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Q UEL MUSÉE POUR S OROLLA ?

Le Musée Sorolla, premier musée monographique de Madrid, est inauguré dans l’ancienne demeure familiale le 11 juin 1932. Les Sorolla possèdaient une résidence d’été, la Villa Coliti à Cercedilla, un village de montagne situé entre Madrid et Ségovie. Par ailleurs, durant ses séjours à Valence, le peintre louait une maison face à la plage de la Malvarrosa, la Casa Blanca. Mais c’est logiquement la maison-atelier de Madrid, résidence principale de la famille, qui accueille le Musée Sorolla. Cet événement couronne les démarches commencées par la veuve et les enfants du peintre qui sont en quelque sorte les “gardiens du temple”. Depuis cette époque, tout ce qui touche à l’œuvre de Sorolla est imbibé de l’esprit de sa famille et de ses descendants. Il faut préciser, avant d’aller plus loin, que l’idée de la fondation d’un musée était ancienne. Sorolla avait souhaité que les tableaux accrochés dans son atelier ne fussent pas dispersés, mais il n’avait jamais dit explicitement son désir de constituer un musée dans les murs de sa propriété. Il avait probablement une idée très claire du devenir de ses biens mais il ne pouvait pas prendre le risque de provoquer l’indignation des Valenciens qui, bien entendu, pouvaient s’attendre à accueillir au moins une partie de sa collection privée. Pourtant, la mue de la demeure madrilène en Musée Sorolla devait être une sorte de “secret de Polichinelle” car la conception et l’aménagement de cette maison ne laissait planer aucun doute quant à sa future conversion muséale, comme on le verra plus avant. Il convient donc, tout d’abord, d’apporter quelques précisions concernant cet édifice. Nous décrirons ensuite les différentes étapes qui jalonnèrent la fondation de ce musée jusqu’à la veille de son inauguration, car cet événement sera traité séparément.

En novembre 1905, le peintre avait acheté à la duchesse de Marchena un terrain dans le nouveau quartier madrilène huppé, Chamberí, qui se situait à l’époque à la limite septentrionale de la ville.60 Puis avec l’argent gagné aux États-Unis, il acheta un deuxième terrain, attenant au premier, avant de confier la conception d’une maison bourgeoise à l’un des architectes les plus en vue à l’époque, Enrique María Repullés (1845-1922). L’architecte de la Maison Royale

et des riches particuliers de la capitale venait d’entamer les travaux de réhabilitation de la maison de Mariano Benlliure, dans le même quartier.61 La commande de Sorolla fut pour Repullés un projet difficile à conduire car le peintre dessina lui-même la maison – façades et intérieurs – et les trois jardins, ainsi que l’a récemment mis en évidence l’exposition temporaire La casa de Sorolla. Dibujos (2007). L’architecte déposa à la mairie de Madrid un premier projet en février 1910, mais il dut par la suite le revoir complètement car le peintre avait une idée très précise de ce qu’il voulait et resta à tous moments le seul maître d’œuvre. Les plus anciens croquis du peintre remontent à 1905. Il dessina une maison d’un étage en forme de “L” comprenant, au rez-de-chaussée, trois grands ateliers en galerie afin de faciliter l’exposition et la visite de la collection.62 Les chambres occupaient le bel étage. Si l’intérieur de la maison évolua peu, il n’en fut pas de même de la façade. À l’origine, Sorolla l’imagina très sobre dans le style castillan mais le dessin évolua vers l’historicisme, toujours à la mode. Puis son dessin se simplifia à nouveau et la maison gagna finalement un étage indispensable au logement des domestiques. La construction commencée en juillet 1910 s’acheva en octobre 1911 et la famille emménagea avant la fin de l’année. Il est intéressant de souligner que, dès la fin des travaux, l’aspect muséal de la maison fut déjà relevé par les rares journalistes autorisés à la visiter. Dans le premier article consacré à ce lieu, en décembre, Federico García Sanchís ne parlait pas d’une maison, mais bel et bien d’un musée qui ne l’était pas encore.63 Il y retournera bien des années plus tard et, en se remémorant sa première visite, il livrera la description suivante :

El taller. Sigue en sus proporciones de hangar y en su bric a brac, con la panoplia de armas antiguas, las tanagras, la caja de mariposas tropicales. Unos viejos estandartes cuelgan de una viga que cruza. Reconozco la otomana con baldaquín en que descansaba o soñaba el heroico trabajador; junto a ella se yergue la Senyera del Reino de Valencia, dando al cubierto sofá un aire de tienda de capitán. Por el suelo,

61 . Ibidem… page 10.

62. Enrique María Repullés, Plano de la planta principal de la Casa Sorolla, 78’6x61’2, Madrid, Museo Sorolla, 1911.

63. Federico García Sanchís, “De cerca, Ave César”, La Noche de Madrid, Madrid, 29/12/1911.

tapices encantadoramente descoloridos. Y en los muros, y en los caballetes, y por los rincones, cuadros, cuadros, cuadros.64

L’article ne faisait pas encore mention des espaces extérieurs qui deviendront, par la suite, un lieu d’exposition en plein air. Sorolla imagina, dessina et planta lui-même un jardin d’inspiration andalouse et y installa plusieurs sculptures dont un antique romain provenant des fouilles archéologiques de la cité romano-ibère de Cástulo.65 Pour la décoration extérieure, il associa des azulejos valenciens de Manises, et sévillans, de Triana. L’intérieur de la maison continua à s’enrichir d’œuvres permanentes en recevant une frise peinte sur les murs de la salle à manger autour du thème des récoltes du verger. Il dessina également des croquis et peignit plusieurs ébauches pour un autre décor plus ambitieux, apparemment des allégories de Valence. L’ensemble devait orner les trois murs de la montée d’escalier mais il ne verra jamais le jour.66

En 1912, le peintre utilisa les grands espaces dont il disposait pour y organiser la première exposition posthume de l’œuvre d’Aureliano de Beruete. Il fit éditer un catalogue de cette exposition et obtint du roi qu’il la visitât afin de lui donner un caractère officiel. Outre ses expériences en tant qu’exposant, le peintre avait quelques connaissances muséologiques. Comme il a été dit en introduction, Sorolla était un ami intime du collectionneur Benigno de la Vega Inclán qui fonda la Maison-musée du Greco de Tolède (1911), la Maison Cervantès de Valladolid (1912) et le Musée Romantique de Madrid (1921), qui sont aujourd’hui trois des vingt-quatre Musées Nationaux espagnols.67 Aux côtés du collectionneur, il s’investit personnellement dans la fondation du premier. Cette expérience l’incita

64. Federico García Sanchís, “Sorolla en el Prado”, ABC, Madrid, 26/02/1944. « L’atelier. Il affiche toujours des proportions de hangar et renferme le même bric-à-brac, toute la panoplie des armes anciennes, les figurines de Tanagra, la boîte aux papillons tropicaux. De vieux étendarts pendent accrochés à une poutre traversante. Je reconnais le lit turc avec son baldaquin dans lequel l’héroïque travailleur se reposait ou rêvait ; à côté, se dresse la Senyera du Royaume de Valence, offrant au canapé ainsi recouvert un air de tente de général. Sur le sol, des tapis aux charmantes couleurs passées. Et sur les murs, et sur les chevalets, et dans tous les coins, des tableaux, des tableaux et encore des tableaux. »

65. Hipólito Tío, “Cómo haría un periodista de hoy una entrevista de Sorolla”, Levante, Valence, 7/06/1957.

66. Le Musée Sorolla conserve trois panneaux, tous datés de 1911 : Boceto para la

decoración de la escalera de la casa Sorolla, 99x186, Proyecto de decoración de la escalera de la casa Sorolla, 39’7x103 et Proyecto de decoración de la escalera de la casa Sorolla, 62x115.

67. María Luisa Menéndez Robles, El marqués de la Vega Inclán y los orígenes del turismo

peut-être à prendre lui-même des dispositions concernant la conservation et la protection de son propre patrimoine. En 1913, c’est-à-dire l’année suivante, Sorolla indiqua clairement au journaliste Francisco Martín Caballero son intention de confier ses tableaux, ses livres, ses documents personnels, ses objets d’art, ainsi que sa correspondance privée, à un musée existant – peut-être pensait-il au Musée des Beaux-Arts de Valence – ou créé à cet usage.68 Selon Manuel González Martí, il avait l’intention de faire construire une villa à Valence et, au cours d’une conversation privée, il estima pouvoir s’atteler à cette tâche vers soixante-cinq ans – un âge qu’il n’atteindra jamais – : « Dejad que cumpla 65 años y realice mi sueño dorado: construir un gran edificio para vivir en él, instalando allí mis obras y mis recuerdos de triunfos y viajes por el mundo y morir aquí, en Valencia. Para ese edificio he comprado ya la portada del palacio de las Platerías de Madrid. »69 En janvier 1914, La Ilustración Española consacra au peintre valencien un numéro spécial dans sa série “Nuestros grandes artistas contemporáneos”.70 Les lecteurs de la revue découvrirent alors douze photographies de la maison. Les trois ateliers tendus de brocart et baignés par la lumière naturelle depuis une large verrière zénithale ressemblaient aux salons des galeries d’art. De plus, tous les tableaux étaient déjà encadrés et accrochés, comme si le lieu était déjà ouvert à la visite. Plus tard, autour de 1915, le critique José Francés fut reçu par Sorolla et, alors qu’ils parcouraient ensemble les ateliers, il sembla évident aux yeux du critique que la maison était destinée à devenir un musée :

68. Francisco Martín Caballero, “Hablando con D. Joaquín Sorolla en su estudio”, La

Correspondencia de Valencia, Valence, 11/09/1913.

69. Pelejero, “Usted que conoció a Sorolla, díganos ¿cómo era ?”, Levante, Valence, 17/09/1959. « Attendez que j’atteigne 65 ans et que je réalise mon plus grand rêve : construire un grand édifice pour y vivre, en y instalant mes œuvres et les souvenirs de mes voyages et de mes succès de par le monde et mourir là, à Valence. Pour cette construction, j’ai déjà acheté le portail du Palais des Orfèvres de Madrid. »

70. Rafael Doménech, “Joaquín Sorolla”, La Ilustración Española y Americana, Madrid, 30/01/1914.

- Esta casa será un museo – le dije.

- ¡Ojalá! – contestó con aquella su voz clara cantarina de aes abiertas –. Me gustaría que lo pareciese ahora, y que el día de mañana lo fuese sin parecerlo.71

Le journal intime de Archer M. Huntington porte la trace d’une visite de la maison effectuée en compagnie du maître, en janvier 1918 : « We went over each picture slowly and explored the house in detail. He is very proud of the house & calls it is His[panic] Soc[iety]. He has a dream of its future as a S[orolla] museum & I think something of the kind may be brought about one of these days, but I hope in the distant future. »72 L’hispanophile redoutait visiblement deux choses. D’une part, que l’artiste ne dépensât trop d’énergie dans un autre projet que le sien parce qu’il n’avait pas encore terminé Visión de España et que son état de santé lui inspirait les plus vives inquiétudes. D’autre part, il pouvait craindre que ce musée n’entrât en concurrence directe avec sa propre collection déjà ouverte au public et qui, à l’époque, n’avait pas d’équivalent dans le monde.

Pour toutes les raisons évoquées, le Musée Sorolla sera davantage une conversion qu’une création de A à Z et, même si le peintre ne fit pas de testament et ne prit aucune disposition juridique de son vivant allant de ce sens, sa veuve précisera dans son testament les conditions et les détails d’une importante donation à l’État. Ses trois enfants et les cinq exécuteurs testamentaires se chargeront ensuite de conduire le projet jusqu’à sa complète réalisation, ainsi qu’on va le voir maintenant.

En août 1923, au lendemain de la mort du peintre, la décision de transformer la maison en musée était déjà arrêtée, comme le montre une lettre du roi publiée récemment par l’historienne María Luisa Menéndez Robles, spécialiste du marquis de la Vega Inclán et ex-directrice du Musée Romantique de Madrid. Apparemment, le marquis aurait été consulté par Clotilde García del

71. José Francés, “La elocuente nostalgia de la Casa Sorolla”, Crónica, Madrid, 3/07/1932. « - Cette maison sera un musée, lui dis-je. / - Pourvu qu’il en soit ainsi, répondit-il de sa voix stentor. J’aimerais que cela en ait l’air aujourd’hui et que, demain, ce le fût sans en avoir l’air. »

72. Extraits du journal intime de Archer M. Huntington in Sorolla y la Hispanic Society, Madrid, Museo Thyssen Bornemisza, 1998, page 416. « Nous avons lentement examiné chacun des tableaux et exploré la maison. Il en est très fier et l’appelle son Hispanic Society. Il rêve qu’elle devienne un musée Sorolla et je crois qu’un jour il pourrait en être ainsi mais j’espère que cela arrivera dans un avenir lointain. »

Castillo et, à son tour, il informa Alphonse XIII du projet. Voici la réponse du souverain datée du 14 août et qui figure dans les archives du Musée Romantique :

Recibo tu telegrama en el que inspirándote en tu gran admiración que como sabes comparto siempre por Sorolla y por su obra inmortal propones la formación de un Museo de sus cuadros. Puedes comprender con cuanta simpatía acojo yo esta idea que como todo lo que tienda a honrar y perpetuar la gloriosa memoria del artista que todos lloramos.73

En août 1924, à l’occasion du premier anniversaire de la mort de Sorolla, le reporter de El Mercantil Valenciano, José Ballester y Gozalvo (1893-1970), manifestait son étonnement après avoir vu de ses propres yeux le trésor artistique conservé dans les murs de la maison familiale :

Pero al entrar en este almacén, ante la realidad de los hechos, siente uno insignificante el concepto que de ella habíamos formado. Sorolla ha vendido mucho; quizás sea el pintor español que más obras tiene esparcidas por el mundo. Pues bien; además de eso, su estudio de Madrid tiene almacenadas más de mil doscientas obras de todos tamaños. Parece como si Sorolla hubiera guardado sin querer desprenderse de ella, la producción de toda su vida.74

Après cette visite, effectuée en compagnie du peintre Manuel Benedito, Ballester y Gozalvo affirmait que plus de mille deux cent toiles s’y trouvaient alors. Évidemment, la collection sera ensuite divisée en quatre parts correspondants à l’héritage de la veuve et des trois enfants. Sans tenir compte de ce partage, le journaliste demandait à l’État d’acheter la villa avec tous ses biens

73 . María Luisa Menéndez Robles, “Sorolla, Benlliure y el segundo marqués de la Vega- Inclán: Interacciones amistosas y artísticas” in Mariano Benlliure y Joaquín Sorolla.

Centenario de un homenaje, Valence, Generalitat Valenciana, 2000, pages 69. « Je reçois

ton télégramme dans lequel, fidèle à ton immense admiration pour Sorolla et pour son œuvre immortelle – que je partage – tu proposes de constituer un musée à partir de ses tableaux. Tu dois bien comprendre avec quelle symapthie j’accueille cette idée, comme tout ce qui tend à honorer et faire vivre le glorieux souvenir de l’artiste que nous pleurons tous. »

74. José Ballester y Gozalvo, “El templo abandonado”, El Mercantil Valenciano, Valence, 9/08/1924. « Mais en entrant dans cette réserve, face à la réalité des choses, d’aucun comprend combien l’idée qu’il s’en était faite mérite d’être réévaluée. Sorolla a vendu beaucoup ; il est peut-être le peintre ayant le plus d’œuvres éparpillées de par le monde. Eh bien, en plus de cela, les réserves de son atelier de Madrid renferment plus de mille deux cent œuvres de tous les formats. C’est comme si Sorolla avait gardé, sans jamais avoir voulu s’en défaire, la production de toute une vie. »

mobiliers afin de fonder un musée qui serait ensuite ouvert au public. Le même jour, La Voz Valenciana publia un numéro spécial contenant une dizaine d’articles consacrés au peintre disparu, pour le premier anniversaire de sa mort.75 À cette occasion, Mariano Benlliure, Antonio Muñoz Degrain, Cecilio Plá et d’autres artistes qui avaient bien connu Sorolla collaborèrent avec la rédaction du journal. Le peintre Vicente Navarro regrettait que Madrid n’ait pas un Musée Sorolla sur le modèle du Musée Rodin de Paris, installé depuis 1919 dans l’hôtel particulier du sculpteur. Toutefois, dans la ville natale du peintre, cette idée suscita quelques réticences car tous les observateurs valenciens ne consentirent pas à laisser à Madrid le bénéfice d’une telle institution. Naturellement, sans un projet local le souvenir de Sorolla finirait par échapper à la ville. À partir de ce constat, deux idées allaient voir le jour concomitamment à Valence : la création d’un musée- école et l’édification d’un monument public commémoratif.

Dans La Voz de Valencia, un journaliste soulignait que le premier anniversaire de la mort du peintre avait fait l’objet d’une commémoration à Séville, où un buste du peintre avait été installé dans le Jardin des Délices.76 La chose était d’autant plus regrettable pour l’observateur que le buste était l’œuvre d’un sculpteur valencien, José Capuz (1884-1964). Dans la presse valencienne, l’image d’une “dette” morale non acquittée se propagea pour dire l’ingratitude de la ville envers celui qu’elle avait fait son citoyen d’honneur. L’image traversera tant et si bien les époques, qu’il en reste encore aujourd’hui des réminiscences, ainsi qu’on le verra plus avant.

À Valence, rien de semblable n’avait été fait car un conflit opposait la municipalité aux nombreux partisans de l’édification d’un monument sur la plage de La Malvarrosa. À dessein, Mariano Benlliure avait offert à la ville un buste du peintre en marbre blanc. Selon lui, le bord de mer devait accueillir sa sculpture car son compatriote y avait peint ses meilleurs tableaux. Mais un an plus tard, le projet n’avait toujours pas avancé, si bien qu’à l’occasion du premier anniversaire de la mort du peintre, Benlliure menaça de retirer la sculpture dans une lettre ouverte adressée au maire de la ville, Luis Oliag Miranda (1861-1933).77 Il y

75. Vicente Navarro, “La casa de Sorolla”, La Voz Valenciana, Valence, 9/08/1924.

76. Jaime Mariscal de Gante, “Un recuerdo a Sorolla”, Voz de Valencia, Valence, 11/08/1924. Figure n°7. Hommage des artistes sévillans à D. Joaquín Sorolla (1924). 77. Mariano Benlliure, “Una carta de Mariano Benlliure” et Luis Oliag Miranda, “El alcalde

exposait d’abord sa vision de ce monument, composé d’un buste posé sur un socle simple et solide, le tout faisant face à la mer. Puis il précisait, comme une mise en garde, que le marbre, qui était alors présenté dans une exposition vénitienne, intéressait le Musée d’Art Moderne de Madrid qui, affirmait-il, désirait l’installer dans les jardins qui longent l’avenue de la Castellana. Dans la réponse qu’il adressa au journal, le maire accéda à toutes les requêtes du sculpteur en promettant de commencer les démarches en concertation avec les deux institutions des Beaux-Arts de la ville : l’Académie de San Carlos et le Cercle des Beaux-Arts. Un concours fut donc convoqué et des avant-projets furent présentés, mais les choses en restèrent-là. Si bien que trois ans plus tard, le journaliste Francisco Almela y Vives (1903-1967) ironisait encore sur cet épisode sans lendemain : « […] los anteproyectos estuvieron expuestos muchos días, hasta que cambiaron el color blanco de la escayola por el color gris y tostado del polvo. Y en este resultado inane influyó no poco el hecho de que ningún anteproyecto satisficiera plenamente. »78 L’auteur expliquait que les maquettes n’avaient pas apporté entière satisfaction aux édiles, mais il ajoutait plus loin que la