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IV- Quelle méthode l’entreprise peut-elle mettre en place pour intégrer l’écopastoralisme

2- Une clientèle qui a besoin d’informations pour évoluer

Comme il a été précisé dans le point 2.2 du chapitre 2, une enquête a été menée auprès d’un échantillon de nos clients pour faire ressortir leurs attentes de gestion et leur perception vis-à-vis de l’écopastoralisme. Nous allons donc développer la seconde partie de l’enquête.

2.1- Une gestion encore peu connue, cachée derrière des idées reçues

Environ 70% de notre échantillon d’enquêtés ne connaissent pas l’écopastoralisme. Il se révèle que ce sont les gestionnaires d’HLM qui connaissent plus cette pratique par rapport aux gestionnaires d’entreprises. De plus, la définition n’est pas totalement maîtrisée par l’ensemble des clients mais ceux qui en ont déjà entendu parler en connaissent les grandes lignes et le but.

Pour ceux qui en ont connaissance, il ressort principalement deux biais de sources d’informations : soit ils l’ont vu aux abords des routes, soit ils ont réalisé des recherches personnelles.

Dans un second temps on remarque que les animaux qui peuvent être employés sont encore peu connus. Ceux qui sont le plus employés à l’heure actuelle sont ceux qui ressortent le plus auprès de nos enquêtés, c’est-à-dire les moutons et les chèvres.

Ils sont suivis par les équidés (ânes, chevaux) et les vaches ; des animaux bien connus du grand public et plus valorisés. Ces derniers ressortent moins car ils sont très peu utilisés, il leur faut des espaces de grandes envergures et sont moins maniables que des petits ruminants.

Il s’avère que les lamas se retrouvent en troisième position. Même s’ils ne sont pas originaires de France et qu’ils ne correspondent pas réellement aux critères des animaux utilisés pour l’écopastoralisme, nous les avons proposés dans le questionnaire car ils ont déjà été utilisés. De plus nous voulions voir leur position dans l’imaginaire des clients par rapport aux autres espèces qui, elles, sont apparentées à la « ferme française ». Il s’avère que ce sont les volailles qui se retrouvent en dernière position. Cette position n’est pas étonnante car elles sont très peu employées par les gestionnaires et l’imaginaire doit voir plutôt des « gros animaux » que des petites volailles pour gérer un milieu.

Pour faire écho à ce classement, l’ensemble des enquêtés préfère mettre en place la forme d’écopastoralisme la plus développée en France : des moutons et des chèvres avec une clôture nouée. Cette forme d’écopastoralisme est suivie de loin par les différentes formes proposées dans l’enquête (Annexe II).

Pour finir les idées reçues sur l’écopastoralisme sont présentes selon les clients que l’on interroge. Les gestionnaires d’HLM craignent plus particulièrement la nuisance liée au bruit des animaux que leur odeur, et l’inverse s’observe pour les gestionnaires d’entreprises.

2.2- Des motivations avant tout environnementales

Par surprise on a pu constater que le coût de gestion n’est pas la première motivation des clients mais le point environnemental. Même s’il est soulevé plutôt par les gestionnaires d’HLM que les gestionnaires d’entreprises il reste en première ligne. Pour les deux clients, la question de la diminution des nuisances sonores vient en troisième place, suivi de l’amélioration du cadre de vie visuel. Enfin, l’amélioration du bien-être n’est demandée que par les gestionnaires d’entreprises.

Ce qui est intéressant dans ce choix, ce sont les gestionnaires d’HLM qui valorisent une approche sociale lointaine en étant axé sur le visuel et non le bien-être en général, contrairement aux gestionnaires d’entreprises qui ont tendance à le valoriser.

Le choix des gestionnaires d’HLM est sûrement en lien avec l’usage des espaces.

2.3- Des craintes liées à l’animal

Comme il a été vu précédemment les enquêtés ont toujours comme craintes l’idée reçue que l’animal émet des nuisances sonores et olfactives. Or, Alain Divo répondra simplement que les « gens ont une méconnaissance complète de tout ça » et que les gens « ont peur ».

Bien évidemment, les sondés sont soucieux de l’aspect esthétique de l’herbe par « l’entretien moins régulier avec des espaces non ‘broutés’ » mais leur principale crainte se trouve être la sécurité animale et arrive bien au-delà de l’esthétisme. Les clients sont majoritairement plus soucieux de la sécurité des animaux que l’augmentation du coût de gestion ou la dégradation par des tiers.

Dans la globalité, leurs craintes sont portées sur l’animal ; ils sont donc sensibles au bien-être de l’animal et à son avenir, le point central de la gestion.

2.4- Des usages qui peuvent se détourner

Les usages se divisent en trois catégories pour nos sondés : l’esthétisme, le passage et le loisir. Pour les gestionnaires d’entreprises ce sont les deux premiers qui ressortent, contre les deux derniers pour les gestionnaires d’HLM. L’un comme pour l’autre, ils pensent que s’ils mettent en place l’écopastoralisme au sein de leurs espaces, cela aura un impact direct sur leurs usages. Ces résultats ne permettent pas d’abandonner la mise en place de l’écopastoralisme au sein d’espaces privés communs car les usages sont subjectifs et il est envisageable de les détourner sans que l’impact soit fort.

Cependant, ce que l’on peut noter c’est le fait que les gestionnaires d’HLM n’envisagent pas de clôture électrique contrairement aux gestionnaires d’entreprise. Cela peut être dû à l’usage résidentiel de ces premiers et qui peuvent craindre des plaintes dû à l’aspect de dangerosité par rapport à une clôture nouée.

L’ensemble de ces éléments nous montre que notre clientèle ne s’avère pas directement disposée à mettre en place l’écopastoralisme et fait écho à une étude, réalisée en 2015, sur l’acceptabilité sociale des habitants de la ville de Cugnaux (Bories et al., 2016). Cette étude a fait ressortir de nombreuses réticences de la part des habitants telles que la privatisation des espaces publics en cloisonnant ces derniers avec des clôtures. Ou encore les questionnements sur le rendu esthétique, les habitants expriment des attentes de propreté et angoissent sur le côté sauvage.

Néanmoins avec une communication en amont établissant les avantages de mettre en place l’écopastoralisme, en déconstruisant les idées reçues telles que les nuisances sonores/odorantes ou la dangerosité des clôtures électriques qui sont le fruit de l’imagination d’un citadin n’allant que rarement à la campagne, il est tout à fait possible de mettre en place cette gestion.

De plus les clients sont globalement sensibles à l’animal, il est donc possible que cela entre dans la décision finale. Pour finir, les usages peuvent être détournés facilement car ils sont principalement esthétiques ou de passage.

De prime abord, l’ensemble de l‘enquête paraît négative mais lorsque l’on creuse certains points il ressort des aspects positifs. Donc avec des arguments forts l’entreprise peut totalement

envisager de mettre en place l’écopastoralisme au sein des espaces de ses clients actuels. L’activité d’écopastoralisme est-elle rentable pour tous les sites ?