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III- Une gestion alternative pluridisciplinaire qui a ses limites

1- Le berger a des connaissances pluridisciplinaires

Dans un premier temps nous allons étudier les connaissances que le jardinier-berger doit avoir pour réaliser de l’écopastoralisme. Le diagnostic est l’élément majeur pour réussir à implanter correctement cette méthode sur un site en apportant des impacts positifs que ce soit sur la diversité faunistique et floristique ou sur le plan social.

1.1- De la flore et de la faune sauvage…

Même si des études scientifiques, principalement anglaises et qui n’ont pu être étudiées, prouvent l’impact positif sur la diversité faunistique et floristique. Nous développerons les témoignages des pratiquants pour manifester ce réel impact. Tel qu’Alain Divo qui réalise des relevés sous forme de transect ou de quadra. Il les réalise dès le premier diagnostic du site et un deuxième au bout de deux ans. Ces résultats lui permettent de prouver que cette méthode multiplie par dix les espèces végétales et par cinq voire dix pour les espèces animales. Pourquoi multiplier par dix les espèces végétales ? Et bien il répondra que « chaque petit papillon en France ne pond ses œufs que sur une plante et pas sur une autre ». Pour exemple le Paon-du- jour (Aglais io) ne pond ses œufs que sur les orties (Urtica dioica).

Pour lui il est indispensable de réaliser des relevés pour faire de l’écopastoralisme : « si tu ne fais pas d’études faunistiques et floristiques, c’est un non-sens ». Le jardinier-berger se doit d’avoir des connaissances sur la faune et la flore sauvage pour adapter au mieux sa technique, que ce soit la méthode de pâturage ou la charge animale.

Malheureusement très peu d’entre eux ont la disponibilité de le faire. Soit parce qu’ils n’ont pas la même vision, soit qu’ils ne prennent pas le temps, soit qu’ils n’ont pas les compétences pour le réaliser. Lors des entretiens menés auprès de pratiquants c’est le dernier point qui ressort majoritairement. Nombre d’entre eux n’ont pas la connaissance de la faune et de la flore sauvage et ne peuvent donc pas déterminer si les impacts sont réellement positifs.

Cependant certains témoignages nous permettent d’appuyer le fait que l‘impact est positif. Par exemple Stanislas De Mézérac, entrepreneur d’une entreprise de paysage ayant un service d’entretien avec des herbivores, nous dit que sur l’un de ses plus vieux sites où il pratique l’écopastoralisme la végétation a changé. Même si ce n’est pas précis il nous fait part d’une apparition d’orchidées qui n’étaient pas présentes au début.

Il est donc très important, pour consolider les idées reçues que l’on peut avoir sur l’impact positif de l’écopastoralisme, de réaliser des relevés floristiques et faunistiques comme le prône Alain Divo. Donc d’avoir des connaissances solides sur les interrelations faunes domestiques,

faunes sauvages et flores sauvages pour établir un diagnostic approfondi du lieu où l’écopastoralisme est implanté.

1.2- …A la faune domestique

Le jardinier-berger est, comme son nom l’indique, berger. Il se doit donc de connaître ses animaux : allant du caractère à la santé de ces derniers.

Pour l’ensemble des pratiquants interrogés l’animal est au centre de la pratique. Comme Quentin Noire qui lui accorde une place primordiale : « c’est notre priorité », son but est de reconnecter les gens à la nature. Certains d’entre eux ne vont pas plus loin dans leur description de relation avec leurs « collègues ». Mais quelques-uns des gestionnaires ont une relation très fusionnelle avec leurs animaux. Notamment Stanislas De Mézérac qui aime beaucoup ses moutons, il s’amuse avec eux. Sa relation est caractérisée principalement par de l’attachement surtout pour ses premières brebis, devenues vieilles ; il les laisse à son siège social et elles viennent le voir.

Travailler avec des brebis, pour lui, c’est de l’amusement tout en réalisant un suivi très poussé sur le caractère de chacun pour ensuite tous les ans choisir quel mouton ira sur quel site : « il faut que ça aille bien avec le client ». On pourrait croire que ce sont des braves bêtes pas très intéressantes mais pour lui c’est bien plus malin qu’on ne le pense, même si ce sont des races rustiques qui ont plus d’instincts, « chaque mouton a une personnalité différente ».

Ce sont de vrais zootechniciens, Olivier Marcouyoux, jardinier-berger en région parisienne à son compte pratiquant de l’écopastoralisme à des fins productives, en est la preuve.

Il garde ses femelles vieilles jusqu’au bout car elles ont un vrai rôle social dans son troupeau. Ce sont elles qui « transmettent la connaissance, prennent les bonnes décisions, et qui ont la sagesse ». Pour lui les jeunes moutons ne mangent pas correctement une plante médicinale et sont capables de s’intoxiquer avec des anciennes plantes fourragères, or avec des vieilles femelles ces accidents n’arrivent pas.

Ces témoignages nous prouvent que les jardiniers-bergers sont de fins connaisseurs de leur troupeau et ont un amour très fort pour leurs bêtes. Ils ont une capacité d’observation qui leur permet de s’adapter aux différents caractères de leur clientèle. Cela rejoint les dires de Corinne Eychenne selon lesquels le berger met en évidence l’importance des savoir-faire et des savoir- être par rapport aux savoirs eux-mêmes (Eychenne, 2014).

1.3- Il est aussi animateur

Le dernier rôle que l’on peut donner au jardinier-berger est celui d’animateur, de pédagogue. Comme il a été évoqué plus haut en relevant les paroles de Quentin Noire, le but de cette pratique est avant tout de reconnecter les gens à la nature. Cette reconnexion ne se fait pas que par l’installation d’herbivores en pleine ville, il est important de communiquer. Bien évidemment, tous ne réalisent pas cette « mission » de médiateur entre les usagers, habitants d’un milieu et l’environnement regroupant les animaux domestiques et la faune et flore sauvage. La communication peut se faire sous différentes formes :

→ Des animations pédagogiques qui peuvent être liées à la période de tonte de la laine, la transhumance, etc.

Cette pédagogie permet de renouer le lien entre les Hommes et l’animal comme l’anecdote d’Alain Divo qui a installé des moutons dans plusieurs lycées. L’ensemble des proviseurs lui a fait des retours positifs : « il y avait moins d’heures de colles depuis que les moutons étaient installés dans les lycées et ça calme les jeunes ».