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Ordonner les images pour que la vérité jaillisse à travers la fiction

Simplement laisser remonter son trésor d’images à la surface ne permet pas d’écrire un texte littéraire significatif. Pour Gabrielle Roy, les images doivent être ordonnées et filtrées par un certain travail sur le langage pour que le tout devienne cohérent. Comme elle l’écrit à Marie Grenier- Francoeur, c’est au «commandement» de la grâce-inspiration que se lève une «nuée d’images se commandant l’une l’autre, s’engendrant l’une l’autre, pour fournir cette trame serrée et qui se tient d’un bout à l’autre… oui, cela se peut, sans doute, cette sorte de miracle peut s’accomplir et c’est peut-être ce qui se produit lorsqu’on se sent prêt à attaquer un livre58».

Cette nuée d’images qui s’engendrent l’une l’autre, c’est le processus d’écriture comme tel; le trésor d’images s’est réveillé, mais il faut savoir laisser filer le crayon sur le papier pour traduire cet agencement de souvenirs transmués qui bouille en dedans. C’est le moment où l’œuvre prend racine dans la fiction, où elle gagne sa vie propre. Gabrielle Roy décrit ce processus quand elle parle de l’un de ses romans à Gérard Bessette :

Rue Deschambault, ça a commencé curieusement… J’ai écrit un peu à contre-cœur cet article

sur le Manitoba pour la Société royale. Puis les souvenirs se sont mis à fourmiller. Le premier, ç’a été ma tante que j’avais à peine connue : Thérésina Veilleux. J’étais toute petite; je me souviens seulement qu’elle était entourée de châles, emmitouflée. Deux autres souvenirs sont venus, au hasard… Puis je me suis aperçue que j’avais une œuvre, que je pourrais avoir une œuvre59.

L’idée d’avoir devant soi une œuvre ne peut venir que lorsqu’un écrivain constate que l’arrangement des images qu’il porte à l’intérieur de lui commence à pouvoir dire quelque chose sur la vie. Ce qui fait écrire à Louis Francoeur, dans son analyse de la lettre de Gabrielle Roy à Marie Grenier- Francoeur, que «la création littéraire est, en effet, un processus orienté vers une fin, qui est accomplissement, plénitude, cristallisation autour d’une idée60». À la suite de la réflexion que je viens

de faire ici, je parlerais de cristallisation autour d'une émotion plutôt que d'une idée, puisque c'est d'abord l'émotion qui me guide dans mon écriture et me permet de rejoindre cet «accomplissement», cette «plénitude». Francoeur associe de son côté cette idée à l’épisode où la jeune Christine, dans le récit Le vieillard et l’enfant de La Route d’Altamont, entend une «petite phrase chuchotée» par le

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Louis FRANCOEUR, «Esquisse d’un art poétique sur une lettre inédite de Gabrielle Roy», art. cit, p. 244.

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grand lac Winnipeg qu’elle voit pour la première fois et s’interroge sur sa signification61. Cette petite

phrase devient pour Francoeur la métaphore de l’expérience de la création telle que décrite par Proust : «[…] il fallait tâcher d’interpréter les sensations comme les signes d’autant de lois et d’idées, en essayant de penser, c’est-à-dire de faire sortir de la pénombre ce que j’avais senti, de le convertir en équivalent spirituel. Or, ce moyen qui me paraissait le seul, qu’était-ce autre chose que faire une œuvre d’art62

C’est un peu la même chose lorsque Pierre Cadorai dans La Montagne secrète peint le portrait d’une jeune nomade dans l’Ungava et se rend compte peu à peu du processus qui transforme une simple reproduction en œuvre remplie de sens : «Le portrait avançait. Pierre devint silencieux. Il peignait avec concentration pour rendre compte, à partir du modèle, mais à partir de lui-même encore plus, de cette identité particulière Ŕ un visage à travers tant d’autres! Il lui semblait y être parvenu. C’était bien en tous cas le regard de cette petite nomade que consolait de sa vie le splendide inconnu du monde63.» C’est à travers le filtre personnel de l’auteur que l’image émotionnelle puisée à même le

trésor intérieur se transforme pour devenir un objet littéraire pénétré d’un sens plus profond que le simple alignement des mots les uns à la suite des autres.

Il faut pourtant, pour y arriver, s'adonner à un éreintant travail sur le langage, sur les mots eux- mêmes, pour que leur alignement parfait donne au récit sa vie propre. C'est un travail de moine, qui demande patience et application. Gabrielle Roy avait une méthode de travail particulièrement rigoureuse. Elle ne laissait rien au hasard. Même s'il s'agit du côté plus terre à terre de la création littéraire, cet aspect du travail n'exige pas moins d'attention. Il ne faut jamais s'égarer en chemin et perdre de vue l'émotion première qui nous guidait dans la rédaction de la nouvelle. Dans la réécriture de mes nouvelles La biche et Silence, il m'a été très utile de garder toujours en tête cette émotion, et ce, afin de m'assurer que chaque image retenue servait la finalité ultime du récit et concourrait à le rendre plus vrai. Les premières versions de ces nouvelles contenaient beaucoup de belles images, mais qui au final ne servaient pas le récit, et même parfois le desservaient en l'amenant ailleurs, à un endroit où il n'avait pas besoin d'aller pour se réaliser pleinement. J'ai choisi pour toutes mes nouvelles d'adopter un narrateur omniscient, mais collé de très près au personnage principal. Cela

61 Gabrielle ROY, La Route d’Altamont, suivi de De quoi t’ennuies-tu, Éveline?, Montréal, Les Éditions du Boréal

(Collection Gabrielle Roy, œuvres complètes (VI) Édition du centenaire), 2011, p. 80.

62 Louis FRANCOEUR, «Esquisse d’un art poétique sur une lettre inédite de Gabrielle Roy», art. cit, p. 241. 63 Gabrielle ROY, La Montagne secrète, op. cit., p. 31.

m'a forcée à resserrer mon écriture, mon champ de vision, ma description des actions, pour que la personnalité des personnages ressorte aussi bien que si la narration avait été à la première personne. Cela a contribué à créer une certaine tension, qui profite à toutes mes nouvelles. L'émotion est plus vive et le récit n'en est que plus vrai.

Gabrielle Roy a peaufiné toute sa vie durant l'art de traduire des sensations en «équivalent spirituel», avec les mots les plus justes possible. Elle le dit elle-même dans La Détresse et l’Enchantement, à propos du village de Cardinal, où elle a vécu et fait vivre certains de ces personnages :

[Ce village], nulle part je me suis attachée à le décrire absolument ressemblant. C’est une tâche dont je pense être incapable maintenant. Il me faut dissocier les éléments, les rassembler, en écarter, ajouter, délaisser, inventer peut-être, jeu par lequel j’arrive parfois à faire passer le ton le plus vrai qui n’est dans aucun détail précis ni même dans l’ensemble, mais quelque part dans le bizarre assemblage, presque aussi insaisissable lui-même que l’insaisissable essentiel auquel je donnais chasse64.

Par le biais de Pierre Cadorai, dans La Montagne secrète, elle réaffirme que «pour atteindre ce terrible vrai, il [Pierre Cadorai] commençait à s’en apercevoir, il y a lieu quelquefois de forcer un peu le trait, de souligner. Que les choses se mettent à en dire un peu plus dans l’image que sur nature, là était sans doute le souhait le plus absorbant de son être65». Gabrielle Roy exigeait la même chose de

son écriture. Elle confiera d’ailleurs dans un long passage sur sa visite au théâtre à Paris avoir été bouleversée par le ton de l’œuvre de Tchekhov, un moment de bonheur partagé avec un spectateur anonyme qu’elle ne reverra jamais :

Que je trouvai beau, dès que je l’entendis, ce ton du vrai, que ce fût dans la vie ou au théâtre Ŕ mais peut-être plus encore au théâtre qui nous apprend à mieux regarder la vie percée à jour, mise à nu sous nos yeux! Je sentais exprimé comme je n’aurais su le faire moi-même mon propre ennui, mon dépaysement presque constant où que je fusse dans le monde, cette ignorance où l’on est vis-à-vis de soi, le tout baignant comme en un léger brouillard de larmes, non vraiment amères, plutôt presque douces, malgré tout. Il m’en venait d’ailleurs justement aux yeux. Elles provenaient, je suppose, de l’étrange bonheur qui nous possède à nous entendre dire si bien ce que l’on est66.

Son œuvre, pénétrée de questionnements sur la vie et la société, et sa recherche incessante de «l’essentiel» et du «vrai» font qu’encore aujourd’hui elle est lue avec passion. À l’époque de Bonheur

d’occasion, c’est ce qui marque le public et la critique. Alice Parizeau dira ceci : «Gabrielle Roy est

beaucoup plus simple, plus humaine et plus vraie. Au fond, vraie, c’est le terme qui convient le mieux

64 Gabrielle ROY, La Détresse et l’Enchantement, op. cit., p. 111. 65 Gabrielle ROY, La Montagne secrète, op. cit., p. 37.

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pour la décrire. Car c’est un être authentique et son message est infiniment valable et universel67

Jacques Godbout dira d’elle qu’au lieu de prendre la plume pour s’engager politiquement à l’époque de la montée du nationalisme québécois, «elle écrit ses Ŗrêvesŗ, qui sont autant de façons de dire la vérité68». Gabrielle Roy ne niera pas cet objectif. Elle affirmera à Silver Donald Cameron que «le

premier engagement de l’écrivain est envers la vérité69». Dans une rare entrevue télévisée réalisée

par Judith Jasmin, Gabrielle Roy insistera pour dire que «si on dit vrai d’un cas particulier, il est probable qu’on dira vrai pour beaucoup70». L’auteur confiera aussi qu’elle a eu l’idée d’écrire au

moment où la vie lui a paru «intolérable si on ne pouvait pas essayer de l’expliquer, de la comprendre davantage, et de la transcender71». Ce fut toujours son objectif d’explorer les grandes

réalités humaines, plutôt que de s’engager dans des débats «intellectuels» stériles.

Il s’agit pour moi d’une vision très inspirante de la création littéraire. Si je réussis à toucher ne serait- ce qu’une autre personne avec une de mes nouvelles, j’aurai déjà l’impression d’avoir participé un peu à cette entreprise toujours renouvelée de comprendre l’humanité et de le partager. En fait, j’ajouterais à la grammaire royenne de la création que je viens d’enrichir ici à la suite de Louis Francoeur, une condition essentielle à l’accomplissement de l’acte de création littéraire : le partage et l’enrichissement de l’œuvre grâce au regard de l’Autre, du lecteur, qui ajoute son propre vécu à celui qui émerge d’un texte littéraire. Ce n'est pas anodin, je crois, que mon recueil de nouvelles soit traversé par l'idée du deuil Ŕ les départs, les retours, les adieux, et toutes les vies entre parenthèses entre ces moments charnières. La mort est un thème universel, qui parle à tout le monde; ce que mes nouvelles en disent Ŕ le déni, l'impuissance, les regrets, le lâcher prise, la paix, l'espoir Ŕ est à l'image de ce que j'en ai compris, et de ce que je peux en partager.

Il y aura toujours chez les artistes un désir de créer une communauté, une communion, plutôt, autour d'une œuvre. Cela ne passe pas nécessairement par la diffusion large de cette œuvre. Malgré son côté solitaire, l’acte d’écrire est un geste social qui ne peut révéler son sens ultime qu’une fois partagé et validé par une autre âme. Cela se rapproche de la conception de l’art de Gabrielle Roy telle qu’analysée par Marc Gagné :

67 Alice PARIZEAU, «Gabrielle Roy, la grande romancière canadienne», art. cit., p. 146. 68 Jacques GODBOUT, «Gabrielle Roy : Notre-Dame des Bouleaux», art. cit., p. 244.

69 Silver Donald CAMERON, «Gabrielle Roy : un oiseau à la fenêtre de la prison», art. cit, p. 201.

70 Judith JASMIN, «Entrevue avec Gabrielle Roy», dans Rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy, 1947-1979, op. cit.,

p. 121.

[…] pour Gabrielle Roy, le progrès réel réside dans le développement de la connaissance et de l’amour. Or, en proposant comme but à l’écrivain de «montrer aux hommes ce qu’ils ont sous les yeux et ne savent pas toujours voir», elle propose à sa connaissance des éléments neufs et en même temps à sa portée. Cette connaissance, qui est le fruit de l’attention, oriente vers la considération de l’autre, vers son amour, vers le bris de la solitude. Connaissance et amour servent donc les fins ultimes de la littérature et du progrès72.

Si j’ai d’abord pensé que mes nouvelles «venaient de moi», j’ai réalisé en cours de route, et grâce à la lettre de Gabrielle Roy, que j’ai longuement méditée, que mes nouvelles viennent plutôt de l’expérience humaine que je porte en moi. C’est le désir de comprendre la condition humaine, au quotidien, dans ce qu’elle a de beau et de laid, qui me pousse à écrire. Par exemple, dans la nouvelle Clair-obscur, c’était l’idée de la vieillesse qui me poursuivait. Je ne crois pas avoir réussi à «expliquer» la vieillesse, ce serait une entreprise futile. Je pense plutôt avoir réussi à en témoigner d’une façon unique, à travers les différentes images de ma grand-tante et de mon arrière-grand-tante qui ont maturé en moi depuis que je suis toute petite. Encore une fois, cette nouvelle n’est pas le reflet de la réalité; elle est plutôt le reflet d’une vérité que j’essaie de traduire le plus fidèlement possible. Je crois avoir réussi, au fil du temps, à laisser les images qui m’habitent faire surface et «se commander l’une l’autre», pour réussir à atteindre cette «cette vie mystérieuse que des mots pourtant pareils à ceux de tous les jours parviennent parfois à capter à cause de leur assemblage comme tout neuf73». Si cet assemblage tout neuf permet à d’autres de comprendre ce qu’ils portent

en eux-mêmes comme émotion par rapport à la vieillesse, par rapport à la mort, par rapport à la vie, ce sera une source de satisfaction pour moi, à l’image de ce que Gabrielle Roy fait dire à son personnage d’Éveline dans De quoi t’ennuies-tu, Éveline? : «Quelle merveille que cela : quand on exprimait bien quelque chose de soi, ne serait-ce qu’une émotion, du même coup on exprimait une part de la vie d’autrui74

72 Marc GAGNÉ, Visages de Gabrielle Roy, l’œuvre et l’écrivain, op. cit., p. 176. 73 Gabrielle ROY, La Détresse et l’Enchantement, op. cit, p. 137.

Conclusion

Gabrielle Roy a évité pendant la majeure partie de sa carrière d’écrivain les feux de la rampe. Consacrée à son œuvre, elle n’a jamais été encline à donner des entrevues. Et pourtant, l’ouvrage qui rassemble les entretiens les plus significatifs de sa carrière nous permet de saisir pleinement la vision de la littérature telle que conçue par l’auteure. Les quelques paragraphes d’une lettre écrite à Marie Grenier-Francoeur qui ont servi à l’élaboration de cette grammaire de la création sont un concentré de la réflexion de toute une vie, chez Gabrielle Roy. Avec insistance, les mêmes aspects de la création reviennent dans son discours. À preuve, cette réflexion critique aurait pu tout aussi bien être élaborée à partir du passage suivant de l’article d’Alice Parizeau paru en 1967, où Gabrielle Roy se livre sur son métier :

Un roman, c’est l’entreprise la plus téméraire et la plus insensée! […] Au premier jet, on se hâte pour saisir au vol cette charpente invisible qui est comme dans les airs. On se sent comme un jongleur avec ses assiettes. Il s’agit de capter, sans trahir la vie secrète et mystérieuse, l’impondérable et le mystère. J’appellerais l’inspiration «le bon vent» qui déclenche en nous ce qui s’y trouve de forces psychiques. Ou encore l’inspiration pourrait se comparer à ces éclairs très brefs qui illuminent les nuits d’été en révélant des paysages fugitifs et infinis dans une clarté éblouissante, quelque chose qui éclaire l’intérieur, ce qu’on peut appeler «la mémoire involontaire», ce qu’on porte en soi dans des cavernes profondes et secrètes. C’est une illumination qu’il faut saisir aussitôt, en prenant soin de ne rien blesser, de ne rien perdre, d’être à la hauteur. On a le trac… C’est affreux! Puis commence le véritable travail : ordonner, organiser, agencer, polir. On se coupe du reste du monde, on est comme un forçat dans un cachot. Il n’y a pas de recette pour écrire un livre. Chaque sujet déclenche son processus propre; c’est une émotion authentique qui est nécessaire, non la technique ou les techniques. Quand on ressent fortement, la forme se renouvelle d’elle-même; chaque roman est une aventure inconnue qui n’offre aucune certitude. Je me suis donné comme règle de ne pas tricher, d’aller au fond des choses, d’essayer d’être un témoin intègre de ce que je voyais et ressentais. J’ai cherché à être juste pour tous, même si le cœur penchait parfois d’un seul côté… Et alors qu’autrefois je cueillais à même ce que je voyais pour le donner aussitôt, je puise maintenant davantage à l’intérieur de moi-même75.

Il y a là toutes les notions que je viens de développer. Cette «aventure inconnue qui n’offre aucune certitude» me rappelle de ne pas chercher à connaître toutes les intentions qui m’habitent, pour être à même de «saisir au vol cette charpente invisible», et ce, «en prenant soin de ne rien blesser, de ne rien perdre». Il faut se tenir disponible, prêt à accueillir la grâce de l’inspiration, «ces éclairs très brefs qui illuminent les nuits d’été en révélant des paysages fugitifs et infinis dans une clarté éblouissante».

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Gabrielle Roy parle ici aussi du trésor d’images, qu’elle nomme «la mémoire involontaire», «ce qu’on porte en soi dans des cavernes profondes et secrètes». Puis, c’est le temps d’«ordonner, organiser, agencer, polir», le moment où les images se commandent l’une l’autre et tissent une trame serrée. Et ce, pour atteindre la vérité, pour réussir à être «un témoin intègre» de ce qu’on voit et ce que l’on ressent. Dans La Détresse et l’Enchantement, Gabrielle Roy racontera ainsi le miracle de la création littéraire qui s’opère en elle : «Et en moi-même, un matin, m’éveillant tout apaisée dans le grand lit en cuivre, je trouverais, prêts pour en faire un livre, filtrés et transfigurés par le temps, mes souvenirs de la Petite-Poule-d’Eau, devenus, par la grâce des profondeurs dormantes et sans que j’en eusse connaissance, des éléments de fiction, c’est-à-dire, sans doute, de vivante vérité76.» C’est là

l’essence de la grammaire de la création royenne que je viens d’élaborer : un moment de grâce, un matin, et le trésor d’images qui émerge de l’inconscient pour former une œuvre de fiction, oui, mais surtout une œuvre de vivante vérité.

J’ai beaucoup appris en travaillant sur Gabrielle Roy. Si au départ, c’est son œuvre qui m’a attirée par sa qualité, c’est ensuite l’écrivaine qui m’a fascinée. Que Gabrielle Roy ait commencé sa carrière comme journaliste n’est pas anodin, et ce fait explique probablement en grande partie pourquoi je me retrouve autant dans sa vision de la création littéraire, étant journaliste moi-même. Certes, le journalisme pratiqué par Gabrielle Roy était beaucoup plus littéraire que de nos jours. Pourtant, à bien des égards, la grammaire que je viens d’élaborer ici comporte plusieurs similitudes avec la