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5. Trouver les principes symboliques de l’organisation du plan5. Trouver les principes symboliques de l’organisation du plan 5. Trouver les principes symboliques de l’organisation du plan Les constructions géométriques considérées comme symboliques ou « harmoniques » apparaissent de façon récurrente dans la bibliographie concernée, particulièrement dans la sphère égyptienne mais aussi au Proche-

Orient, et font intervenir régulièrement le nombre d’or φ75 ou la suite de

Fibonacci, dont chaque terme est la somme des deux précédents. Certaines de ces études restent néanmoins dans une certaine mesure liées aux techniques

d’implantation76. On peut citer à ce titre parmi les exemples égyptiens les

travaux de J.-P. Lauer et d'A. Badawy77. Ils s'attachent à retrouver, dans les

dimensions des édifices ou de certains de leurs éléments, des constructions géométriques remarquables telles par exemple le triangle de côtés 3, 4 et 5 , le triangle isocèle de base 8 et de hauteur 5, dont le rapport base/hauteur (1,6) représente une approximation du nombre d'or φ, ainsi que diverses combinaisons de ces éléments. Il faut noter toutefois que les différentes constructions géométriques identifiées relient entre eux des points remarquables du plan mais n'indiquent que rarement l'orientation des murs et ne sont en cela que d’une aide limitée pour l’implantation du bâtiment. Si quelques-uns s’en détachent, une vaste majorité des études égyptiennes – sur laquelle nous ne reviendrons pas – est appuyée sur des critères d'harmonie mathématique ésotériques et difficilement vérifiables.

Des constructions géométriques particulières inspirées des textes mathématiques égyptiens interviennent aussi dans les travaux, déjà cités, de D. Milson sur différents monuments sud-levantins. Là encore, le triangle

74 Miglus 1989 ; 1990. 75 φ = (1+5)/2.

76 La part de l’importance symbolique et celle de l’importance pratique de ces constructions n’est cependant

jamais explicitée.

77 Voir entre autres Lauer 1977 et Badawy 1965. On peut citer aussi Meyer-Christian (1986), qui pense

identifier dans les temples bas et les tombes de l'Ancien Empire un principe de conception fondé en grande partie sur différents triangles pythagoriciens.

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pythagoricien de côtés 3, 4, et 5 , la diagonale du carré, le nombre d'or ou une

suite de Fibonacci y sont récurrents78 mais l’auteur les associe clairement à une

succession d’opérations d’implantation.

Dans la sphère mésopotamienne, il faut rappeler l’étude de J.-D. Forest sur l’architecture de la période d’Obeid, lequel met en parallèle le choix des nombres employés et la structure calendaire, amenant l'idée de « tracés harmoniques ».

Le plan bien plus récent de Dur-Šarrukin (Khorsabad) a intéressé

L. Battini, pour qui il relève de motivations symboliques79. Elle montre que

plusieurs points-clés du plan, à l'échelle de l'un ou l'autre des palais, de la citadelle ou de la ville entière, sont équidistants d'un point de référence. Pour ne citer qu'un exemple, elle observe que les entrées des temples de la citadelle sont toutes équidistantes du podium de la salle du trône dans le palais royal. Les exemples sont nombreux, tous n'ont pas la cohérence de celui-ci. À travers cette étude, l’auteur cherche uniquement à mettre en évidence la construction symbolique de la ville et non à établir des unités de mesure ou un processus de construction qui leur soit associé.

6. Bilan 6. Bilan6. Bilan 6. Bilan

De cette illustration – non exhaustive – des pratiques métrologiques dans la sphère proche-orientale, on peut dégager quelques rapides conclusions sur les biais qui affectent tant le choix des bâtiments considérés que les résultats obtenus.

a. Hétérogénéité des objets d’étude

a. Hétérogénéité des objets d’étude

a. Hétérogénéité des objets d’étude

a. Hétérogénéité des objets d’étude

Le corpus envisagé dans l’ensemble de ces études métrologiques est déséquilibré à plus d’un titre. La prépondérance de l’architecture monumentale est particulièrement marquée dans les études concernant les périodes historiques. Cette inégalité, qui reflète l’intérêt tardif porté à l’architecture domestique, s’efface si l’on ne considère que le corpus des périodes pré- et protohistoriques.

L’objet de l’étude est le plus souvent un bâtiment isolé, plus rarement un ensemble architectural, voire une ville entière. Au titre de ce dernier cas de

78 Milson 1987. 79 Battini 2000.

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figure, il faut citer les études d’A. Badawy, L. Battini, J.-C. Margueron80. Cet

ensemble de travaux atteint des échelles diverses, de l’implantation du rempart et de quelques points marquants au découpage de la ville en îlots. Certains auteurs mettent en parallèle plusieurs bâtiments, tel D. Milson qui examine les portes monumentales de Megiddo , Hazor et Gezer , trois édifices semblables dans leur forme . Si l’on excepte le travail précurseur de W. M. F. Petrie, on ne peut guère parler d’examen proprement systématique d’une série architecturale avant les études publiées ces deux dernières décennies. Là encore, il s’agit

essentiellement de travaux portant sur l’architecture pré- et protohistorique81,

auxquels il faut adjoindre les recherches de J.-F. Carlotti ou de

P. de Miroschedji82.

Enfin, la répartition chronologique et géographique des édifices ou ensembles architecturaux envisagés est elle aussi assez déséquilibrée. Si, en Mésopotamie, le nombre croissant des études métrologiques préhistoriques a permis de recréer un certain équilibre, la sphère levantine, par exemple, illustre une inégalité tant géographique (entre Levant Nord et Sud) que chronologique (la métrologie biblique étant plus représentée que celle de l’âge du Bronze).

L’ensemble de ces déséquilibres, combinés les uns aux autres, crée donc un tissu scientifique hétérogène, mais cette caractéristique n’est toutefois pas propre à la métrologie et peut être dans une certaine mesure étendue à l’archéologie du bâti en général.

b. Des catégories aux frontières floues

b. Des catégories aux frontières flouesb. Des catégories aux frontières floues

b. Des catégories aux frontières floues

Le classement que nous avons entrepris, à des fins de présentation, des différents travaux réalisés dans notre champ d’étude, ne saurait être trop rigide, ni les catégories déterminées parfaitement hermétiques. Au contraire, une majorité d’études abordent plusieurs des objectifs définis plus haut, les combinant les uns aux autres dans un ordre qu’il est parfois difficile de fixer, l’objectif principal étant souvent plus suggéré qu’explicité.

Un tel classement est donc forcément schématique et réducteur, mais permet néanmoins de distinguer des travaux qui, pour appartenir à la même famille d’études architecturales, n’en ont pas moins des visées variées, traduisant

80 Badawy 1960 ; 1962 a ; Battini 2000 ; Margueron 2001. 81 Kubba 1990 ; 1998 ; Eichmann 1991 ; Forest 1991 ; 1997 a. 82 Carlotti 1995 a ; Miroschedji 2001.

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un mode de perception de l’architecture différent et que l’on peut résumer en trois grands groupes.

Le premier recouvre les recherches s’inscrivant dans une démarche de vérification. Il s’agit alors d’appliquer à un bâtiment une unité connue par un biais non architectural. Ce trait caractérise naturellement surtout les périodes historiques mais n’est pas complètement absent de la métrologie préhistorique, et il n’est pas toujours aisé de déterminer – malgré les revendications méthodologiques affichées – à quel point les unités de longueur déterminées par les sources écrites postérieures ont influencé certains travaux de métrologie préhistorique.

Le deuxième ensemble paraît poursuivre le même objectif – déterminer l’usage d’une unité de mesure et sa valeur – mais est appuyé sur l’architecture elle-même, témoignant ainsi d’un état d’esprit différent. Cette démarche n’est toutefois que rarement complétée par une réflexion sur la mise en place concrète du plan dont on a identifié les mesures.

À l’inverse, c’est tout l’objet du troisième groupe d’études métrologiques, lesquelles, passant par la détermination d’unités linéaires, de modules bidimensionnels ou de constructions géométriques simples, visent

principalement à restituer le processus de création du bâti83.

Cette troisième approche est celle qui nous occupera le plus, les principes qui régissent la conception d’un bâtiment indiquant comment celui-ci est perçu par ses bâtisseurs. On peut déjà soupçonner un certain degré de planification

architecturale sur certains sites du IVe millénaire, au vu de la régularité de leur

bâti et des recherches dont ils ont déjà fait l’objet. Un tel soin, dans un contexte domestique, ne peut qu’être rapproché des outils et des aides employés pour la construction, ce qui ne revient pas pour autant à ignorer quelles unités ont pu être mises en jeu dans cette opération.

c. Unités de mesure

c. Unités de mesure

c. Unités de mesure

c. Unités de mesure : longueur des briques et longueurs : longueur des briques et longueurs : longueur des briques et longueurs corporelles: longueur des briques et longueurs corporellescorporellescorporelles

Deux remarques concernant la valeur de l’unité de mesure doivent être ajoutées aux quelques conclusions que l’on peut tirer de l’état de la question métrologique architecturale : la question de la correspondance de la longueur

83 Certaines de ces recherches se détachent même des unités de mesure dans lesquelles une telle

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des briques avec la coudée ou une fraction de celle-ci et le problème de la mise en évidence d’unités de longueur multiples de la longueur des briques.

L e s b r i q u e s - u n i t é s d e m e s u r e ?

L’association entre longueur des briques et unités de mesure apparaît régulièrement et sous différents aspects dans la bibliographie. Le premier d’entre eux consiste à utiliser la longueur des briques, dont on sait qu’elle peut

être standardisée à certaines époques84, pour déterminer la valeur de la coudée, à

elle seule85 ou augmentée de l'épaisseur supposée d'un joint de mortier86.

A. Hesse souligne cependant la difficulté de déterminer la valeur d'une unité de longueur à partir des briques en raison du retrait que celles-ci subissent

au séchage87. Les études d’A. Hesse portent exclusivement sur la métrologie des

briques mais elles visent à déterminer la chronologie relative de différents éléments architecturaux, ou le nombre d'ateliers de fabrication de briques et

non à y déceler la valeur exacte de la coudée88.

Outre les réticences d’A. Hesse, une telle standardisation des dimensions

des briques, si elle vaut pour les périodes récentes, n’est pas de mise avant le IIIe

millénaire. Les

Riemchen

du IVe millénaire, briques de petit format et à la

section carrée caractéristique, témoignent d’une nette tendance au rétrécissement et à la standardisation de leurs proportions (leur section est carrée et leur longueur vaut environ deux fois leur largeur). En revanche, leur taille, si elle est généralement homogène sur les sites d’occupation brève comme Djebel Aruda ou Habuba Kabira sud, n’est pas standardisée puisque, dans

l’architecture des niveaux V et IV du site d’Uruk, les dimensions des

Riemchen

vont du simple au double.

D’autre part, les briques sont parfois considérées comme des outils permettant de conférer au mur une longueur voulue mais cette hypothèse est souvent invalidée par le peu de standardisation des matériaux de construction. De plus, comme R. Eichmann montre que les modules que l’on peut observer

pour la période néolithique sont indépendants des matériaux de construction89,

84 Voir Sauvage 1998 : 74 note 7 sur l'existence d'un moule à brique "standard" à l'Eanna d'Uruk et la très

grande proportion de briques mesurant 2/3 de coudée à l'époque néobabylonienne.

85 Thureau-Dangin 1909 ; Wetzel & Weissbach 1967 : 51-53. 86 Stepniowski 1988.

87 Hesse 1972 : 233. 88 Hesse 1970 ; 1972. 89 Eichmann 1991 : 103.

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J.-D. Forest note que des bâtiments reflétant les mêmes caractéristiques métrologiques peuvent être construits de briques de format différent,

éventuellement à l'intérieur d'un même bâtiment90. Il est donc clair dans ce cas

que le matériau de construction n’est pas la seule cause des régularités métriques que l’on peut observer. On ne peut exclure, cependant, que dans certains cas, à l’instar des périodes plus récentes, les briques aient été moulées avec une longueur prédéfinie de façon à faciliter la construction, malgré les imprécisions liées au retrait de la masse argileuse lors du séchage ou de l’épaisseur des joints.

Quoi qu'il en soit, il est problématique d'envisager une unité de la taille

des briques qui composent le bâtiment91, en raison de l'impossibilité de

déterminer alors l'origine des régularités métriques observées, qui peuvent être dues à l'emploi d'une unité de mesure comme à l'emploi de briques de dimensions régulières. Un résultat concordant avec la longueur d'une brique doit donc susciter la prudence.

S y s t è m e s d ' u n i t é s e t m u l t i p l e s d ' u n i t é s

Au-delà de la longueur des briques, la longueur des unités de mesure est

liée, directement ou non, à des longueurs corporelles : pied, coudée, etc92. Le

spectre des valeurs que peuvent prendre ces longueurs corporelles reste cependant relativement large, si l’on en juge par la longueur des différentes coudées qui se sont côtoyées et succédé.

Toutefois, ce lien étroit entre unités de mesure et longueurs corporelles ne réduit pas la recherche d’unités de mesure dans l’architecture à une détermination de la valeur de la coudée, puisque des multiples de la coudée ou du pied peuvent constituer des unités à part entière. Les sources et les vestiges des périodes historiques ne manquent pas d’illustrer ce cas de figure. Dans les textes sumériens, le NINDA de 12 coudées constitue l’unité de référence pour

l’expression des distances93. C. Simon-Boidot, à partir des vestiges architecturaux

du temple funéraire de Néférirkarê, démontre de la même façon que la distance de 100 coudées constitue alors une unité à part entière, dont on utilise les fractions94. Il n’y a pas de raison d’exclure

a priori

l’organisation des unités de

90 Forest 1991 : 162-163.

91 Si celles-ci sont de dimensions homogènes.

92 C’est notamment à ce résultat qu’aboutit l’étude de R. Eichmann pour l’ensemble de la période

néolithique : Eichmann 1991 : 103.

93 Powell 1989 : 463.

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