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Selon Gabrielle Roy, l’inspiration (la grâce) telle que définie précédemment, est en quelque sorte la clé permettant d’accéder «à ce trésor infini d’images, de liens, à tout ce réseau de signification mythologique qui dort en chacun de nous, héritage d’un long passé, prêt à se réveiller à l’appel du sujet, à se cristalliser autour d’une idée35». En suivant cette vision, la création littéraire est rendue

possible par l’émergence et l’utilisation du vécu mythique, émotionnel et factuel de l’auteur, qui a évolué dans son inconscient.

Un vécu mythique, d’abord, qui s’explique par le fait que chaque être humain est élevé dans une certaine société partageant une culture commune. C’est d’ailleurs une des raisons qui poussera Gabrielle Roy à choisir le français pour écrire, comme elle l’explique dans La Détresse et

l’Enchantement : «[…] les mots qui me venaient aux lèvres, au bout de ma plume, étaient de ma

lignée, de ma solidarité ancestrale. Ils me remontaient à l’âme comme une eau pure qui trouve son chemin entre des épaisseurs de roc et d’obscurs écueils36.» De par son éducation et ses lectures,

chaque auteur puise dans un fonds collectif quand il crée ses œuvres. Shakespeare et Tchekhov37,

pour ne nommer que ceux-là, font d’ailleurs partie des auteurs qui ont marqué Gabrielle Roy38. Ces

influences ne sont pas toujours conscientes, ni nécessairement reconnaissables dans l’œuvre elle- même, mais elles font dire à Louis Francoeur que «la littérature, enrichie par l’expérience personnelle de chaque auteur, naît, en effet, du terreau culturel. Et ce terreau est d’abord constitué de l’imaginaire humain universel, dans lequel chaque poète est invité à puiser […]39».

Selon Gabrielle Roy, l’écrivain accède parfois au «vieux puits de l’imagination depuis que l’homme rêve40», une réserve de matière plus profonde que la simple culture d’un individu. L’auteure reconnaît

35 Louis FRANCOEUR, «Esquisse d’un art poétique sur une lettre inédite de Gabrielle Roy», art. cit, p. 244. 36 Gabrielle ROY, La Détresse et l’Enchantement, op. cit., p. 392.

37 Louis Francoeur note que Gabrielle Roy elle-même atteste l’influence de cet auteur en particulier : «Longtemps,

longtemps, confit-elle, cette lointaine lecture [La steppe de Tchekhov] a pénétré mes pensées, m’a façonnée, si je puis dire, une manière de voir, de regarder et de saisir le réel.» Ainsi, le trésor d’images fournit aussi un filtre, une façon d’aborder le réel, et non seulement la matière pour écrire.

38 On retrouve par ailleurs une intéressante liste d’écrivains, de compositeurs, de peintre et d’œuvres cités par Gabrielle

Roy dans ses œuvres dans le livre Visages de Gabrielle Roy de Marc Gagné.

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s’être interrogée à propos de la provenance du contenu de ses œuvres, surtout dans ses premiers essais littéraires :

Parfois une phrase de tout ce déroulement me plaisait quelque peu. Elle me semblait presque avoir atteint cette vie mystérieuse que des mots pourtant pareils à ceux de tous les jours parviennent parfois à capter à cause de leur assemblage comme tout neuf. Mais elle ne me paraissait pas de moi. Me revenait-elle de quelque lecture? Ou provenait-elle d’un moi non encore né, à qui je n’aurais accès de longtemps encore, qui, de très loin dans l’avenir, consentait seulement de temps à autre à m’indiquer brièvement la route par un signe fugitif41?

À ses débuts d’écrivaine, elle sent confusément que ce qu’elle couche sur papier provient de différentes sources, que ce soit les auteurs qu’elle a lus, ou encore son propre vécu, qui mûrit à l’intérieur d’elle.

La vie d’un auteur constitue d’ailleurs la matière principale de son trésor d’images. Son influence dans l’œuvre de Gabrielle Roy est indéniable. Comme nous l’avons vu plus tôt, son passage dans une lointaine école de rang au plus profond du Manitoba rural lui inspirera La Petite Poule d’Eau42;

les récits de Cet été qui chantait se passent tous autour de son chalet de Petite-Rivière-Saint- François et seront inspirés par la mort de sa sœur Dédette43; Bonheur d’occasion est une histoire

inventée, mais campée dans des lieux arpentés de long en large par Gabrielle Roy à Montréal44. Et il

y a encore Rue Deschambault et La route d’Altamont, qui se passent dans les lieux de son enfance au Manitoba et sont inspirés d’événements de sa vie. Si les liens sont si manifestes entre la vie de Gabrielle Roy et ses œuvres de fiction, c’est que son vécu est la matière de base qui nourrit sa création. Elle ne s’en cache pas, et établit de nombreux liens entre les deux tout au long de La

Détresse et l’Enchantement, par ailleurs une autobiographie romancée. Dans un passage de ce livre,

elle l’explique très clairement :

Il y a ceci d’extraordinaire dans la vie d’un livre et de son auteur : dès que le livre est en marche, même encore indistinct dans les régions obscures de l’inconscient, déjà tout ce qui arrive à

41 Gabrielle ROY, La Détresse et l’Enchantement, op. cit., p. 137. 42 ibid., p. 210.

43 «Et puis, elle [Dédette] morte, je tâchai de continuer à lui parler, à essayer du moins de la retrouver dans le vent, les

arbres, la beauté du monde… Cela donna Cet été qui chantait, un livre étrange, j’en conviens, qui, sous une apparence de légèreté, baigne au fond dans la gravité. Quelles que soient ses lacunes, il a du moins le mérite, je pense, d’être à l’image de Dédette, âme enfantine, âme candide, âme au long tourment refoulé.» Gabrielle ROY, La Détresse et

l’Enchantement, op. cit., p. 217.

44 «Ce quartier [Saint-Henri, à Montréal] où, à peine un an plus tard, j’allais délibérément revenir écouter, observer, en

pressentant qu’il me devenait le décor et un peu la matière d’un roman [Bonheur d’occasion], me retenait déjà, ce soir d’avril, d’une curieuse façon que je ne peux encore m’expliquer. Car ses cris, ses appels de voyage, ses odeurs n’étaient pas seuls à me fasciner. Sa pauvreté m’émouvait.» Gabrielle ROY, La Détresse et l’Enchantement, op. cit., p. 503.

l’auteur, toutes les émotions, presque tout ce qu’il éprouve et subit concourt à l’œuvre, y entre et s’y mêle comme à une rivière, tout au long de sa course, l’eau de ses affluents. Si bien qu’il est vrai de dire d’un livre qu’il est une partie de la vie de son auteur en autant, bien entendu, qu’il s’agisse d’une œuvre de création et non de fabrication45.

Ainsi, la vie d’un auteur se mêle inévitablement à son œuvre, et ce, même si les preuves de ces liens ne résident pas dans la copie de faits réels. C’est ce que Gabrielle Roy semble vouloir suggérer, en insistant sur le fait qu’il doit s’agir d’une œuvre de création et non de fabrication. En ce sens, un auteur ne doit pas chercher à utiliser sa vie en la maquillant, ce qui serait de la simple fabrication, mais doit plutôt s’efforcer de «re-créer» à partir de cette matière pour atteindre la vérité à travers la fiction. Les faits vécus sont évidemment toujours romancés, retravaillés, triturés, voire complètement changés. Leur importance ne réside pas dans le fait qu’ils soient réellement arrivés, elle réside plutôt dans l’essence que ces souvenirs, ce vécu, peuvent fournir pour nourrir le récit. C’est la substance qui importe et non la fidélité à la réalité. C’est là que prend toute l’importance du second regard, le regard intérieur, tel que développé par Marc Gagné dans Visages de Gabrielle Roy :

Alors que le regard premier avait comme objet l’émotion brute surgie de l’événement lui-même, le regard second porte sur un objet «onirisé», c’est-à-dire plus ou moins transformé déjà par la puissance du rêve et par les jeux de l’imagination. […] Cette distanciation joue également à l’insu de la romancière. Le conscient et l’inconscient sont des univers à ce point différents de nature qu’ils paraissent très éloignés l’un de l’autre. Pourtant, la rêverie chemine aux confins de l’un et de l’autre. Elle s’alimente aux deux. L’inconscient accueille ce dont le conscient ne peut pas autoriser ouvertement l’action. Par la puissance presque sans limite de la rêverie, les désirs instinctifs fondamentaux reparaissent dans l’univers imaginaire, revêtus en images ou déguisés sous des modèles de conduites acceptables par le conscient46.

J'ai été particulièrement confrontée à cette réalité lors de l'écriture de la nouvelle Clair-obscur, qui raconte le quotidien d'une «vieille fille», maintenant aveugle, qui attend la fin de ses jours dans un état d'extrême vieillesse et de solitude. Cette histoire, elle m'a d'abord été inspirée par une visite à une arrière-grand-tante, en compagnie de ma propre grand-tante, une des seules personnes qui allait encore la voir régulièrement à l'époque. Tous mes sens avaient été happés lors de cette visite au foyer; les gens dans les chambres autour, un peu perdus; l'ambiance platonique, le ronron des ventilateurs, les lumières tamisées; et surtout, mon arrière-grand-tante elle-même, presque aveugle, toujours bien allumée, mais en même temps un peu perdue. J'ai senti qu'elle avait encore toutes ses

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facultés, mais que pour elle, tous les jours qui passaient les uns après les autres se ressemblaient à en mourir d'ennui, surtout qu'elle n'avait presque plus de famille, sauf quelques neveux et nièces, comme elle n'avait jamais été mariée. Notre visite l'avait réjouie, du moins, j'en avais eu l'impression, même si elle avait pris quelque temps avant de me reconnaître. Cette visite s'est passée plusieurs années avant que je ne décide d'écrire une nouvelle inspirée par ces deux personnes, ma grand- tante et mon arrière-grand-tante. Le souvenir de cette visite avait pourtant continué de macérer dans mon inconscient, nourri par mes nombreuses réflexions au cours des années suivantes sur la vieillesse, la solitude, et plus largement, la vie et la mort. Si bien que quand je me suis mise à écrire cette histoire, elle était inspirée, c'est vrai, de deux personnes de mon entourage, mais dans les faits elle ne raconte pas leur histoire à proprement parler; tous les souvenirs de la vieille Anne Girard, dans ma nouvelle, sont inventés. Et pourtant, ils ne sont pas «fabriqués». En me laissant guider par l'émotion qu'avait suscitée en moi cette visite, il y a plusieurs années, j'ai posé un regard intérieur sur la vieille dame, sur son monde; c'est moi qui l'ai créée, mais je n'ai pas forcé les choses, je n'ai pas raisonné les détails de sa vie. Ils se sont matérialisés à partir de l'idée que je me fais de la vieillesse, de ma compréhension de cette extrême solitude qui peut affliger les personnes très âgées sans descendance. Pourtant, je saisis maintenant que pour parler de la solitude de la vieille dame, j'ai dû puiser dans ma propre expérience de la solitude et dans d'autres émotions que j'ai déjà vécues; dans les questions que je me suis posées sur le désir d'avoir des enfants; sur l'utilité de ma propre vie; sur ce que je laisserai dans ce monde quand je mourrai. La vieille Anne n'est ni moi, ni mon arrière- grand-tante, mais un croisement entre toutes ces idées et ces émotions qui ont trouvé comme véhicule pour s'exprimer cette nouvelle, cette histoire. C'est là où on peut parler, à mon avis, de création plutôt que de fabrication; quand un récit prend vie à travers une expérience singulière qui trouve sa source dans le choc de différentes idées et émotions, entre le conscient et l’inconscient. Comme le résume Marc Gagné, «entre le regard extérieur et le regard intérieur, entre le regard intérieur et le moment de traduire la vision en mots, couleurs ou sons, un laps de temps plus ou moins long doit s’écouler. Sinon, à supposer que l’artiste puisse reproduire intégralement et dès l’instant où elles lui sont offertes, les données du regard extérieur, le résultat serait d’ordre photographique47

La journaliste Alice Parizeau, qui a publié deux articles de fond sur Gabrielle Roy en 1966 et 1967, parle ainsi de l'inextricable mélange entre la vie d'un auteur et sa création : «[…] au fond, sa

philosophie, ses rêves, toute son existence passée et présente ne se confondent-ils pas avec son œuvre? Ne suffit-il pas de lire ses romans pour la comprendre48?» À travers ses écrits, on peut

penser connaître Gabrielle Roy, mais il importe surtout d’essayer de la comprendre, de comprendre ce qui veut se dire à travers ses histoires, et cela va au-delà des faits qu'elle utilise comme matériau de base.

Autant dans son œuvre que dans quelques entretiens qu’elle livrera à des journalistes, Gabrielle Roy revient souvent sur cette idée de réserve de matière, de trésor d’images, qui se trouve à la jonction de tout ce qu’elle a vécu, observé, appris. Jusque dans son attitude, Gabrielle Roy exprimait sa manière de créer. Francis Ambrière, par exemple, dira dans un compte-rendu de son entretien avec Gabrielle Roy, publié dans La Revue de Paris, en 1947 : «Dans le silence actif et chaleureux qui doit constituer son climat favori, elle a si longuement accumulé les richesses que quelque chose à présent jaillit d’elle à son insu49.» Ces richesses, s’il faut en croire l’auteure, s’accumulent en tout

temps. Elle confiera à Silver Donald Cameron être comme une «pile qui doit être rechargée» à certains moments :

Avant d’être rechargée, la pile ne sert à rien, je dois attendre. Puis arrive une bouffée d’énergie et de vie. Je peux alors naturellement me remettre à travailler. Je travaille plusieurs mois à la fois, mais en un sens, je travaille tout le temps, car je poursuis les choses mentalement même si je ne couche rien sur papier. […] Je ne peux pas regarder le ciel, une rivière ou la cime des arbres se balancer dans le vent sans essayer de décrire, pour moi, ce qui se passe au juste, de simplement essayer de saisir le mouvement ou le son dans ce qui serait une image parfaite, hmm? Mais ce n’est pas pour mettre dans un livre, ce n’est pas pour enrichir un passage : c’est juste pour moi, pour ma propre tranquillité d’esprit, que je cherche sans arrêt l’image ou le mot juste pour décrire une chose précise50.

C’est à travers cette explication qu’on peut saisir toute l’importance de la notion de «trésor» d’images. Comme un butin qui s’accumule, en soi, sans aucun but précis, simplement dans le désir constant de trouver le mot juste. Ce travail n’est jamais vain, il prépare toute la réserve dont l’imagination se sert ensuite. Par l’action de l’inspiration, toutes ces images emmagasinées, après cette «poursuite mentale» des choses, remontent à la surface, transformées. Gabrielle Roy l’explique on ne peut plus clairement quand elle écrit, dans La Détresse et l’Enchantement :

48 Alice PARIZEAU, «Gabrielle Roy, la grande romancière canadienne», dans Rencontres et entretiens avec Gabrielle

Roy, 1947-1979, op. cit., p. 167.

49 Francis AMBRIÈRE, «Gabrielle Roy, écrivain canadien», dans Rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy, 1947-

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Ainsi, des années avant d’écrire ce livre [La Petite Poule d’Eau], j’en avais déjà à mon insu des éléments tout épars, sans liens entre eux. Cependant, on pourrait dire qu’ils étaient déjà sous le signe du cœur. Mais je n’aurais accès à eux de longtemps encore. Je pressentais parfois que je devenais moi-même comme un vaste réservoir d’impressions, d’émotions, de connaissances, pratiquement inépuisable, si seulement je pouvais y avoir accès. Mais avoir accès à ce que l’on possède intérieurement en apparence la chose la plus naturelle du monde, en est la plus difficile51.

C’est à peu de choses près la même constatation que fait Marcel Proust dans Le Temps retrouvé, cité par Maurice Blanchot dans Le livre à venir : «Ainsi toute ma vie jusqu’à ce jour aurait pu et n’aurait pas pu être résumée sous ce titre : Une vocation. Elle ne l’aurait pas pu en ce sens que la littérature n’avait joué aucun rôle dans ma vie. Elle l’aurait pu en ce que cette vie, les souvenirs de ses tristesses, de ses joies formaient une réserve pareille à cet albumen qui est logé dans l’ovule des plantes et dans lequel celui-ci puise sa nourriture pour se transformer en graine52…» L’auteur est en

quelque sorte toujours en train de récolter, de butiner des informations, les emmagasinant dans sa réserve personnelle. Pourtant, Gabrielle Roy nous avertit qu’il n’est pas aisé d’avoir accès à cette réserve inconsciente, ce fameux trésor d’images. Dans son analyse, Maurice Blanchot aborde aussi l’expérience de l’un des personnages de Proust, Jean Santeuil, qui expérimente cette transformation du vécu qui veut s’exprimer par l’écriture :

Jean Santeuil s’interroge sur ce bonheur de nouveau. Il n’y voit pas le simple plaisir d’un souvenir spontané, car il ne s’agit pas d’un souvenir, mais de la «transmutation du souvenir en une réalité directement sentie». Il en conclut qu’il se trouve là devant quelque chose de très important, une communication qui n’est pas celle du présent, ni du passé, mais le jaillissement de l’imagination dont le champ s’établit entre l’un et l’autre, et il prend la résolution de n’écrire désormais que pour faire revivre de tels instants ou pour répondre à l’inspiration que lui donne ce mouvement de joie.

Cela est impressionnant, en effet. Presque toute l’expérience du Temps perdu se retrouve ici : le phénomène de réminiscence, la métamorphose qu’il annonce (transmutation du passé en présent), le sentiment qu’il y a là une porte ouverte sur le domaine propre de l’imagination, et enfin la résolution d’écrire à la lumière de tels instants et pour les rendre à la lumière53.

Une sorte de miracle semble s’opérer pour donner un nouveau souffle, un nouveau sens à la vie de l’auteur, qui, à travers la fiction, peut «rendre à la lumière» la «réalité directement sentie» d’un souvenir qui émerge. Pour Louis Francoeur, c’est à la jonction entre les différentes sources d’inspiration de l’auteure que s’opère la magie littéraire : «La création s’enracinera en effet dans un lieu déterminé et à un moment précis de l’histoire individuelle et collective qui deviennent de ce fait,

51 Gabrielle ROY, La Détresse et l’Enchantement, op. cit., p. 221. 52 Maurice BLANCHOT, Le livre à venir, op. cit., p. 26

Ŗfragiles lumières de la terreŗ, trésors d’images auxquels la romancière a aussi accès, par la grâce de l’inspiration54.» Gabrielle Roy dira de Bonheur d’occasion qu’il est «le témoignage d’une époque, d’un

endroit et de moi-même, telle que j’étais alors55». Revenant sur son parcours de vie pour un portrait

publié dans la revue L’actualité en 1979, Jacques Godbout poursuit lui aussi dans ce sens, avec une vision du trésor d’images qui se situe à la jonction du vécu et de la rêverie :

Bien avant l’appel de Tom Wolfe, [Gabrielle Roy] aura été une journaliste d’atmosphère. Pour son carnet et son cœur, elle rencontrera pendant cinq ans de voyage des hommes et des femmes de tous les milieux qui lui inspireront plus tard («il n’y a pas d’imagination, il n’y a que le