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L A PREMIÈRE APPROCHE ( III ) :

Gilbert F ACCARELLO

5. L A PREMIÈRE APPROCHE ( III ) :

LES PRIX DE PRODUCTION ET LE PROBLÈME DE LA

«

TRANSFORMATION

»

DES VALEURS EN PRIX

5.1. Quelques remarques historiques

Quand Marx en vint-il à prendre en compte les distorsions introduites par l’exigence d’un taux général de profit ? Le problème n’est traité ou annoncé explicitement ni dans les Grundrisse (1857-58), ni dans la Contribution à la critique de l’économie politique (1859), ni dans les écrits antérieurs. Pour ce qui est de ces ouvrages, seule la théorie de la valeur-travail y est exposée. Marx se contente de corriger une première

« confusion » de Ricardo et de rejeter son concept de « valeur du travail » en introduisant celui de « valeur de la force de travail ». Mais la seconde confusion de Ricardo, entre « valeur » et « prix », n’est pas encore analysée.

Du mois d’août 1861 au mois de janvier 1862, Marx travaille à la suite de la Contribution qu’il interrompt pour se pencher sur l’histoire de l’économie politique ; le manuscrit qu’il nous laisse à ce sujet sont les Théories sur la plus-value. C’est lors de ces recherches historiques qu’intervient un élément nouveau qui l’oblige à modifier sa

construc-tion : « Sous un certain angle, mon travail (le manuscrit pour l’impres-sion) avance bien », écrit Marx à Engels le 15 août 1863 (1849-95, p. 143) ;

« […] je considère maintenant cette construction, et […] je vois combien j’ai dû tout bouleverser ». Il s’agissait du fait, commente V. Vigodsky (1967, p. 79) « que la théorie de la plus-value, dans la forme sous laquelle elle avait été élaborée dans les Grundrisse ne pouvait pas être considérée comme achevée […]. Mais après avoir fait cela, il devait parcourir le chemin inverse et montrer comment la plus-value “règle” toutes les autres catégories du mode de production capitaliste : le profit, le profit moyen, la rente foncière, l’intérêt etc. […]. En bref, il était nécessaire de compléter la théorie de la plus-value par la théorie du profit moyen et du prix de production. Marx résolut ce problème au cours de son travail sur les Théories sur la plus-value ».

C’est en tant que sous-produit de la théorie de la rente absolue qu’il permet alors d’asseoir (ci-dessous, § 8) que la solution au problème de la transformation est annoncée dans une lettre à Engels datée du 2 août 1862 (Marx 1849-95, p. 120-125). Il en résulte que la prise en compte des problèmes liés au taux de profit uniforme et à la scission de l’analyse en deux niveaux n’apparaît incidemment que dans les Théories sur la plus-value (1861-63b) pour être développée dans le livre III du Capital rédigé vers 1864-1875. Elle est de toute façon antérieure à la rédaction du livre I et ne peut par conséquent pas être considérée — contrairement à ce que prétendent certains critiques — comme une « correction tardive » du premier livre.

5.2. Le passage de la valeur-travail au prix de production Les hypothèses

La logique du passage de la valeur au prix se décompose en deux temps : la mise au jour des hypothèses du raisonnement et la formalisa-tion de celui-ci.

Fondamentalement, Marx entend demeurer, en matière de prix comme de valeur, dans l’optique classique des prix naturels. Il prend donc à son compte toutes les hypothèses héritées de cette problémati-que. Mais il en ajoute d’autres, non essentielles, simplement destinées à lui faciliter la tâche dans l’exposé de ses principes. C’est ainsi que seul le capital « productif » est pris en compte, les autres formes de capital (commercial, porteur d’intérêt…) et les questions liées à la rente foncière étant reléguées à une étape ultérieure de l’analyse.

Vient ensuite une série d’hypothèses habituelles en la matière : la valeur de la monnaie, la longueur de la journée de travail, la productivi-té et l’intensiproductivi-té du travail, le niveau des salaires, et le taux de plus-value par voie de conséquence, sont considérés comme donnés et constants.

Enfin « lorsque, au cours de cette étude, nous parlons de composition ou de rotation du capital dans un secteur donné de la production, nous supposons toujours que le capital investi dans ce secteur l’a été dans le

rapport moyen normal. De façon générale, nous supposons qu’il s’agit de la moyenne du capital total investi dans le secteur donné et non des différences fortuites qui existent entre les capitaux individuels investis dans ce secteur » (1894, t. I, p. 161).

Le temps de rotation des différents capitaux est supposé uniforme et constant. Il est formé de la somme du temps de production et du temps de circulation, c’est-à-dire par le laps de temps qui s’écoule entre le moment où le capital est investi en éléments de la production et où il revient au capitaliste sous forme monétaire. Si des capitaux possèdent des temps de rotation différents, alors celui dont le temps de rotation est le plus bref sera à même de recommencer, pendant une période donnée, davantage de cycles de production que ne le font les autres capitaux, donc de créer plus de plus-value qu’eux avec le même capital total, et par conséquent d’avoir un taux de profit supérieur, toutes choses égales par ailleurs. La différence provient du fait que seul le capital constant circulant et le capital variable doivent être avancés au début de chaque cycle de production, mais non le capital fixe. Dans la prise en compte des différentes branches pendant une période donnée, ce fait se traduit simplement par la masse des capitaux avancés dans chaque branche en moyenne pour la période : ce qui équivaut en fait, sur le plan logique, à formuler l’hypothèse citée.

Une dernière hypothèse doit enfin être rappelée : elle postule l’uniformité du taux de plus-value dans toute l’économie (ibid., p. 159).

De la valeur au prix de production

Nous pouvons à présent apprécier la manière avec laquelle Marx ré-soud l’apparente contradiction entre la loi de la valeur et l’uniformité du taux de profit. Simplement en adoptant une autre théorie des rapports d’échanges, les « prix de production », précisément fondés sur cette uniformité des taux de profit. La loi de la valeur serait-elle donc sans objet, et avec elle la théorie de l’exploitation ? Non, répond Marx, car (i) sans la théorie de la valeur il serait impossible de déterminer les prix de production, et (ii) sans la théorie de l’exploitation il serait impossible de comprendre le profit et de connaître sa grandeur. Ce passage de la va-leur au prix de production est exposé et discuté dans le livre III du Capi-tal (chapitres 9 et 10 dans l’édition Engels ; chapitres 6 et 7 dans l’édition Rubel).

La solution de Marx, exposée au travers de son célèbre schéma de la transformation des valeurs en prix de production, consiste en ceci : (i) au coût de production des marchandises produites dans les différen-tes branches (les αCi + vi = ci + vi), il faut ajouter une masse de « profit moyen » (notée πi) :

pi = (ci + vi) + πi

(ii) dans chaque branche, le coût de production est connu grâce à la loi de la valeur : il est exprimé en valeur ;

(iii) la masse de profit moyen attribué à chaque branche et qu’il faut

ajouter au coût de production pour obtenir le « prix de production » est calculée grâce à la connaissance du taux général de profit (noté ρ) qui prévaut dans l’économie et de celle des masses des capitaux respective-ment investis dans les branches (les Ki = Ci + vi) : pour chaque branche, elle résulte du produit de la masse de capital total avancé dans cette branche par le taux général de profit :

πi = ρKi

(iv) le taux général de profit ρ, qui s’impose ainsi aux branches, est connu, lui aussi, grâce à la loi de la valeur : il est déterminé par le rap-port de la plus-value totale produite dans l’économie (i.e. la somme des plus-values issues des différentes branches : Σpli) à la masse totale des capitaux avancés dans toutes les branches (ΣKi) :

ρ = Σpli/ΣKi.

Le principe de ce que Marx appelle la « transformation » des valeurs en prix de production repose donc sur une sorte de « communisme capi-taliste » exigé par la concurrence des capitaux. La plus-value globale de l’économie, c’est-à-dire la somme des plus-values produites dans toutes les branches pendant une période donnée, est comme mise en commun et, par le jeu des nouveaux rapports d’échange (les prix de production), redistribuée aux branches. Cette redistribution se fait non pas en fonc-tion des seules quantités de capital variable avancé dans les branches, mais en proportion des masses de capitaux totaux qui y sont investis.

Ainsi, les branches dont le capital variable est relativement élevé par rapport au capital constant engagé (i.e. dont la composition organique est relativement faible) créent davantage de plus-value qu’elles n’en récupèrent sous forme de profit moyen ; et celles dont le capital variable est relativement faible par rapport au capital constant engagé (i.e. dont la composition organique est relativement forte) créent moins de plus-value qu’elles n’en récupèrent sous forme de profit. Le « prix de produc-tion », dans une branche, ne serait égal à la valeur que dans la situaproduc-tion hypothétique où la composition organique de cette branche serait égale à la « composition organique moyenne » de l’économie (voir ci-dessous) : cette branche particulière serait alors, selon les termes de Marx, une

« branche moyenne ».

Une dernière précision. Pour élaborer son schéma de la transforma-tion des valeurs en prix, Marx a-t-il pu s’inspirer de raisonnements équivalents proposées par d’autres auteurs ? De telles démarches sont très rares. Au début du siècle, A.C. Whitaker suggéra que Marx avait pu se souvenir du passage suivant tiré des Principles of Economics de J.R. McCulloch : « On doit noter que, bien que les oscillations des salaires provoquent quelques variations dans la valeur d’échange de quelques marchandises particulières, elles n’ajoutent ni ne retranchent rien à la valeur totale de la masse globale de marchandises. Si elles accroissent la valeur de celles qui sont produites par des capitaux moins durables, elles diminuent d’autant la valeur de celles qui sont produites par des capitaux plus durables. Leur valeur globale demeure donc inchangée. Et bien qu’il ne soit pas exactement vrai de dire d’une

marchandise particulière que sa valeur d’échange est égale à celle de ses dépenses de production, ou de la quantité de travail requise pour la produire et la conduire au marché, il est correct d’affirmer que ceci se produit pour la masse globale des marchandises ». Plus récemment, on a pu avancer le nom de P.L. Rœderer : le procédé de Marx présente en effet une similitude frappante avec celui que Rœderer présenta, dans un ouvrage de 1787, pour concilier le principe de la productivité exclusive de l’agriculture de Quesnay avec celui de la concurrence des capitaux et de la tendance à la péréquation des taux de profits (voir le tome 1 du présent ouvrage, chapitre 11, p. 268).

L’exemple de Marx

Il est utile de reporter l’exemple (légèrement modifié) que Marx donne pour illustrer le processus de la transformation (1894, t. I, p. 173).

Dans cet exemple, l’économie est formée de cinq branches ; dans chaque branche, le capital avancé est le même : 100, et chaque branche se distin-gue des autres par la valeur de sa composition organique. Les indices c et v désignent respectivement les valeurs du capital constant et du capi-tal variable.

Supposons d’abord que les marchandises s’échangent à leur valeur.

Le tableau 1 résume la situation :

Tableau 1

Ki ei pli ci = αCi ci + vi λi ρi

80c + 20v 100 % 20 50 70 90 20 %

70c + 30v 100 % 30 51 81 111 30 %

60c + 40v 100 % 40 51 91 131 40 %

85c + 15v 100 % 15 40 55 70 15 %

95c + 5v 100 % 5 10 15 20 5 %

Supposons à présent que les marchandises ne s’échangent pas à leur valeur, mais à leur prix de production. Le tableau 2 montre

(i) comment les prix sont calculés en fonction des coûts de produc-tion et des capitaux avancés — exprimés en valeur —, le taux de profit global étant égal à 110/500 = 22 %,

(ii) et (dernière colonne) quels sont, dans les différentes branches, les écarts entre les prix et les valeurs (et, par conséquent, entre les profits perçus et la plus-value créée).

Tableau 2

Ki pli λi ci + vi ρ pi pi - λi 80c + 20v 20 90 70 22 % 92 + 2 70c + 30v 30 111 81 22 % 103 – 8 60c + 40v 40 131 91 22 % 113 – 18 85c + 15v 15 70 55 22 % 77 + 7 95c + 5v 5 20 15 22 % 37 + 17 Quelques précisions

Le principe fondamental de la « transformation » une fois exposé, cinq précisions s’imposent afin d’éviter toute confusion :

(i) le taux de profit est calculé avant les prix, comme grandeur indépendante de ceux-ci ;

(ii) le taux de profit est égal, par hypothèse, au rapport de la plus-value globale à la valeur du capital total engagé dans l’économie ;

(iii) puisque, par hypothèse le profit n’est qu’une redistribution de la plus-value, il n’est donc pas étonnant de retrouver, en fin de schéma, les égalités quantitatives globales suivantes : la somme des plus-values est égale à la somme des profits, et la somme des valeurs est égale à la somme des prix, soit

Σ pli = Σ πi et Σ λi = Σ pi.

(ces égalités quantitatives ne sont qu’une autre manière d’exprimer les hypothèses mêmes du schéma de la transformation) ;

(iv) l’écart prix-valeur dans chaque secteur dépend de la composition organique du secteur pris en compte comparée à une composition définie comme « moyenne » (composition organique du « capital social », c’est-à-dire du capital total investi dans l’économie) que nous noterons qo ; « nous appelons capitaux de composition supérieure ceux qui contiennent un pourcentage plus grand de capital constant, partant un pourcentage plus petit de capital variable, que le capital social moyen. Inversement nous appellerons capitaux de composition inférieure ceux dont le capital constant est relativement plus petit, le capital variable plus grand que ceux du capital social moyen. Enfin, nous appel-lerons capitaux de composition moyenne ceux dont la composition coïncide avec celle du capital social moyen » (1894, t. I, p. 180). Dans ce dernier cas, « le prix de production des marchandises […] coïncide […]

avec leur valeur » (ibid., p. 189) ;

(v) le taux de profit général, tel qu’il est calculé, dépend de deux élé-ments : (a) des compositions organiques des capitaux investis dans les

différentes branches et (b) des masses respectives de ces capitaux, c’est-à-dire du mode de répartition du capital social parmi les différentes branches de production (cf. ibid., p. 179 ; voir aussi ci-dessous) — ce dernier point étant occulté dans les exemples de Marx qui retiennent des masses égales de capitaux investis dans les branches, ou, ce qui revient au même, qui mettent en œuvre un raisonnement en termes de pourcen-tages des masses de capitaux constants et variables par rapport aux ca-pitaux totaux investis.

5.3. Une formalisation simple

Une formalisation simple, inspirée de L. von Bortkiewicz (1906b et 1907a), va nous aider à mieux saisir ces points exposés précédemment ainsi que les difficultés qu’ils soulèvent. Elle reprend les symboles déjà utilisés. Elle modifie cependant, sans aucun dommage pour l’analyse, la définition de la « composition organique du capital » : la composition organique du capital engagé dans la branche i sera définie comme le rapport du capital constant engagé au capital total, et donc notée qi

= Ci/Ki au lieu de Ci/vi.

La valeur de la production de marchandises dans la branche s’écrit (voir ci-dessus) :

(1) λi = αCi + vi + pli = ci + vi + pli.

Le prix de production pi s’écrit, si l’on convient de prendre pour unité de chaque marchandise la quantité globale qui en est produite pendant la période :

(2) pi = (ci + vi) + πi

où πi représente la masse de profit moyen par branche.

Puisque e = pli/vi = Σpli/Σvi et ρ = Σpli/ΣKi désignent respectivement les taux uniformes de plus-value et de profit, puisque

(3) πi = ρKi = (Σpli/ΣKi). Ki = (Ki/ΣKi). Σpli

et puisque qo = ΣCi/ΣKi représente la composition organique « mo-yenne », il vient :

(4) pi = αCi + vi + ρ (Ci + vi), et :

(5) ρ = (1 - qo) e, d’où :

(6) pi = λi + (Ci + vi) (qi – qo) e.

L’équation (6) indique que le prix de production est supérieur ou inférieur à la valeur selon que la composition organique qi du secteur est supérieure ou inférieure à la composition qo moyenne. L’équation (5), d’autre part, nous montre bien que le taux général de profit dépend de la masse du capital global. Nous pouvons préciser ce point en posant :

γi = (Ci + vi)/(ΣCi + Σvi) = Ki/ΣKi, avec Σγi = 1.

Comme qo = ΣCi/ΣKi = Σγiqi (en effet, γi = Ki/ΣKi ; d’où γiqi = Ci/ΣKi, ce qui donne Σγiqi = qo), nous obtenons : ρ = (1 - qo) e = (1 - Σγiqi) e. Puisque Σγi = 1, ρ = (1 - Σγiqi) e = (Σγi – Σγiqi) e, il vient :

(7) ρ = Σ [γi (1 - qi)] e.

Le taux de profit moyen dépend donc clairement : (i) de tous les secteurs de l’économie ;

(ii) des compositions organiques de ces secteurs (les qi) ;

(iii) des masses de capitaux respectivement investies dans ces secteurs (les γi) ;

(iv) et, bien sûr, du taux d’exploitation e.

5.4. Le problème posé par la transformation des valeurs en prix de production

Le schéma de la transformation des valeurs en prix de production est devenu célèbre dans la littérature par l’accusation d’incohérence logique qu’on lui a adressée. Marx lui-même était conscient de la principale dif-ficulté de l’analyse. Aussi devons-nous examiner les différentes tentati-ves qu’il a faites pour y répondre. Celles-ci se situent autour de deux axes : l’analyse purement logique, insérée dans la problématique classi-que des prix naturels, et, face aux difficultés persistantes, les essais de reformulation du problème.

Un problème logique de cohérence analytique

L’accusation portée à l’encontre du raisonnement de Marx concerne la cohérence de l’argumentation. Puisque les marchandises s’échangent à leur prix de production et non plus à leur valeur, les éléments du capital constant et du capital variable engagés dans les différentes branches de l’économie, tout comme les coûts de production, doivent, dans les calculs, apparaître en termes de prix et non plus de valeurs ; or, dans les schémas de la « transformation », ils sont exprimés en valeur.

« L’erreur de Marx consiste dans le fait qu’il transporte, sans les modifier, certaines grandeurs du schéma des valeurs dans celui des prix : en convertissant les valeurs en prix, il n’est pas licite d’exclure de cette conversion les capitaux constants et variables investis dans les différentes sphères de production » (L. von Bortkiewicz, 1907a, p. 45).

Autrement, une même marchandise serait susceptible de posséder deux évaluations distinctes : elle pourrait être achetée à sa valeur, et vendue à son prix de production — en général différent de la valeur — ce qui constitue une absurdité.

Marx lui-même mentionne le problème dans trois passages du Capital, immédiatement après l’exposé de la transformation.

(i) Une remarque très précise est formulée (1894, t. I, p. 176-177) : la différence qui existe dans les branches entre le profit et la plus-value ne peut que se manifester également au niveau des capitaux constants et variables engagés dans ces branches, et non uniquement à celui des pro-duits. Par conséquent, l’écart qui existe entre la valeur et le prix des ca-pitaux avancés ne peut manquer de fausser les calculs et de contester le bien-fondé des schémas exposés.

(ii) Cette remarque est réitérée un peu plus loin dans le texte, sous une forme encore plus claire. La difficulté est toujours la même : les moyens de productions doivent être évalués en prix et non en valeur.

« À l’origine, nous avons supposé que le prix de revient d’une marchan-dise était égal à la valeur des marchanmarchan-dises consommées dans sa produc-tion. Mais, pour l’acheteur, le prix de production d’une marchandise est son prix de revient. Le premier peut donc entrer, en tant que coût de production, dans la formation du prix d’une autre marchandise. Puis-qu’il est possible que le prix de production s’écarte de la valeur de la marchandise, son coût de production renfermant le prix de production d’une autre marchandise peut lui aussi se trouver dessus ou au-dessous de cette fraction de la valeur globale qui constitue la valeur des moyens de production consommés. Il faut donc se rappeler cette signifi-cation altérée du coût de production et penser qu’une erreur est toujours possible quand, dans une sphère de production particulière, on pose le coût de production de la marchandise comme égal à la valeur des moyens de production consommés au cours de la production » (1894, t. I, p. 181).

(iii) Dans un chapitre ultérieur, enfin, dans un paragraphe intitulé

« Prix de production des marchandises de composition moyenne », la circularité est de nouveau évoquée. Le raisonnement est cette fois éten-du jusqu’à la branche moyenne qui voit évidemment ses propriétés

« Prix de production des marchandises de composition moyenne », la circularité est de nouveau évoquée. Le raisonnement est cette fois éten-du jusqu’à la branche moyenne qui voit évidemment ses propriétés