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L‟origine, la détection et la mesure du rationnement

CHAPITRE 1 : LA REVUE DE LA LITTERATURE

2. L‟origine, la détection et la mesure du rationnement

2.1. L’origine du rationnement

Le rationnement est une solution adoptée par les banques pour faire face à la prise excessive de risque et pour éviter la sous rémunération de ces crédits. Il peut être considéré comme un choix ou une contrainte selon la cause qui l‟a généré. Le rationnement peut être dû à un changement dans le processus de prise des décisions des crédits, à une concurrence accrue sur le marché des crédits ou à une crise financière et une récession économique.

L‟unification des méthodes d‟évaluations qui résulte de l‟utilisation de l‟information « hard » mène à une généralisation des scores calculés et une facilité à la transmission des données entre les différentes banques. Cette généralisation entraine une concurrence plus forte

46 sur le marché de crédit et baisse les taux d‟intérêt. Pour faire face à cette nouvelle situation les banques vont essayer de minimiser le risque encouru en refusant de donner des crédits aux emprunteurs les plus risqués. L‟application des modes de « scoring » conformément au nouvel accord de comité de Bâle change l‟opération de crédit car elle entraine son rationnement. (Slijkerman, Smant et De Vries, 2004). La concentration de l‟information « hard » peut biaiser la décision de l‟octroi de crédit et bien particulièrement dans le cas du crédit des PME. (Godlewski, 2004)

Les crises financières ont deux conséquences sur l‟octroi des crédits : la première est directement liée aux banques mais la deuxième est liée au niveau général de risque. Lors d‟une crise financière, les banques peuvent avoir du mal à accorder des crédits suite à des problèmes de liquidité. Ces banques choisissent le rationnement pour éviter le gaspillage du capital disponible. En plus, les crises financières augmentent le niveau général du risque ce qui affecte la solvabilité des emprunteurs et les rend plus risqués. Les emprunteurs qui se trouvent généralement sur la limite du rationnement, vont se trouver parmi les rationnés. Pendant les périodes de récession, le rationnement est plus répandu, les refus des demandes de crédits des emprunteurs seront plus importants. En effet, ces derniers constatent que la probabilité d‟obtenir un crédit est en train de baisser (Zazzara, 2008). Les emprunteurs les plus risqués et qui n‟ont pas d‟autres moyens de financement que les banques, acceptent de payer des coûts plus élevés pour compenser les dépenses liées à leur opacité et celles payées par les banques liées aux crédits. (Berger, Frame et Miller, 2004)

2.2. La détection du rationnement

L‟existence du rationnement est liée au refus de l‟octroi de crédit. Nous distinguons deux sortes de rationnement : le rationnement de la totalité du crédit et le rationnement partiel. Ce dernier se manifeste lorsque la banque accepte le principe d‟accorder le crédit mais elle refuse de donner la somme totale.

Pour détecter le rationnement, nous allons nous intéresser aux emprunteurs eux même. Une firme est considérée comme rationnée si elle voit sa demande de crédit refusée pour la totalité ou une partie du montant de crédit (Levenson et Willard, 2000), ou si elle a eu recours à un autre établissement financier pour s‟octroyer des crédits à des prix supérieurs à ceux

47 exigés par les banques. Autrement dit, nous pouvons interpréter le recours à une source de financement plus chère comme résultat du rationnement de la source principale de financement.

Le rationnement est très difficile à mesurer. Quelques auteurs ont essayé de présenter des indices de mesures de rationnement malgré que les banques ne s‟intéressent généralement ni aux nombres des emprunteurs rationnées ni au montant des crédits demandés (Keeton, 1997 ; Lobez, 1988).

2.3. La mesure du rationnement

Les firmes rationnées par les banques se trouvent obligées de chercher leurs financements auprès des autres établissements financiers. Nous proposons de mesurer le rationnement des firmes de deux manières différentes. Nous allons nous intéresser aux deux parties de la relation de crédit en essayant de mesurer le rationnement. Autrement dit, nous allons présenter une mesure de rationnement pour les firmes (le nombre de fois qu‟une firme a été rationnée et montant des crédits refusé) et pour les banques (le taux de rationnement des demandes de crédits).

Du coté des firmes, le dénombrement du rationnement est facile à faire. En se basant sur la définition du rationnement précédemment présentée, il suffit de compter le nombre de fois qu‟une firme a eu recours à une source de financement plus chers pour trouver le nombre de fois qu‟elle a été rationnée. (Petersen et Rajan, 1994 ; Harhöff and Körting, 1998 ; Berger et al, 2001 ; Bodt, Lobez et statnik, 2005).

Du coté des banques, la mesure est plus compliquée, les banques ne s‟intéressent pas aux demandes rationnées et donc elles ne détiennent pas forcément des données concernant celles-ci. Les auteurs ont essayé de trouver des ratios qui permettent de mesurer le rationnement. Lobez (1988) a repris la mesure du Jaffee et Modigliani (1969) qui suppose que le rationnement peut être mesuré par une différence entre l‟offre globale et la demande globale des crédits, mais les banques ne s‟intéressent pas au volume total des demandes donc la mesure de la demande totale n‟est pas observable.

48 Une autre mesure a été présentée par les mêmes auteurs sous la forme d‟un ratio (ratio H). Le numérateur de ce ratio représente la différence entre le volume des crédits octroyés aux emprunteurs menacés par le rationnement et le volume total des crédits octroyés. On divise le résultat par le volume total des crédits octroyés. Dans ce taux nous sommes parti du fait que les emprunteurs sont répartis exclusivement sur deux catégories : les non risqué et les menacés par le rationnement. Cette mesure a évolué et les auteurs ont proposé un autre ratio (H1) représenté par la division de l‟offre des crédits accordés aux menacés par la somme de l‟offre des crédits accordés aux menacés et l‟offre de crédits accordés aux non menacés.