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L A TROISIÈME APPROCHE :

Gilbert F ACCARELLO

7. L A TROISIÈME APPROCHE :

LA DÉDUCTION DIALECTIQUE DES CONCEPTS

La déduction précédente de la monnaie à partir de l’individualisation de la différence spécifique présentée par le mode de production capita-liste au regard des autres types de société, si elle est nécessaire à la réali-sation du projet de Marx, peut cependant être jugée insatisfaisante car elle ne permet pas de satisfaire à la troisième exigence du projet initial (ci-dessus, § 2.3). Elle fait apparaître, certes, la monnaie comme intime-ment liée à l’économie de marché et à la propriété privée des moyens de production. Mais, d’une part, elle induit une démarche qui conteste celle en termes de travail incorporé, sur laquelle est fondée l’idée de l’insta-bilité et du caractère explosif de ce type de société. Et, d’autre part, elle ne débouche pas sur le rapport capital-travail et ne montre donc pas en quoi une économie monétaire est une économie capitaliste. Il reste donc une étape à franchir : montrer en quoi le rapport monétaire débouche inéluctablement sur le — ou est équivalent au — rapport capitaliste d’exploitation. C’est l’objet de la troisième démarche que Marx met en œuvre.

Les points de départ des deux premières approches étant manifeste-ment inadéquats au regard de la troisième exigence, il faut en changer.

C’est ce que fait Marx implicitement. Par une série de considérations sur le « double » aspect de la marchandise, il « déduit » la monnaie, puis le capital, et enfin le travail salarié et les différentes formes du capital.

7.1. La « contradiction » de base

La marchandise est qualifiée par Marx d’objet « double » : elle est à la fois valeur et valeur d’usage (1872-75), ou plus précisément valeur d’échange et valeur d’usage (1859) — le concept de valeur absolue (1872-75), en effet, n’étant en toute rigueur compatible qu’avec la pre-mière approche (l’optique classique des prix naturels). La marchandise est dite « unité immédiate » de ses deux déterminations, et « contradic-tion immédiate » dans la mesure où cette unité est celle de « deux réalités opposées ».

Cette simple caractérisation — qui demande à être explicitée — nous met d’emblée en mesure d’établir en quoi ce point de départ contredit ceux des premières démarches.

(i) La non-adéquation avec la seconde approche est évidente : l’opti-que historil’opti-que définit le « travail abstrait » et la « valeur » par l’échange et la monnaie, alors qu’à présent la valeur d’échange est présupposée et la « contradiction » qu’elle engendre avec la valeur d’usage sert — on va le voir — à déduire le concept de monnaie.

(ii) L’opposition avec la première approche (l’optique en termes de

« prix naturels »), bien que plus camouflée, n’en existe pas moins : elle réside dans la redéfinition, effectuée par Marx, des termes de valeur et de valeur d’usage. Au sens de la première optique, ces concepts

possèdent une signification positive déterminée : la valeur est la quantité de travail incorporé, et la valeur d’usage, telle que cette notion apparaît dans la problématique des prix naturels et dans la déduction marxienne de la valeur-substance, n’exprime que l’aspect physique, qualitativement spécifique, concret, du produit du travail — l’objet-marchandise. On ne voit pas en quoi ces aspects sont « contradictoires ». Afin d’être en mesure de les « opposer », Marx leur confère implicitement un sens différent, ce qui lui permet de jouer ensuite sur les mots. Cette signification différente peut être dégagée de l’examen de la

« contradiction » inhérente à la marchandise.

Pour affirmer cette « contradiction », Marx déclare tout d’abord que les déterminations de la marchandise, sa valeur et sa valeur d’usage, sont incomplètes avant l’échange : elles ne sont que potentielles et de-mandent à être réalisées. Il ajoute d’autre part que la « contradiction » réside précisément en ce que chacune d’entre elles requiert, pour deve-nir effective, que l’autre le soit auparavant : aucune des deux ne peut donc apparemment le devenir. Les points essentiels du raisonnement sont les suivants :

(i) La marchandise n’est pas immédiatement valeur, elle doit le devenir :

« telle qu’elle est de façon immédiate, elle est seulement du temps de travail matérialisé, ayant un contenu particulier, et non du temps de travail général. Elle n’est donc pas immédiatement valeur d’échange, mais doit d’abord le devenir. En premier, elle ne peut être matérialisation du temps de travail général qu’autant qu’elle représente du temps de travail appliqué à un but utile déterminé, donc contenu dans une valeur d’usage. C’était seulement à cette condition matérielle que le temps de travail contenu dans les marchandises était supposé travail général, so-cial ». Par conséquent, la marchandise « ne peut […] se réaliser comme valeur d’échange qu’en s’affirmant valeur d’usage dans son aliénation » (1859, p. 21).

(ii) La marchandise n’est pas immédiatement valeur d’usage, elle doit le devenir : elle « est valeur d’usage, froment, toile, diamant, machine, etc., mais en même temps, en tant que marchandise, elle n’est pas valeur d’usage. Si elle était valeur d’usage pour son possesseur, c’est-à-dire un moyen immédiat de satisfaire ses propres besoins, elle ne serait pas marchandise […]. Pour son possesseur, elle n’est plus valeur d’usage qu’en tant que valeur d’échange. Il faut donc que la marchandise devienne valeur d’usage, en premier lieu pour d’autres […]. Pour devenir valeur d’usage, la marchandise doit affronter le besoin particulier, pour lequel elle est objet de satisfaction. Les valeurs d’usage des marchandises deviennent donc valeurs d’usage en permutant de façon universelle, en passant des mains où elles sont moyens d’échange dans celles où elles sont objet d’usage. C’est seulement en vertu de cette aliénation universelle des marchandises que le travail qu’elles recèlent devient du travail utile […]. Pour se réaliser comme valeurs d’usage, il faut donc qu’elles se réalisent comme valeurs d’échange » (ibid., p. 20-21).

(iii) Conclusion : « Ainsi s’établit […] un ensemble d’exigences contradictoires, la réalisation de l’une des conditions étant directement liée à la réalisation de son contraire » (ibid., p. 22).

Il est clair que Marx joue ici sur les significations différentes qu’il accorde aux termes de « valeur » et de « valeur d’usage ».

Pour ce qui concerne la « valeur » (point i), celle-ci peut être définie comme du travail incorporé : comme telle, elle n’a alors rien à voir avec l’échange et donc avec la réalisation préalable de la valeur d’usage.

Mais, on l’a vu, elle peut être alternativement définie comme la sanction sociale du travail privé : elle n’existe donc pas avant l’échange (elle n’est qu’anticipée) et nous retrouvons là l’opposition entre les deux premières approches. Puisque la valeur qui est mentionnée ici ne saurait logique-ment consister en travail incorporé, au sens habituel du terme, car il n’y aurait alors aucune « opposition » avec la valeur d’usage, ni en monnaie anticipée (car on ne peut supposer un résultat, la monnaie, pour le « dé-duire » ensuite), une troisième solution s’offre à nous : la valeur, malgré les ambiguïtés de langage, est le rapport d’échange chaque fois différent que l’échangiste possédant la marchandise en question pense réaliser vis-à-vis de toute autre marchandise contre laquelle il peut la céder.

Cette valeur peut alors traduire le concept hégélien de valeur-substance (au sens de la « totalité des particularités ») ou une simple opération potentielle de troc. Pour qu’il y ait « contradiction », il faut donc nous placer du point de vue subjectif de l’échangiste isolé.

Pour ce qui concerne la « valeur d’usage » (point ii), il est clair là aus-si que la définition en est implicitement modifiée. Ce n’est qu’en passant de la définition physique ou « objective » classique, liée à la problémati-que des prix naturels et nécessaire à la première approche, à celle d’un rapport de consommation ou d’utilité qu’une chose est susceptible de fournir à son possesseur immédiat que Marx peut dire, en jouant sur les deux tableaux, que la marchandise est et n’est pas en même temps va-leur d’usage. Seule la deuxième définition permet d’affirmer que celle-ci n’est véritablement valeur d’usage qu’une fois l’échange effectué.

Dès lors (point iii), même en tenant compte de ces glissements de sens, la contradiction entre la valeur et la valeur d’usage est purement formelle car les deux aspects se « réalisent » en fait simultanément. No-tons que la reformulation de la signification des termes de valeur et de valeur d’usage est en accord avec ce que dit Hegel dans les Principes de la philosophie du droit (1821, § 59 et 61).

Marx, cependant, a besoin de cette opposition première et fondamen-tale. À la manière hégélienne, il en fait le principe d’un mouvement dia-lectique qui engendre les autres concepts de l’analyse tout en la reproduisant chaque fois (et en la « résolvant » chaque fois à un niveau plus élevé) sous une forme développée. La solution de toute contradic-tion, lit-on dans Le Capital, n’est que « la forme dans laquelle elle peut se mouvoir ». C’est ce qu’il faut préciser.

7.2. Un procédé déductif emprunté à Hegel

La prétendue contradiction entre la valeur et la valeur d’usage en-gendre un processus de renvoi à l’infini de deux qualités, la réalisation de l’une supposant celle de l’autre. Ce mouvement d’alternance sans fin entre deux déterminations qualitatives d’un concept, nous le retrouve-rons aussi par la suite sous la forme d’une progression tout aussi infinie mais quantitative : il constitue un emprunt à la Logique de Hegel. Plus précisément, il s’agit de ce que Hegel appelle la « fausse infinité », le

« mauvais infini » ou encore le « devoir être ». Comme Marx en fait sys-tématiquement usage dans cette troisième approche, il convient de s’y arrêter brièvement pour en saisir la signification.

L’enchaînement des concepts s’effectue, chez Hegel, par le moyen de la dialectique des abstractions indéterminées qui « se réclament » les unes et les autres. C’est ainsi qu’en partant de l’être pur indéterminé l’on passe au néant, puis au devenir, à l’être-là (présence), et ainsi de suite.

Le mouvement est engendré par les déterminations conceptuelles elles-mêmes. Chaque concept apparaît comme la synthèse d’une opposition précédente et le point de départ d’une nouvelle contradiction, jusqu’à l’Idée absolue qui marque le terme de la progression. « La relation qui comprend un concept, une unité synthétique, n’est une relation nécessaire que pour autant qu’elle n’a pas été trouvée par anticipation, mais se dégage toute seule du mouvement des moments visant à rentrer dans cette unité » (Hegel, 1831, t. I, p. 64).

Cependant un aspect important de la dialectique conceptuelle chez Hegel doit être remarqué. L’enchaînement des concepts ne se fait pas toujours sur ce mode automatique mais bute parfois sur une « limite » : le phénomène du « devoir être ». Apparaît alors (i) soit un processus de renvoi à l’infini entre deux déterminations qualitatives, (ii) soit une pro-gression à l’infini d’une même limite quantitative. Le va-et-vient inces-sant entre les deux termes d’une contradiction, et la progression à l’infini du dépassement de la limite qui se retrouve posée de nouveau par ce dépassement même, expriment chacun à leur manière la contradiction de départ sans en constituer la solution « véritable ».

Comment rétablit-on alors la « véritable infinité », c’est-à-dire com-ment se résout la contradiction dont le phénomène de « fausse infinité » est l’expression ? Dans le cas de fausse infinité qualitative comme dans celui de la fausse infinité quantitative, la solution est la même. Ces pro-cessus « contiennent déjà leur vérité qu’il ne s’agit plus que d’extraire » (ibid., p. 145). Cette vérité est un nouveau concept exprimant l’unité des termes de la contradiction. En somme, la progression à l’infini, qualita-tive comme quantitaqualita-tive, oppose alternaqualita-tivement des déterminations dont la réapparition récurrente démontre l’aspiration à l’unité.

Pour les besoins de ce chapitre (pour plus de détails, voir Faccarello, 1983, chapitres 15 et 16), il suffit de préciser que, pour satisfaire à sa troisième exigence, les principales déductions de Marx sont effectuées sur ces modèles. Pour la déduction du concept de monnaie comme pour

celle du concept de capital, interviennent chaque fois une alternance qualitative et une progression quantitative.

Une dernière remarque. L’exposé de la démarche dialectique ne nous permet pas seulement de saisir ce que Marx, une fois de plus, doit à Hegel, mais aussi de comprendre toute une série de remarques et d’annotations diversement interprétées jusqu’ici. Dans ses notes sur Wagner, par exemple, Marx affirme « que ce ne sont ni la valeur, ni la valeur d’échange qui figurent chez moi comme sujets, mais la marchandise » (1881-82, p. 241-242). L’indication est répétée, sous une autre forme, à propos des Principes de Ricardo : il suffit de supposer au départ l’existence des marchandises car « il n’y a rien d’autre à supposer lorsqu’on considère la valeur en soi » (1861-63b, t. II, p. 187). Les autres déterminations et catégories de l’analyse doivent en être déduites. D’une manière générale, « la forme de la médiation, Ricardo ne l’a nulle part étudiée » (1857-58, t. I, p. 266), et ceci constitue sa principale limite.

La déduction dialectique des concepts, fondement de la troisième approche mise en œuvre par Marx, laissera probablement les lecteurs perplexes. Notons que Marx lui-même marque quelques hésitations.

Dans les Grundrisse, il note, comme en passant, qu’il « sera nécessaire de corriger la manière idéaliste de l’exposé qui fait croire à tort qu’il s’agit uniquement de déterminations conceptuelles, et de la dialectique de ces concepts » (1857-58, t. I, p. 86). Dans la version primitive de la Contribu-tion, il remarque que la « forme dialectique de l’exposé n’est juste que lorsqu’elle connaît ses limites » (1858, p. 253), formule sibylline s’il en est. Enfin, il faut noter que si l’on retrouve dans les différentes versions du Capital des fragments plus ou moins combinés des trois approches, une chose a définitivement disparu : la déduction dialectique du capital et du travail salarié à partir du concept de monnaie. Comme raison de la non-publication du manuscrit (1858) dans lequel elle se trouve le plus clairement exprimée, et qui forme la suite de la Contribution, l’auteur avance des motifs de prudence politique (lettre à Lassalle, 28 mars 1859 ; voir également les lettres à Engels, 13-15 janvier 1859 et à Weydemeyer, 1er février 1859). On peut cependant penser que le caractère « idéaliste » de l’affaire ressortait par trop à l’évidence, tombant sous le coup des critiques de 1843-45.

7.3. La déduction dialectique des concepts (I) : de la marchandise à la monnaie

Reprenons la « contradiction » contenue dans la marchandise, entre la valeur et la valeur d’usage, pour laquelle la réalisation de l’un des aspects présupposerait celle de l’autre, et inversement, engendrant ainsi un processus de renvoi à l’infini entre deux qualités. La « forme dans laquelle elle peut se mouvoir » est (i) la scission de la marchandise par la dissociation et l’autonomisation des termes « contradictoires », (ii) une acquisition par chacun d’entre eux d’un « double sens » et (iii) une

do-minance de l’un sur l’autre faisant apparaître le nouveau concept dont la

« fausse infinité » marque l’absence et réclame la venue.

C’est le dédoublement de la marchandise en marchandise et monnaie. Dans la circulation, les marchandises apparaissent comme autant de valeurs d’usage particulières, à la valeur potentielle. Elles font face à la monnaie, « valeur » autonomisée, à la valeur d’usage potentielle. La « contradiction » interne à la marchandise s’est extériorisée en opposition entre marchandise et monnaie. « Dans la vente M — A [Marchandise-Argent], de même que dans l’achat A — M, deux marchandises s’affrontent, toutes deux unités des deux valeurs d’échange et d’usage, mais, dans la marchandise, sa valeur d’échange n’existe qu’idéalement sous forme de prix, tandis que dans l’or [la monnaie], bien qu’il soit lui-même une valeur d’usage réelle, sa valeur d’usage existe seulement comme support de la valeur d’échange et, partant, seulement comme valeur d’usage formelle ne se rapportant à aucun besoin individuel réel. L’opposition entre valeurs d’usage et d’échange se répartit donc aux deux pôles extrêmes de M — A de telle sorte que la marchandise est valeur d’usage vis-à-vis de l’or, une valeur d’usage qui ne doit réaliser sa valeur d’échange idéale, le prix, que dans l’or, alors que l’or est vis-à-vis de la marchandise valeur d’échange, qui ne matérialise que dans la marchandise sa valeur d’usage formelle. C’est seulement par ce dédoublement de la marchandise en marchandise et en or [monnaie], par la relation, double encore et contradictoire, dans laquelle chaque terme extrême est idéalement ce que son contraire est réellement et vice-versa, c’est donc seulement par la représentation des marchandises comme des contraires polaires doublement opposés que se résolvent les contradictions contenues dans leur procès d’échange » (1859, p. 60-61).

Mais il ne s’agit là que du principe général de la déduction de la monnaie. Marx cherche à préciser celle-ci. Nous avons vu que le concept de valeur impliqué dans la « contradiction » de départ suppose en fait un rapport de troc. Dès lors, le premier échange se fait non pas sur le mode M — A mais M — M’ (où M’ représente une certaine quantité d’une autre marchandise). Il s’agit de la « forme simple ou accidentelle de la valeur » : « L’opposition interne entre valeur d’usage et valeur, opposition qui reste cachée dans la marchandise, est ainsi représentée par une opposition externe, c’est-à-dire par le rapport de deux marchandises, rapport dans lequel l’une des marchandises, celle dont la valeur doit être exprimée, ne compte immédiatement que comme valeur d’usage, tandis que l’autre, celle dans laquelle la valeur doit être exprimée, ne compte immédiatement que comme valeur d’échange. La forme valeur simple d’une marchandise est ainsi la forme phénoménale simple de l’opposition qui existe dans cette marchandise entre valeur d’usage et valeur » (1890, p. 204).

C’est à partir de cette « forme simple » que Marx tente de déduire le concept de monnaie-marchandise et de passer logiquement du troc au contraire du troc, i.e. à l’échange monétaire, la première forme étant

« pour ainsi dire la forme celllulaire, ou, comme aurait dit Hegel, l’en-soi de l’argent » (1867a, p. 49, note). La déduction est nécessaire, faute de quoi il surgirait une opposition, bien réelle cette fois, entre une contra-diction initiale qui impliquerait conceptuellement la présence de la monnaie mais ne se résoudrait qu’en une opération de troc. La solution proposée par Marx forme l’analyse des « formes de la valeur » (1872-75, chapitre I, § III) qui peut se résumer brièvement de la manière suivante.

Dans la forme simple, 20 mètres de toile = 1 habit, par exemple, la marchandise cédée n’exprime sa valeur que par rapport à une seule autre marchandise. La toile exprime sa valeur sous une « forme rela-tive », et l’habit joue le rôle de « forme équivalent ».

La première marchandise est ensuite mise en équation avec des quan-tités diverses de toutes les autres marchandises : 20 mètres de toile

= 1 habit, ou 10 livres de thé, ou 40 livres de café, ou 2 onces d’or, ou 1/2 tonne de fer, etc. C’est la « forme ou valeur totale développée » de la toile, les marchandises avec lesquelles elle est mise en rapport formant autant d’« équivalents » particuliers. Toute tentative effectuée pour dé-passer un équivalent particulier en égalisant successivement la mar-chandise à certaines quantités de toutes les autres, dans un mouvement de fausse infinité quantitative, s’avère vaine : la barrière (le caractère particulier, et non général, de l’équivalent) est rétablie aussitôt levée.

Le passage à la « forme valeur générale » est alors opéré par Marx au moyen du renversement de la série des équivalents particuliers, toutes les marchandises exprimant à présent leur valeur dans la toile. Par ce renversement, la première marchandise forme l’équivalent unique de toutes les autres : elle est « équivalent général », monnaie. La valeur, affirme Marx, trouve enfin une expression unitaire et générale « qui

Le passage à la « forme valeur générale » est alors opéré par Marx au moyen du renversement de la série des équivalents particuliers, toutes les marchandises exprimant à présent leur valeur dans la toile. Par ce renversement, la première marchandise forme l’équivalent unique de toutes les autres : elle est « équivalent général », monnaie. La valeur, affirme Marx, trouve enfin une expression unitaire et générale « qui