins généralistes interrogés.

Nous avons pu ainsi identifier deux problématiques et un constat :

▪ La méconnaissance du statut vaccinal chez les migrants est à l’instar de celle dans la population générale

Les migrants disposent rarement d’un carnet de vaccination à leur arrivée, ce qui a rapidement et largement été identifié comme principal obstacle au rattrapage vaccinal. Cependant, pour plusieurs médecins cela n’était pas un obstacle particulier car d’après leur expérience, cette méconnaissance du statut vaccinal se retrouve assez largement dans la population adulte française.

MEDECIN C : « …mais ça peut rapprocher l’état de la vaccination de France, chez les adultes qui n’ont pas forcément tous un carnet de vaccination dans leur poche… »

L’absence de suivi médical chez les adultes français ainsi que l’absence de mise à jour de leurs vaccins une fois passée la période de la petite enfance semblait comparable, pour certains médecins, à la situation retrouvée chez les migrants primo-arrivants, ayant bénéficié pour la plupart de vaccins dans leurs pays d’origine.

MÉDECIN E : “Et chez les adultes … alors là … Moi j’ai jamais vu un adulte m’amener son carnet de santé en consultation. Dans mes dernières années d’exercice ou il y a 40 ans quoi”

MÉDECIN G : « Oui mais en France aussi hein. C’est pareil. Ils ont eu à 2 mois, 3 mois, 4 mois et après … pour retrouver un vaccin, une trace… ça a été fait à 8 ans, et puis c’est tout ! »

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“A partir du moment où les gens, enfin on les voit à 25 ans, le carnet de vaccination/le carnet de santé ils savent pas où il est, ils savent pas s’il y en a eu un, ils en savent rien ! Ils imaginent qu’ils ont eu des vaccinations mais quand on doit faire les certificats par exemple sur les vaccinations des français … (pfiou)”

▪ L’hésitation vaccinale serait moins importante chez les migrants

En abordant la question de la vaccination en population générale en France, certains médecins ont spontanément évoqué le phénomène d’hésitation vaccinale comme un des obstacles au rattrapage vaccinal. Les controverses sur la vaccination se sont intensifiées depuis une vingtaine d’années en Europe et en France notamment avec la remise en cause de la balance bénéfice/risque des vaccins.

Ce climat de méfiance à l’égard des vaccins a mené à plusieurs reprises à des déclins des couvertures vaccinales, responsables notamment des récentes épidémies de rougeole dans les pays européens. Cette hésitation vaccinale alimente également le débat sur l’éventuelle dangerosité de certains composants des vaccins (tels que les sels d’aluminium) ou encore sur la légitimité de l’obligation vaccinale, perçue comme certains comme une atteinte aux libertés fondamentales.

Ce concept étant présent uniquement dans les pays développés, les médecins étaient unanimes pour témoigner d’une meilleure adhésion à la vaccination chez les migrants.

MEDECIN C : “c’est globalement très bien accepté, je pense bien plus que dans la population française.” […] “ Il n’y a encore aucun patient qui m’a parlé d’aluminium on d’un truc comme ça… (rires)”

▪ Une meilleure acceptation de la vaccination par les populations migrantes

Ainsi l’acceptation de la vaccination était bien plus facile auprès des populations migrantes, souvent en demande de soins et de protection, qu’auprès de la population générale.

MÉDECIN G : « ….il y a des difficultés mais elles ne sont pas propres aux migrants j’ai envie de dire, parce que y'en a moins, on a moins besoin de convaincre. Les français, vous allez avoir une opposition … voilà … chacun va être contre ou va refuser de faire des vaccins, sur des critères … un peu loufoques. »

MÉDECIN N : « On a plus de résistances parmi les français que les migrants qui acceptent parfaitement et trouvent ça très positif. Voilà. »