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Troisième axe : le lien entre le développement professionnel et les pratiques

CHAPITRE III MÉTHODOLOGIE

4.2 Résultats du deuxième cas

4.2.4 Troisième axe : le lien entre le développement professionnel et les pratiques

Plusieurs pratiques collaboratives formelles ont été mentionnées par ces participantes lorsqu’elles parlent de leur développement professionnel : communauté d’apprentissage professionnelle (CAP), rencontres cycle ou niveau, travail d’équipe avec une personne ressource et projets pédagogiques en collaboration avec différents membres faisant partie du milieu scolaire. À cela, s’ajoutent des pratiques collaboratives dites informelles qui s’exercent de manière spontanée pour demander conseil, pour partager, pour obtenir du soutien ou tout simplement, pour une question d’échanger sur tout ce qui concerne la pratique. Tout compte fait, la collaboration serait déterminante à l’évolution professionnelle puisqu’elle permet de soutenir la réflexion entre collègues et d’être à l’affût de ce qui se fait de nouveau dans la pratique selon les dires d’une participante :

« Ce n'est pas en restant dans notre classe, à seulement se fier aux manuels scolaires, en restant dans notre coin qu'on va pouvoir s'améliorer en tant qu'enseignante. Donc je dirais aussi, des fois dans les discussions au niveau des réunions d'équipe […] On a confronté nos idées, on a beaucoup discuté. J'ai adoré ça. Parce qu’encore là, je me suis dit, ça me permet de m'améliorer, c'est des façons de faire qui n’étaient pas écrites dans les livres…pas écrites dans les manuels ».

Comme les participantes du premier cas, ces enseignantes ont été à même d’affirmer que les pratiques collaboratives permettent de combler les besoins reliés à l’apprentissage de la pratique enseignante par la spontanéité des échanges vécus. Un milieu stimulant peut avoir une grande influence sur le développement professionnel et sur le bien-être des enseignantes; des personnes inspirantes (modèles positifs) ainsi qu’une atmosphère favorisant la collaboration peuvent inciter les enseignantes à s’engager davantage, à demeurer dans le milieu et à s’émanciper sur le plan

professionnel. Ces participantes y voient aussi un bénéfice pour le bien-être de leurs élèves puisque les collègues seraient à même de contribuer dans l’accompagnement de ces derniers dans leur cheminement scolaire. De plus, les participantes perçoivent la collaboration comme une solution pour obtenir du réconfort dans les moments pénibles. Contribuer à l’enrichissement des collègues dans le cadre de pratiques collaboratives permettrait aussi d’éprouver une certaine valorisation et de se sentir compétente. Du coup, le fait de partager leurs pratiques gagnantes les encouragerait à collaborer davantage, s’attribuant un rôle de mentor auprès des enseignantes qui éprouvent le besoin d’obtenir des ressources professionnelles. Ces participantes ayant entre huit et 16 ans d’expérience sont plutôt enclines à transmettre leurs savoirs aux novices, aux stagiaires et même aux collègues en devenant des personnes-ressources dans leur milieu. Elles ont avoué en retirer une certaine satisfaction en se sentant valorisées dans cette expérience.

Ces participantes se sont exprimées sur les conditions idéales pour les pratiques collaboratives. Ainsi, les pratiques collaboratives vécues au sein d’une école seraient priorisées par rapport aux projets pédagogiques de grande envergure réunissant plusieurs milieux scolaires, ce qui risquerait de ne pas correspondre au contexte réel du milieu selon elles. Les enseignantes sont d’avis que le travail d’équipe doit être lié à la culture de l’école et donner un sens à leur pratique. La collaboration sert alors à développer une vision partagée pour travailler de pair sur les problématiques qui sont vécues par les acteurs, « de communiquer dans l'école et de garder le fil, réfléchir à

voix haute ». Une participante a avoué souhaiter du temps assigné plus formel dans son

milieu scolaire, par exemple sous forme d’une communauté d’apprentissage professionnelle (CAP). Finalement, une autre enseignante voudrait avoir accès, dans son école, à une collaboration qui comprend des personnes-ressources pouvant les aider

dans leur travail lorsqu’ils en ont besoin : « J'aimerais qu'on ait des équipes codisciplinaires, que ça soit intégré dans nos écoles, tu sais comme là, je suis allée chercher de l'aide, j'en avais besoin ».

Les participantes ont indiqué que lorsqu’une certaine chimie ou des affinités se développent avec des collègues, elles profitent davantage du partage fait en travail d’équipe. Elles ont toutefois fait allusion au maintien d’une posture qui demeure professionnelle lors des interactions, ne permettant pas d’espérer trouver des amis mais plutôt des collègues de travail avec qui évoluer professionnellement. Enfin, le soutien de la direction, à travers son rôle motivateur et son leadership positif, doit être mis à profit pour aider à développer cette culture de collaboration qui sert à enrichir le développement professionnel des enseignantes. Et comme les enseignantes précédentes, ces participantes ont mentionné certains facteurs individuels liés aux pratiques collaboratives, dont la peur d’être jugées par les pairs, l’attitude de fermeture et la divergence dans les opinions de la part des pairs qui peuvent freiner le travail d’équipe. En plus, le manque de temps pour se rencontrer et travailler ensemble revient comme un obstacle important.

Même si le développement professionnel s’avère avoir des liens évidents avec la collaboration, l’une d’entre elles s’est dite ouverte aux pratiques collaboratives mais a affirmé être rendue assez autonome pour une pratique en solitaire au besoin :

« […] C’est sûr que des collègues, tu sais, on fait des projets le fun ensemble, j'aime…on a une belle équipe, mais je veux dire, au niveau de l'autonomie, je pourrais être toute seule, puis m'organiser ».