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Typologies classiques des subordonnées

4 É TUDE DE LA PROPOSITION EN FRANÇAIS

4.5 Étude des travaux existants sur les subordonnées

4.5.1 Typologies classiques des subordonnées

Les classements les plus usuels sont réalisés selon une méthode combinée : les subordonnées sont d’abord classées selon la nature du connecteur, puis cer-tains types sont divisés eux-mêmes en sous-catégories selon la fonction que joue la subordonnée dans la phrase.

Dans les éditions postérieures à la 11ème édition deLe bon usagetelles que Grevisse (1993), refondue par Goosse, les propositions sont divisées en trois caté-gories selon la nature du connecteur.

1. propositions relatives: commençant par un pronom relatif (qui, que, quoi,

dont, où, lequel, quiconque) ou par un syntagme contenant le pronom rela-tif ou parfois par un nom accompagné d’un déterminant relarela-tif

4.5. Étude des travaux existants sur les subordonnées a) relatives sans antécédent

b) relatives avec antécédent

2. propositions conjonctives: commençant par une conjonction ou une

locu-tion conjonctive de subordinalocu-tion

a) propositions conjonctives essentielles b) propositions corrélatives

c) propositions adverbiales

3. propositions d’interrogation et d’exclamation indirectes: rattachées à la

phrase par aucun mot particulier, à l’exception de l’interrogation globale qui est rattachée à la phrase par la conjonction de subordination « si ».

Beaucoup de grammaires (Hatier, 1990 ; Gardes-Tamine, 1998 ; Wagner & Pin-chon, 1991) proposent une typologie comparable (cf. tableau 4.2).

Bescherelle relatives complétives circonstancielles interrogationsindirectes Goosse relatives essent./corrél.conjonctivesadverbiales interr./exclam.indirectes Gardes- relatives conjonctives interrogatives Tamine substantives adjectives pures circonstancielles indirectes Wagner et

relatives conjonctives circonstancielles interrogations

Pinchon indirectes

TAB. 4.2 – Correspondance des classes de subordonnées

Problèmes liés à la difficulté d’étiquetage des connecteurs de subordination

Sans parler de la question théorique liée à la notion discutable de « rela-tive sans antécédent », le plus grand problème de ces classements classiques pour notre traitement automatique est qu’ils présupposent l’analyse correcte des connecteurs. Or, l’étiquetage des connecteurs est, comme nous allons le voir, ex-trêmement difficile, parfois impossible, surtout à l’étape detaggingsans une ana-lyse syntaxique plus large.

Nous avons utilisé jusqu’ici le terme connecteur de subordination sans le dé-finir exactement. Avant de montrer la difficulté de leur étiquetage, nous essayons de déterminer ces connecteurs du français, éléments qui nous paraissent souvent maladroitement définis.

Wagner & Pinchon (1991) distinguent quatre types de « mots dont le rôle consiste à marquer le caractère dépendant de la proposition qu’ils ouvrent » :

1. des conjonctions (que, comme, quand, si) et des locutions conjonctives construites au moyen deque(afin que, alors que, de peur que, du moment,

que, lorsque, pour que,etc.), de(du moment où, là où) ;

2. des adverbes interrogatifsquand ? comment ? où ? pourquoi ?et des pro-noms interrogatifs ;

4. ÉTUDE DE LA PROPOSITION EN FRANÇAIS 3. des pronoms relatifs représentants ;

4. des adverbes de quantité simples (tant, tellement).

Beaucoup de grammaires telles que Riegel et al. (1994) proposent une défini-tion des connecteurs de subordinadéfini-tion plus ou moins semblable à celle-ci et cette catégorisation correspond égalementgrosso modoà celle de l’étiqueteur que nous utilisons.

Cette définition pose un problème crucial pour les travaux à caractère appli-qué : la difficulté d’étiquetage.

Certains de ces mots sont très ambigus et un étiquetage erroné provoquerait des erreurs dans l’opération postérieure. Dans le tableau 4.3, nous avons repré-senté les différentes étiquettes que peuvent recevoir les connecteurs selon la ca-tégorisation adoptée pour le corpus de Paris 7 (Abeillé & Clement, 2003). Nous pouvons y constater la forte ambiguïté de ces connecteurs. La détermination de la pertinence de ces distinctions pour notre opération est d’autant plus utile que leur étiquetage correct est loin d’être simple. Le choix d’une étiquette adéquate nécessite souvent une analyse syntaxique.

pronom

det. adverbe conjonction autres rel. inter. inter. excl. autre sub. crd.

dont p qui p p que (qu’) p p p p p quoi p p lequel* p p p p quel* p p comment p pourquoi p combien p p quand p p comme p p p prép.

si p p note de musiqueou affirmation

s’ p clitique

* ainsi que toutes leurs formes fléchies.

TAB. 4.3 – Ambiguïtés des connecteurs

Il existe d’abord des erreurs liées à la distinction très difficile de deux étiquettes possibles, telle que celle entre relatif et conjonction de subordination7:

C’est la ville de notre enfance, ce sont des paysagesque*[C-S]nous tra-versions.

ou entre conjonction de subordination et adverbe interrogatif :

7Les étiquettes attribuées par letaggersont marquées entre crochets en indice. Les étoiles de-vant indiquent que l’étiquette attribuée est erronée.

4.5. Étude des travaux existants sur les subordonnées

quand*[ADV-int]rien ne va , rien ne va !

Cependant, ces erreurs ne posent pas de problème lorsqu’il s’agit unique-ment de la détection des frontières de propositions. Les erreurs plus graves qui risquent d’empêcher la reconnaissance même des frontières de propositions sont des confusions d’étiquettes entre celles susceptibles d’introduire une proposition et celles qui ne le sont pas. Dans la phrase suivante, les deux « comme » sont consi-dérés comme conjonction de subordination alors que « Comme est P [préposi-tion] quand il introduit une comparative réduite (sans verbe) » (Abeillé & Clement, 2003) :

Qu’il soit total comme*[C-S] à Kilinochchi, ou partielcomme*[C-S] à Jaffna, le pouvoir des tigres est expéditif.

Nous constatons également, comme dans les phrases suivantes, que le « que » de conjonction de subordination introduisant une complétive est parfois considéré comme adverbe simple – qui n’est pas un introducteur de proposition – ou l’in-verse :

Comme cette dernière, plusieurs sociologues relèvent que*[ADV] ja-mais la nostalgie pour les années 1970-1990 n’a été aussi forte [...]. Si M. George W. Bush n’estque*[C-S]le dernier de la lignée, c’est égale-ment l’un des plus performants dans ce registre de l’homme politique simultanément inféodé aux priorités des milieux d’affaires et capable de s’exprimer avec la voix des damnés de la terre.

Les mêmes erreurs peuvent se produire avec « si » :

Ils risquent même de constituer une menace sérieusesi*[ADV]jamais la situation politique se détériore de nouveau.

En outre, il existe un autre problème : incohérence entre des mots appartenant à une même catégorie. En effet, deux mots ayant la même étiquette peuvent avoir des comportements syntaxiques différents. Par exemple, « dont » et « que » sont tous les deux des pronoms relatifs. Or, « dont » peut introduire non seulement une proposition (ex. 1, 2), mais aussi un syntagme (ex. 3)8, alors qu’un « que » relatif n’introduit qu’une proposition9.

1. Le gouvernement a retiré sa propositiondontla conformité à la Constitu-tion avait été remise en cause.

2. Ils ont enfin trouvé la maisondontils rêvaient depuis longtemps. 3. À cette occasion, se sont réunis huit représentantsdontnotre Président.

8On entend ici par « proposition » et « syntagme », des unités purement de surface. Nous n’en-trons pas dans la discussion sur la véritable nature de ces unités introduites par ces connecteurs, que certaines théories linguistiques traitent comme un phénomène d’ellipse.

9Nous trouvons tout de même, dans Grevisse (1993), deux types d’exemples – bien que qualifiés de rares – de « que » relatif introduisant une structure non phrastique : suivi d’un gérondif « ceQUE voyant(= en voyant cela) » d’une part, et dans le style juridique «TOUT CE QUEdessus sera fait de suite(Code civil, art. 976) » de l’autre.

4. ÉTUDE DE LA PROPOSITION EN FRANÇAIS

Dans le cas de la définition adoptée par notretagger, le même problème se pose entre les conjonctions de subordination « comme » et « que ». Par définition, «Comme est CS [= conjonction de subordination] dans les interrogatives indi-rectes, les subordonnées causales et les comparatives non réduites » (Abeillé & Clement, 2003) (souligné par nous-mêmes). En revanche, « QUE est conjonction de subordination, après un verbe (ou un nom ou un adjectif) à complétive, après une Prép, dans les comparatives ou les corrélatives (mêmes réduites) et dans les impératives » (souligné par nous-mêmes). Pour définir une grammaire conforme à cette définition, il serait déjà impossible de conserver ces étiquettes qui re-groupent des éléments ayant des comportements syntaxiques différents.

La détermination de la pertinence de la distinction entre ces différentes éti-quettes pour une tâche donnée est d’autant plus utile et même indispensable que cette opération est loin d’être aisée.