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Chapitre 1 – La problématique

1.3 La recension des écrits

1.3.3 Le travail en réseau préconisé par le Réseau de la cancérologie du Québec

Afin de réduire le fardeau du cancer au Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux lance, en 1998, son Programme québécois de lutte contre le cancer (PQLC), qui préconise une approche globale des soins et des services centrés sur les besoins des personnes touchées par le cancer (PTC). Le PQLC mise sur l’accès à des services de qualité à l’intérieur d’un réseau hiérarchisé et intégré, soit le Réseau de la cancérologie du Québec (RCQ), coordonné par la Direction de lutte contre le cancer (aujourd’hui appelée Direction générale de cancérologie [DGC]) (MSSS, 1998).

Tel que précisé par Provan et Sydow (2007), le terme « réseau » réfère à un groupe d’au moins trois organisations formées, organisées et dirigées de manière à atteindre un objectif commun. Un réseau permet de tisser des liens entre les différents paliers de services, entre les différents services d’un même palier et entre les différentes institutions offrant des services à une population touchée par une problématique de santé complexe (Addicott et Ferlie, 2007 ; Ferlie, 2013 ; Provan et Sydow, 2007). Le travail en réseau permet ainsi d’éviter une fragmentation des services et un bris de continuité de ces services pour les bénéficiaires (Addicott et Ferlie, 2007 ; Ferlie, 2013 ; Provan et Sydow, 2007).

La collaboration, la coordination et la concertation préconisées par le travail en réseau permettent une expertise complémentaire entre les paliers, les secteurs de services et les organisations offrant des services, et elles améliorent la réponse aux besoins des personnes touchées par des problématiques de santé complexes, incluant les PTC (Addicott et Ferlie, 2007 ; Ferlie, 2013 ; Provan et Sydow, 2007). C’est pourquoi le RCQ mise sur le travail en réseau, en incluant les organismes du tiers secteur (MSSS, 2013b ; MSSS, 2017a).

Malgré les bénéfices notables du travail en réseau en ce qui a trait à la coordination, plusieurs études démontrent les défis relatifs à son opérationnalisation, en raison du nombre important d’acteurs en jeu, de leurs missions spécifiques et de leurs intérêts divergents (Bilodeau, 2014 ; Brossard et White, 2016 ; Ferlie, 2013 ; Provan et Sydow, 2007). L’efficacité des interventions réalisées au sein d’un réseau est grandement sensible au contexte dans lequel il s’inscrit. Plus spécifiquement, l’efficacité du réseau dépend de l’asymétrie des relations entre les acteurs

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(position hiérarchique d’un pouvoir centralisé), de la distribution des ressources (Qui détient les ressources humaines et financières ? Qui prend les décisions quant à la distribution des ressources ?) et de l’organisation des savoirs professionnels (Qui détient les savoirs professionnels ? Quel est le mode de partage des savoirs professionnels ? Y a-t-il des acteurs dépendants des autres quant aux savoirs professionnels ?) (Brossard et White, 2016 ; Provan et Sydow, 2007).

Le PQLC se concrétise par la mise en place d’équipes interdisciplinaires et par l’intégration d’infirmières pivot dès le diagnostic des PTC (MSSS, 1998 ; MSSS, 2013b). L’infirmière pivot est une personne-clé, présente auprès des PTC dès l’annonce du diagnostic, ayant comme fonctions d’évaluer, d’enseigner et d’informer, de soutenir ainsi que de coordonner. Ces fonctions de l’infirmière pivot permettent une évaluation des besoins des PTC ainsi que la concertation et la coordination des soins et services avec les autres membres de l’équipe, les autres organisations et les autres secteurs, incluant le tiers secteur. L’infirmière pivot a été choisie à titre d’intervenante centrale, ayant l’expertise clinique d’évaluer les symptômes physiques des PTC (MSSS, 1998; MSSS, 2008; MSSS, 2013b).

Selon le MSSS (MSSS, 2017a, p.15), le travailleur social, faisant partie de l’équipe interdisciplinaire, « évalue les impacts psychosociaux de la maladie sur la personne atteinte et ses proches et intervient au besoin dans le but de favoriser la mobilisation des forces et ressources des uns et des autres et leur adaptation maximale aux changements causés par la maladie. […] Le travailleur social travaille en collaboration étroite avec les autres membres de l’équipe interdisciplinaire, les intervenants partenaires et les groupes communautaires impliqués auprès de la personne atteinte de cancer et de ses proches ». La fonction de travailleur social en cancérologie est complémentaire à celui de l’infirmière pivot. Ces derniers partagent des zones communes d’intervention, telle la réalisation d’actions liées au référencement ou la remise d’informations en lien avec les organismes du tiers secteur.

Tel que présenté à la Figure 1, le soutien offert par le réseau primaire de la PTC (famille, proches, collègues, voisins), par le réseau communautaire (ou tiers secteur) et l’équipe médicale (médecins, infirmières pivot, infirmières, techniciens) est considéré comme un soutien de base et

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les services offerts par les intervenants des équipes psychosociales, comprenant les travailleurs sociaux, sont considérés comme un soutien spécialisé aux PTC. Les travailleurs sociaux sont interpellés dans le contexte de situations complexes, où les situations des PTC comportent des facteurs de vulnérabilité limitant la capacité de ces dernières à s’adapter à la maladie et à ses traitements ou nécessitant un soutien à la défense des droits (MSSS, 2017a). Par exemple, le travailleur social peut accompagner une PTC dans l’obtention de services du tiers secteur, lorsque cette dernière n’arrive pas à obtenir un service dont elle souhaite bénéficier, malgré les informations reçues.

La figure 1 présente l’organisation complémentaire des services en cancérologie.

Figure 1. – L’organisation des services en cancérologie (MSSS, 2017a)

En bref, le RCQ a été mis en place afin de répondre à la complexité des situations vécues par les PTC et à la diversité de leurs besoins, qui touchent différentes sphères de la vie. La

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complémentarité des services offerts par les organismes du tiers secteur permet de répondre de manière plus optimale aux besoins des PTC. L’intégration d’infirmières pivot permet une meilleure accessibilité aux soins et services grâce à leurs fonctions d’évaluation, d’enseignement et d’information, de soutien et de coordination. La mise en œuvre du travail en réseau présente toutefois plusieurs défis, en raison du nombre important d’acteurs, de la diversité de leurs missions et de leurs intérêts divergents.

Le prochain point présente les organismes du tiers secteur au Québec. Il permet de démystifier les différents types d’organismes inclus dans la notion de tiers secteurs et certains enjeux de financement présents pour ces organismes.