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III. Le contexte géographique et chronoculturel du

3. Une base de discussion fragile

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a. Quels marqueurs pour une complexité

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Il est régulièrement question de complexité socio-économique dès que l’on a affaire à du matériel administratif, à des matériaux exotiques, obtenus par des échanges à longue distance, ou à un artisanat spécialisé. La complexité d’une société, qui se définit par la multiplicité de ses composantes et des relations qu’elles entretiennent, est rarement caractérisée avec précision. Ses différentes gradations, faute de pouvoir toujours être identifiées archéologiquement, sont rarement constatées. Cela est particulièrement le cas en présence de matériel de gestion économique (sceaux et/ou et scellements notamment), lequel attire quasi systématiquement le qualificatif de « complexe » à la société qui l’emploie, bien que l’usage de scellements ne soit pas obligatoirement le témoin d’une complexité économique ou sociale.

L’attention de la communauté scientifique avait été attirée sur ce point par l’extraordinaire découverte de Sabi Abyad, dans la vallée de Balikh. Des

centaines de scellements de contenants mobiliers, retrouvés

in situ

sur un

niveau brûlé précédant le début de la période de Halaf (vers 6000 av. J.-C.), ont attesté l’usage courant de scellements dans des sociétés dont les besoins

administratifs193 restent vraisemblablement limités194.

192 Frangipane 2003 : 523-154.

193 Le terme « administratif » est employé ici en relation avec l’acception courante d’« administration » :

« action ou manière de gérer ». Il n’implique pas l’existence d’un organe central contrôlant les différentes opérations ni une bureaucratie spécialisée.

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III. Le contexte géographique et chronoculturel du IVe millénaire mésopotamien

La question se pose particulièrement dans des contextes comme celui d’Arslantepe, où la destruction du site par le feu a permis une conservation exceptionnelle du matériel en place. L’association de nombreux scellements brisés à une grande quantité de bols produits en masse dans le Temple C (niveau VII) suggère à M. Frangipane qu’il s’agit d’un espace de distribution à un niveau

supra-domestique195. Suivant en cela l’hypothèse de H. Nissen196, elle attribue

l’usage des bols produits en masse à la distribution de rations. Cependant, cette association de bols produits en masse et de scellements brisés n’existe pas dans les Temples A et B de la période VI A.

L’identification de la fonction des bols produits en masse, que ce soit ceux d’Arslantepe, de Gawra ou les écuelles grossières, est au cœur du problème. H. Nissen les a associés à la distribution de rations, essentiellement sur la base du rapprochement avec le signe sumérien NINDA, signifiant ration. Une telle hypothèse est lourde d’implications puisque se dessinent alors les cohortes d’ouvriers travaillant pour les grands chantiers, recevant leur ration journalière sous le contrôle d’un représentant du pouvoir. Toutefois, la réalité archéologique malmène quelque peu cette hypothèse, qui connaît pourtant un certain succès. D’une part, les dimensions des écuelles grossières ne sont pas standardisées. L’examen qui a été fait du corpus des écuelles de Tell el- Rubeideh, dans le bassin du Hamrin, par exemple montre que les capacités de celles-ci forment un continuum qui va du simple au double, sans qu’il soit

possible d’identifier quelques grandes catégories de dimensions197. D’autre part,

cette théorie peine à expliquer la mise au jour de piles d’écuelles grossières

autour des tombes de Kheit Qasim198 par exemple.

Il nous semble qu’il faut revenir à la caractéristique première de ces bols produits en masse, c’est-à-dire d’être fabriqués très rapidement et en grand nombre. La nécessité d’une production plus rapide est manifeste dans l’élaboration des bols de Coba ou des bols coniques d’Arslantepe, eux aussi produits en grand nombre. Ailleurs, c’est la technique de moulage des écuelles

grossières199 qui est adoptée, de façon plus précoce et plus étendue que les autres

195 Frangipane & Palmieri 1988-89 : 547. 196 Nissen, Damerow & Englund 1993 : 14. 197 Killick (éd.) 1988 : 40-41.

198 Forest 1987.

199 Plusieurs hypothèses ont été avancées quant à leur fabrication. Sur la base des traces de doigts présentes

à l’intérieur d’une grande partie de ces bols, on a proposé l’enfoncement, au poing, d’une galette d’argile dans un moule (Genouillac 1934 : 24 ; Nissen 1970 : 137) ou dans un trou creusé dans la terre (Johnson 1973 : 130-131). Cette idée a été réfutée par Balfet (1980 : 79) et par Kalsbeek (1980), qui

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III. Le contexte géographique et chronoculturel du IVe millénaire mésopotamien

traits de la culture matérielle d’Uruk. Si l’intérêt des écuelles grossières repose dans leur rapidité de production, rien n’implique qu’il leur soit conféré la même fonction à travers tout le spectre chronologique et géographique considéré. En d’autres termes, la production de bols en masse répond à un besoin, mais leurs contextes d’utilisation sont variés.

Si la distribution de denrées est l’explication qui vient le plus facilement à l’esprit, il est peu probable, en revanche, qu’il s’agisse de denrées à consommation différée, comme le suggère l’idée d’une ration journalière. On saisit mal, en effet, l’intérêt de donner le contenant avec le contenu, même dans

l’hypothèse où celui-ci servirait d’unité de mesure200. Le moyen le plus simple de

donner à chacun la même quantité est de distribuer le contenu d’un récipient- étalon que le préposé à l’opération garde avec lui.

Dès lors, il faut se tourner vers une distribution de denrées à consommation immédiate. C’est ce que propose J.-D. Forest en suggérant la

tenue de banquets funéraires à Kheit Qasim201 mais la restauration d’un grand

nombre de personnes peut prendre d’autres formes dans la vie de la communauté : distribution de repas (pour des individus ne travaillant pas pour leur propre compte) mais aussi banquets pouvant accompagner différentes opérations politiques, économiques, etc. C’est aussi ce qu’inspirent à

G. Emberling les vestiges du niveau TW 18 de Tell Brak (LC 3)202 : le

Niched

Building

est associé à deux grandes structures de cuisson (four rond et structures

en murets parallèles)203. Différentes analyses menées sur le matériel et les restes

fauniques de la cour du

Niched Building

ont permis d’avancer que les activités

d’abattage ou de dépeçage n’étaient pas effectuées sur place, de même que le

grain n’était pas moulu sur place204. De plus, une majorité du matériel retrouvé

dans la cour est composée d’écuelles à bord épaissi, de facture grossière205.

proposent un mode de fabrication entièrement fait à la main, de façon à pouvoir expliquer les traces de doigts présentes à l’extérieur de certains bols.

200 Nous venons de souligner que les données archéologiques allaient à l’encontre de l’utilisation des

écuelles grossières comme étalon ou outil de mesure de capacité – même grossier. Il est particulièrement étonnant de constater que c’est au type céramique le plus irrégulier de l’ensemble du corpus que l’on veut conférer le rôle d’outil de mesure. Il nous semble que la volonté de leur donner une capacité standardisée aurait pu se manifester très simplement, en moulant les écuelles grossières dans l’autre sens par exemple, sur un gabarit et non dans un moule.

201 Forest 1987.

202 Emberling & McDonald 2003 : 23. 203 Emberling & McDonald 2001 : 26. 204 Emberling & McDonald 2001 : 26-27. 205 Emberling & McDonald 2001 : 27.

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III. Le contexte géographique et chronoculturel du IVe millénaire mésopotamien

L’association entre des installations de cuisson à grosse capacité et un bâtiment particulièrement régulier ou mis en valeur n’est pas l’apanage de Tell Brak. La situation est tout à fait comparable à Tell Hamoukar où la campagne de l’automne 2005 a mis au jour de grandes installations de cuisine associées à un

bâtiment tripartite206. À Tepe Gawra, de même, le bâtiment tripartite à porche

du niveau XI (LC 2), dans la partie est du site, est accompagné d’une série de

pièces contenant de grands fours207. Ces attestations confortent l’hypothèse de

banquets accompagnant la tenue de manifestations qui réunissent de nombreuses personnes. De ce point de vue, la situation trouvée dans le Temple C d’Arslantepe VII, pour ne prendre qu’un exemple, paraît pouvoir refléter d’un tel banquet. La présence voisine de jarres descellées ne serait que normale, si l’on souhaitait que les estomacs ne restassent pas vides…

Enfin, la forme des écuelles grossières comme celle des bols de Coba ou des bols coniques d’Arslantepe est peu spécialisée et polyvalente : indépendamment de la fonction pour laquelle ils ont été produits, ils ont vraisemblablement été utilisés pour des activités diverses. On en trouve la trace à Djebel Aruda, où les écuelles grossières sont fréquemment réutilisées dans les foyers, mais aussi à Hacınebi, où elles sont utilisées pour le traitement du

bitume208. Elles sont d’ailleurs largement retrouvées en contexte domestique à

Djebel Aruda.

Ainsi, les données de Mésopotamie du Nord laissent paraître sur quelques grands sites un certain niveau de hiérarchisation sociale. La taille des sites à l’époque LC 3 et leur implication dans des échanges à longue distance témoignent d’un rayonnement extra-site. Le matériel funéraire de Tepe Gawra

atteste lui aussi une claire hiérarchie des tombes209 et nous venons d’évoquer

l’existence de structures collectives. Il est plus incertain en revanche, que les vestiges et notamment les scellements témoignent d’une réelle centralisation des opérations de gestion. À titre d’exemple, on retrouve la même situation matérielle dans le Temple A d’Arslantepe VI A et dans l’architecture domestique de Djebel Aruda : dans le bâtiment tripartite du complexe S I, de nombreuses jarres de stockage voisinent avec des scellements brisés jetés,

206 http://www-news.uchicago.edu/releases/05/051216.hamoukar.shtml 207 Tobler 1950 : pl. V.

208 Stein et al. 1996 a : 217. On peut également imaginer qu’une fois que la technique existait, elle était mise

en œuvre pour tous les usages ne nécessitant pas de contenant plus sophistiqué ou plus étanche, même si ce ne sont pas ces fonctions qui ont créé le besoin de l’innovation technique.

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III. Le contexte géographique et chronoculturel du IVe millénaire mésopotamien

comme dans le Temple A, sous l’escalier210. Ce bâtiment a livré, comme le reste

du site, plusieurs lots d’écuelles grossières. Cela permet d’envisager que l’on reste, dans le cadre des Temples A et B d’Arslantepe VI A, à une échelle domestique.

Aussi, une certaine prudence s’impose vis-à-vis de la tendance actuelle à amoindrir – voire à nier – l’écart de développement entre les sociétés du Nord et

du Sud de la Mésopotamie211. La richesse de certains sites, le développement

d’un artisanat métallurgique élaboré dans le Taurus et la stratification sociale dont font preuve les tombes de Tepe Gawra contrastent avec la vision du Nord mésopotamien que l’on pouvait avoir il y a seulement dix ou quinze ans, celle

d’une périphérie peu développée et relativement uniforme212, mais ils

n’impliquent pas une administration redistributrice centralisée213.

b. Le déséquilibre du corpus

b. Le déséquilibre du corpusb. Le déséquilibre du corpus

b. Le déséquilibre du corpus

C'est un lieu commun que de rappeler l'échantillonnage que constitue la fouille partielle de quelques sites archéologiques. Aussi ne reviendrons-nous que brièvement sur ce point, mettant simplement l'accent sur trois facteurs de

diversité qui invitent à la prudence lors de l'utilisation de données de fouille214.

L'étendue et la localisation des opérations de prospection menées en Mésopotamie sont déterminantes dans la répartition des sites fouillés. Ces prospections peuvent être étendues à l'ensemble d'une région, comme celle de R. Adams et H. Nissen en Basse Mésopotamie, dans la région d'Uruk et de

Nippur215. Certaines d'entre elles sont limitées aux environs d'un site, ainsi que

l'illustrent les prospections menées autour de Kurban Höyük, sur le moyen

Euphrate turc ou autour d'Uruk dans le Sud mésopotamien216. D'autres enfin

suivent le tracé des principaux cours d'eau, essentiellement l'Euphrate, le Balikh et le Khabur, ou de petites vallées dans le massif du Zagros. La majorité de ces dernières a été organisée en fonction de projets de barrage sur l'Euphrate (Keban, Karakaya, Atatürk, Birecik et Karkemish en Turquie, Tishrin et Tabqa

210 Van Driel 1980 : 92. 211 Stein 2001 : 295-305.

212 Ce dernier élément a également disparu de la littérature scientifique, à juste titre, et l’on s’appuie

maintenant régulièrement sur l’hétérogénéité des sociétés voisines de la Mésopotamie alluviale pour expliquer la variété des réactions à une présence sud-mésopotamienne intrusive : voir par exemple Philip 2002 : 223 ; Wilkinson 2002 : 244.

213 Le grand nombre de sceaux différents attesté sur les scellements d’Arslantepe ne porte pas à y croire. 214 Butterlin (2003 : pls II, IV-V) donne une illustration de ces phénomènes.

215 Adams & Nissen 1972.

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III. Le contexte géographique et chronoculturel du IVe millénaire mésopotamien

en Syrie ou Haditha en Iraq), sur le Tigre (Eski-Mossul) ou sur la Diyala (bassin du Hamrin). Contrairement aux précédentes, elles s'accompagnent de fouilles de sauvetage de plusieurs sites avant la mise en eau des barrages.

On ne peut pas attendre le même type de résultat d'une fouille de sauvetage et d'une fouille programmée sur plusieurs années. Même au sein de chacune de ces deux catégories, les buts poursuivis et les méthodes employées fournissent des données de type différent. Rares sont les sites qui ont pu être

dégagés en extension ; les exceptions notables pour le IVe millénaire sont le

complexe monumental d’Uruk, ainsi que Habuba Kabira sud et Djebel Aruda sur le moyen Euphrate. Quelques sites ont livré des séquences stratigraphiques

étendues. Le IVe millénaire est représenté notamment dans les séquences

stratigraphiques élaborées à Uruk (Sondage Profond) et sur le chantier I de l'Acropole de Suse, mais aussi dans le Nord mésopotamien sur les sites de Tell Brak, Tell Leilan, Ninive, Gawra ou encore à Kurban Höyük et Sheikh Hassan sur le moyen Euphrate.

L'évolution des méthodes de fouille a une incidence sur le type de données que l'on peut tirer de fouilles réalisées à des époques différentes. La prise en compte plus ou moins poussée de la stratigraphie ou le degré de fiabilité de l'échantillonnage céramique (pour les fouilles les plus anciennes) conditionnent les résultats obtenus. Les progrès techniques sont eux aussi significatifs. On pense souvent aux différentes possibilités d'analyses physico-chimiques appliquées à l'archéologie ou l'anthropologie, mais le travail sur le terrain

bénéficie lui aussi d'avancées techniques. L'emploi d'instruments

topographiques et maintenant du dessin assisté par ordinateur (DAO) s'est imposé dans les relevés topographiques et architecturaux. Cependant, il faut prendre conscience que si l'emploi de l'informatique permet la publication de plans qui paraissent plus précis, il n'empêche en rien l'imprécision du relevé ou du dessin. On ne peut quoi qu’il en soit attendre des résultats comparables de fouilles très récentes ou de fouilles anciennes. Cette observation prend un sens particulier au Moyen-Orient, où les conditions politiques ont empêché le déroulement de fouilles en Iran ou en Iraq pendant de longues années. Les seules fouilles récentes ont donc eu lieu sur la partie syrienne et turque de l'espace mésopotamien, avec une incidence évidente sur les données disponibles pour le Sud mésopotamien.

Ch. Ch. Ch.

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III. Le contexte géographique et chronoculturel du IVe millénaire mésopotamien

c. Le problème du référentiel sud

c. Le problème du référentiel sudc. Le problème du référentiel sud

c. Le problème du référentiel sud----mésopotamienmésopotamienmésopotamien mésopotamien

D e s n o t i o n s f l o t t a n t e s

Le premier problème qui se pose est celui de la définition des termes les plus fréquemment employés et dont le sens est, au mieux, multiple, sinon mal défini. Au premier rang de ceux-là se trouve bien sûr la « culture d’Uruk », locution forgée selon la regrettable tradition de dénommer un assemblage matériel par le nom du site où il a été identifié pour la première fois. Si les

termes

d’Uruk-Periode

ou

Uruk-Zeit

n’apparaissent pour la première fois que

dans le neuvième rapport préliminaire d’Uruk217, la

Uruk Ware

mentionnée par

J. Jordan dès le troisième rapport préliminaire218 s’inscrit déjà entre la

Periode

der Obeid-Keramik

219 et la

Djemdet Nasr-Zeit

220. Dès cette époque, H. Frankfort

parle d’

Uruk period

221. Ainsi l’amalgame entre culture d’Uruk et période d’Uruk

était-il présent dès l’origine du débat. L’intrication de notions culturelles et chronologiques au sein de la terminologie utilisée n’a pas suscité de réelle confusion tant que les problématiques alors en jeu restaient confinées à l’aire de répartition de la céramique dite d’Uruk. En revanche, dès que le champ de la recherche s’est étendu ou déplacé vers d’autres aires culturelles, l’inadéquation patente de la terminologie est rapidement devenue un handicap. Un élément supplémentaire vient brouiller plus encore la lecture, et ce à l’intérieur même de l’aire culturelle d’Uruk. La polarisation autour du site d’Uruk, déjà induite par la terminologie, se trouve encore renforcée par la taille gigantesque du site (estimée à 250 ha à la fin du IVe millénaire222), tendant ainsi à placer Uruk en

position de centre économique et politique de toute l’aire de diffusion de la culture matérielle d’Uruk, même si tout le monde s’accorde à restituer dans la basse plaine alluviale une juxtaposition de plusieurs cellules économiques et politiques.

Le champ sémantique s’élargit encore avec la formule de l’« expansion urukéenne ». Le terme d’expansion a conservé du diffusionnisme qui le caractérisait à l’origine la notion d’un mouvement centrifuge. En effet, on constate l’apparition dans le Nord de la Mésopotamie et en Iran occidental d’un matériel trouvé d’abord en Basse Mésopotamie. Ainsi, dans son sens le plus

217 Heinrich & Falkenstein 1938 : 30, 33, 35. 218 Jordan 1932 : 36.

219 Jordan 1932 : 35. 220 Jordan 1932 : 36. 221 Frankfort 1932 : passim. 222 Finkbeiner et al. 1991 : 194.

Ch. Ch. Ch.

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III. Le contexte géographique et chronoculturel du IVe millénaire mésopotamien

réduit, l’« expansion urukéenne » pourrait signifier l’agrandissement de l’aire culturelle d’Uruk. Restent cependant à définir les limites de cette aire culturelle, qui sont loin d’être tranchées. La composante humaine du phénomène (déplacement d’individus) est elle aussi difficile à cerner d’un point de vue qualitatif et quantitatif. L’emploi du terme d’« Urukéens », raccourci

lexicographique désignant en réalité souvent au IVe millénaire des porteurs de la

culture d’Uruk, ne clarifie en rien la situation. Dans les faits, l’« expansion urukéenne » recouvre la perspective de l’auteur qui l’emploie. Les évolutions

importantes connues au fil du temps par la recherche sur le IVe millénaire