• Aucun résultat trouvé

III. Le contexte géographique et chronoculturel du

1. Un corpus architectural disparate

1. Un corpus architectural disparate1. Un corpus architectural disparate 1. Un corpus architectural disparate

Le déséquilibre des données architecturales se décline sur plusieurs plans. D’un point de vue géographique, l’inégalité de la répartition de l’architecture connue entre Basse et Haute Mésopotamie est frappante : une large majorité des données architecturales provient du Nord de la Mésopotamie, en raison à la fois de la situation politique iraqienne depuis les années 1990 et de l’importance des

niveaux archéologiques postérieurs au IVe millénaire, qui arrêtèrent bien

souvent les fouilleurs. Au-delà de cette inégalité entre Nord et Sud, il faut souligner également le déséquilibre des données au sein même de la Basse Mésopotamie et, à moindre échelle, en Haute Mésopotamie. L’architecture sud- mésopotamienne est principalement représentée par le site d’Uruk (Fig. 25), fouillé de 1912 à 2001 – avec plusieurs longues interruptions – sous l’égide de la

Deutsche Notgemeinschaft

puis de la

Deutsche Orient-Gesellschaft

312. Deux

secteurs (l’

Eanna

au sud-ouest de la ziggurat de la Troisième Dynastie d’Ur et le

secteur de la Ziggurat d’Anu) ont documenté l’important complexe monumental de la fin de l’Uruk Moyen à l’Uruk Récent (LC 4-5). La masse documentaire d’Uruk représente la quasi-totalité des vestiges bâtis de Basse Mésopotamie à

laquelle il faut ajouter le

Painted Temple

tripartite de Tell Uqair (Fig. 76)313. Le

décapage de surface effectué à Abu Salabikh n’a permis de mettre en évidence

que la présence d’un rempart et quelques édifices très fragmentaires314. La partie

haute de la longue séquence d’Éridu315, enfin, qui date du début de la période

312 UVB 1 à 31/32 ; BaM 22 (UVB 33/34) ; Finkbeiner et al. 1991 ; Boehmer 1987. 313 Lloyd & Safar 1943.

314 Pollock, Pope & Coursey 1996 : fig. 3. 315 Safar, Mustafa & Lloyd 1981 : fig. 3C, 78-82.

Ch. Ch.Ch.

Ch. 2222 :::: AnalysesAnalysesAnalysesAnalyses architecturalesarchitecturalesarchitecturalesarchitecturales :::: degrédegrédegré dedegrédedede planificationplanification etplanificationplanificationetet unitésetunitésunités deunitésdedede mesuremesuremesuremesure

I. L’architecture du IVe millénaire mésopotamien

d’Uruk, aurait pu compléter ce tableau ; malheureusement, cette partie de la séquence est très mal conservée et aucun plan n’en a été fourni.

Dans le Nord, la partie iraqienne de la Haute Mésopotamie reste sous- représentée, malgré la fouille extensive de Tepe Gawra, qui a livré plusieurs

niveaux architecturaux largement dégagés316. La cohérence de ces niveaux et la

périodisation du site ont été plusieurs fois remises en cause317, mais il est

maintenant admis que les niveaux XIA à VIIIA de Gawra s’étendent du LC 1 au LC 3. Les autres sites sont fouillés sur des surfaces plus restreintes et n’ont

généralement livré que quelques bâtiments (Qalinj Agha318, Gerdi Resh319 et

Mashrafa320). Le grand site de Ninive, en revanche n’a livré aucune architecture

du IVe millénaire, R. Gut ayant montré que l’ensemble des tombes voûtées

(

Vaulted Tombs

), attribuées aux périodes préhistoriques par M. Mallowan,

étaient postérieures321. Dans la partie syrienne et turque de la Mésopotamie du

Nord, les sites de Tell Brak322, Hamoukar323 et Tell Mashnaqa dans le secteur du

Khabur324, de Hammam et-Turkman325 sur le Balikh et de Hassek Höyük326 sur

l’Euphrate n’ont livré que quelques bâtiments, essentiellement datés des périodes LC2 pour Hammam et-Turkman, LC 3 pour Brak et Hamoukar, LC 4 à Mashnaqa et LC 5 à Hassek Höyük. Sur le coude de l’Euphrate, deux sites ont

livré un plan en extension (LC 5) : Djebel Aruda327 et Habuba Kabira sud328/Tell

Qannas329, tandis que le site voisin de Sheikh Hassan330 (LC 4) n’a été fouillé que

sur une plus petite surface.

316 Speiser 1935 ; Tobler 1950.

317 Forest 1983 b ; Rothman 1988 ; 2002 ; Rothman & Peasnall 1999 ; Gut 1995 ; Butterlin 2002. 318 Abu al-Soof 1966 ; 1969 ; Abu al-Soof & Siwwani 1967 ; Hijara 1973.

319 Hijara 1976.

320 Fujii & Oguchi 1987 ; Fujii et al. 1987 : 49-54. 321 Gut 2002 : 17-18.

322 J. Oates 2002.

323 Gibson et al. 2002. Voir aussi le rapport de la campagne 2002-2003 : fig. 4

(http://oi.uchicago.edu/OI/AR/02-03/02-03_AR_TOC.html).

Voir aussi http://www-news.uchicago.edu/releases/05/051216.hamoukar.shtml.

324 Beyer 1998 : 142-143. 325Meijer 1988 : 70-79.

326 Behm-Blancke 1981 ; 1884 ; 1989 ; Behm-Blancke (éd.) 1992.

327 Djebel Aruda a été fouillé par une équipe néerlandaise, sous la direction de G. van Driel de 1974 à 1982.

La publication définitive de ces fouilles n’est pas encore parue à ce jour. Les vestiges architecturaux sont présentés dans quelques rapports préliminaires : van Driel & van Driel-Murray 1979 ; van Driel 1980 ; van Driel & van Driel-Murray 1983. Le matériel a fait l’objet de quelques articles : Kalsbeek 1980 ; Van Driel 1982 ; van Driel 1983 ; van Driel 2002.

328 Strommenger & Sürenhagen 1970 ; Hecker 1971; Frank & Ludwig 1973. 329 Finet 1972 ; 1975 ; 1979 ; 2000 ; Finet (éd.) 1982.

Ch. Ch. Ch.

Ch. 2222 :::: AnalysesAnalyses architecturalesAnalysesAnalysesarchitecturalesarchitecturalesarchitecturales :::: degrédegrédegrédegré dededede planificationplanification etplanificationplanificationetetet unitésunitésunitésunités dededede mesuremesuremesuremesure

I. L’architecture du IVe millénaire mésopotamien

Ce rapide aperçu suggère de lui-même que la disparité est également chronologique. Si, en Haute Mésopotamie, l’architecture des périodes LC 2 à 5 est relativement bien représentée, dans le Sud en revanche, l’architecture des périodes précédant l’Uruk Récent ne nous est connue que dans le secteur de la Ziggurat d’Anu à Uruk, dont le bâtiment le plus récent (bâtiment B) peut être

mis en correspondance avec le niveau VI de l’

Eanna

331.

À ces deux premiers axes se combine un troisième angle d’approche : l’hétérogénéité des données architecturales est aussi typologique. L’architecture du Sud mésopotamien, connue surtout à Uruk et datée de l’Uruk Récent, est exclusivement monumentale, puisque aucun quartier domestique n’a été fouillé à Uruk. Seuls les vestiges de Suse, dégagés sur une très faible extension, semblent appartenir à un bâti plus commun. Les sites de Djebel Aruda et de Habuba Kabira sud, de culture majoritairement méridionale, sont généralement considérés comme une référence pour la culture du Sud. Ils apportent à ce titre un éclairage majeur sur les principes de l’architecture domestique sud- mésopotamienne mais ce témoignage est à solliciter avec prudence. La fondation en terrain vierge de ces deux sites du moyen Euphrate a délivré les bâtisseurs de la contrainte d’une architecture préexistante, particulièrement forte en milieu urbain. Seules les contraintes topographiques – visibles dans l’architecture de Djebel Aruda ou de Habuba Kabira sud – ont influencé le bâti originel de ces deux sites, laissant ainsi libre cours à l’expression d’un modèle architectural théorique. La régularité du parcellaire originel de Djebel Aruda et de Habuba

Kabira sud tel qu’il a été mis en évidence par R. Vallet332 et celle des plans

publiés, qui témoignent pourtant de plusieurs modifications, n’a été possible que

dans le cas d’une fondation en terrain vierge et d’une seule venue333. Il est assez

peu probable qu’une telle conformité à la théorie architecturale ait été de mise à Uruk ou ailleurs en Basse Mésopotamie, sur des sites dont l’architecture évolue progressivement depuis des siècles, voire des millénaires. Ceci n’amoindrit pas l’intérêt de l’architecture de Habuba Kabira sud ou Djebel Aruda, bien au contraire, puisqu’elle nous offre là un accès au concept qui sous-tend l’architecture urukéenne avec une visibilité rarement égalée aux périodes pré- et protohistoriques. Cependant, il importe de la distinguer du reste du bâti domestique de cette période. Tell Sheikh Hassan, Habuba Kabira sud et surtout

331 Eichmann 1989 : Tbl. 47. 332 Vallet 1996 a ; 1998.

Ch. Ch.Ch.

Ch. 2222 :::: AnalysesAnalysesAnalysesAnalyses architecturalesarchitecturalesarchitecturalesarchitecturales :::: degrédegrédegré dedegrédedede planificationplanification etplanificationplanificationetet unitésetunitésunités deunitésdedede mesuremesuremesuremesure

I. L’architecture du IVe millénaire mésopotamien

Djebel Aruda constituent en ce sens une catégorie architecturale particulière, mais il n’est pas facile de déterminer leur degré de spécificité.

Enfin, le dernier type d’inégalité est documentaire, bien que l’on pourrait considérer que les données sont, de ce point de vue, relativement homogènes dans la mesure où la plupart des plans sont schématiques et publiés à une

échelle très réduite. Les plans d’Uruk, repris et publiés par R. Eichmann334, se

distinguent par leur échelle de publication et l’attention portée au détail. Ceux de Djebel Aruda, bien que publiés à une échelle très réduite, ont été réalisés avec le même soin.

Ces déséquilibres doivent naturellement être pris en compte dans l’étude

que l’on peut faire de l’architecture du IVe millénaire mésopotamien, au même

titre que les variations architecturales régionales et chronologiques, qui, si elles sont souvent regroupées sous le vocable « plan tripartite » ne recouvrent pas moins des réalités diverses.

2. Le plan tripartite dans l’architecture domestique 2. Le plan tripartite dans l’architecture domestique2. Le plan tripartite dans l’architecture domestique 2. Le plan tripartite dans l’architecture domestique

a. Les plans tripartites obeidiens

a. Les plans tripartites obeidiensa. Les plans tripartites obeidiens

a. Les plans tripartites obeidiens

Le plan tripartite au sens mésopotamien du terme, c’est-à-dire composé essentiellement de trois espaces allongés parallèles, est antérieur à la culture d’Obeid dont il est partie intégrante. Les exemples les plus anciens sont à rechercher dans le PPNB syrien, à Bouqras et El-Kowm 2 Caracol. Ces deux sites ont livré des bâtiments qui, s’ils ne sont pas strictement identiques, font

appel aux mêmes principes d’organisation de l’espace335 (Figs 26-27). Les

différentes combinaisons possibles de plusieurs éléments ainsi que la régularité

de leurs plans témoignent de leur caractère modulaire336.

On retrouve le principe tripartite dans l’architecture des niveaux I et II de

Tell es-Sawwan337 (deuxième moitié du VIIe millénaire), comme dans

l’architecture des périodes Obeid 0 et 1 de Tell el-‘Oueili338 (fin du VIIe-début

du VIe millénaire) (Figs 28-29). Il est alors plus développé puisque de part et

d’autre de l’espace central (divisé en deux de façon plus ou moins marquée à

334 Eichmann à paraître. Je tiens à exprimer ma vive gratitude à Monsieur R. Eichmann pour m’avoir

accueillie à l’Institut Archéologique Allemand à Berlin et m’avoir permis de consulter sans restriction le résultat de ses travaux, alors non publiés.

335 Akkermans et al. 1981 ; 1983 ; Stordeur et al. 1982 ; Stordeur 1989. 336 Breniquet 2000.

337 Forest 1996 b ; Breniquet 2000. 338 Vallet 1996 b ; Forest 1996 b.

Ch. Ch. Ch.

Ch. 2222 :::: AnalysesAnalyses architecturalesAnalysesAnalysesarchitecturalesarchitecturalesarchitecturales :::: degrédegrédegrédegré dededede planificationplanification etplanificationplanificationetetet unitésunitésunitésunités dededede mesuremesuremesuremesure

I. L’architecture du IVe millénaire mésopotamien

Tell es-Sawwan) se développent deux éléments architecturaux organisés eux aussi autour d’une pièce majeure flanquée de pièces annexes. Ces deux entités

secondaires sont toutes deux accessibles depuis une extrémité du grand hall339,

portant la surface de l’ensemble à une valeur avoisinant 160-170 m² à Tell es- Sawwan, un peu plus à Tell el-‘Oueili (où elle peut atteindre 220 m²). Ces plans tripartites s’inscrivent, malgré quelques décrochements, dans un périmètre approximativement rectangulaire, dont la largeur est souvent définie par la longueur du hall central.

L’évolution de l’architecture domestique tripartite dans le Sud de la Mésopotamie aux phases suivantes de la période d’Obeid reste hypothétique en l’absence de vestige fouillé. Dans le centre et le Nord, la culture de Halaf qui supplante les cultures dites de Hassuna et de Samarra ne se caractérise pas par l’emploi du plan tripartite, mais celui-ci réapparaît à la faveur des contacts accrus avec le Sud mésopotamien, à travers l’« expansion obeidienne », phénomène d’acculturation du Nord et du centre de la Mésopotamie au contact de la culture d’Obeid.

Les contacts entre les deux entités culturelles (« halafienne » et « obeidienne ») sont avérés, notamment en Iran occidental ou dans le bassin du

Hamrin340. Dans l’ensemble du Nord mésopotamien, on constate le

remplacement progressif des traditions céramiques de la culture de Halaf par celles de la culture d’Obeid, tant dans le décor que dans la technique de fabrication, en l’occurrence l’emploi d’un dispositif rotatif. Plusieurs sites ont

livré du matériel de transition341. Cette évolution est également caractérisée par

l’adoption de plans tripartites. Notons cependant qu’à l’échelle de la Mésopotamie, ce phénomène n’est nullement uniforme et se caractérise par une grande variabilité régionale. Parallèlement, certains traits culturels font preuve

d’une grande continuité tout au long de cette évolution342. Ce constat a bien

entendu suscité de nombreux débats sur les raisons et les moyens d’une telle

évolution. Une théorie, proposée par H. Nissen343 et appuyée par

P. M. M. G. Akkermans, met en jeu principalement l’adoption d’une technologie céramique nouvelle (l’emploi du tour lent), induisant une grande

339 L’ensemble permet vraisemblablement d’abriter les différentes composantes d’une famille-souche :

Breniquet 2000 ; Forest 1996 a : 41-42.

340 J. Oates 1983 : 254. 341 Forest 1996 a : 53.

342 Forest (1996 a : 53) cite le cas des figurines et de la glyptique, Akkermans mentionne les pratiques de

chasse (Akkermans & Schwartz 2003 : 175).

Ch. Ch.Ch.

Ch. 2222 :::: AnalysesAnalysesAnalysesAnalyses architecturalesarchitecturalesarchitecturalesarchitecturales :::: degrédegrédegré dedegrédedede planificationplanification etplanificationplanificationetet unitésetunitésunités deunitésdedede mesuremesuremesuremesure

I. L’architecture du IVe millénaire mésopotamien

similitude dans les productions céramiques. Selon eux, la possibilité d’une production plus rapide et plus économique serait à l’origine de son adoption

généralisée344. H. Nissen fonde sa théorie sur le seul matériel céramique,

estimant que l’architecture ou d’autres éléments de la culture matérielle sont trop dépendants de leur matériau de construction ou de fabrication – et donc de

leur environnement – pour être exploités dans cette optique345. L’autre

hypothèse, soutenue essentiellement par J.-D. Forest et C. Breniquet346, est celle

d’une acculturation. Les communautés halafiennes, usant de la dispersion géographique pour pallier un essor démographique incompatible avec l’organisation de la communauté, se seraient trouvées confrontées aux limites de l’espace qu’elles pouvaient exploiter (obstacles naturels ou présence d’autres

populations)347. L’organisation sociale obeidienne, plus structurée, aurait permis

d’assurer la subsistance d’un nombre supérieur d’individus sur un territoire de mêmes dimensions. Cette évolution de l’organisation sociale des communautés serait lisible notamment dans la modification du parti architectural, impliquant

une hiérarchisation interne348. Ce processus comporte sa part de réélaboration

des modèles méridionaux puisque sont attestés en Mésopotamie du Nord des types céramiques ou architecturaux sans équivalent dans le Sud mésopotamien.

Si l’on ne connaît pas par la fouille le type de plan tripartite qui a pu constituer le modèle méridional, les premiers plans tripartites qui se sont imposés dans le Nord de la Mésopotamie, dès les niveaux XIX et XVIII de Tepe Gawra, ou à Thelul eth-Thalathat (Fig. 30), indiquent qu’il s’agit vraisemblablement de plans tripartites réduits à une expression bien plus simple que ceux qui se sont développés à Tell el-‘Oueili, phase Obeid 0/1 ou à Tell es- Sawwan I-II. Dans un périmètre quadrangulaire assez régulier (même s’il n’exclut pas quelques décrochements), le hall central de ces plans des premières phases de la culture d’Obeid du Nord est flanqué de pièces latérales généralement disposées dans le sens de la longueur.

344 Akkermans & Schwartz 2003 : 157-158.

345 On ne manquera pas de s’interroger, dans le contexte de différents types d’architecture, tous bâtis en

terre, sur la pertinence d’une telle disqualification de l’évolution architecturale qui accompagne le phénomène.

346 Forest 1996 a : 53-55 ; Breniquet 1996.

347 Akkermans rejette cette théorie pour n’avoir pas conclu à une pression démographique sur la population

halafienne (Akkermans & Schwartz 2003 : 157-158).

348 Forest 1997 b. L’organisation du bâti domestique est intimement liée à la structure familiale et sociale de

la communauté. Aussi l’adoption d’un nouveau type architectural est-elle le reflet d’une mutation sociale d’ampleur significative.

Ch. Ch. Ch.

Ch. 2222 :::: AnalysesAnalyses architecturalesAnalysesAnalysesarchitecturalesarchitecturalesarchitecturales :::: degrédegrédegrédegré dededede planificationplanification etplanificationplanificationetetet unitésunitésunitésunités dededede mesuremesuremesuremesure

I. L’architecture du IVe millénaire mésopotamien

Ce n’est que dans un deuxième temps que réapparaît dans le Nord et le centre de la Mésopotamie le plan tripartite complexe, qui associe autour du hall central deux halls plus petits, généralement perpendiculaires au premier, et les pièces annexes correspondantes. Ce type de plan apparaît dès le niveau XV de Tepe Gawra (Fig. 31), puis est très largement représenté sur les sites légèrement postérieurs du bassin du Hamrin, dans les contreforts mésopotamiens du Zagros central. Les sites de Tell Abada ou Kheit Qasim ont fourni plusieurs exemples de ces plans tripartites complexes, dans lesquels trois halls cruciformes (un principal et deux secondaires) sont agencés dans un périmètre aux multiples ressauts (Fig. 32).

Quel que soit le type de plan tripartite envisagé, certains traits sont récurrents, tels le cheminement interne et particulièrement le mode d’accès au hall central depuis l’extérieur. Ce dernier n’est jamais direct, mais se fait toujours à travers une pièce latérale à laquelle on accède par le petit côté de l’aile. La communication du hall central avec les ailes latérales est généralement possible à travers quatre ouvertures, disposées en deux paires d’ouvertures en vis-à-vis, aux deux extrémités de la pièce. Lorsqu’il s’agit d’un plan au hall en T, les branches du T viennent remplacer l’une des paires d’ouvertures et la circulation dans les pièces latérales se fait à travers celles-ci.

Ainsi, le plan tripartite est loin d’être une nouveauté dans le Nord

mésopotamien au IVe millénaire. Il succède sans solution de continuité (comme

en témoigne la séquence de Tepe Gawra) à ses prédécesseurs du Ve millénaire,

sous la forme du plan tripartite simple (à un seul hall), lequel subit néanmoins quelques évolutions.

b. Le plan tripartite à la période LC 2

b. Le plan tripartite à la période LC 2

b. Le plan tripartite à la période LC 2

b. Le plan tripartite à la période LC 2----3333

Il convient d’examiner dans un premier temps les plans tripartites nord- mésopotamiens qui ne sont pas associés à l’influence de la culture urukéenne méridionale, qu’ils apparaissent dans des niveaux antérieurs à l’introduction d’éléments culturels méridionaux dans le Nord (LC 2-3) ou sur des sites ne montrant que très peu ou pas de trace d’une influence méridionale. Malgré les nombreux exemples qui témoignent de la présence du plan tripartite dans le Nord mésopotamien avant toute influence de la culture d’Uruk (Tepe Gawra, Qalinj Agha, Grai Resh, Tell Brak TW 16-14, Tell Hamoukar), le plan tripartite

au IVe millénaire reste régulièrement, et à tort, associé à l’influence de la culture

Ch. Ch.Ch.

Ch. 2222 :::: AnalysesAnalysesAnalysesAnalyses architecturalesarchitecturalesarchitecturalesarchitecturales :::: degrédegrédegré dedegrédedede planificationplanification etplanificationplanificationetet unitésetunitésunités deunitésdedede mesuremesuremesuremesure

I. L’architecture du IVe millénaire mésopotamien

L e p l a n c r u c i f o r m e

Le Temple aux Yeux de Tell Brak est instructif à cet égard. Son plan tripartite est parfois cité comme l’une des marques de l’influence sud-

mésopotamienne349 (Fig. 19). La forme conservée du bâtiment est

vraisemblablement contemporaine de la période LC 5, à laquelle la culture matérielle de Tell Brak est comparable à celle d’Uruk. Son plan ne serait donc qu’une manifestation parmi d’autres de la culture d’Uruk ? Un examen de son plan montre que le Temple aux Yeux n’est sans doute pas une manifestation de l’expansion urukéenne, mais au contraire une rémanence de l’architecture du Nord mésopotamien des périodes LC 2-3.

Le hall central du Temple aux Yeux est cruciforme ; son espace principal est augmenté de deux petits espaces supplémentaires (que nous appellerons croisillons par emprunt à l’architecture médiévale occidentale) dont l’un dessert l’aile orientale du bâtiment. Le plan à hall cruciforme (Fig. 33) est récurrent

dans le corpus des éléments tripartites du Nord de la Mésopotamie au IVe

millénaire : il est représenté à Gawra X-IX, Qalinj Agha IV, Mashrafa (LC 2) et Grai Resh II (LC 3). Hormis dans le Temple aux Yeux, les petites dimensions des croisillons ne permettent pas d’y voir un espace de vie mais, dans les nombreux cas où ceux-ci sont associés à une ouverture vers l’aile, ils évoquent plutôt une mise en valeur des passages vers les ailes. À ce titre, on pourrait rapprocher