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CHAPITRE III MÉTHODOLOGIE

4.5 Constats du lien entre les pratiques collaboratives et le développement

4.5.4 Pratiques collaboratives et autonomie professionnelle

Outre le fait que toutes les enseignantes mentionnent apprécier le travail en collaboration avec leurs collègues, une grande majorité affirme être en mesure de travailler de manière autonome, sans toujours suivre les collègues ou faire les mêmes choses qu’elles. Elles ont indiqué que ce pouvoir d’autonomie est indispensable pour prendre des décisions professionnelles, pour aller chercher les ressources nécessaires au moment où elles en ont besoin mais surtout et pour définir leur pratique à leur image. Parmi toutes les participantes, plusieurs se disent satisfaites de leur cheminement professionnel parce qu’elles ont déployé les efforts pour s’approprier les nouvelles connaissances. D’emblée, elles ont affirmé avoir pris souvent les devants pour parfaire leur développement professionnel, se qualifiant d’autodidactes pour expliquer le fait qu’elles s’engagent de manière autonome à aller chercher les ressources nécessaires et se les approprier quand le besoin est prioritaire. Ainsi, leur engagement dans la formation continue passe par leur volonté d’y participer et de mettre en place les moyens pour y accéder. Est-ce que ce sentiment d’autosuffisance peut être un obstacle à la collaboration?

L’autonomie professionnelle serait liée au besoin de trouver les ressources soi-même pour résoudre les problématiques et de s’adapter aux changements qui surviennent durant le parcours. À la lumière de ces résultats, il apparait que les enseignantes expriment la préoccupation de préserver leur autonomie lorsqu’elles pensent à travailler en collaboration avec d’autres collègues. Les enseignantes du deuxième cas ont même déclaré se considérer assez autonomes pour évoluer dans une pratique en solitaire si le travail en équipe ne convient pas. Il est donc évident que la collaboration est considérée dans le seul but de répondre à ses propres besoins et non pour contribuer à la réflexion collective. Ce constat amène alors la question suivante : quel lien existe- t-il entre autonomie professionnelle et collaboration ? Cet aspect sera discuté dans le chapitre V.

En conclusion, l’analyse des données des entrevues individuelles indique qu’il y a un consensus pour les enseignantes des quatre cas en ce qui a trait à la présence d’un lien entre les pratiques collaboratives et le développement professionnel. Elles ont par le fait même mis en évidence l’importance de la collaboration dans leur parcours professionnel à travers leurs expériences de travail en équipe avec des collègues dans leurs milieux respectifs. Les participantes, peu importe le nombre d’années cumulées dans la profession, ont fait part de leur participation à des pratiques collaboratives autant improvisées qu’organisées. En effet, leur ouverture à la collaboration transparait dans les propos recueillis dans le cadre des entrevues individuelles. Ce qui diffère cependant entre les cas est plutôt relié aux conditions singulières de leur engagement à s’inclure dans une équipe de travail lorsque vient le temps d’initier les pratiques collaboratives. En effet, les enseignantes du premier cas ainsi que celles du deuxième démontrent une volonté à collaborer qui est conditionnelle; si les visées de la collaboration ne correspondent pas à leurs attentes initiales ou à leurs besoins

immédiats, ces enseignantes ne semblent pas enclines à s’engager dans les pratiques collaboratives. L’hypothèse que ces jeunes enseignantes prioriseraient avant tout un partenariat de mentorat est plausible puisqu’elles ont affirmé avoir besoin de modèles inspirants ou d’enseignantes expérimentées pour s’approprier les connaissances de la pratique. De surcroît, les enseignantes du deuxième cas disent avoir le réflexe de considérer en premier leur autonomie professionnelle pour faire le choix d’une pratique enseignante en solitaire s’il y a lieu. En ce qui concerne les enseignantes du troisième cas ainsi que celles du quatrième cas, leur volonté à collaborer s’exprime de manière plus évidente que les deux premiers cas (premier et deuxième cas). Elles auraient des intérêts différents des deux premiers cas tels qu’aider les plus jeunes enseignantes par le mentorat et le besoin de réfléchir avec les pairs afin de s’adapter aux changements qui surviennent dans la pratique. Elles sont ouvertes à collaborer mais ne déploient pas nécessairement les efforts pour initier des projets collectifs. Autrement dit, l’incitation à travailler en équipe exigerait plus souvent qu’autrement un premier pas de l’autre. Toutefois, elles admettent qu’il est nécessaire de faire l’effort d’aller vers les collègues pour retirer les bénéfices des échanges et des réflexions. Il pourrait s’agir d’une différence marquante de la vision des pratiques collaboratives entre les deux cas précédents (premier et deuxième cas) et ces participantes (troisième et quatrième cas). Elles adhèrent à une collaboration qui leur permet de transmettre leur savoir ou bien, à d’autres occasions, elles s’intègrent à des pratiques collaboratives leur donnant la chance de réfléchir à haute voix et d’échanger des idées. Somme toute, le besoin de nourrir des aspirations purement personnelles (répondre aux besoins immédiats, partager les tâches, transmettre le savoir acquis ou mener une réflexion sur la pédagogie) conduit à l’envie de collaborer avec ses pairs. Il demeure que les pratiques collaboratives ne sont pas perçues dans ce cas-ci dans le sens de coconstruire un projet collectif. Ces éléments seront repris dans le chapitre de la discussion.

Ainsi se termine l’analyse des entrevues individuelles. La prochaine partie présentera l’analyse des données issues des deux entrevues de groupe qui permettra de répondre aux deux objectifs de la recherche.