• Aucun résultat trouvé

IV. Adoption et utilisation des affaires électroniques dans le secteur canadien des transports

2. Transport routier

Presque toutes les activités de logistique utilisent le transport routier. L’industrie canadienne des transporteurs routiers est fragmentée et composée essentiellement de petites et de moyennes entreprises, le nombre des gros transporteurs étant faible. Ces transporteurs se font concurrence entre eux, et font concurrence aux transporteurs américains et autres modes. Trente-neuf

entreprises canadiennes de transport routier ont été sondées pour déterminer la situation du

commerce électronique dans ce secteur13.

On constate un net consensus sur l’importance du commerce électronique du point de vue du maintien d’un avantage concurrentiel dans l’avenir, et on constate à grande échelle des efforts et des plans d’adoption des outils du commerce électronique. L’amélioration de l’efficacité et la satisfaction des clients sont invoquées comme les avantages les plus importants des applications actuelles du commerce électronique pour le transport routier. L’intégralité des avantages du commerce électronique ne se sont pas encore matérialisés et il existe encore matière à

amélioration dans tous les domaines ou des avantages sont possibles. Le niveau de connaissance du commerce électronique pourrait être relativement plus faible dans les petites et moyennes entreprises de camionnage que dans les grands transporteurs. Cette tendance semble indiquer le besoin de cibler les initiatives d’éducation et de formation sur les petites et moyennes

entreprises.

La grande majorité des transporteurs routiers utilisent une forme quelconque de commerce électronique pour leurs opérations commerciales. Cela inclut des moyens électroniques comme Internet, le courrier électronique, le télécopieur et l’EDI. Toutefois, le courrier électronique et le télécopieur représentent une forte proportion des applications du commerce électronique dans l’industrie du transport routier. La croissance explosive du Web au cours des cinq dernières années a donné à pratiquement toutes les entreprises la capacité d’assurer une présence en ligne.

Aussi, il n’est pas surprenant que 87 % des répondants aient une présence sur le Web. La fonction la plus fréquente du site consistait à publiciser/promouvoir l’information sur

l’entreprise. La seconde fonction la plus populaire était celle d’un portail Web (point de départ Internet), suivi par la réalisation des opérations commerciales. La majorité des transporteurs routiers ne semblent pas mettre à profit l’intégralité du potentiel qu’offre le Web d’améliorer l’efficacité des transactions commerciales.

13E-Commerce and the Canadian Trucking Industry : Needs Assessment Report préparé pour Transports Canada par IBI Consulting (ébauche, janvier 2001).

La pénétration du commerce électronique dans les processus opérationnels quotidiens des transporteurs routiers canadiens demeure passablement faible. Les fonctions d’affaires

électroniques qui utilisaient le plus ce commerce électronique étaient la publicité, le traitement des commandes et le ramassage/la répartition. Les transporteurs font une utilisation minime du commerce électronique pour l’approvisionnement, le regroupement des expéditions et

l’enregistrement des véhicules. À l’exception de l’enregistrement des véhicules, la réceptivité des consommateurs pourrait en être la cause. L’absence d’automatisation de l’enregistrement des véhicules semble indiquer un besoin d’élaboration d’un service de gouvernement électronique amélioré – soit l’utilisation d’Internet par les pouvoirs publics. Même si l’EDI et le Web affichent une présence dans toutes les fonctions commerciales, ils ne sont pas encore

prédominants dans aucun domaine. Cela souligne que, même lorsque des technologies de pointe ont commencé à être utilisées, l’intégralité de leur potentiel n’a pas encore été exploitée. La cause la plus probable de l’adoption lente de l’EDI et du Web dans l’industrie canadienne du transport routier est le degré de réceptivité des consommateurs à utiliser ces technologies, peu importe leur disponibilité.

Les transporteurs routiers ont pour intention manifeste de réaliser rapidement leurs plans de mise en œuvre du commerce électronique, en dépit des obstacles potentiels. Les domaines où il y a le plus matière à amélioration en ce qui a trait à l’utilisation du commerce électronique incluent le traitement des commandes (ce qui inclut la présentation et la facturation) et l’enregistrement des véhicules auprès des organismes gouvernementaux. C’est en autres dans la publicité, l’achat de matériaux et le regroupement des expéditions que le potentiel d’amélioration semble le plus modeste.

Nombre des domaines où le transport routier peut améliorer sa productivité en utilisant Internet sont identiques aux domaines d’amélioration visés par le STI14. Nombre des obstacles au déploiement des STI sont identiques à ceux auxquels fait face le déploiement du commerce

14 On peut trouver un examen complet des applications de STI au sein de l’industrie canadienne du transport routier dans Sabounghi et al, 1999.

électronique.

Même si un certain nombre de facteurs pourraient ralentir le taux d’adoption du commerce électronique dans l’industrie canadienne du transport routier, le fait que les clients ne soient pas réceptifs constitue le principal obstacle. Les facteurs de coût ont été considérés comme le second obstacle en importance. Les problèmes de sécurité et les limitations de la technologie (tant la technologie elle-même que le savoir-faire/les infrastructures internes) ont également été considérés comme des obstacles importants par certains transporteurs.

Étant donné que les STI et le commerce électronique sont étroitement reliés, les obstacles au déploiement des STI sont également valables à l’échelle de l’industrie canadienne du transport routier. Les auteurs d’un examen exhaustif des STI au Canada concluaient que les transporteurs étaient généralement informés des avantages que les technologies de STI peuvent signifier pour leurs activités, mais un certain nombre d’obstacles à un déploiement plus vaste des STI

empêchaient la mise en œuvre (Sabounghi et al, 1999). Ces obstacles étaient :

$ Coût de l’investissement dans la technologie – les produits deviennent plus rapidement périmés du fait des progrès des technologies. Aussi, les produits peuvent être vendus à des prix suffisamment élevés pour couvrir les coûts de mise au point, ce qui pourrait être dissuasif pour certains.

$ Connaissances des STI – le manque de connaissances des STI freine également les investissements et le Canada ne possède pas à l’heure actuelle les programmes de sensibilisation qui pourraient être utiles sur ce plan.

$ Problème de confidentialité – les transporteurs routiers sont préoccupés par le stockage de l’information commerciale privée et confidentielle.

$ Enjeux commerciaux – les fournisseurs de technologies des STI sont soucieux de protéger leurs droits de propriété intellectuelle ainsi que leur part de marché.

$ Résistance au changement – les travailleurs considèrent souvent l’automatisation comme source de pertes d’emplois possible, et ne souhaitent pas changer leur façon de faire.

$ Normalisation – l’absence de normalisation et la nature exclusive de certaines

technologies et de certains produits ont compliqué, voire empêché l’industrie d’intégrer les systèmes des entreprises aux dispositifs installés dans les véhicules. De manière similaire, la politique et les stratégies opérationnelles sont souvent élaborées sans grande consultation, avec pour résultat que les différentes institutions ont des besoins similaires mais des exigences différentes.

L’enquête de l’ELTC indique un degré élevé de satisfaction à l’égard de la capacité de

l’expéditeur de communiquer avec les transports routiers, de demander des renseignements ou un service ou d’acquérir des services de transport routier ECC (64 %) ou LD (71 %)15. En ce qui a trait au comblement des attentes des expéditeurs à l’égard du degré de réceptivité à Internet, le rendement du transport routier s’est amélioré de manière notable depuis 1995, plus de 55 % des expéditeurs répondants pour chaque catégorie de service indiquant que leur satisfaction à l’égard de la capacité d’effectuer des transactions s’était améliorée entre 1995 et 2000. Pratiquement aucun expéditeur n’a signalé de détérioration.

Il existe un net consensus au sein de l’industrie du transport routier quant à l’importance du commerce électronique du point de vue du maintien d’un avantage compétitif. Les entreprises semblent tester le terrain sur une base individuelle, investissant des domaines où des avantages à court terme potentiels peuvent se concrétiser. La prudence est justifiée par la nature de l’industrie du transport routier, qui est fragmentée, extrêmement compétitive et caractérisée par de très faibles marges bénéficiaires. Cette industrie ne peut se permettre le luxe d’investir à perte des milliards de dollars pour faire l’essai d’applications de commerce électronique ou être la

première à offrir ces applications. Cela est particulièrement vrai pour les transporteurs du secteur des envois ECC, où on constate les taux de satisfaction les plus faibles à l’égard d’Internet, pour tous les modes et services. L’exposition au risque est plus délicate pour les transporteurs routiers dont les marges bénéficiaires sont très faibles. La révolution du commerce électronique dans le

15Special Tabulations from Survey of Shippers pour le compte de l’Examen de la Loi sur les transports au Canada préparé by Richard Hinchcliff (février 2001).

transport routier sera lente, mais elle pourrait s’accélérer au fur et à mesure que les

consommateurs eux-mêmes se rééquipent de manière à être en mesure de tirer pleinement profit des capacités de commerce électronique des transporteurs.