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J EAN -C HARLES -L ÉONARD S IMONDE DE S ISMONDI

SISMONDI (1773-1842) est le fils d’un pasteur génevois d’origine toscane. La Révolution contraint sa famille à se déplacer d’abord en Angleterre, puis en Italie. Ce qui lui permet de découvrir très tôt les réalités socio-économiques des pays en voie d’industrialisation (Angleterre). En 1803, il publie De la richesse commerciale. En 1817, il achève une Histoire des républiques italiennes du Moyen Âge. Son premier article proprement économique paraît en 1818, dans l’Edinburgh Encyclopædia sous le titre « Political Economy ». Un an après il publie les Nouveaux principes d’économie politique (1819, seconde édition 1827) dans lequel il met à contribution les enseignements de ses voyages dans une

Angle-terre secouée par des crises de surproduction. L’ouvrage se présente comme une critique radicale des principes de base de l’économie classique, essentiellement ricardienne. La pertinence des critiques, la rigueur de l’argumentation assurent rapidement la réputation de l’auteur. Il publie successivement : l’Histoire des Français (1821-1844), les Études sur les constitutions des peuples libres (1836) et les Études sur l’économie politique (1837-38).

Le qualificatif de « petit-bourgeois » que Marx réserve à Sismondi dans sa célèbre classification de la « littérature socialiste et communiste » (1848, p. 185), a sans doute joué un rôle déterminant dans la formation de l’image étonnamment réductrice que l’histoire a longtemps retenue de cet auteur original. On s’est longtemps représenté Sismondi comme un esprit naïf, privé d’imagination, craignant le nouveau et l’avenir, qui sait repérer avec réalisme les contradictions du système mais qui est incapable de proposer une solution de dépassement si ce n’est par un retour aux temps des corporations. Sismondi est certes bien plus indulgent, voire admiratif, à l’égard de la bourgeoisie commerciale qu’à l’égard de la classe industrielle dont le pouvoir repose sur le machinisme. Il lui arrive souvent de parler de l’ancien système de production en termes nostalgiques car il estime que ce système avait su éviter les fléaux de la sous-consommation, du chômage et de la misère grâce à une limitation institutionnelle de la concurrence ; la machine et le progrès technique en général sont souvent présentés par Sismondi comme l’ennemi principal du travailleur, comme une force destructrice de revenus. Mais tout ceci ne doit pas faire oublier l’avertissement expresse de l’auteur : « Ce n’est point contre les machines, ce n’est point contre les découvertes, ce n’est point contre la civilisation que portent mes objections, c’est contre l’organisation moderne de la société, organisation qui, en dépouillant l’homme qui travaille de toute autre propriété que celle de ses bras, ne lui donne aucune garantie contre une concurrence, contre une folle enchère dirigée à son préjudice, et dont il doit nécessairement être victime » (1827, t. 2, p. 289). La simple lecture de l’ouvrage économique fondamental de Sismondi, les Nouveaux principes d’économie politique (1819, 1827), suffirait pour nous mettre en garde contre l’image réductrice que nous venons de rappeler. Car c’est un esprit lucide, analytique, solidement informé de la théorie économique de son temps — parmi tous les « réformateurs sociaux » de l’époque il est sans aucun doute le meilleur économiste —, doté d’un sens très développé d’observation de la réalité concrète, profondément soucieux de la valeur explicative des propositions théoriques, qui se laisse découvrir dans cet ouvrage. Sismondi est considéré par Schumpeter comme l’un des premiers auteurs qui aient tenté une analyse dynamique du processus économique en termes d’« analyse de période ». C’est l’attention portée aux « phénomènes transitoires » qui l’a conduit à concentrer l’essentiel de son analyse sur la question de la surproduction.

Les voyages répétés en Angleterre l’ont particulièrement sensibilisé à cette question. Il engage une critique radicale de l’économie classique et

la cible privilégiée de ses attaques est constituée par la loi des débouchés de J.-B. Say. Il s’efforce de montrer que, même si, sur le papier, c’est-à-dire sur le plan théorique, cette loi est parfaitement fondée (à travers la rémunération des facteurs qui interviennent, toute production donne lieu à un pouvoir d’achat d’une valeur strictement égale à la valeur du produit fabriqué), la réalité peut présenter des situations de surproduction non pas seulement locale mais également générale. Ceci pour deux raisons : D’une part, le monde réel dans lequel prend place l’activité économique est un monde qui fait intervenir des phénomènes d’inertie, d’irréversibilité, de friction, et d’incertitude. D’autre part, la répartition inégale du pouvoir d’achat dans la population réduit constamment la capacité de consommation globale de l’économie.

Avant d’aborder ces deux points, il convient de rappeler que, dans les Nouveaux principes, l’argumentation de Sismondi sur les crises présente un caractère essentiellement a-monétaire. L’auteur distingue certes, dans le livre V, la « monnaie-marchandise » et le « papier-monnaie » et il s’inquiète d’un usage inconsidéré de cette dernière forme de monnaie qui risque d’engendrer la « banqueroute générale » (Arena et Torre 1985, p. 38). Mais, dans l’ensemble, il partage la vision classique selon laquelle la monnaie n’est qu’un simple intermédiaire d’échange : il faut veiller à ce que sa neutralité à l’égard des grandeurs réelles soit conservée (Sowell, 1972, p. 77 ; Beaugrand 1983). Cependant, la position de Sismondi évolue en cette matière. Dans ses Études sur l’économie politique (1837-38), il abandonne définitivement le point de vue quantitativiste, approfondit la distinction entre « monnaie-marchandise » et « crédit » en relation avec la question des crises et se rapproche de Tooke. Il montre en particulier les risques de crises que court la société du fait du développement du système bancaire. Celui-ci, par le biais du crédit dont la croissance ne connaît aucune limite aussi longtemps que les banquiers peuvent inciter les producteurs à emprunter, « encourage […] le surinvestissement » (Arena et Torre, 1985, p. 46) et, partant, la surproduction. Il faut sans doute réexaminer l’idée reçue qui dénie à Sismondi toute analyse en termes monétaires, mais il nous semble évident qu’en matière de surproduction l’essentiel des réflexions de l’auteur des Nouveaux principes a trait à des éléments réels.

Pour ce qui est de la première raison d’une surproduction généralisée, à savoir la présence des phénomènes d’irréversibilité dans le processus économique, Sismondi innove assurément. Selon l’argumentation de Ricardo et de Say, la surproduction ne peut être que locale puisque la monnaie étant un simple moyen d’échange, un excès d’offre qui se produit sur le marché d’un produit particulier s’accompagne nécessairement d’un excès de demande sur le marché d’un autre produit ; c’est là l’implication logique du principe selon lequel « les produits s’échangent contre les produits ». Il y a surproduction parce qu’il y a inadaptation de l’offre et de la demande ; la raison du déséquilibre ne réside pas dans le fait de trop produire, mais

dans le fait de mal produire. Si on laisse fonctionner librement les mécanismes de la concurrence, le capital et le travail se déplaceront des secteurs à excès d’offre vers les secteurs à excès de demande puisque le premier y trouvera une rémunération plus élevée du fait de l’accroissement des prix des marchandises produites dans ce secteur, et le second, des possibilités d’embauche engendrées par une demande effective ; ainsi l’équilibre s’établira spontanément. Or, Sismondi estime que ce raisonnement est purement abstrait et suppose un monde entièrement réversible, rigoureusement étranger à tout phénomène d’inertie. Les arguments de Ricardo et de Say ne sont valables que dans un contexte où l’on fait « abstraction du temps et de l’espace, comme feraient les métaphysiciens allemands » (1827, t. 2, p. 283). L’économie politique a une vision punctiforme de l’activité économique en ce sens qu’à ses yeux l’agent économique peut se désengager à tout moment, immédiatement et sans coût, d’une entreprise donnée, quelle qu’en soit la taille, pour se reconvertir dans une autre activité. Une telle hypothèse de mobilité et de réversibilité n’est valable ni pour le capital ni pour la force de travail. En premier lieu, il ne faut pas sous-estimer la force de l’habitude — ce que Schumpeter appelera plus tard la « routine » ; il existe chez les hommes une forte résistance à la mobilité. En second lieu, même si la volonté est présente, aucun producteur ni travailleur ne peut changer de spécialisation du jour au lendemain sans un minimum d’apprentissage qui demande nécessairement du temps. Enfin, lorsqu’un producteur engage dans son entreprise des capitaux fixes importants, il s’inscrit dans un processus irréversible, du moins pour un temps assez long durant lequel il est tenu de produire coûte que coûte, faute de faillite. Ces différentes raisons font que, souvent, les producteurs préfèrent diminuer sensiblement leur production plutôt que de s’engager dans l’aventure d’une reconversion (ibid., t. 1, p. 255). Le marché déjà encombré continue à être approvisionné. Dans un tel contexte, les mécanismes autorégulateurs de la concurrence, parfaitement convaincants sur le plan théorique, demeurent inefficaces dans la réalité. Par ailleurs, les travailleurs à qui on demande de changer d’activité préfèrent rester dans leur secteur d’origine (ibid., p. 256), quitte à « offrir le travail de leurs bras au rabais » (ibid., t. 2, p. 285).

Cette concurrence entre les ouvriers fait baisser les salaires et, dans une situation de surproduction, la demande s’en trouve encore comprimée.

Cette remarque nous conduit à la deuxième raison, plus fondamen-tale, de la surproduction générale dans la société moderne. Sismondi estime que « le pouvoir de consommer ne s’accroît point nécessairement avec le pouvoir de produire » (ibid., p. 272). Comme Malthus, qu’il considère comme le défenseur de la même cause que la sienne en Angle-terre (ibid., p. 273-74), Sismondi remet en question la logique qui sous-tend la loi des débouchés. Cette logique implique que toute production supplémentaire engendre le revenu qui est nécessaire pour sa consom-mation. On ne doit jamais avoir peur de produire toujours plus, puisque les besoins sont infinis et que les nations les plus riches sont loin de

satisfaire pleinement aux besoins élémentaires de leurs citoyens.

Sismondi estime que la loi des débouchés confond ici le besoin et le revenu. À l’occasion d’une controverse avec Say qui lui rappelle que

« les sept huitièmes de la population (des pays les plus opulents) manquent d’une multitude de produits regardés comme nécessaires », Sismondi observe que, sur le plan économique, ce n’est pas le besoin qui décide de la consommation mais le revenu et que les pays les plus riches du monde présentent le spectacle désolant d’hommes et de femmes en nombre grandissant qui « souffrent toutes les étreintes de la misère à côté des produits accumulés qu’ils n’ont aucun moyen d’acheter » (1827, t. 2, p. 306-307).

L’argumentation de Sismondi s’articule sur ce thème du « moyen d’acheter ». Ce qui caractérise le régime de la concurrence, par opposition aux régimes précédents, c’est que les producteurs sont désormais des rivaux qui s’affrontent sur le marché, alors qu’ils se coalisaient auparavant au sein des corporations pour défendre leurs intérêts. Dans les régimes antérieurs, la stratégie des producteurs consistait à maintenir élevés les prix des produits. Or, la guerre qu’ils se livrent aujourd’hui les uns contre les autres porte sur les prix de vente.

Dans ce régime, il existe une pression constante à la baisse sur les prix.

La production à moindre frais constitue la règle fondamentale du nouveau système. Tous les producteurs cherchent par conséquent à réduire leurs prix de revient. Or, ce régime se caractérise aussi par le salariat ; la séparation radicale du capitaliste et du travailleur et la réduction de ce dernier à un échangiste de sa force de travail, dépossédé de tout autre bien, font que le travail est désormais un simple facteur de production dont il faut réduire le coût au minimum comme pour tous les autres facteurs qui interviennent dans la fabrication du produit. La logique même du système capitaliste rend nécessaire la diminution constante des salaires par rapport aux autres revenus, en particulier le profit. C’est la même logique qui veut que le revenu de la grande majorité de la population se réduise progressivement au minimum vital.

Cette constatation permet à Sismondi de forger un concept qui retiendra l’attention de Marx : la « mieux-value » (ibid., t. I, p. 101). Le capitalisme est un système qui ne cesse d’accroître la productivité du travail, alors que la rémunération du facteur travail, loin d’accompagner ce mouvement, évolue en sens inverse. Cette disparité libère une valeur considérable, la « mieux-value », qui vient grossir la part du capitaliste.

C’est pourquoi Sismondi se sert souvent des termes de spoliation et d’expropriation pour caractérisr le profit. En dernière instance, le profit apparaît comme un prélèvement exercé sur les salaires ; c’est un revenu en augmentation constante dans le temps, non pas seulement parce que le travail n’est pas payé à sa juste valeur, mais parce que la valeur que celui-ci crée ne cesse de s’accroître grâce à la division du travail et au progrès technique.

Mais, pourrait rétorquer l’économiste classique, même si la répartition du produit global est injuste et inégalitaire, cela n’infirme en

rien les principes de la loi des débouchés. Ce qui n’est pas distribué à une catégorie est distribué à une autre, de sorte que l’économie dispose à tout moment d’un pouvoir d’achat suffisant pour absorber les produits existants. Autrement dit, le revenu actuellement disponible au niveau national est nécessairement créé par un volume de production de même valeur. Un tel raisonnement n’est valable, aux yeux de Sismondi, que sur le plan théorique. Pour apprécier à sa juste mesure sa valeur pratique, il faut faire intervenir la question de la nature des biens sur lesquels portent les consommations respectives des riches et des pauvres. La propension à consommer des capitalistes concernant les biens de première nécessité est infime comparée à celle de la classe laborieuse pour les mêmes biens. Or les produits invendus qui s’accumulent sur les marchés de l’Angleterre et des autres pays riches ne sont nullement des produits de luxe ; ce sont des marchandises à bon marché destinées à la consommation des pauvres (Sismondi, 1827, t. I, p. 273). Dans un tel contexte, la totalité du pouvoir d’achat existant dans un pays ne pourra être affectée à la consommation des biens produits dans le même pays et l’économie sera exposée au risque d’une surproduction ou d’une sous-consommation générale pour les biens de première nécessité : « Ainsi donc, par la concentration des fortunes entre un petit nombre de propriétaires, le marché intérieur se resserre toujours plus, et l’industrie est toujours plus réduite à chercher ses débouchés dans les marchés étrangers, où de plus grandes révolutions la menacent » (ibid.). La capacité d’absorption des marchés étrangers n’étant pas infinie, et les techniques de production capitalistes se mondialisant, les pays industri-alisés ne sauront éviter durablement les crises de surproduction générale s’ils ne consentent pas à arrêter le mécanisme infernal de la concurrence sans bornes. En définitive, les crises de surproduction sont bien dues à la mauvaise répartition du produit national ; les mécanismes spontanés d’autorégulation du marché ne peuvent en venir à bout. Les pouvoirs publics doivent intervenir.

Comment remédier alors à cette injustice du système de répartition ? Un remède que propose Sismondi retient aujourd’hui notre attention non point pour son effet efficace sur le mal qu’il est censé guérir, mais pour son caractère prophétique quant à l’évolution de la législation du travail dans les pays industrialisés. Il s’agit de l’idée de garantie professionnelle pour les travailleurs. Le travailleur du régime industriel est privé de toute sécurité et de toute protection : son revenu n’est assuré que pour les jours de travail effectif ; qu’il tombe malade ou que la vieillesse épuise sa force, l’entrepreneur l’abandonne à son triste sort.

Le système capitaliste n’a prévu aucune garantie sociale légale pour les travailleurs en difficulté et leurs familles. Le gouvernement doit, par conséquent, intervenir pour contraindre les producteurs à assumer leur responsabilité vis-à-vis de leurs employés. La mieux-value que libère le travail doit être affectée prioritairement à garantir la survie du travailleur et de sa famille durant les périodes de maladie et dans les jours de vieillesse. Il faut en finir, en cette matière, avec le système des

paroisses qui sont, à cette époque, les seules institutions qui viennent en aide aux exclus. Désormais, chaque producteur doit se charger de l’entretien permanent de son personnel : « Aujourd’hui, le manufacturier croit gagner, soit qu’il vende plus cher au consommateur, soit qu’il paye moins de salaire à l’ouvrier ; il apprendrait alors qu’il ne peut gagner que sur la vente, et que tout ce qu’il retranche à l’ouvrier, ce ne sera plus la société, mais lui-même, qui devra lui rendre comme secours » (1827, t.

II, p. 241-42). Mais il ajoute cependant : « Je l’avoue, après avoir indiqué où est à mes yeux le principe, où est la justice, je ne me sens point la force de tracer les moyens d’exécution » (p. 243).

4. C

LAUDE

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ENRI DE

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AINT

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IMONIENS Saint-Simon (1760-1825) est un aristocrate fier d’appartenir à une grande famille qui prétend descendre de Charlemagne ; intimement convaincu de son élection pour une mission planétaire comparable à la Renaissance et à la Réforme, pris d’une fascination mystique pour la science positive et l’industrie qui sont, à ses yeux, les deux forces destructrices de l’ancien ordre du monde, il est un aventurier et un spéculateur plus désireux de gagner les faveurs des élites intellectuelles et industrielles que le soutien des couches populaires. D’une prolixité et d’une redondance étonnantes, son œuvre porte les marques d’un esprit libéral saluant la victoire des lumières, de l’organisation rationnelle de la société, des rapports sociaux régis non par le statut mais par le contrat, de l’esprit de progrès et de domination de la nature sur les forces obscurantistes, palyngénésiques et belliqueuses de l’âge médiéval, d’un esprit enfin apaisé de trouver en l’économie politique la science positive du fait social : cette science que Saint-Simon appelait de ses vœux et qu’il nommait « physiologie sociale ».

• Claude Henri de Rouvroy, comte de SAINT-SIMON — petit neveu du mémo-raliste — est né en 1760. Indépendant et têtu, il est soumis à un régime d’éducation sévère dont il conservera un souvenir douloureux. Pour ne pas déroger à la tradition familiale, il s’enrôle dans l’armée à 17 ans et part aux États-Unis sous les ordres de Washington et de La Fayette. La guerre d’indépendance terminée, il voyage en Amérique, se rend au Mexique où il suggéra au roi le percement d’un canal reliant les deux océans. Il poursuit ses voyages en Europe et, de passage à Madrid, il propose au roi d’Espagne de relier la ville à la mer par un canal. Cette attention portée à l’aménagement terri-torial est une préoccupation constante chez Saint-Simon et ses disciples ; le mouvement saint-simonien fait preuve d’une conscience profonde de l’importance de l’infrastructure industrielle pour le développement économique de la nation. Les saint-simoniens sont des partisans résolus de grands travaux engagés par l’État pour relancer l’activité économique. De retour en France, Saint-Simon se consacre à des spéculations financières sur les biens nationaux qui lui permettent d’acquérir une fortune respectable. Il décide alors de mettre celle-ci au service de la science. Il se lie d’amitié avec des savants de l’époque comme Monge et Lagrange, et entreprend des études de physique à l’École

polytechnique dont il soutient financièrement les élèves les plus prometteurs.

Son ambition est de faire le point sur les connaissances de l’époque pour procé-der à une synthèse philosophique de toutes les sciences, à l’image de l’œuvre de l’Encyclopédie. L’influence de d’Alembert dont il fut, un moment, l’élève dans sa

Son ambition est de faire le point sur les connaissances de l’époque pour procé-der à une synthèse philosophique de toutes les sciences, à l’image de l’œuvre de l’Encyclopédie. L’influence de d’Alembert dont il fut, un moment, l’élève dans sa