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Les différents types du rationnement

CHAPITRE 1 : LA REVUE DE LA LITTERATURE

3. Les différents types du rationnement

Le rationnement peut être une réaction des banques pour répondre aux exigences environnementales. Les changements réglementaires et les mutations économiques représentent les plus importantes variables qui peuvent affecter le niveau du rationnement. Nous allons essayer de donner les différents types de rationnement. En se basant sur deux principales variables : les stratégies des banques face au risque et la gestion de leurs portefeuilles clients. Sur la base de la réaction des banques face au risque, nous distinguons le rationnement préventif et le rationnement contraint. En effet, le rationnement peut s‟accentuer lors d‟une insuffisance du capital des banques mais aussi il peut résulter d‟un comportement préventif face au risque des emprunteurs (Artus, 2002). La deuxième distinction se base sur la gestion des banques de leurs bases de clientèle. Nous avons un rationnement sur le nombre et un rationnement sur la quantité. Cette distinction est le résultat de la décomposition de la décision de crédit.

3.1. Le rationnement préventif

Lorsque les banques s‟aperçoivent qu‟elles ont pris trop de risque, elles prennent l‟initiative de réagir et minimisent ce risque en s‟alignant sur le niveau général du marché en arrêtant d‟attribuer les crédits. Ce type de rationnement est dit préventif. L‟origine de ce rationnement semble être les récessions économiques et les crises financières car elles amplifient le risque d‟insolvabilité des emprunteurs. Les banques à réagissent afin de ne pas subir l‟effet de la boule de neige et du cumul des défauts des crédits.

49 Dans un marché imparfait le volume de crédit disponible pour un emprunteur est inférieur à celui offert au même emprunteur dans un marché parfait (Schreft et Villamil, 1992). Cela découle du fait que, dans le marché parfait, les banques prêtent aux firmes qui sont prêtes à payer au moins le coût marginal du crédit. Alors que, dans le marché imparfait, les plus petites banques ont plus de contraintes à emprunter car les plus grandes ont la possibilité de déformer les imperfections du marché et échapper au coût supplémentaire lié à la réduction de l‟asymétrie d‟information. Le rationnement comme étant une réponse à une hausse de probabilité de défaut est une décision rationnelle et une clé de stabilité du système bancaire (Zazzara, 2008).

Pour compléter l‟étude de ce type de rationnement, nous introduisons l‟effet du temps dans la gestion des crédits. En effet, le rationnement de l‟emprunteur peut être temporaire ou permanent : s‟il est temporaire, il s‟agit d‟un rationnement à court terme, sinon c‟est un rationnement de long terme. Suite à une première demande de crédit rationnée, la firme peut établir une relation qui lui permet de prendre des crédits ultérieurs et dans ce cas nous pouvons dire que le rationnement était temporaire (Levenson et Willard, 2000).

3.2. Le rationnement contraint par le capital

Des banques peuvent choisir l‟alternative du rationnement préventif par souci de risque, contrairement aux autres qui vont en profiter pour gagner plus en prenant plus de risque. Ce comportement peut engendrer la fragilité du système bancaire et même les banques les moins risquées peuvent être affectées.

Le comité de Bâle II a proposé des nouvelles mesures pour réduire ce comportement. Il a incité les banques à mettre une partie, du capital, proportionnelle au risque encouru dans les réserves. Cette exigence a pesé lourd sur la liberté de l‟octroi de crédit, car, théoriquement, les banques doivent arrêter de prêter si elles épuisent les fonds disponibles.

La baisse de l‟offre de crédit est imposée aux banques pour satisfaire la condition de capital. Ce rationnement contraint ne dépend pas de la stratégie prudentielle des banques et aboutit à un rationnement arbitraire et non stratégique. Les banques peuvent rationner des bons emprunteurs car elles ne pouvaient plus octroyer des crédits alors que d‟autres

50 emprunteurs plus risqués ont eu leurs crédits, étant donné qu‟ils ont présenté leurs demandes avant. Cependant, le rationnement des emprunteurs qui méritent les crédits peut nuire au niveau général de l‟activité économique (Zazzara, 2008).

La décision de crédit a été décomposée en deux étapes : la première permet de décider de l‟octroi de crédit et la deuxième permet de fixer le montant à accorder en fonction de la situation de l‟emprunteur. Sur la base de cette décomposition du rationnement nous considérons le rationnement sur le nombre et le rationnement sur la quantité.

3.3. Le rationnement sur le nombre

Le rationnement sur le nombre consiste à refuser d‟octroyer un crédit à des emprunteurs jugés risqués ou non rentables. Nous ne faisons pas la distinction entre le rationnement total ou partiel : le crédit doit être totalement octroyé ou totalement rationné. Le rationnement sur le nombre est une réaction immédiate face à l‟opacité des emprunteurs. Toutes fois, il peut engendrer des risques macro économique si les banques n‟arrivent pas à distinguer entre les emprunteurs risqués et ceux qui ne le sont pas. Etant donné que le rationnement des bons emprunteurs peut entrainer une période de sous investissement.

Il est judicieux de faire la différence entre le rationnement des clients précis ou des classes de risques entières. Le rationnement peut concerner une personne dans un groupe ou un groupe de risque entier (Lobez, 1988).

3.3.1. Le rationnement d’un emprunteur spécifique

Une firme bien déterminée peut être rationnée alors que d‟autres emprunteurs lui sont identiques profitent du financement bancaire (Schreft et Villamil, 1992). Le rationnement d‟un emprunteur spécifique est une manière de certifier que ce client représente un risque supérieur à celui accepté par les banques. Pour juger que les clients sont rationnées à titre individuel il faut, d‟une part, se rassurer que la banque n‟a pas atteint ni les seuils inacceptables de risque ni les contraintes budgétaires et d‟autre part, vérifier que cet emprunteur n‟appartient pas à une classe de risque jugée menaçante par la banque. Ce type de rationnement est qualifié par le rationnement de type A. Des firmes bien déterminées peuvent

51 être rationnées à court terme alors qu‟elles peuvent profiter des crédits après l‟établissement d‟une relation de crédit avec leurs banques, ce qui montre qu‟elles ne dépendent pas de leur classe de risque (Levenson et Williard, 2000).

3.3.2. Le rationnement de toute une classe de risque

Les banques les plus prudentes vont essayer de mettre une limite de risque à ne pas franchir. Cette barrière est un obstacle devant toutes les firmes qui appartiennent à une classe de risque supérieur à la limite fixée par la banque et elle les empêche d‟obtenir les crédits sollicités. Ce rationnement est appelé le « red-lining » ou encore le rationnement de type B. Les entreprises qui appartiennent à cette catégorie sont jugées les moins rentables et/ou les plus risquées, c‟est pour cette raison les firmes les plus rationnées sont les plus petites. Le refus de crédits est lié négativement à la taille de la firme ce qui suggère que le rationnement est moins important pour les firmes les plus larges (Levenson et Willard, 2000). Cette idée a été contredite par Zazzara (2008) qui a précisé que les firmes les plus risquées et les plus grandes sont plus exposées au rationnement car sous Bâle II, les pertes en capital lors d‟une défaillance sont importantes.

3.4. Le rationnement sur la quantité

Les banques qui craignent la perte de leur clientèle adoptent le rationnement sur la quantité. Ce type de rationnement est caractérisé essentiellement par le fait que les banques peuvent accorder tous les crédits sollicités par les clients en ne donnant qu‟une partie des montants demandés à certains d‟entre eux. Les banques essayent par cette stratégie de satisfaire tous leurs clients.

Une banque peut procéder à un rationnement sur les montants des crédits et un rationnement sur le nombre des emprunteurs. Cette coexistence est le résultat de la complémentarité entre ces deux formes de rationnement. Les banques peuvent rationner la totalité des montants des crédits sollicités par les emprunteurs les plus risqués, en revanche pour les emprunteurs les plus transparents, elles peuvent minimiser le risque en diminuant le montant octroyé. Les banques qui arrivent à gérer ces deux formes de rationnement peuvent bénéficier d‟une gestion optimale de risque des crédits.

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