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La typologie proposée par Le Goffic

4 É TUDE DE LA PROPOSITION EN FRANÇAIS

4.5 Étude des travaux existants sur les subordonnées

4.5.2 La typologie proposée par Le Goffic

Les études sur les subordonnées de Le Goffic se situent dans le cadre de ses travaux plus larges sur les termes en « qu- ». Il s’agit d’« une vieille famille indo-européenne en *kw-, remarquablement conservée » de termes qui sont « fon-damentalement des indéfinis, c’est-à-dire des marqueurs du parcours de toute la classe : classe des animés (qui), des lieux (), des moments (quand), etc. » (Le Goffic, 1992). Sur la base de la thèse selon laquelle les termes en « qu- » sont des marqueurs désignant une variable, il essaie de « parvenir à une présentation unifiée et globale de l’ensemble des emplois des termes enqu-. » (Le Goffic, 2002). Dans ces études, les connecteurs de subordination sont divisés en quatre types, percontatif, intégratif, relatif, complétif, qui correspondent respectivement à quatre types de propositions subordonnées différentes. Chaque connecteur constitue des subordonnées différentes :

1. percontative (interrogative indirecte)10:

– je saisqui a gagné la course(où il est allé, quelle mouche l’a piqué). – Paul cherchecomment il pourrait faire.

– Paul se demandes’il va réussir. 2. intégrative :

a) pronominale (relative sans antécédent)

Qui dortdîne.

– Embrassezqui vous voulez.

b) adverbiale (circonstancielle en « qu- » ou « si » )

Quand on veut, on peut.

Si vous avez fini, vous pouvez sortir.

10Les termes entre parenthèses sont des dénominations usuellement utilisées que l’auteur pré-sente comme la correspondance de ses classes.

4.5. Étude des travaux existants sur les subordonnées – Marie est aussi joliequ’elle est gentille. (corrélatif)11.

3. relative (relative avec antécédent) – Le médecinqui est venu. – La maisonoù je suis né. 4. complétive (complétive)

– Je croisqu’il va pleuvoir.

– La peurque le ciel leur tombe sur la tête.

Qu’elle fût bien ou mal coiffée, je l’admirais.12

Examen critique du classement de Le Goffic

Avant d’aborder l’analyse de son classement des subordonnées, nous passons en revue sa définition des connecteurs, différente de la définition usuelle présen-tée dans la section précédente.

Définition des connecteurs dans les travaux de Le Goffic

Le Goffic (1993a,b) considère que les termes en « qu- » sont, avec « si », les seuls connecteurs du français et qu’ils appartiennent tous à une des trois catégories : pronoms, adjectif et adverbes.

pronoms: qui, que, quoi, lequel ;

adjectif: quel ;

adverbes: où, quand, comme, comment, combien, que (homonyme du

pro-nom), dont, pourquoi.

La principale particularité de cette définition réside dans l’absence de catégo-rie de conjonction. Le Goffic renonce également à la notion de locution conjonc-tive, en dénonçant le « caractère peu satisfaisant » de leur liste traditionnelle et l’absence de véritable analyse des propositions considérées comme introduites par ces locutions conjonctives.

11Les corrélatives sont considérées ici comme des circonstants, « au rebours de la tendance ac-tuelle ». Aujourd’hui, beaucoup de linguistes excluent les corrélatives des circonstancielles et en font des constituants secondaires à l’instar des relatives « en considérant queplus aimable que ne l’était sa sœurforme un GAdj (=aimable+ quantification par un GAdv discontinuplus ... queP) et que la corrélative n’a aucune autonomie de placement dans la phrase (ni même par rapport à son antécédent). » Malgré ce courant, Le Goffic défend sa position par le fait que « les corrélatives (tou-jours facultatives) sont en fait souvent séparées de leur antécédent, d’une façon incompatible avec la structure d’un groupe. » Toutefois, il signale également des cas d’exception : les corrélatives sont d’autant moins autonomes qu’elles sont elliptiques ; elles sont considérées comme des constituants secondaires dans le cas des locutions conjonctives du type « si bien que » où elles sont inséparables de leur antécédent.

12Les propositions introduites par le « que » complétif peuvent également avoir le statut de su-bordonnée paratactique ou de terme nominal proleptique. L’élément en prolepse (ou disloqué à gauche) est défini selon lui comme un élément détaché en début de phrase, repris par un pronom anaphorique qui en précise la fonction. L’élément détaché en fin de phrase est dit en reprise (ou disloqué à droite).

4. ÉTUDE DE LA PROPOSITION EN FRANÇAIS

Dans ses travaux, les unités introduites par une locution conjonctive sont ana-lysées comme des groupes adverbiaux ou des groupes prépositionnels compre-nant une subordonnée introduite par un véritable connecteur en « qu- ». Par exemple, « pour que P » est analysé non pas comme une subordonnée, mais comme un groupe prépositionnel constitué de la préposition « pour » suivi d’une complétive introduite par « que » ; « du moment où P » est analysé comme un groupe prépositionnel contenant une relative introduite par « où » ; « aussitôt que P » est analysé comme un groupe adverbial constitué de l’adverbe « aussitôt » suivi d’une intégrative corrélative.

Cette analyse permet un traitement unifié et homogène des unités « propo-sitions ». Mais son plus grand atout pour notre finalité est d’annuler, par exclu-sion de la catégorie de conjonction, le caractère polycatégoriel de la plupart des connecteurs, facilitant ainsi considérablement l’étiquetage automatique.

Inconvénients de la classification des subordonnées de Le Goffic

Malgré tout l’intérêt théorique qu’elle présente, la typologie de Le Goffic ne permet pas pour autant la conception d’un système simple de détection auto-matique des propositions. En effet, le problème est que, dans cette théorie, les connecteurs possèdent différents emplois dans lesquels chaque connecteur in-troduit différents types de subordonnées. Le tableau 4.4, reproduit de Le Goffic (2002), est une vue d’ensemble de leurs emplois.

interrogatifs indéfinis intégratifs intégratifs relatifs emphatiques

+ h qui qui...qui qui qui -Prép +qui - h quoi/que - quoi -

-Prép +quoi entité N quel quelque quel/quelque - qui/que/lequel

(±h) lequel Prép +lequel

dont Lieu -

Temps quand - - quand

Manière comment - - comme

-commeexcl.

Quantité combien - -(Degré) que(adv.) excl. quelque(adv.) que(adv.)

TAB. 4.4 – Emploi des marqueursqu- du français

Autrement dit, tout en facilitant l’opération d’étiquetage, sa catégorisation des connecteurs ne permet pas directement de repérer chaque type de proposition qu’il définit et l’identification des subordonnées nécessite une étape supplémen-taire dédiée à l’analyse de l’emploi exact du connecteur dans le contexte où il est 160

4.5. Étude des travaux existants sur les subordonnées utilisé. Ce qui représente, finalement, une tâche aussi délicate que l’étiquetage

avec la catégorisation classique des connecteurs.