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La nature de l‟information et la compétition sur le marché bancaire

CHAPITRE 1 : LA REVUE DE LA LITTERATURE

4. La nature de l‟information et la compétition sur le marché bancaire

Dans cette section nous montrons l‟interaction entre la compétitivité sur le marché et le choix de l‟information. L‟utilisation des scores dans le marché des crédits peut être constatée à plusieurs niveaux : les fusions et les acquisitions, la définition des frontières du marché bancaire local et l‟activité sur le marché secondaire des crédits des PME (Berger et Frame, 2005). Nous tentons de voir l‟interaction entre le choix de la nature de l‟information et la frontière du marché local, le nombre des banques qui exercent avec l‟emprunteur et les fusions et les acquisitions.

4.1. La frontière du marché local

Le marché local est caractérisé généralement par la taille des banques qui le forment. Les banques qui exercent sur le marché local sont généralement des petites banques avec une structure hiérarchique favorisant l‟utilisation de l‟information « soft ». L‟introduction de l‟information « hard » dans le processus décisionnel des banques a bouleversé l‟équilibre qui règne sur les marchés locaux. La généralisation de l‟utilisation de l‟information « hard » baisse les barrières informationnelles et réduit de l‟effet de la distance qui sépare le prêteur de l‟emprunteur.

4.1.1. La baisse des barrières informationnelles

Les marchés locaux sont fermés et la circulation de l‟information est pratiquement absente. L‟information utilisée dans ces marchés est l‟information « soft », elle est personnelle et elle appartient à la banque qui la collecte. Avec cette information l‟implantation des nouvelles banques est très difficile. La structure de l‟information peut

39 déterminer la hauteur de la barrière à l‟entrée sur le marché et que l‟asymétrie de l‟information peut gêner l‟entrée sur le marché de crédit (Dell‟ Ariccia et Marquez, 2004).

La généralisation de l‟utilisation de l‟information « hard » a donné une nouvelle dynamique aux marchés locaux. Des nouvelles banques arrivent à pénétrer ces marchés qui étaient interdits. L‟utilisation de l‟information « hard » intensifie la compétitivité sur le marché bancaire. La détermination des caractéristiques et des termes des contrats des crédits est le sujet d‟une vraie bataille. L‟utilisation du « hard » réduit l‟avantage compétitif de son producteur (Godlewski, 2004).

Les banques seront classées en deux groupes : les grandes banques récemment installées et les petites banques déjà en place. Les grandes banques subissent des coûts à l‟entrée sur le marché opaque mais une fois elles y sont elles offrent des crédits moins chers. Une nouvelle condition de l‟implantation des nouvelles banques s‟imposent : les nouvelles grandes banques ne peuvent intégrer les marchés de crédit que si elles sont capables de charger le même taux d‟intérêt que les banques déjà existantes et non seulement si elles peuvent payer les coûts à l‟entrer (Van Tassel, 2006).

4.1.2. La réduction de l’effet de la distance entre prêteur et emprunteur

L‟utilisation de l‟information « hard » pour la prise de décision de crédit dans les marchés locaux a favorisé l‟ouverture de ces marchés pour des nouveaux arrivants, cette information permet aux banques de prendre les décisions à des niveaux hiérarchiques plus élevés que ceux de sa collecte. Cet éloignement entre la prise de décision et la production de l‟information permet aux grandes banques qui l‟utilisent de s‟implanter dans les marchés locaux sans modifier leur structure organisationnelle. La distance entre les prêteurs et les emprunteurs commencent à grandir. L‟utilisation de l‟information « hard » neutralise l‟effet de la distance. Le financement des PME est généralement assuré par les banques en proximité mais il existe des exceptions, depuis les années 1990, lorsque la distance entre les PME et les banques commence à augmenter (De Young, Lennon et Nigro, 2008). La barrière de la distance entre les banques et les PME est entrain de se réduire (Berger et Udell, 2002).

40 L‟augmentation de cette distance entraine un mauvais contrôle des emprunteurs et une baisse de la qualité de l‟information perçue par la banque. Ce qui mène à une baisse de la disponibilité des crédits aux emprunteurs les plus opaques. En effet, la proximité affecte la qualité de l‟information et la disponibilité des crédits pour les PME (De Young, Lennon et Nigro, 2008). En outre la distance entre la banque et l‟emprunteur affecte la probabilité de défaut et les scores externes. L‟augmentation de la distance s‟accompagne par une réduction de la disponibilité des crédits suite à la sélection « adverse ». Face à ces complications et afin d‟assurer leur source de financement, les entreprises vont chercher à se couvrir derrière une multitude de relations. Ils essayent de profiter d‟une éventuelle certification, sur la santé de leurs entreprises, qu‟ils peuvent tirer de leur relation avec leurs banques principales. La relation établie avec une banque principale les aide à établir d‟autres relations avec d‟autres banques.

4.2. Le nombre des banques qui exercent avec l’emprunteur

Dans un marché où l‟information « hard » est la première source d‟information, les emprunteurs vont essayer de fuir un éventuel rationnement. Les emprunteurs les plus opaques cherchent à profiter doublement de la relation de crédit. D‟abord, ils vont essayer de cacher leurs situations réelles le plus long temps possible afin de profiter des banques principales qui maintiennent, ensuite, ils essayent de profiter de leurs relations existantes pour obtenir d‟autres relations.

Dans telles conditions, les banques vont essayer de faire face à cette ambiguïté en acceptant de payer plus cher pour collecter une information plus pertinente ou en donnant des crédits en se basant sur les relations établies afin d‟éviter les compétitions sur le marché bancaire (Visala, 2007 ; Boot et Thakor, 2000). Les banques peuvent réduire l‟asymétrie d‟information en cherchant des informations sur les emprunteurs potentiels (Lobez, 1988). Il existe une relation négative entre le nombre des banques qui exercent avec les emprunteurs et la force des relations établies avec ces emprunteurs (Elsas, 2005).

Pour résoudre le problème des relations bancaires multiples avec la banque principale doit tenir une relation qui se base essentiellement sur l‟information « soft ». Les petites banques peuvent réagir sur le marché local face à l‟implantation des grandes banques en se

41 focalisant sur ceux qui exigent une relation personnalisée ou en offrant des crédits non standards (Godlewski, 2004). Les efforts supplémentaires fournis sont couteux, alors que la rentabilisation de ces efforts n‟est pas certaine. Les emprunteurs peuvent contacter plusieurs banques pour solliciter des crédits alors qu‟une seule banque va profiter de ce contrat de crédit. Donc les firmes doivent faire un arbitrage entre les gains attendus de la mise en concurrence de plusieurs banques et le risque de rationnement croissant avec le nombre des banques contactées.

4.3. Les fusions et les acquisitions

Les grandes banques sont caractérisées par l‟utilisation de l‟information « hard ». D‟un coté, le sens de causalité entre ces deux variables n‟est pas déterminé car deux hypothèses opposées sont présentées. Le changement de la nature de l‟information sur le marché des crédits a contribué à l‟intensification de la concurrence et a conduit aux fusions et aux acquisitions des banques ce qui a agrandi les tailles des banques. Et d‟un autre coté le changement de la nature d‟information peut être considéré comme le résultat des fusions et des acquisitions. Suite à ces fusions et ces acquisitions, les tailles des banques deviennent plus grandes donc elles exigent l‟utilisation de l‟information « hard ». Nous soutenons dans notre travail cette dernière hypothèse.

L‟information « hard » permet à la structure de la banque de s‟adapter plus facilement à tout type d‟extension. Ces extensions se limitent généralement à la fusion des petites banques ou à l‟acquisition d‟une petite banque par une autre plus grande ou par une entreprise de holding.

L‟effet des fusions et des acquisitions sur le nombre des banques est toujours considéré comme sujet de discussion. En effet deux hypothèses s‟opposent : d‟abord les fusions et les acquisitions contribuent à la réduction du nombre des banques et l‟augmentation de leur taille (Craig et Hardee, 2007) ce qui conduit à une croissance de la compétitivité sur le marché et son orientation vers la fermeture. Contrairement à cela, le nombre des banques sur le marché reste indépendant des fusions et acquisition mais par contre il dépend plutôt de la rentabilité de ce marché. Ce qui peut s‟expliquer par l‟apparition des nouvelles banques qui essayent de servir les niches des clients délaissés après les fusions et les acquisitions.

42 L‟apparition des nouvelles banques et les mouvements de migration des agents de crédit des banques fusionnées aux autres institutions financières ainsi que la spécialisation des banques déjà existantes dans le traitement de l‟information « soft » redistribuent les parts de marché et permettent aux utilisateurs de cette information de profiter des parts de marché négligés par les banques nouvellement fusionnées(Berger et Udell, 2002). Udell (2008) a constaté que, dans le marché américain, il y eu une accélération de l‟apparition des nouvelles banques et des fusions et que les autres banques sur le marché local tendent à augmenter leurs parts de ces crédits comme réponse à ces fusions.

Les fusions et les acquisitions vont aboutir à deux principaux résultats : premièrement les nouvelles banques récemment créées et les petites banques déjà existantes vont se spécialiser dans l‟utilisation de l‟information « soft » en essayant de fuir la compétition sur les marchés bancaires. Deuxièmement, les banques résultantes des opérations de fusions et des acquisitions adoptent plutôt l‟information « hard » pour profiter de la facilité de sa transmission et donc répondre à l‟exigence de l‟évolution de leurs tailles.