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Chapitre 2 Enquête de terrain et méthodologie

2.2 Approche méthodologique et techniques d’enquête

2.2.1 Le travail de terrain

L’enquête de terrain repose principalement sur deux types de matériaux : l’entretien et l’observation. Cette apparente simplicité des mots dissimule cependant une réalité plus complexe. Outre l’entretien approfondi, à valeur quasi-idéal-typique, l’enquêteur peut avoir recours à diverses techniques qui s’en rapprochent plus ou moins : entretiens non enregistrés, entretiens informels, conversations orientées, simples conversations…

2.2.1.1 Les entretiens

Les entretiens sont depuis longtemps utilisés en sociologie comme moyen privilégié pour recueillir des aspects qualitatifs et subjectifs de la vie social. Ils datent des premiers travaux de l’École de Chicago, qui les a nommés méthodes d’enquête dites qualitatives, comme la biographie ou l’histoire de vie. Ils ont été menés selon la technique de l’interview et centrés sur des thèmes différents. Dans le livre intitulé La Misère du Monde sous la direction de P. Bourdieu (1993), on peut trouver une série d’entretiens menés par une équipe de sociologues pendant trois ans auprès d’ouvriers, d’employés, de paysans dans les familles, la ville, l’école, l’usine pour comprendre les conditions de production des formes contemporaines de la misère sociale.

A ces entretiens, enregistrés pour la plupart, s’ajoutent des discussions informelles avec des migrants qui maîtrisent la langue mandarin, et avec des autochtones en dialecte de Shanghai. L’usage de l’entretien informel a été théorisé par P. Bruneteau et C. Lanzarini dans un article intitulé Les entretiens informels, publié en 1998 dans Sociétés Contemporaines. Ils définissent de la façon suivante, cette technique : « il s’agit de s’appuyer sur les formes ordinaires des échanges sociaux pour donner l’apparence d’une conversation à un entretien qui supprime son

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statut formel (entrée et sortie) » (P. Bruneteau & C. Lanzarini, 1998). Les deux auteurs distinguent différents types d’entretiens informels, allant de la conversation en seul à seul, à l’échange sur le vif, en passant par la discussion « ouverte », dans laquelle chacun peut entrer et sortir librement. Pour résumer, dans l’entretien informel, tous les aspects formalisés (prise de contact, définition d’un cadre temporel précis, relation de face à face produite à la demande du chercheur, enregistrement) de l’entretien disparaissent. L’entretien n’est alors perçu comme tel que par les enquêteurs, ce qui pose différents types de problèmes.

Toujours dans le domaine des problèmes pratiques, il apparaît que guider un entretien informel n’est pas une chose facile. Parfois les discussions sont rarement continues, puisque la plupart du temps enquêteur et enquêté ne sont pas en situation de face-à-face dans un lieu isolé. D’autres personnes peuvent intervenir, l’interlocuteur de départ peut à tout moment délaisser la conversation, puisque aucun cadre formel n’a été défini. Cependant, cette question n’existe pas dans les entretiens approfondis, où l’on peut prendre des notes ou même utiliser un magnétophone.

Les migrants parlaient le mandarin parfait. Ils exprimaient surtout des opinions plus que des faits mais cela nous a permis d’explorer de nouvelles pistes et de croiser ces informations avec d’autres. Ils nous donnaient également des indications sur les positions sociales des villageois et sur les rumeurs qui circulaient sur eux (les biens qu’ils possèdent, leur origine etc.). De manière plus générale, nos interlocuteurs commençaient toujours à parler sur un mode neutre, « nous », « nos enfants », « nos parents », désignant par là l’ensemble de leur village. L’entretien était surtout pour eux, l’occasion d’exprimer la marginalisation dont ils souffraient au Yuanhenong, leurs griefs, et leur misère. Il était difficile d’en venir au « je », à l’histoire et l’expérience individuelles, d’autant plus que certaines questions semblaient parfois être vécues sur le mode de l’interrogatoire. Replacées par rapport au statut, ces informations nous ont aussi permis de comprendre quelques unes des stratégies employées par les migrants et leur identité collective.

Nos entretiens étaient de type individuel informel.

Premièrement, concernant les habitants locaux, l’entretien est centré sur l’histoire et le changement du quartier selon leur mémoire collective. La plupart des enquêtés sont des personnes âgées qui vivent dans le quartier depuis l’enfance. Le lieu et le contexte des entretiens sont assez différents pour chacun. La plupart des entretiens auprès des habitants locaux sont faits chez eux ou dans le bureau du comité de résidents. Généralement, les entretiens vont s’appuyer sur la grille d’entretien.

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----Histoire de la famille (du point de vue de l’habitat) ----Description du logement

----Vie économique du ménage ----Loisirs

----Relations : de parenté, d’amitié, de voisinage ----Description du quartier

----Relations entre famille et quartier

----Rapports entre les différents groupes sociaux ----Le projet résidentiel face à la rénovation

Deuxièmement, pour des nouveaux arrivants, je les invite à raconter leurs vies dans la société d’origine et celle d’accueil afin de reconstituer leurs trajectoires. Les entretiens s’articulaient autour de deux grands axes. Le premier concernait l’histoire de vie de l’informateur : la description de sa vie dans la campagne, la raison du départ, le récit de son déplacement, celui de son installation au Yuanhenong, les difficultés rencontrées, ses moyens de survie, ses rapports avec son entourage dans le quartier et en dehors, son identité actuelle etc. Le second se rapportait à la vie collective dans le quartier. Nous demandions à notre informateur de nous expliquer comment ils reconstruisent leur vie dans la ville, quels problèmes majeurs se sont posés au niveau du quartier. Le contexte des entretiens sont assez différents, soit chez eux, soit dans le bureau du comité de résidents, ou soit sur leur lieu de travail. Concrètement, les entretiens auprès des migrants vont se fonder sur la grille d’entretien ci-dessous.

---- Motivation d’immigrer

---- La situation actuelle dans la société d’origine et d’accueil ---- Modalité d’entrée dans le quartier

---- Description du logement ---- Rapport avec leurs voisins

---- Trajectoires résidentiels dans la ville

Troisièmement, quant à la rénovation, elle pose des problèmes spécifiques qui diffèrent considérablement d’un groupe social à l’autre : propriétaires et locataires ; habitants locaux et nouveaux arrivants ; jeunes et personnes âgées. Un échantillon qui voudrait rendre compte d’une réalité aussi complexe devrait regrouper un nombre d’individus considérable, excédant nos possibilités. En fait, il n’y pas d’échantillon spécifique pour cette question. Des entretiens sur la rénovation du quartier sont toujours mélangés aux deux premiers types.

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Ce sont des entretiens assez longs, durant normalement une heure ou plus, mais presque toujours les personnes interrogées y prenaient un grand intérêt et étaient souvent émues. La totalité de la discussion était enregistrée et ensuite transcrite, procédé assez lourd qui permet cependant d’enregistrer les menus détails tels que les silences révélateurs et les inflexions de voix. Remarquons que nous ne sommes pas partis avec ce guide d’entretien fixé d’avance. Celui-ci s’est peu à peu ébauché et transformé sur le terrain même, au fil des discussions. Ainsi, nous avons mené un total de 115 entretiens dans le territoire de Yuanhenong répartis comme suit :

- 56 entretiens auprès des nouveaux arrivants ; - 53 entretiens auprès des autochtones ;

- 6 entretiens auprès de responsables, personnalités et informateurs divers : 4 représentants de l’administration locale qui avaient joué un rôle actif dans la vie du quartier (notamment la directrice du comité de résidents) ainsi que 2 représentants de l’administration de la rue qui fréquentent le Yuanhenong de temps en temps (voir : Annexe 2 : Tableaux synoptiques des interviews).

2.2.1.2 L’observation participante

La seconde technique utilisée a été celle de l’observation participante. C’est sur cet aspect de notre travail sur le terrain que nous nous sommes le plus approchés des méthodes de l’ethnologie. Si, comme l’écrit M. Godelier (1984), « la méthode de l’anthropologie, l’observation participante, consiste à vivre avec les gens, à recueillir directement leur

discours, à les observer dans la vie quotidienne »100. L’observation participante est la version

de la démarche ethnographique dans les sociétés urbaines. L’ethnologue s’installe pour de longs mois dans un village pour participer à la vie sociale commune et l’observer à travers cette participation. Car on ne peut pas observer la vie d’un petit groupe sans en faire partie. Dans les sociétés modernes, la distance entre l’observateur et l’observé est moins grande. Les sociologues participent à la même société que les sujets qu’ils étudient.

L’archétype est sans doute le groupe de jeunes italo-américains étudié à Boston par W. F. Whyte. Comme Whyte l’a précisé dans la célèbre postface méthodologique à son enquête dans un quartier populaire italo-américain, « la vie sociale à Cornerville n’obéissait pas à la logique des rendez-vous formels…Je recueillais peu d’entretiens au sens formel du terme. J’ai appris à prendre part aux discussions sur le base-ball et sur le sexe » (W. F. Whyte, 1995). Il

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D’ailleurs, dans l’article Une expérience africaine. Entretien avec Maurice Godelier par P. Geslin (2006), M. Godelier indique que « L’observation participante est une façon de connaître, pas une façon de vivre ».

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raconte comment il a pu se faire admettre dans le groupe, le rôle qu’il joue pendant les mois de son observation et l’importance de ses deux informateurs principaux.

Dans le quartier de Yuanhenong, on pouvait distinguer deux niveaux d’observation : l’observation de la transformation du quartier en tant que cadre de vie sociale et l’observation

de l’évolution des habitants avant la rénovation, y compris la dissociation du groupe101,

modification des structures de la population, l’apparition de nouvelles formes de sociabilité et de différents plans résidentiels.

Pour moi, comme bénévole du comité de résidents, j’ai eu beaucoup d’occasions de faire de l’observation participante, allant de la vie sociale et culturelle du quartier jusqu’à la relation compliquée de voisinage. Nous avons ainsi suivi certaines personnes dans leurs activités quotidiennes, assisté aux réunions du comité de résidents qui avait pour but de renouveler les membres de son bureau, observé une dispute de femmes au sujet de la reprise des activités du groupement féminin, remarquées certaines relations sociales établies entre les autochtones et les nouveaux arrivants etc. Le séjour a cependant été trop court pour prétendre à une véritable imprégnation dans le site, nous sommes restés un sujet d’observation et ceci a causé nombre de difficultés.

2.2.2 La recherche documentaire

Les documents écrits ainsi que les journaux, les films sont une source relativement peu exploitée par les sociologues, par comparaison avec les enquêtes. La recherche documentaire a constitué une composante essentielle et importante des procédés d’investigation utilisés. Les axes d’orientation théorique et méthodologique de l’analyse documentaire ont eu comme vecteurs disciplinaires : la sociologie et l’anthropologie urbaine. Elle a donc porté sur une littérature variée et permis, en outre, de prendre conscience de l’opérationnalité des méthodes d’enquête, de mesurer leur degré de pertinence scientifique par rapport à l’objet et au contexte d’étude et, en dernier lieu, de faire l’inventaire et la synthèse des travaux sur l’urbanisme.

Les documents à suivre étaient donc les suivantes :

1) Les archives et les monographies sur l’histoire de la ville de Shanghai ; la monographie de l’arrondissement de Putuo ;

2) Les archives et les documents sur la rénovation urbaine des quartiers anciens, y compris les journaux ;

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Remarquons à ce propos que les sociologues américains ont souvent décrit l’invasion des quartiers résidentiels par une population plus pauvre ou de couleur. Ici, il s’agit de l’invasion d’un quartier par une population migrante interne.

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3) Les documents sur le quartier de Yuanhenong, y compris les habitats, la démographie, les activités économiques, culturelles et sociales, dont la plupart sont données par le comité de quartier.

2.2.3 Usages de la photographie

J’ai fait le choix dans ce travail d’accorder une place importante à la photographie, comprise au sens large, c’est-à-dire non seulement l’objet « photographie », mais aussi l’acte de photographier et celui de montrer les clichés obtenus. Comme le souligne S. Maresca (2000), si « l’image fait l’objet d’un intérêt croissant de la part des sciences sociales », le questionnement s’articule surtout autour de l’usage des films par les ethnologues et secondairement les sociologues. De même, dans un ouvrage consacré à la photographie Un art moyen, essai sur les usages sociaux de la photographie, P. Bourdieu (1965) commence par nuancer les explications techniques et économiques à la (non-) pratique de la photographie. Selon lui, l’étude de la pratique photographique et de la signification de l’image photographique est une occasion privilégiée de mettre en œuvre une méthode originale tendant à saisir dans une compréhension totale les régularités objectives des conduites et l’expérience vécue de ces conduites. En effet, la photographie est un phénomène qui véhicule de nombreuses représentations spontanées. Il s’agit donc de relever une sorte de défi en montrant que la sociologie peut expliquer une pratique courante qui semble échapper aux déterminismes sociaux (J. -F. Festas, 2003).

De fait, la photographie m’est apparue comme un outil de compréhension, d’interprétation et d’analyse fondamentale. Les photographies prises lors d’un événement peuvent permettre de remarquer des éléments qui sur le coup m’avaient échappé. L. Antoniadis (2000) souligne le rôle de support de la mémoire que représentent les photos : « Grâce aux prises de vue, je conservais toujours une trace des moments dont le sens n’avait pas été saisi sur le champ ». Les clichés furent pour moi un moyen indirect d’appréhender le quartier et les liens qu’entretenaient entre eux les résidents.

La pratique de la photographie sur mon terrain s’est avérée être un moyen très efficace de rencontrer et de gagner la confiance de certaines personnes. Au début de l’enquête, je n’osais pas prendre directement des photographies à l’intérieur du quartier, toujours par crainte d’être confondue avec une journaliste.

Cependant, prendre une photo n’est jamais neutre, l’acte relève d’un choix entre ce qui est photographié et ce qui ne l’est pas. Comme le souligne M. Pinçon (1982), selon les lieux que l’on sélectionne et la manière dont on les photographie, on peut donner « une image

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valorisante ou au contraire apocalyptique ». Lorsque j’ai débuté mon terrain, mon désir de prendre des photos était de montrer des parties sales ou dégradées du quartier. D’après moi, c’est une image typique du quartier défavorisé. Mais, petit à petit je suis parvenue à vaincre cette tendance, et j’ai préféré décrire certains états de fait à travers mon objectif.

2.3 Méthodes d’analyse

2.3.1 L’analyse sociologique

Notre approche du terrain ainsi que notre analyse des données sont centrées sur les résidents au Yuanhenong, qu’ils soient habitants anciens ou nouveaux arrivants. Il s’agit, en premier lieu de porter un intérêt central aux représentations empiriques, c’est-à-dire aux représentations que les résidents se font de leur déplacement, et au discours qu’ils tiennent sur leur situation. Ce souci répond à l’objectif de notre analyse qui est avant tout de comprendre le vécu d’une expérience, celle d’un déplacement.

Cette compréhension du vécu des acteurs ne pouvait bien entendu pas se faire à partir d’une seule analyse des discours des résidents. Il s’agissait donc, en deuxième lieu, d’observer leurs pratiques et leur mode de vie mais aussi de repérer d’éventuels conflits et enjeux qui les opposent et les stratégies adoptées face à ces enjeux. Les conflits permettent en effet de mieux comprendre les positionnements des acteurs au sein d’un groupe social, les contraintes structurelles et les stratégies des acteurs face à ces contraintes. Ils révèlent des divergences d’intérêts mais aussi de représentations et donc une certaine différenciation sociale qui elle- même influe sur les vécus.

Pour analyser les positionnements et différences de vécus actuels, il fallait aussi se tourner vers le passé. Au total, une perspective à la fois diachronique et synchronique s’imposait donc. Nous avons ainsi recueilli des histoires de vie afin d’identifier des trajectoires et de relever les temps forts de ces trajectoires. Par un croisement de récits, nous avons pu également reconstituer une histoire migratoire et les différentes interprétations de cette histoire, avec ses périodisations, ses personnages influents et ses enjeux. Ces derniers ont suscité la formation de groupes d’opposition et d’alliance qui se sont recomposés au fil du temps jusqu’à aboutir à la configuration actuelle.

La méthode de recueil de données que nous avons utilisée est donc de type qualitatif et empiriste. Elle s’inspire, entre autres, largement de la « grounded theory » défendue par l’École interactionniste de Chicago et des analyses situationnelles de l’École de Manchester. Selon cette école, le chercheur ne part pas d’une théorie pour essayer de la prouver mais

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plutôt d’un domaine d’étude très large afin de permettre à ce qui est pertinent dans ce domaine d’émerger. Notre raisonnement s’est voulu par là même inductif : refusant de réfléchir sur la base de catégories préétablies, nous avons travaillé dans et sur des situations naturelles où se déroule l’action, ceci afin d’identifier des mécanismes et dynamiques mettant en jeu des chaînes d’interdépendances complexes, non linéaires et imprévisibles.

La grille d’analyse reste déterminée par les conclusions élaborées en anthropologie appliquée et dans les disciplines comme la sociologie urbaine. Dans une telle perspective, le schéma d’analyse se dessine ou s’opère à une telle échelle méthodologique, c’est-à-dire,

micro-sociologique102.

2.3.2 L’analyse biographique

Comme le souligne A. Desrosières (1989), « le choix d’une approche quantitative ou qualitative, ou de leur combinaison, dépend avant tout de la problématique choisie. Il s’agit d’une option de méthode plus que d’une opposition». Dans cette réflexion, nous décidons d’utiliser la méthode qualitative. L’approche qualitative a recours à une analyse narrative. Dans ce type de démarche, le chercheur veut mettre en évidence, non pas des variations, mais des processus. Il s’agit de comprendre l’apparition d’un phénomène en nous montrant les étapes du processus qui l’ont engendré.

Récits de vie, histoires de vie, approche biographique103, ces notions se réfèrent à des

démarches mises en œuvre par les chercheurs en sciences sociales. Selon P. Bourdieu (1994), « L’histoire de vie est une de ces notions du sens commun qui sont entrées en contrebande dans l’univers savant ; d’abord, sans tambour ni trompette, chez les ethnologues, puis, plus récemment, et non sans fracas, chez les sociologues » (p. 81). Les ethnologues sont parmi les premiers à y avoir recours et ils font connaître leurs travaux au grand public grâce à certains récits devenus célèbres (O. Lewis, 1961).

Les sociologues de l’École de Chicago, dans les années 1920, vont eux utiliser les histoires de vie pour tenter de comprendre les processus à l’œuvre dans les phénomènes de l’immigration, de la délinquance et de la déviance. Le paysan polonais en Europe et aux États-

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L’intérêt de l’analyse macro-sociologique est d’éclairer, à travers une approche globale ou totalisante. Quant à l’analyse micro-sociologique, elle vise à révéler les facteurs concrets dominant le phénomène. Dans l’ouvrage intitulé Qu’est-ce que la

sociologie ?, P. Lazarsfeld (1971) montre que la micro-sociologie s’occupe des petits groupes et la macro-sociologie

s’occupe « des grandes unités sociales » (p. 44).

103 Selon K. Bendana, K. Boissevain et D. Cavalloe (2005), « en dépit du fait que les différences de vocabulaire employé,

entre biographie et récits de vie, dépendent de l’histoire des disciplines et non de distinctions ontologiques, ces termes évoquent toutefois des idées contrastées : d’un côté, la biographie et son ambition totalisante ; de l’autre, les récits de vie qui suggèrent, malgré le terme « de vie », un aspect plus parcellaire […]Un second contraste apparent entre les biographies et les récits de vie tient à l’idée que les premières se fondent sur des vies complètes, menées à leur terme, d’individus disparus quand la vie des « candidats au récit de vie » demeure en devenir ».

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Unis de F. Znaniecki constitue un ouvrage fondateur de la sociologie américaine. Il s’appuie sur l’analyse de récits de vie recueillis auprès de cette population de migrants polonais d’origine rurale, venus peupler massivement les villes du nord des États-Unis au début du