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Plusieurs facteurs favorisent l’apparition et le développement des troubles du sommeil. Ils peuvent être liés aux caractéristiques personnelles (sexe et âge), au mode de vie, à des troubles d’ordre psychiatrique, psychologique ou physiologique, ou encore à l’environnement.

31 Âge

L’organisation du sommeil varie quantitativement et qualitativement tout au long de la vie. Corman et Léger [15] ont montré qu’avec l’âge, la latence d’endormissement augmente, la durée totale de sommeil et l’efficacité du sommeil sont réduites, et la durée du sommeil lent profond diminue. Ohayon [16] a quant à lui trouvé que la prévalence des difficultés à s’endormir et à maintenir le sommeil augmente de manière linéaire avec l’âge. Elle atteint 50% parmi les individus âgés de plus de 65 ans. Avec le vieillissement, les éveils nocturnes se produisent plus fréquemment [17]. Une étude sur événements de vie et santé (EVS) réalisée en 2005-2006 a montré que l’âge présente des associations spécifiques avec chaque trouble du sommeil. Ainsi, les difficultés à se rendormir augmentent avec l’âge alors que le sentiment de fatigue au réveil diminue avec celui-ci [18].

Sexe

Les femmes sont les plus touchées par les troubles du sommeil. Dans une étude de Léger et al. dans la population française [19], 78% des femmes ont déclaré au moins une plainte de sommeil (68% chez les hommes). Concernant l’insomnie, le taux est plus élevé chez les femmes (23%) que chez les hommes (14%). Lorsqu’on considère la définition DSM-IV de l’insomnie sévère, le taux est presque deux fois plus élevé pour les femmes (12%) que pour les hommes (6,3%). Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de se plaindre de difficultés pour s’endormir, de difficultés de maintien du sommeil, de conséquences diurnes, d’être insatisfaites de leur sommeil et d’avoir un diagnostic d’insomnie [16].

Mode de vie

Les troubles du sommeil sont associés de manière significative à plusieurs facteurs liés au mode de vie. L’abus d’excitants tels que l’alcool [20], le tabac [21], le café [22] et les drogues illicites [23] favorise les perturbations du sommeil. Mener une vie stressante ou subir des événements stressants (un divorce par exemple) peut aussi altérer le sommeil [21][22]. Les travailleurs postés ou de nuit sont également plus susceptibles d’avoir des troubles du sommeil [13][23]. Il a été démontré que les personnes les moins diplômées, celles en difficultés financières, les chômeurs, les inactifs, les personnes veuves ou divorcées souffrent davantage de troubles du sommeil [18].

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Un temps de sommeil de très courte durée a été aussi retrouvé associé à de nombreuses comorbidités chroniques : obésité, diabète de type 2, HTA et maladies cardiovasculaires [27], [28]. À partir d’une méta-analyse, Cappuccio et al. [29] ont montré une tendance constante à l’augmentation du risque d’être court dormeur quand on est obèse, à la fois dans l’enfance et à l’âge adulte.

Troubles mentaux

Il est bien admis qu’il existe une association entre troubles mentaux et troubles du sommeil [25–27]. Ford et Kamerow [30] ont constaté que 40% des personnes souffrant d’insomnie et 47% de celles souffrant d’hypersomnie présentent un trouble psychiatrique (versus 16% des personnes sans troubles du sommeil). Dans une autre étude, 70% des personnes atteintes d’un trouble de l’humeur souffrent également d’insomnie [33]. Ce taux est de 80% pour les individus ayant une dépression majeure et de 90% pour les troubles anxieux [33]. Dans le Baromètre santé de l’Inpes de 2005, les troubles du sommeil sont significativement associés aux antécédents dépressifs, à l’état anxieux et aux idées suicidaires [34]. Le risque de développer un trouble mental est de 4 à 8 fois supérieur chez les individus dont l’insomnie persiste dans le temps [16]. Dans une étude de Ford et Kamerow, les plaintes d’insomnies sont associées à un fort risque de développer une nouvelle dépression majeure (OR = 39,8 ; IC à 95% = 19,8 à 80,0) [30]. Une autre étude a montré que l’efficacité du sommeil et la durée totale du sommeil sont réduites chez les individus souffrant de trouble mental [31].

Maladies physiques

Les personnes en mauvaise santé et notamment celles ayant au moins une maladie chronique, souffrent davantage de troubles du sommeil. Dans une étude sur la prévalence des troubles du sommeil dans la population de Los Angeles, la moitié des sujets présentant des troubles du sommeil ont des problèmes de santé récurrents, persistants ou multiples [35]. Les maladies d’origine virale, les maladies neurologiques, les maladies cardiovasculaires, la fièvre, la fatigue chronique, les maux de tête, la maladie de Parkinson, la maladie de Huntington sont autant de facteurs qui favorisent les troubles du sommeil [26]. L’incidence des troubles du sommeil et leur persistance pendant trois ans sont plus élevées chez les sujets atteints d’une maladie cardiaque, d’un accident vasculaire cérébral (AVC) et d’une insuffisance respiratoire [36]. La persistance des troubles du sommeil pendant trois ans est également associée au diabète [36]. Dans une étude suédoise, Andersson et al. [37] ont trouvé que l’insomnie est l’une des

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conséquences des douleurs chroniques. Il est également bien établi que l’insomnie est plus fréquente chez les personnes atteintes d’un cancer que dans la population générale [38]. Bien que ce ne soit pas toujours une conséquence directe du cancer, les troubles du sommeil préexistants sont souvent aggravés par le cancer [39].

Facteurs environnementaux

L’environnement a un fort impact sur la qualité du sommeil. Les principaux facteurs environnementaux qui peuvent affecter le sommeil sont le bruit, la température et la lumière. L’exposition au bruit faisant l’objet de cette thèse, nous y reviendrons plus loin.

La température de la chambre à coucher est également importante à considérer. En effet, au moment de l’endormissement la température du corps baisse pour atteindre son minimum entre 2 et 5 heures du matin. Cette baisse de température est essentielle à la qualité du sommeil. Selon certaines études, l’exposition au froid ou à la chaleur entraîne donc une perturbation de la structure du sommeil qui se traduit par une augmentation des éveils intra sommeil, une diminution du sommeil à ondes lentes et une fragmentation du sommeil paradoxal [40]. Haskell et al. [41] ont trouvé que les températures ambiantes froides perturbent davantage le sommeil que les températures ambiantes chaudes. Ils ont aussi observé que l’exposition aux températures froides augmente le stade 1, mais diminue le stade 2 et le sommeil paradoxal [41]. Ce dernier est le seul stade réduit de manière significative par la chaleur [41]. Les pourcentages des éveils et la latence du sommeil paradoxal sont plus élevés pendant les nuits chaudes [42]. Les mouvements du corps pendant le sommeil augmentent pour des températures plus élevées et diminuent pour des températures plus basses [42].

La lumière joue aussi un rôle dans la facilitation du sommeil car l’obscurité favorise le bon sommeil et toute lumière peut le perturber, même paupières fermées. L’exposition à des flashs de lumière pendant le sommeil peut perturber ce dernier [40–42]. L’exposition à la lumière en début de nuit retarde la sécrétion de mélatonine, augmente la latence de l’apparition du sommeil et perturbe le rythme circadien [43].

Conclusion

Le sommeil est un état fragile de perte de conscience qui permet au corps de récupérer et est indispensable au moins 6 heures par 24 heures. Le sommeil peut connaître de nombreux dérèglements. Sa satisfaction est de plus en plus contrariée par des agressions extérieures, de

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façon volontaire ou non, parmi lesquelles le bruit constitue une cause majeure, avec en premier lieu le bruit des transports.

II. Le bruit

Définition

Le bruit est défini comme un ensemble de vibrations des molécules d’air qui se propagent en ondes acoustiques et qui engendre une sensation gênante ou désagréable.