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Pratiques collaboratives qui répondent aux besoins en développement

CHAPITRE III MÉTHODOLOGIE

4.7 Mise en relation des résultats en lien avec les entrevues de groupes

4.7.1 Pratiques collaboratives qui répondent aux besoins en développement

À partir de la liste de départ et de la révision qu’elles ont effectuée, les enseignantes des deux groupes ont indiqué leur accord quant à l’évaluation de neuf pratiques collaboratives qui auraient un niveau de contribution élevé pour le développement professionnel. Les enseignantes des deux groupes ont de plus indiqué leur accord dans l’évaluation de trois pratiques collaboratives qui auraient un niveau de contribution

modéré pour le développement professionnel : réunion de l’équipe-école, journée de formation entre collègues (imposée ou non) et créer des projets avec plusieurs classes (marché de Noël, journal, exposition collective, fête scolaire, etc.).

Il existe cependant des divergences dans l’évaluation des niveaux de contribution des pratiques collaboratives entre les deux groupes. Premièrement, les enseignantes ayant le plus d’années d’expérience professionnelle (17 ans et plus d’expérience) ont nommé presque deux fois plus de pratiques collaboratives qui ont un niveau de contribution élevé (22 pratiques collaboratives), comparativement aux enseignantes possédant entre un et 16 ans d’expérience professionnelle (11 pratiques collaboratives). Parmi 24 pratiques collaboratives identifiées comme ayant un niveau de contribution élevé, incluant les neuf qui ont été ciblées communément par les deux groupes, les participantes ont mis en évidence autant le travail en équipe constitué de deux individus (petite cellule de travail, par exemple demander conseil à une personne ressource ou le mentorat) que les structures de collaboration impliquant plusieurs membres (rencontre cycle ou groupe de partage pédagogique par exemple). Ce constat permet d’affirmer que les enseignantes adhèrent aux pratiques collaboratives parce qu’elles estiment que celles-ci peuvent contribuer à leur développement professionnel. Pour les deux groupes, demander conseil à une enseignante d’expérience (mentorat), a été identifié comme une pratique collaborative qui contribue grandement au développement professionnel, indiquant que cette pratique s’avère un choix peu importe le nombre d’années professionnelles acquises. De plus, les enseignantes ayant 17 ans et plus d’expérience professionnelle ont d’emblée considéré que conseiller une jeune enseignante (comme mentor) a une contribution tout de même modérée pour leur développement professionnel. Cela confirme leur propos à savoir qu’elles retirent autant des échanges

avec ces nouvelles collègues qui entrent dans la profession. Le tableau suivant présente les neuf pratiques collaboratives retenues par les deux groupes d’enseignantes.

Tableau 4.7 Les pratiques collaboratives ayant un niveau de contribution élevé au

développement professionnel

Par ailleurs, les enseignantes des deux groupes ont ciblé neuf pratiques collaboratives dans la liste soumise qui représentent un faible niveau de contribution pour le développement professionnel, tandis que les enseignantes faisant partie de l’autre groupe (17 ans et plus d’expérience) n’ont relevé aucune pratique collaborative dans

Enseignantes ayant entre un et 16 ans d’expérience professionnelle

1. Rencontre pour faire le choix d’une méthode d’apprentissage commune 2. Rencontre de travail avec la conseillère pédagogique

Pratiques collaboratives

choisies par les deux

groupes

1. Demander des conseils à une enseignante d’expérience (mentorat) 2. Échanger du matériel pédagogique

3. Réunion de l’équipe enseignante à caractère pédagogique (évaluations, activités et projets

pédagogiques)

4. Rencontres hebdomadaires entre enseignants de cycle pour discuter progression des

apprentissages

5. Rencontre entre enseignants pour travailler le calendrier de planification (leçons & devoirs) 6. Prendre en référence des ressources choisies en commun avec les collègues

7. Participation à un groupe de partage pédagogique sur un thème particulier (ex.: passage

primaire-secondaire)

8. Échanger avec des personnes-ressources de l’extérieur de l’école 9. Travailler en classe avec une enseignante-orthopédagogue

Enseignantes ayant 17 ans et

plus d’expérience professionnelle

1. Échanger des idées autour de la photocopieuse

2. Échanger de l’information dans la cour de récréation, dans le corridor ou à la porte de la

classe

3. Échanger sur les difficultés vécues avec les élèves 4. Échanger sur les rapports avec les parents

5. Échanges spontanés durant les formations, en congrès ou autres 6. Échanges d’idées ou d’informations sur les réseaux sociaux 7. Enseigner ensemble dans la même classe (coenseignement) 8. Soutien à la rééducation avec orthopédagogue

9. Journée de formation (participation volontaire) entre collègues 10. Observer un ou une collègue qui donne une leçon

11. Rencontre pour analyser en commun les contenus du programme 12. Travail en communauté d’apprentissage professionnelle (CAP) 13. Suivi suite à une formation

ce niveau de contribution (faible). Ces dernières ont jugé que toutes les pratiques collaboratives représentaient plutôt une contribution modérée et même élevée pour leur développement professionnel. Les résultats permettent de formuler quelques constats en lien avec les données des entrevues individuelles. En effet, ces enseignantes croient – sont persuadées que la collaboration de toute nature procure des opportunités d’échanges et de réflexion sur la pédagogie. Elles considèrent encore plus la collaboration comme un moteur essentiel à leur développement professionnel (22 versus 11 pratiques collaboratives pour le groupe ayant moins d’années d’expérience) et sont de plus convaincues qu’il est assez faisable de mettre en place ces différentes pratiques collaboratives dans leurs milieux scolaires.

Les enseignantes du deuxième groupe ont indiqué avoir une préoccupation en lien avec leur formation continue en formulant des besoins de collaboration reliés à la nécessité d’obtenir un accompagnement ou un suivi à la suite de leur participation à des formations. Cette pratique collaborative a été justifiée à plusieurs reprises dans leurs réponses et leurs commentaires durant les entrevues de groupe. Elles ont justifié ce besoin de collaboration avec une personne-ressource afin d’être accompagnées pour s’approprier les nouveaux savoirs issus d’une formation, sans quoi ces connaissances ne sont pas intégrées systématiquement dans leur pratique. Bien que ces pratiques collaboratives soient qualifiées ayant une contribution élevée pour leur développement professionnel, elles ont signifié que celles-ci s’avèrent moyennement ou peu faisables dans leur milieu. Ce constat permet de se questionner au regard de deux éléments : le premier serait de remettre en doute la capacité de juger du niveau de contribution d’une pratique collaborative lorsque celle-ci est en réalité peu faisable à mettre en place dans son milieu (comment juger si on ne peut l’expérimenter?) et le deuxième élément pourrait questionner l’efficacité du transfert des connaissances construites, soit dans le

cadre du travail collaboratif ou de la formation continue, vers la prise en charge autonome dans la pratique individuelle; ce qui soulève le questionnement de savoir si les enseignantes sont en mesure de s’approprier les savoirs de manière autonome, ce qui sera abordé dans le chapitre V.

4.7.2 Pratiques collaboratives qui répondent aux besoins de développement