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F. Les représentations et les méthodes des médecins généralistes en matière de dépistage

3. Les troubles du développement

Les médecins interrogés sur l’examen du développement psychomoteur de l’enfant sont assez embêtés par cette question qui leur parait « fourre-tout ».

A la question « quels diagnostics recherchez-vous quand vous évaluez le développement psychomoteur de l’enfant ? », les réponses sont les suivantes :

-audition, troubles neurologiques

M1 « pff bah c’est le développement de l’enfant donc après ça nous oriente vers des problèmes d’audition de hum, des problèmes neurologiques. C’est vrai qu’on peut voir, même si souvent on a vu l’enfant aussi évoluer de 0 à 2 ans donc on a parfois eu la puce à l’oreille avant ça mais oui pour un souci de mots…Il m’est arrivé de voir une enfant qui ne pouvait vraiment prononcer aucun mot bon bah là elle est allée chez l’orl direct derrière. J’estimais qu’il fallait contrôler son audition. Ça a été aussi l’occasion de

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montrer aux parents, bon bah vous voyez à cet âge là l’enfant doit au moins dire un mot pour en associer deux, et là en l’occurrence ça n’était pas le cas. »

-propreté, sociabilité, comportement

M2 « peut-être la propreté, le comportement avec les autres enfants aussi je demande, au niveau de la sociabilité. »

-audition, sommeil, comportement, alimentation

M3 « Qu’est-ce que… l’audition c’est autre part ? Psychomoteur ? Les troubles du sommeil ? Mais ça c’est autre part, c’est pas évoqué ça. Oui s’il dort bien si le sommeil, trouble du comportement mais ça c’est plutôt dans l’alimentation. C’est autre chose, s’il fait des crises. Psychomoteur y a pas clonies ? Stridor, je pose la question parce que j’ai eu un cas l’autre fois. »

-retard de développement

M3 « C’est surtout s’il commence à avoir un retard. Les signes de retards psychomoteurs. S’il ne parle pas. Trouble du comportement aussi. J’adresserai en pédiatrie pour avoir un avis. »

-retard des acquisitions, asymétrie motrice

M4 « oui, oui tout à fait. Le retard des acquisitions. Ca nous arrive. Des asymétries motrices qui nécessitent la prise en charge avec un kiné spécifique. Donc on récupère finalement des micro déficits peut être liés à une souffrance au cours de l’accouchement. Et donc on arrive par le seul biais du diagnostic assez précoce et de la prise en charge pluridisciplinaire de récupérer la motricité à peu près symétrique normale et de passer, voilà chez des enfants qui ne sont pas forcément prédisposés. Ou chez des enfants prédisposés et là du coup les pédiatres nous aident bien car leurs services sont très accessibles. Donc on je pense qu’on est assez… on fait pas tout le temps rapidement le diagnostic parfois c’est très subtil mais au fil des consultations… Et puis on fait attention parce que l’examen du nourrisson n’est pas comme celui de l’enfant ou de l’adulte. La part d’interrogatoire des parents fait partie intégrante de la prise en charge du nouveau- né. Et souvent on récupère plein de trucs qui ne sont pas forcément étiquetés comme anomalie clinique mais que nous on va récupérer. Et ça oriente. »

-trouble du langage, audition, troubles envahissant du développement

M6 « bah je regarde surtout le langage, je vérifie souvent l’audition, donc par rapport à ça. Heu je les teste souvent pour l’audition. Et puis je me méfie des troubles envahissants du développement, par rapport au contact, langage, compréhension et attitude aussi des enfants, voilà. Je ne suis pas très tranquille des enfants un peu trop calmes. Mais bon. (Rire) »

-motricité fine

M7 « on regarde aussi souvent la motricité fine, comment il joue avec les mains, on regarde comment il évolue, comment il…"

Certains médecins ont des objets ou des jouets dans leur cabinet pour tester les enfants.

M8 « nomme au moins une image, en général, j’utilise les bouquins avec les animaux les choses de base. »

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M11 « non pas spécialement, bah je dirais c’est au cours de l’examen. En posant des questions à l’enfant, par le jeu etc… parce qu’on a des jouets en plus dans notre cabinet où justement les enfants vont spontanément et on voit un peu, on observe justement comment ils agissent à ce moment-là quoi ! »

L’examen clinique dépend aussi beaucoup du comportement de l’enfant en consultation. M8 « ça c’est pas toujours évident parce que soit l’enfant est coopérant et joue avec toi, communique bien avec toi, il a pas peur, parce que il y en a qui hurlent à peine le moment où tu les mets sur la table ça c’est clair, donc ça c’est forcément plus de la redite des parents » «le problème c’est plutôt pour ceux qui sont pas bien chez toi »

L’interaction avec les frères et sœurs dans le cabinet peut aussi être un bon moyen d’évaluation.

M8 « j’essaie de voir un petit peu comment ils se comportent des fois quand il y a des frères et sœurs. Des fois c’est quand même beaucoup plus simple de voir comment ils discutent etc, comment ils interagissent, savoir si effectivement il y a des associations de mots »

Un des médecins évoque le fait que c’est plus d’après elle un dépistage sur « l’impression » en fonction d’une certaine habitude de la normalité que d’un véritable diagnostic qui se fait ensuite lorsqu’elle adresse au spécialiste :

M8 « Pas vraiment mais j’ai toujours l’impression qu’on est plus sûr…, c’est pourtant difficile de l’objectiver mais plus sur une impression clinique, que sur de l’objectif » Et pour elle, la plus grande difficulté est d’aborder ces anomalies de dépistage avec les parents afin de mettre un suivi en place au plus vite.

M8 « dire aux parents, voilà l’enfant, il a un problème, faut qu’on fasse des examens. Voilà je trouve que ça c’est une difficulté. Mais c’est général, c’est lié au fait que ce soit une annonce à faire pour un enfant. C’est toujours une difficulté et il y a des parents qui ne réagissent pas toujours très très bien. Il faut parfois un an ou deux ans pour obtenir des compléments d’information ou des compléments parce qu’ils n’intègrent pas ça. »