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Le rattrapage vaccinal en cas de statut vaccinal incertain ou inconnu

5 Rattrapage vaccinal en pratique

5.2 Modalités du rattrapage vaccinal en France

5.2.2 Le rattrapage vaccinal en cas de statut vaccinal incertain ou inconnu

Lorsque le statut vaccinal de la personne est incertain ou inconnu, il n’existe pas de recommandations nationales, et pourtant c’est ce qui nous intéresse plus particulièrement dans la population migrante. Le groupe InfoVac a proposé quant à lui une conduite à tenir dans cette situation, que ce soit chez l’enfant ou chez l’adulte (63).

Tout d’abord, InfoVac rappelle qu’il n’y a pas d’inconvénient à administrer un vaccin ROR, Haemophilus, hépatite B ou polio à une personne éventuellement déjà immune pour l’une ou l’autre des maladies. Pour le tétanos et surtout la diphtérie, il existe cependant un risque théorique d’hyper-immunisation et d’hyper-réactogénicité (que nous détaillerons ultérieurement).

En cas de doute sur la vaccination antérieure diphtérie, tétanos et hépatite B, ils conseillent de faire une dose de vaccin puis de faire un dosage des anticorps anti-tétaniques et anti HBs, 4 à 8 semaines après pour évaluer la réponse immunitaire et déterminer le statut vaccinal (l’annexe 8 détaille l’interprétation du dosage post-vaccinal des anticorps anti- tétaniques et anti HBs). A défaut, on peut considérer la personne comme non vaccinée et administrer les doses nécessaires selon l’âge comme vu précédemment. Pour les enfants et adolescents venant de l’étranger, il faut tenir compte des calendriers vaccinaux des pays d’origine, car en général ils ont été vaccinés au moins pour le DTP.

Devant l’absence de recommandations nationales claires par rapport au rattrapage vaccinal des populations migrantes et notamment sur l’attitude à adopter en cas de statut vaccinal inconnu, les pratiques des médecins exerçant en France auprès de ces populations sont très variables. Une étude menée en France en 2017-2018 par Vignier et al. (1) a justement évalué les pratiques des médecins exerçant en France en termes de rattrapage vaccinal des personnes migrantes, notamment en vue de l’élaboration des recommandations pratiques nationales.

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Cette enquête reposait sur un auto-questionnaire en ligne mis au point par le groupe Vaccination prévention de la SPILF en partenariat avec plusieurs sociétés savantes. Au total, 372 médecins ont répondu à l’enquête, exerçant à la fois en médecine libérale (30,7%), en centre de santé (13,4%), en PASS (20,4%), en Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic (CeGIDD) (21%), dans des centres de vaccination polyvalents (16,9%) ou international (14,3%), en pédiatrie ou dans un centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI) (4,8%) ou dans un Service de Maladies Infectieuses et Tropicales (SMIT) (23,4%). Le tableau 5 présente les principes de vaccination mis en œuvre lors de la prise en charge d’une personne migrante âgée de 2 ans et plus en l’absence d’informations sur ses vaccinations antérieures. Cette enquête montre que les pratiques des médecins sont très hétérogènes : reprise d’une primo-vaccination complète indépendamment de l’interrogatoire (33,1%), reprise du calendrier vaccinal en fonction de l’âge en faisant l’hypothèse que la personne a été correctement vaccinée antérieurement (26,6%) ou collecte d’informations sur les pratiques vaccinales dans les pays d’origine des patients (23,4%) avec adaptation des prescriptions fonction de ces calendriers.

Près d’un tiers des répondants disaient avoir recours à l’utilisation de sérologies pré vaccinales (32,8%) afin de connaître le statut immunitaire vis-à-vis de la maladie et d’adapter les prescriptions aux résultats. La sérologie qui était le plus souvent proposée en pré-vaccinal était la sérologie hépatite B. Enfin, une proportion plus faible (16,9%) déclarait pratiquer des sérologies post-vaccinales, un mois après une dose de rappel (anticorps antitétaniques) et adaptaient leur prescription au résultat.

Quand les médecins étaient interrogés sur le crédit qu’ils apportaient au statut vaccinal déclaré par l’individu, 53,4% considéraient l’information délivrée comme recevable quand le patient déclarait avoir déjà été vacciné, et 83,1% étaient disposés à croire un patient quand ce dernier déclarait n’avoir jamais été vacciné.

Tableau 5 : Pratiques de rattrapage vaccinal appliquées par les médecins interrogés pour les patients de 2 ans et plus en l’absence d’information sur le statut vaccinal antérieur, source : Vignier et al. (1) cité par la HAS (34)

1 : Médecins généralistes libéraux, médecins salariés en centre de santé, médecins exerçant en PASS et médecins exerçant dans les structures associatives

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2 : Médecins exerçant en CeGIDD, en centre de vaccinations polyvalentes ou internationales, Centre de Lutte Anti- Tuberculeuse (CLAT), pédiatre/PMI, médecin de santé publique/Réseau ville hôpital, maladies infectieuses/médecine interne, autre

p : test du Chi

Ces pratiques hétérogènes soulèvent la question de recommandations pratiques qui tiendraient compte des contraintes et des habitudes des médecins afin de pouvoir harmoniser la prise en charge du rattrapage vaccinal chez les migrants. Toutefois, avant la mise en place de recommandations nationales, il nous a paru intéressant de questionner et de comprendre ces différences de pratique en interrogeant les médecins.

Face à ces différentes données, nous avons décidé de mettre en place notre étude après avoir été confrontées dans notre pratique aux difficultés de prise en charge, notamment pour la vaccination, de ces populations migrantes.

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OBJECTIFS

L’objectif de notre étude était d’identifier les obstacles rencontrés par les médecins exerçant auprès des populations migrantes dans le rattrapage vaccinal ainsi que les solutions mises en place ou souhaitées afin de faciliter leurs pratiques.

Le but était de comprendre et d’analyser les difficultés rencontrées dans leur pratique quotidienne concernant cette problématique du rattrapage vaccinal chez les migrants primo- arrivants, situation pour laquelle il n’existait pas, au moment de notre étude, de recommandations claires établies à l’échelle nationale et européenne.

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POPULATION ET METHODE