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Chapitre 3 : Description détaillée des deux corpus :

3- Type des échanges : dominance de l’argumentation :

Nous avons constaté que le texte de type argumentatif domine sur les productions orale et écrite, des apprenants et des d’internautes. L’argumentation sert à persuader, à convaincre, c’est au fait le but des rencontres de nos protagonistes de l’interaction lors des débats menés. « Persuader » ou « convaincre » a toujours été un acte pour lequel plusieurs personnes se rencontrent et s’échangent, c’est en quelque sorte vouloir transmettre ses idées à l’autre. « Le jugement et la prise de position caractérisant le texte argumentatif »1 en s’aidant par des arguments : « l’argumentation est une action complexe finalisée visant à obtenir l’adhésion de l’auditoire à une thèse. Ce but est atteint à travers une série de moyens que sont les différents arguments liés par une stratégie globale […]. Les arguments constituent l’ensemble des phrases utilisées dans le raisonnement »2

. Généralement, l’argumentation est liée à l’oral, surtout dans la situation de face à face : « l’argumentation s’actualise de manière privilégiée dans des formes orales comme le dialogue, l’interview ou le discours. Historiquement- et pour chaque individu-, l’argumentation a d’abord en partie liée avec la parole échangé et le face à face »3. Dans ce sens, beaucoup d’études ont portées de l’importance au contact entre les interlocuteurs, mais que dit-on ainsi de l’écrit ou de la communication écrite….

L’argumentation présente dans nos deux corpus, oral et/ou écrit, se base essentiellement sur les arguments telle que : « la définition ».

Il s’agit de porter la définition et l’explication des mots et des expressions avancés afin de donner une certaine valeur à ce qui est dit, ce qui mène à une discussion ou disant échange plus clair et plus profond. La définition est avancée à n’importe quel moment de l’échange en fonction de l’opinion à défendre et du but à atteindre. Lors d’un débat chacun voit et interprète les mots de son angle, ces derniers sont polémiques et polysémiques, c’est ainsi que les locuteurs ou chaque locuteur tente de convaincre l’autre par sa définition et son degré de compréhension.

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Lerch.R. Le texte argumentatif, éd Le Manuscrit, 2005, P 19.

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Cette idée est avancée par Thyrion Francine dans son œuvre : L’écrit argumenté : questions d’apprentissage, éd PEETERS et Publications linguistiques de Louvain, P 37, qui a été reprise par plusieurs chercheurs tel G.Vigner.

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Thyrion.F.L’écrit argumenté : questions d’apprentissage, éd PEETERS et Publications linguistiques de Louvain, P 29.

A coté de la définition, on trouve un autre argument employé par les interactants qu’est celui de « la comparaison ». Son principe consiste à rapprocher deux notions, deux expressions, deux idées même afin d’établir une relation d’égalité, d’infériorité ou supériorité entre les deux. Les interactants sont appelés à comparer leurs propos avec les propos de l’autre, afin de pouvoir s’imposer tout en améliorant les siens pour convaincre son interlocuteur et parfois même pour se défendre ou s’opposer à autrui.

La comparaison peut dépasser les mots et les expressions, on peut même comparer des chiffres (tout dépend du sujet abordé), le but reste celui de montrer son objectivité, sa maîtrise du sujet et les connaissances qu’il possède.

L’échange par écrit, celui des internautes, comporte un argument qui est presque absent dans les échanges des apprenants, il s’agit de l’argument par « hypothèse », qui est par simple définition : « …consiste à influencer l’interlocuteur en lui présentant comme certains ou pour le moins comme probables la ou les conséquences du choix qu’il pouvait faire… »1

. Reste à dire que tout dépend de la nature des sujets abordés, mais nous devons signaler là que l’internaute était plus libre en s’échangeant que l’apprenant, signalons qu’il ne s’agit pas du même cadre spatio-temporel. Les écrits des internautes ont plus « cette trace personnelle » : parler de sa vie, de son job, de sa famille,… ce qui rend leur échange plus riche et plus souple à étudier. L’argument par hypothèse dépend également de la relation entre les partenaires et de leurs situations (dans la vie et comme il l’exerce et l’exploite dans l’échange).

L’argument par « alternative » consiste à choisir entre deux parties, deux éléments ou encore dire entre deux choses, c’est à l’intérieur des conversations – orales des apprenants /écrites-des internautes-, que l’on trouve fort présent ce type d’argument : il s’agit de mettre son interlocuteur dans une situation de choix, pour prendre une décision dans deux possibilités proposées qui nécessitent un choix décisif.

« Le syllogisme » est utilisé dans l’argumentation à travers la démarche déductive. Le syllogisme est utilisé, le plus souvent, dans le débat, type dominant dans nos deux corpus d’étude. « La démarche déductive » est marquée ainsi par cet argument ; Il s’agit de suivre tout un schéma logique, un raisonnement logique. Bref, faire recours à ce type d’argument signifie « la force logique » que contient un discours produit.

Les thèmes abordés par nos protagonistes de l’interaction sont dans la totalité d’une dominance argumentatif : sujet parlant de leur vie, sujet d’ordre social, débat sur un sujet ou des sujets pertinents,… c’est ainsi que « la conviction » et « la raison » sont deux pôles principaux dans ces interactions, les sujets abordés quelque soit leur nature et leur contenu ils suivent une démarche

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logique, dont on veut aboutir à une « conclusion », une conséquence logique, pour persuader son interlocuteur : « la persuasion discursive mettent en œuvre un raisonnement destiné à amener une conclusion »1.

A l’intérieur des propos des interlocuteurs, s’avère un autre type d’argument logique qu’est « l’enthymème », par ce dernier, on désigne le fait de porter un jugement ou commentaire ayant une valeur, c’est une action très répété par les protagonistes de l’interaction surtout au niveau des sujets plus ou moins politique, dans ce cas là, leur débat contient pas mal d’enthymème.

Les échanges des interactants répondent également à un autre type d’argument, il s’agit du « raisonnement dialectique » qui « consiste à considérer le « pour » d’une proposition : c’est la thèse, puis à lui opposer le « contre » : c’est l’antithèse ; enfin à concilier ces arguments contradictoires : c’est la synthèse »2

. Cette forme d’argumentation est bien fréquente dans notre premier corpus où presque, tous les sujets abordés par les apprenants, passent par une thèse, antithèse et une synthèse. Ils abordent des sujets proposés par le manuel scolaire, plus ou moins complexes, à débattre et qui exigent d’avancer des opinions, des arguments et des « illustrations » afin de persuader l’autre. « L’illustration » constitue un autre moyen, utilisé par nos protagonistes de l’interaction, afin de convaincre l’autre : « mais les arguments ne constituent pas les seuls moyens utilisés pour obtenir l’adhésion de l’auditoire. L’exemple, l’illustration et le modèle constituent d’autres procédés fréquemment employés (…) l’illustration renforce une règle en montrant son intérêt par la variété de ses applications »3.

L’argument logique que nous analysons maintenant celui de « la question », argument fort constaté dans notre cas d’étude surtout dans les sujets où le débat reigne. L’argument par la question peut être le début d’un débat entre les interactants car il vise à éclairir celui qui interroge, à découvrir sa personne, ses idées, son intention et mesurer son degré de compréhension c’est au fait trouver une solution à un problème posé. La succession des questions assurent une information large et cohérente. Parfois le locuteur interroge son interlocuteur pour le piéger ou en dégager l’information qu’il cherche. Stratégie utilisée par nos internautes que par nos apprenants. La question permet la prise de position du locuteur et de son interlocuteur, ce dernier, peut répondre par une autre question, c’est ce qui augmente le degré de l’échange ou du débat, qui redevient plus compliqué, plus intéressant. La contre question peut être une fuite à la question initiale, c’est une autre stratégie déployés par nos protagonistes de l’interaction.

Quand on argumente, ou on lance un jugement, ces actions dépendent des « faits » : c’est la justification premières des opinions de l’autre, c’est ce qui poussent nos interlocuteurs à présenter des illustrations avec leur propos avancés

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Lerch.R. Le texte argumentatif, éd Le Manuscrit, 2005, P 19.

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Hella.A. Précis de l’argumentation, édition LABOR, 1983, p 97.

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comme des chiffres, des phrases de vérité générale, des témoignages, rappel d’un événement passé, des documents,…. Les faits servent le « raisonnement inductif » c’est sur ces faits là qu’on revienne souvent pour justifier une opinion, ils ont « une valeur explicative » dans l’argumentation. Les mots utilisés pour la justification et l’explication ont ainsi une grande valeur, c’est pourquoi, il faut les bien choisir selon « le sens » et « le contexte ». Pour le sens, les mots utilisés doivent être claires et travaillent le sujet en question. L’usage des chiffres tels que les dates, les années, le nombre exact… donne plus précisions aux paroles, c’est plus convaincant, c’est, en fait, le langage de l’objectivité totale.

L’argumentation orale n’est pas comme celle écrite, autrement dit face à face pas comme à distance car, et lors d’une argumentation, il faut tenir en considération -en avançant ses opinions et ses arguments- de la où des réactions de l’autre. C’est ainsi, et comme nous l’avons déjà dit dans les pages précédentes, qu’il faut toujours présenter les arguments forts d’abord ou les plus importants au moins importants afin de convaincre son auditeur ou son locuteur.

Les procédés argumentatifs sont mis en place à travers, et comme l’appelle certains chercheurs, « une situation d’action ». La situation d’action avec les apprenants est déterminée par cette « activité d’expression orale » qui renvoie à la plus grande famille qu’est « l’activité de la pratique scolaire ». Dans notre deuxième corpus, la situation d’action est expliquée par « l’activité de l’échange par écrit » entre deux ou plusieurs scripteurs dans le cadre de la plus grande activité qu’est « l’activité de la pratique sociale ».

Les apprenants comme les internautes, ont pris l’argumentation comme une propriété générale de leur discours, ils s’échangent dans le but de convaincre l’autre par ses idées et ses opinions. Afin de réaliser leur but, les interactants, et à travers leur discours oral et/ou écrit, présentent leurs thèses qui sont illustrées par des arguments. C’est la thèse et les arguments qui composent les deux parties primordiales d’un discours prononcés dont chaque discours se compose selon plusieurs chercheurs des éléments suivants :

- L’exorde : on désigne par ce terme l’introduction qui a pour but d’attirer l’attention de son orateur ou son interlocuteur ou encore dire son récepteur, par les expressions qui attirent et qui séduisent –en quelque sorte- comme dire par exemple : « il est important ce que tu avances », « ton idée est juste comme la mienne », « je vous remercie de m’avoir écouter/me lire/m’écrire »… il s’agit des expressions qu’on utilise au début de l’échange pour en avoir un discours bien organiser plus tard.

- La proposition : c’est tout simplement la thèse qu’on va traiter, que l’on va défendre, que l’on va expliquer, démontrer et soutenir tout en présentant ses opinions et ses arguments hiérarchisés. Ces un cheminement graduel des pensées et des idées, indispensables pour atteindre son but communicationnel et qui renforcent le raisonnement suivi dans tel ou tel discours.

- La division : indique la cohérence du texte. Il s’agit de démontrer les différentes parties du discours ou de reprendre l’attention de son interlocuteur en lui rappelant des parties qui vont venir. C’est une stratégie déployée, non seulement pour assurer la cohérence de l’exposé (oral ou écrit) mais aussi pour assurer sa clarté et sa compréhension. Ceci permettra de mieux suivre le déroulement de l’argumentation.

- La narration : utilisée par un locuteur lorsque le fait raconté semble étrange pour certain. On utilise cette technique afin de lever une ambiguïté. En bref, elle est utilisée lorsque les faits ne sont pas connus par toute l’assistance ou son récepteur à distance. La narration peut avoir valeur d’argument par sa façon de présenter les faits et par l’éclairage qu’elle apporte, elle fait revivre les actions et les faits devant son interlocuteur.

- La confirmation : le point le plus important, car c’est à ce niveau là que le locuteur/scripteur développe son argumentation, c’est là que les preuves (sous forme de mots, chiffres, documents,… comme nous l’avons déjà exposé) sont exposées.

- La réfutation : c’est là où l’orateur/scripteur réfute les arguments de l’autre, pour but de s’imposer ou encore pour un but générale qu’est l’efficacité du discours mené ou encore rien que pour contredire l’autre, généralement trouver dans le débat d’idée comme le cas de nos corpus.

- La pénoraison : c’est la conclusion, c’est le bilan indispensable d’une suite de raisonnement synthétisé sans répétition. La conclusion peut être brève ou longue, le plus important reste son contenu par rapport aux arguments et aux faits présentés tout au long d’un échange. C’est au fait mettre fin au débat ou à l’exposé des arguments, à leur narration ou à leur explication. Dans notre cas d’étude, l’esprit synthétique est rarement utilisé par les apprenants ou par les internautes pourtant, il s’agit d’une technique importante surtout dans le premier cas (l’apprentissage du F.L.E).

Dans le débat, considéré comme un genre de discours, il s’agit d’avoir ce double art, écouter l’autre et de le convaincre tout en utilisant toutes les marques discursives d’un texte argumentatif citées ci-dessus qui sont « intimement liées à sa finalité persuasive et sont généralement constituées de séquences discursives brèves mais importantes pour l’orientation du débat »1

. Pour réussir son débat, le locuteur/scripteur doit bien connaître son récepteur, bien maitriser le sujet, doit bien choisir et bien classer ses arguments afin d’arriver à une bonne conclusion ou bilan, encore dire une synthèse parfaite.

En somme, les interactions en question obéissants à un « raisonnement argumentatif » dont les trois éléments essentiels sont : « l’orateur », « le discours échangé ou produit lors d’un échange » et « l’auditeur », des notions propres à

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l’échange oral qui peuvent être remplacés à l’écrit par : « le scripteur », le « discours échangé ou produit lors d’un échange par écrit », « le deuxième scripteur/interlocuteur/récepteur/lecteur » dont certaines qualités ou adjectifs doivent être mis en place du coté de l’émetteur et son récepteur. Pour le premier, il est appelé à être sympathique, confiant, compétent et surtout convaincant, et pour le deuxième, il doit être passion et surtout preuve son intérêt et son sérieux. Le discours de son coté doit être clair, intéressant et surtout persuasif. L’argument au sein d’un discours quelconque doit avoir sa fonction justificatrice. Il se base sur deux notions importantes qui sont : « la proposition » et « la raison ». La proposition montre en quelque sorte l’idée avancée, un point de vue ou encore dire une thèse, et par raison on désigne tout terme qui détermine l’ensemble de choses qui pouvent être appelées à l’appui d’une proposition. Ce sont les deux constituants de l’argumentation « un argument, c’est donc, une combinaison d’une ou de raison(s) et d’une proposition que la ou ces raisons prouve(nt) »1, c’est ainsi qu’un argument doit contenir sa fonction principale qu’est la justification dans une situation de communication donnée. L’argumentation contient ainsi, « un contexte communicationnel » si l’on ose dire : C’est quand en communique, tout en exerçant de l’argumentation, que sa fonction première qu’est la justification se déploie. C’est dans la pratique sociale ou scolaire que cette fonction prend place au sein des débats menés par nos interactants, en situation de face à face ou par clavardage.

On trouve beaucoup plus l’argumentation dans le débat. Ce type nécessite une argumentation qui se caractérise par « la crédibilité » et « la réfutation ». « Sproule » distingue trois types d’arguments : « les descriptions », « les interprétations » et « les évaluations ».

L’analyse de ces arguments et de tous procédés argumentatifs dépendent des actes et des faits que présentent les protagonistes de l’interaction. Dans notre cas d’étude, il s’agit de la présence des trois arguments : pour le premier cas, qu’est l’interaction des apprenants, il s’agit de la présence des trois types, parfois les trois ensembles, quant au deuxième cas, celui des internautes, c’est beaucoup plus les descriptions et dans quelque cas les interprétations.

En bref, selon plusieurs chercheurs, l’argumentation est liée au « contexte énonciatif » : l’argument est caractérisé en fonction de son usage, il s’agit là d’un point de vue beaucoup plus pragmatique que sémantique. L’argument et l’argumentation sont ainsi liés au « sens logique du terme » : il s’agit de prendre en considération les propos, leur valeur en usage, c'est s’intéresser au coté pratique c'est-à-dire les arguments tels qu’ils sont formulés (prononcés ou écrits).

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Brenton.Ph et Gauthier .G.Histoire des théories de l’argumentation, éd la Découverte et Syros, Paris, 2000, p 57.