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Les troubles du sommeil sont des dysfonctionnements liés aux habitudes de sommeil. Ils sont classés en deux grandes catégories: les dyssomnies et les parasomnies.

- Les dyssomnies forment l’ensemble des troubles perturbant la quantité et la qualité du sommeil. Elles sont associées à des difficultés à trouver ou à maintenir le sommeil ou à une somnolence diurne. Les dyssomnies peuvent revêtir trois formes distinctes : les carences en sommeil (les insomnies), les excès de sommeil (les hypersomnies) et les troubles du rythme circadien (rythme veille-sommeil).

- Les parasomnies forment quant à elles l’ensemble des événements indésirables qui surviennent à différents stades du sommeil ou pendant la transition veille-sommeil. Elles correspondent à des troubles comportementaux se produisant en marge du sommeil. Elles regroupent les différentes formes de somnambulisme, les cauchemars, le bruxisme (grincements de dents) ou l’énurésie.

Il existe plus de 80 troubles du sommeil. L’Académie Américaine de la Médecine du Sommeil (AASM) en a donc établi une classification, l’International Classification of Sleep Disorders (ICSD), dont la dernière version a été publiée en 2014. L’ICSD-3 regroupe les troubles du sommeil en sept catégories : l’insomnie, les troubles respiratoires liés au sommeil, l’hypersomnolence d’origine centrale, les troubles du rythme circadien, les parasomnies, les mouvements liés au sommeil, et enfin les autres troubles du sommeil.

Outre l’insomnie, les autres troubles du sommeil les plus fréquents sont le syndrome des jambes sans repos, les apnées du sommeil, la narcolepsie-cataplexie et l’hypersomnie idiopathique. Le syndrome des jambes sans repos est un trouble sensori-moteur caractérisé par une envie irrésistible de bouger les jambes et dans certains cas d’autres parties du corps. Les apnées du sommeil sont quant à elles caractérisées par un arrêt ou une diminution du flux respiratoire. La narcolepsie-cataplexie est une hypersomnie invalidante caractérisée dans sa forme complète par

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des accès de sommeil dans la journée, de brusques relâchements du tonus musculaire sans perte de conscience (attaques de cataplexie) qui peuvent s’associer à des hallucinations et des paralysies du sommeil. Quant à l’hypersomnie idiopathique, elle est caractérisée par un sommeil nocturne de bonne qualité et/ou de longue durée de 10 heures et plus avec une somnolence excessive durant la journée.

L’insomnie

Selon la cinquième version du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) ou DSM

-V, l’insomnie est définie comme une plainte d’insatisfaction par rapport à la quantité ou la qualité du sommeil, associée à des difficultés d’endormissement, de maintien du sommeil et/ou de réveil trop précoce au moins trois fois par semaine depuis au moins trois mois, avec répercussions significatives dans la journée de type : altération du fonctionnement social, professionnel, scolaire, universitaire ou comportemental. L’insomnie est souvent liée à un événement particulier ou à un environnement perturbant. Elle peut aussi être causée par d’autres pathologies du sommeil comme le syndrome des jambes sans repos et l’apnée du sommeil, ou encore par la prise de substances toxiques ou de médicaments.

L’insomnie affecte la qualité de vie avec des répercussions sur le fonctionnement diurne : fatigue, irritabilité, baisse d’attention, troubles de mémoire et de concentration, somnolence, dysfonctionnement social ou professionnel. Léger et al. [6] ont trouvé que la qualité de vie des insomniaques est significativement moins bonne que celle des bons dormeurs : fatigue physique et psychologique plus élevée, somnolence diurne plus importante, difficultés d'attention et de mémoire plus marquées, activités professionnelles et relations sociales et familiales perturbées.

Prévalence des troubles du sommeil en France

Selon l’Insee, le temps de sommeil moyen des Français a baissé de 18 minutes entre 1986 et 2010 [7]. Chez les adolescents, cette baisse atteint 50 minutes. Aujourd’hui, les Français dorment en moyenne 7 heures et 47 minutes par nuit, avec de fortes variations entre les personnes. Cette diminution de la durée du sommeil concerne autant les hommes que les femmes (19 minutes pour les femmes et 17 pour les hommes). Selon une enquête publiée par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) en 2008, 45% des Français

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considèrent qu’ils ne dorment pas assez et 25% ne se sentent pas reposés lorsqu’ils se réveillent le matin [8].

En Europe occidentale, les troubles du sommeil touchent près de 31% de la population [2]. En France, 62% de la population déclarent souffrir d’au moins un trouble du sommeil : 16% ont des difficultés pour s’endormir, 42% pour se rendormir pendant la nuit et 19% pour récupérer pendant leur sommeil [8]. L’insomnie est le trouble du sommeil le plus fréquent en France. Selon l’Institut du sommeil et de vigilance, un Français sur cinq en souffrirait [9]. Elle est sévère dans 9% des cas [9]. D’après le Baromètre santé 2010 de l’Inpes, environ 16% des personnes âgées de 15 à 85 ans souffrent d’une insomnie chronique. Les femmes sont les plus touchées avec 19% et 12% pour les hommes [10].

La somnolence excessive est également très fréquente dans la population. Sa prévalence est estimée entre 4 et 20% en fonction du seuil de sévérité et des études [11]. Selon une enquête INSV-MGEN de 2011, 21% des Français ressentent de la somnolence au moins trois fois par semaine, même après une bonne nuit [12]. La somnolence constitue aujourd’hui un enjeu de santé publique car fréquemment mise en cause dans les accidents de la route [13].

En ce qui concerne les autres troubles du sommeil les plus fréquents, la prévalence du syndrome des jambes sans repos est estimée à 8,5 % dans la population française. Elle augmente avec l’âge et les femmes sont plus atteintes que les hommes. Quant à l’apnée du sommeil, sa prévalence chez l’adulte varie selon les études de 3 à 7% chez les hommes et de 2 à 5% chez les femmes [14]. Cette prévalence augmente avec l’âge et le surpoids. La narcolepsie-cataplexie est quant à elle une maladie rare mais probablement largement sous-diagnostiquée avec une prévalence de 0,05% [11]. La prévalence de l’hypersomnie idiopathique est mal connue mais proche de celle de la narcolepsie à savoir 0,05% [11].