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On distingue deux grandes catégories d’indicateurs acoustiques en fonction des caractéristiques du bruit : les indicateurs énergétiques et les indicateurs événementiels.

Indicateurs énergétiques

Un indicateur énergétique est un indicateur qui représente la moyenne énergétique du bruit sur une période déterminée. L’indicateur le plus connu et le plus utilisé est le niveau continu équivalent (LAeq). Il correspond au niveau sonore moyen sur une période donnée. Il est

généralement calculé sur trois périodes1 de base :

1 Ces trois périodes ont été fixées par la Directive Européenne 2002/49/CE. Cette directive a pour vocation de

définir, à l’échelle de l’Union Européenne, une approche commune visant à éviter, prévenir ou réduire en priorité les effets nocifs de l’exposition des populations au bruit dans l’environnement.

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- LAeq jour appelé Lday pour la période de 6h – 18h.

- LAeq soirée appelé Levening pour la période de 18h – 22h. - LAeq nuit appelé Lnight pour la période de 22h – 6h.

Le niveau continu équivalent sur une journée entière (LAeq24h) est également utilisé.

Le bruit n’est pas perçu de la même façon le jour et la nuit. Pour cela, un indicateur prenant en compte la différence de perception selon la période de la journée est souvent utilisé, à savoir le

Lden. Il est calculé à partir des niveaux équivalents sur les trois périodes de base auxquels sont

appliqués une majoration de 5 dB(A) pour la soirée et une majoration de 10 dB(A) pour la nuit. Le Lden est l’indicateur recommandé par la Directive Européenne de 2002 pour l’évaluation et la gestion du bruit dans l’environnement [46].

Un autre indicateur souvent utilisé est l’indice fractile ou niveau acoustique fractile (LAx). Il représente le niveau de bruit atteint ou dépassé pendant x% (x est compris entre 0 et 100) de l’intervalle de temps considéré. Il est exprimé en dB(A).

Indicateurs événementiels

Les indicateurs événementiels s’intéressent aux pics de bruit. Ils traduisent l’émergence d’un événement sonore particulier par rapport au bruit de fond. Parmi les indicateurs événementiels, on peut citer le niveau instantané maximum (LAmax), le niveau d’exposition sonore (SEL) et le nombre d’événements sonores au-dessus d’un certain niveau (NAx).

Le LAmax est le niveau maximum de bruit mesuré, avec une pondération fréquentielle A, pendant une période de temps donnée. Il représente le niveau maximum atteint lors des pics de bruit et permet la prise en compte de crêtes de bruit élevées. Le SEL correspond quant à lui au niveau d’exposition acoustique. Il est défini comme étant le niveau de pression acoustique pondéré A, constant pendant une seconde et ayant la même énergie acoustique que l’événement original. Cet indicateur permet de quantifier l’énergie d’un pic de bruit et de comparer différents événements sonores provenant d’une même source ou/et de durées différentes. Le NAx représente le nombre d’événements dépassant un seuil de bruit fixé. Par exemple, le NA62 correspond au nombre d’événements dont le niveau maximal LAmax dépasse 62 dB(A). L’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA) préconise l’utilisation de deux de ces indicateurs pour l’évaluation des niveaux de bruit des avions à proximité des aéroports français : le NA62 et le NA65.

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L’exposition au bruit

Les populations, plus particulièrement celles vivant dans les zones urbanisées, sont régulièrement exposées au bruit. Les sources de bruit sont multiples : bruit en milieu professionnel, bruit des transports, bruit de voisinage, musique amplifiée, bruit dans les écoles et au cours des loisirs.

Exposition professionnelle au bruit

Selon l'enquête Sumer (surveillance médicale des risques) de 2010 réalisée en France, 18% de l’ensemble des salariés sont exposés à des niveaux de bruit dépassant 85 dB(A) sur leur lieu de travail [47]. Ce sont les salariés du secteur de la construction qui sont les plus exposés avec plus de la moitié des salariés (57%) exposés à des bruits supérieurs à 85 dB(A). Suivent les salariés de l’industrie (39%) et de l’agriculture (38%). Les expositions de longue durée, plus de 20 heures par semaine, à des niveaux dépassant 85 dB(A) concernent 5% des salariés. Les secteurs les plus impactés sont l'industrie (17%), la construction (11%) et l’agriculture (10%) [47]. Il existe deux seuils réglementaires pour la prévention des risques liés à l’exposition au bruit en milieu professionnel : un seuil d’alerte et un seuil de danger. Pour une durée d’exposition journalière de huit heures, la valeur du seuil d’alerte était de 85 dB(A) et celle du seuil de danger de 90 dB(A). Ces seuils ont été abaissés de 5 dB(A) par une Directive Européenne de 2003 [48]. Ainsi, les nouveaux seuils d’alerte et de danger sont respectivement de 80 dB(A) et 85 dB(A).

Le bruit est reconnu depuis 1963 comme une cause de surdité professionnelle dans un cadre bien précis d’exposition à des bruits traumatiques. Cependant la prévention de la surdité professionnelle est une activité classique des médecins du travail, en particulier dans les BTP mais aussi chez le personnel d’aéroport par exemples.

Exposition au bruit des transports

Près de 60% de la population européenne qui vit en zone urbaine est exposée à des niveaux de bruit des transports supérieurs à la valeur limite réglementaire de 55 dB(A) selon l’indicateur Lden [49]. En d’autres termes, plus de 125 millions d’Européens sont exposés à des niveaux

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considérés comme gênants et pouvant avoir un impact sur leur santé2. Plus de 40% de la

population française totale est exposée au bruit des transports à des niveaux dépassant cette valeur limite réglementaire de 55 dB(A). Près de 17 millions de personnes vivant dans les grandes agglomérations sont exposées à des niveaux de bruit de transport supérieurs à 55 dB(A) selon le Lden [50]. En dehors des grandes agglomérations, la population exposée est estimée à 9,7 millions de personnes [50].

5.2.1. Bruit routier

En Europe, plus de 100 millions d’Européens sont exposés au bruit du trafic routier à des niveaux dépassant 55 dB(A). Environ 32 millions sont exposés à des niveaux dépassant 65 dB(A) [49]. En France, près de 52 millions de personnes sont affectées par le trafic routier pendant la journée selon l’indicateur Lden : 31 millions de personnes sont exposées à un niveau compris entre 42 dB(A) et 55 dB(A), 14 millions entre 55 et 65 dB(A) et 7 millions à des niveaux excédant 65 dB(A) [51]. D’après le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) de 2013, parmi la population française exposée au bruit de transport à des niveaux dépassant 55 dB(A), 75 % est exposée au trafic routier, 18 % au trafic ferroviaire et 6 % au trafic aérien [50].

5.2.2. Bruit ferroviaire

Le bruit ferroviaire est la deuxième source d’exposition prédominant en Europe. Environ 19 millions d’Européens sont exposés à des niveaux de bruit liés au trafic ferroviaire dépassant 55 dB(A) [49]. En France, 4 millions d’individus sont exposés au bruit des trains à des niveaux excédant 55 dB(A) selon l’indicateur Lden [51]. Parmi ces individus, 1 million est exposé à des niveaux supérieurs à 65 dB(A) [51].

5.2.3. Bruit aérien

En Europe, près de 4 millions d’individus sont exposés à des niveaux de bruit du trafic aérien dépassant 55 dB(A) [49]. En France, ce sont les grandes agglomérations et plus particulièrement celles de la région parisienne qui sont les plus survolées par des aéronefs. Environ 1,8 millions

2 L’OMS a en effet établi des valeurs guides à ne pas dépasser, pour les différents milieux, afin de protéger les

populations (voir ).

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de Français sont exposés au bruit des aéronefs à des niveaux supérieurs à 55 dB(A), dont 1,6 millions vivent dans des grandes agglomérations ou à proximité [50].

Exposition au bruit de voisinage

D’après le code de la santé publique, le bruit de voisinage est un bruit de nature à porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme par sa durée, sa répétition ou son intensité, dans un lieu public ou privé. Le bruit de voisinage concerne trois catégories de bruits : bruits de comportement (également appelés bruits domestiques), bruits liés aux activités et bruits de chantiers.

Il n’existe pas d’estimation globale de la population exposée au bruit de voisinage. D’un individu à un autre, l’exposition peut différer selon certains critères : le fait de vivre en milieu urbain ou en milieu rural, la qualité du logement en termes d’isolation notamment, le comportement des voisins, etc.

Exposition à la musique amplifiée

La population et plus particulièrement les jeunes adultes et les adolescents sont constamment exposés à de la musique amplifiée : baladeurs, MP3, concerts, discothèques. Selon l’OMS, dans les pays disposant d’un produit national brut (PNB) intermédiaire à élevé, près de 50% des jeunes âgés de 12 à 35 ans sont exposés à des niveaux sonores dangereux pour leur santé à cause de l’écoute de musique amplifiée par le biais de dispositifs audio personnels. Environ 40% y sont exposés dans des lieux de loisirs [52]. Les niveaux sonores dangereux concernent une exposition supérieure à 85 dB(A) pendant huit heures ou 100 dB(A) pendant 15 minutes [52].

D’après le Baromètre santé de 2014 de l’Inpes, en France, l’écoute fréquente et intensive de musique via un casque ou des écouteurs a triplé entre 2007 et 2014 chez les 18-35 ans, passant de 4% à 13%. Près d’un quart des adolescents (15-19 ans) et 13% des jeunes adultes (15-35 ans) utilisent de manière excessive casques et écouteurs. Cet usage fréquent et intensif diminue avec l’âge et n’est pas lié au sexe [53]. En revanche, la fréquentation des lieux récréatifs (concerts, discothèques notamment) a diminué, mais dans de moindres proportions [53].

41 Exposition à d’autres types de bruit

Les bruits peuvent aussi provenir d’autres sources, comme les activités industrielles et commerciales, les cafés et restaurants, les écoles, etc. Il est difficile d’estimer le pourcentage de personnes exposées à ces types de bruit. Cependant, d’après le sondage Ifop de 2014 sur « les Français et les nuisances sonores », environ 6% des Français sont gênés à leur domicile par le bruit des activités commerciales ou industrielles, 15% par les équipements du domicile (ventilation, tuyauteries, ascenseurs, etc.), 6% par les cafés et restaurants [54].