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Ainsi, l’analyse des données a permis d’ordonner les pratiques des jeunes habitants selon trois grands axes thématiques : les modalités de la transmission culturelle en lien avec l’expérience des lieux parcourus et fré-quentés par les parents ; la mobilisation des lieux dans les expérimentations, les projets individuels et les constructions identitaires des jeunes habitants, et enfin, les itinéraires, les circulations et les constructions territoriales des jeunes habitants induits par leurs pratiques culturelles. Pour chaque axe d’analyse, l’approche de genre apporte des nuances permettant de tenir compte de la reproduction de dispositions, d’assignations tout comme de dépassements dans la compréhension des parcours des jeunes et des rapports sociaux qu’ils établissent localement et en dehors du terrain d’étude.

2.1.1. Transmission culturelle et expérience des lieux

Ce n’est pas ici l’origine sociale, la situation vis-à-vis de l’emploi, ou le diplôme des parents, leurs valeurs et pratiques éducatives, qui sont interrogées en premier lieu dans les processus de transmission culturelle entre parents et enfants, mais l’ancrage local de la socialisation culturelle familiale. Ainsi l’analyse des entretiens croisée avec les observations de terrain a privilégié les scènes amateurs ou manifestations culturelles existantes sur le territoire où se côtoient différentes générations, les lieux parcourus et fréquentés par les pa-rents, c’est à dire avant leur installation en milieu rural ou leur autochtonie, et enfin, l’appartenance manifestée par la famille, parents et enfants à une com-munauté villageoise. Ces ancrages sont ainsi appréhendés comme influant la transmission culturelle par l’intégration ou non des modèles parentaux en ma-tière de loisir culturel comme la musique rock, par l’incorporation ou le rejet des modes de vie, des valeurs, des goûts culturels des parents liés à leur pré-sence dans ces espaces ruraux, par la participation ou l’abpré-sence des jeunes à la valorisation et l’animation de sein du village.

2.1.1.1. Des lieux et des temps de transmission culturelle intergénérationnelle

La rencontre avec de jeunes musiciens, âgés de 14, 15 ans lors de mani-festations culturelles organisées autour de scènes amateurs comme la fête de la musique, le festival Full Vibration, confirme pour ces jeunes, la coexistence de pratiques culturelles juvéniles, parentales, scolaires, sur le mode cumulatif plus que celui de la substitution Les témoignages des jeunes musiciens montrent la diversité de leurs influences : les injonctions et modèles familiaux, les impéra-tifs et activités scolaires, les médias (télévision, Internet…), et la manière dont ils composent avec ces derniers.

« Et puis, quand j’étais petit, je voyais à la télé des rocks star et je me disais qu’un jour il fallait que je fasse cela. L’accordéon, c’était mon grand père qui me motivait, il m’avait acheté un accordéon. Peut-être un jour je m’y remettrais. Cela me plaisait quand même, et puis en CM2 j’écrivais déjà des textes. Au lycée, c’était dans le Gers, on avait un vrai cours de poésie avec des consignes et c’était vraiment à part ; moi je lis pas vraiment de poésie, je suis pas bon lecteur non plus, mais cela a été une découverte » (Musicien, 19 ans).

Ces formes de coexistence, si elles ne débouchent pas ici sur une oppo-sition ouverte aux cultures parentales ou un conflit générationnel, elles ne re-posent pas non plus sur une gestion cloisonnée de la part des jeunes des mo-dèles et pratiques culturels. Elles font plutôt état d’interactions et de correspondances entre les différentes socialisations, de pairs, parentale et sco-laire, susceptibles de favoriser ces modes cumulatifs de construction du goût. Les jeunes musiciens rencontrés sur les scènes amateurs évoquent ainsi la transmission comme au centre de leurs premières orientations musicales, et partagent les mêmes références musicales que leurs parents.

« Moi, la musique cela m’a été beaucoup transmis par mon père … Et puis You Tube aussi. Mon père, dès que je suis né, il m’a fait écouté beaucoup de musique, pour que je me trouve un style et je me suis vraiment identifié dans le rock, dans Led Zeplin. J’ai vraiment commencé à écouter du rock quand mon père m’a fait écouter les Pink Floyd, après j’étais à fond dedans, après je suis passé à Led Zeplin » (Musicien, 17 ans).

Les parents sont parfois musiciens amateurs. Ils pratiquent une profes-sion en lien avec la musique, mais le plus souvent, ils continuent d’écouter le rock de leur jeunesse et le partagent avec leurs enfants. Cette transmission

re-pose sur des affects : la fierté, l’admiration, les identifications réciproques. Des liens sont établis par certains jeunes fréquentant l’atelier musique du lycée d’enseignement général, avec le programme optionnel en musique du bacca-lauréat pendant le temps de l’enquête, dans lequel figure l’étude de l’œuvre de Jimmy Hendrix.

Il est vrai que l’exemple de la musique rock se caractérise d’une manière générale à la fois, comme étant depuis quarante ans l’expression musicale la plus achevée de l’émancipation des jeunes et comme suscitant le maintien de comportements culturels une fois le passage à l’âge adulte. Donnat (1998) constate que le rock révèle « les changements de comportements et de goûts intervenus

chez les jeunes depuis les années 1960 ont, dans l’ensemble, laissé des traces bien au delà de leur adolescence et ont transformé de manière durable les rapports à l’art et à la culture des générations nées depuis la Seconde Guerre mondiale ». Le goût généralisé pour la

mu-sique et la haute valeur culturelle accordée par les jeunes aux références musi-cales des parents, notamment dans l’univers de la musique rock, n’est pas spé-cifique à notre terrain d’étude. Parce que les musiques amplifiées recouvrent une partie non négligeable des pratiques culturelles des jeunes, elles ont une dimension symbolique forte dans les échanges sociaux, en particulier dans les échanges intergénérationnels, d’autant plus que la culture ne constitue plus aujourd’hui un élément de ralliement et d’opposition entre générations comme pour celles d’après-guerre jusqu’aux années soixante-dix.

Les cultures juvéniles peuvent aussi se construire, avec les autres géné-rations de manière interactive tout en constituant le terreau privilégié à partir duquel est recherché un moyen de s’affirmer, de poser sa différence, de se construire.

« La musique de mon père, tout le monde est d’accord ici, c’est énorme, on s’est beaucoup inspiré de son groupe aussi, parce que quand il était jeune, il avait un groupe de rock aussi. En fait, on fait beaucoup de reprise de mon père, enfin on s’inspire après on change tout » (Musicien, 16 ans).

Mais au-delà, des propos recueillis, les observations montrent que cer-taines manifestations culturelles organisées autour de scènes amateurs, en par-ticulier la fête de la musique de Saint Antonin, sont des lieux de mise en scène d’une reconnaissance mutuelle entre génération autour de l’écoute et de la pra-tique de la musique rock, des temps de partage de références culturelles, de coopérations et de transferts de compétences, de savoir-faire. Ces lieux et ces temps s’appuient sur des réseaux d’interconnaissance affinitaires ou familiaux, et jouent un rôle majeur tant dans l’attirance des publics que dans la mobilisa-tion de jeunes amateurs de musique. Ils regroupent ainsi une populamobilisa-tion très diversifiée tant au niveau des catégories d’âge, des statuts et des rôles

(profes-sionnels de l’éducation nationale, des écoles de musique) que des origines géographiques (autochtones, néo-ruraux…).

2.1.1.2. « Fils et fille de » dans la recomposition sociale du territoire

L’installation d’artistes, d’acteurs culturels, à partir des années soixante-dix /quatre-vingt peut être perçu comme un fait majeur dans la recomposition sociale des espaces ruraux de notre terrain d’étude. Afin de prendre en compte les recompositions démographiques de ces espaces ruraux, et entre autre la présence d’enfants d’artistes, ou d’acteurs culturels, habitants originaires ou non de ces milieux ruraux, la participation des jeunes aux projets artistiques et culturels de leurs parents, amateurs ou professionnels, tout comme leur im-prégnation de leurs univers esthétiques, culturels, musicaux, ont été interrogés, Ces éléments ont été mis en miroir avec des pratiques d’enfants de familles autochtones. Comment la transmission des pratiques, des goûts, des connais-sances des parents à leurs enfants s’imbrique dans l’environnement, se nourrit des parcours migratoires des parents et de leurs attachements aux lieux, s’inscrit dans la recomposition sociale du territoire ?

Tout d’abord, il faut relever que les artistes et/ou acteurs culturels, bé-névoles, professionnels et/ou amateurs constituent en fait un ensemble très hétérogène. De l’intellectuel parisien, professionnel dans le milieu du théâtre, installé dans la région depuis plus de 20 ans à l’amatrice inconditionnelle du mouvement Hip Hop depuis son émergence, originaire de l’agglomération pa-risienne et installée depuis une dizaine année, il y a bien souvent une grande diversité de parcours artistique et culturel, de milieu social, et de dynamique d’installation ou de retour à la campagne. Il en est de même pour le chanteur lyrique, menant une carrière reconnue sur Paris, et revenant dans son village natal durant la période d’été, ou pour la musicienne et sonorisatrice, bénévole engagée depuis plusieurs années dans une association culturelle, d’origine hol-landaise, mais ayant passé son enfance non loin de son village d’installation, ou encore du natif, sculpteur de papier mâché, qui a fait ses premiers essais de sculpture avec une anglaise, décoratrice, de formation plasticienne, vivant alors avec un français.

Les exemples pourraient être multipliés, et les initiatives culturelles ou artistiques qu’ils ont mené ou dans lesquelles ils se sont engagés en amateurs ou en professionnels, sont elles mêmes d’une grande variété et ont générale-ment accompagné ou même permis leur intégration dans ces milieux ruraux. Elles sont toutes nées ou ont pu se développer grâce à la rencontre avec les habitants, même si des incompréhensions successives ou plus ou moins

te-naces dans le temps nous sont relatées, qui d’ailleurs, sont parfois des conflits d’usage de ces espaces ruraux portés par de nouveaux arrivants. Certains ac-teurs culturels reconnaissent d’ailleurs qu’il y a « toujours eu une espèce de

tolé-rance », en expliquant que « ceux qui ont essayé de (leur) mettre les bâtons dans les roues n’étaient pas si nombreux que ça. Ces insertions dans le tissu social, même si les

cloisonnements sont parfois présents rendent bien souvent compte de pra-tiques artispra-tiques et culturelles construites avec le temps, les habitants et les lieux. Et finalement, coexistent des pratiques culturelles ancrées localement, importées, diffusées et co-construites(Garcia, 2004, 2006). Ce caractère com-posite, métissé des pratiques apparaît comme une évidence pour les jeunes rencontrés, fils ou fille d’artistes ou d’acteurs culturels. Ils vivent cette diversi-té comme allant de soit et ne font d’ailleurs pas de distinction entre les cadiversi-tégo- catégo-ries de l’urbain et du rural, entre autochtones et néo-ruraux, entre migrants européens ou nationaux, etc. Gaëlle, âgée de 20 ans quand on lui demande si elle a des amis anglais répond par la négative, mais cite Jimmy, Louis, « qui sont

là depuis longtemps », et puis Guesch et Jo, « qui font aujourd’hui leurs études en An-gleterre », et avec qui « elle a passé son enfance dans ce village ». Et puis manifestant

son incompréhension par rapport à la distinction « originaire » ou « non origi-naire » et se référant aux jeunes avec qui elle a fait toute sa scolarité, fait la re-marque suivante : « Je ne sais pas vraiment s’il y en a, qui sont vraiment, vraiment

d’ici ».

Si la catégorisation originaire/non originaire, urbain/rural, n’est pas adoptée, le terrain a montré que les prédispositions sociales et les réseaux fré-quentés déterminent toutefois les activités culturelles des jeunes sur le terri-toire et les représentations qu’ils en ont.

Gaëlle, fille de musicienne, accordéoniste, passionnée de musiques tra-ditionnelles de différents pays, a suivi sa mère durant son enfance de festival en concert. Elle baigne depuis toujours dans un univers musical, mais ne joue aucun instrument, « chante toute seule pour le plaisir », est devenue consommatrice de musique, mais se définit comme étant « artiste dans l’âme ». Aujourd’hui, elle se passionne pour un groupe de musique local, qu’elle place dans son univers de proche : « j’étais là au tout début, le jour où ils se sont rencontrés, ils ont l’âge de ma

mère, et je les suis partout. Mais c’est vital pour moi, cela fait partie de mon équilibre. » La

valeur principale qu’elle accorde à leur musique c’est d’être cosmopolite, de puiser tant dans le traditionnel, le rock, la musique africaine, et de pouvoir de ce fait « arriver à faire bouger tout le monde, tous les âges aussi, même les aveyronnais ».

A l’inverse de Gaëlle, Luc, âgé de 17 ans, marque une rupture avec l’univers de ces parents et s’investit localement dans une pratique culturelle sans faire de lien avec celles de son enfance. Il vit depuis son enfance avec son beau père, devenu professeur de théâtre sur le territoire d’étude, qui se définit

comme un néo rural ayant fuit l’intellectualisme parisien à la recherche de va-leurs plus simples et authentiques. Luc a arrêté pour sa part le théâtre vers 14 ans et se consacre désormais au « rugby », il considère d’ailleurs qu’ « il n’y a

pas grand-chose d’autre à faire à Saint Antonin ».

A la différence de Luc, Milène, âgée de 21 ans, boulangère dans la ferme de son père, adopte de nouvelles pratiques et affirme ses goûts sans toutefois rompre avec les pratiques de ces parents. Elle ne fréquente pas les mêmes concerts et manifestations culturelles que Gaëlle: « il y a plein de fêtes

agricoles auxquelles on va, moi j’aime bien ». Elle se rend également au festival « les

Hivernales du documentaire » où elle apprécie les films évoquant les anciens métiers agricoles. Elle explique son goût pour la langue occitane car « elle ne

doit pas disparaître ». Par contre, la musique ou la danse folklorique et

tradition-nelle « ne la branche pas du tout et n’est pas son style du tout ». Elle apprend d’ailleurs la guitare avec un musicien d’origine allemande, installé depuis de nombreuses années dans le village voisin. Elle participe également à un atelier de photo, mené par un artiste photographe toulousain, installé depuis peu dans la région. Elle l’a rencontré en livrant le pain, et a apprécié son travail photographique, ce qui l’a incité à s’engager dans cette pratique.

Que ce soit sur le mode de l’opposition, de l’affirmation ou de la réin-terprétation, ces pratiques ont toutefois en commun de se distinguer de celles transmises par les parents. Dans la plupart des cas, composites ou métissées, elles puisent en partie dans des capitaux culturels diversifiés, et sont de plus accompagnées de valeurs, qui articulent de façon chaque fois singulière une perception du « rural », des valeurs morales et des modes de vie.

Milène, valorise un territoire rural porteur d’un patrimoine transmis :

« Je voulais faire du pain depuis toute petite, mais faire du pain autrement, sans levure, comme on faisait avant et j’ai réussi. Je fais du pain biologique. Mon père faisait déjà une agriculture non bio, mais pas très éloignée». Elle considère que« la vie à la campagne est beaucoup plus calme et tranquille, elle ne se voit pas du tout vivre en ville ». L’agriculture

biologique est pour elle le moyen de faire le lien avec un patrimoine et des sa-voirs agricoles. Les valeurs écologiques qui y sont associées sont constitutives de son identité professionnelle.

Gaëlle, mais aussi Inès, ou Emeline ont tous leurs amis – elles y com-pris - qui ne sont pas exploitants, mais qui sont sensibles à une autre agricul-ture, biologique, plus respectueuse de la nature. Elles parlent de réseau d’abord de copains, puis d’un réseau étendu », qui se retrouve autour de ces valeurs, de ces modes de vie. La culture communautaire de légumes biolo-giques et de plantes aromatiques, les toilettes sèches, les habitats légers et autonomes sur un plan énergétique comme les yourtes sont les marqueurs de ces modes de vie. A la différence de Milène, ceux-ci sont présentés, non pas

en lien avec un patrimoine, mais comme étant alternatifs. Les valeurs asso-ciées, comme pour Milène sont constitutives d’une identité professionnelle (Gaëlle a obtenu un CAP de charpentier qu’elle exerce dans le domaine de l’habitat écologique), mais également d’une identité sociale construite sur « une manière de vivre » permettant de se reconnaître entre pairs. Par exemple, Inès, âgée de 20 ans, fille de conteur, fondateur d’une association culturelle ayant œuvrée dans la professionnalisation de jeunes artistes réunis autours des arts du cirque et de la rue, a baigné, et baigne toujours dans un milieu artistique. Elle pratique plusieurs instruments (piano, accordéon…) et est active dans l’association. Le parcours d’Inès nous le confirme : elle a partagé plusieurs ex-périences alternatives autour de sa scolarisation (lycée expérimental sur l’île d’Oléron), d’activités lucratives temporaires (camion itinérant pour servir des repas végétariens lors de festivals) et artistiques bénévoles (organisation de festivals). Le rural, c’est avant tout le partage d’une vie simple, le respect de l’environnement. Les pratiques culturelles y sont liées : Gaëlle ajoutera que ses amis sont tous artistes, soit dans le travail du bois, soit dans la nature. Inès témoigne également de son attachement à la campagne, en lien avec son enga-gement associatif culturel. Elle considère d’ailleurs « qu’il y a beaucoup d’autres

villages qui bougent » du fait des initiatives culturelles qui s’y déroulent.

Enfin, le parcours de Thomas se singularise des autres. Engagé depuis enfant dans une association culturelle autour de la danse Hip Hop, à l’initiative de sa sœur aînée, il pratique le Hip Hop depuis toujours. Il a même travaillé dans le cadre d’un emploi jeune pendant trois ans au sein de l’association en tant que danseur et animateur avant un départ pour un voyage de un an en Australie. Les valeurs associées au Hip Hop, notamment en lien avec le mou-vement Zulu, sont constitutives à la fois de son identité sociale et profession-nelle. En effet, il est en lien avec de nombreux artistes de ce mouvement sur la région parisienne, souhaite y faire une carrière professionnelle. Il n’envisage pas de rester en milieu rural car l’estime peu favorable à ses projets, contrai-rement à sa sœur aînée qui a défendu pendant dix ans l’idée de partager sa pra-tique et les valeurs du Hip Hop avec les jeunes habitants du village.

Ainsi, les pratiques artistiques et culturelles de ces jeunes s’inscrivent à la fois dans celles de leurs aînés, sans leur être toutefois complètement fidèles, mais aussi dans leurs vécus et représentations du rural. L’ancrage familial et social joue un rôle majeur dans l’investissement des jeunes et leur inclinaison à s’engager dans des pratiques culturelles. Il y a des formes évidentes de repro-duction sociale. Leurs pratiques et leurs goûts sont soumis à différentes con-traintes à l’articulation de socialisation diverses (Lahire, 2004): celle de la fa-mille, des pairs… Ces pratiques témoignent de parcours singuliers et composites, et sont mobilisées dans la construction des identités sociales et

professionnelles des jeunes habitants rencontrés. Elles posent ainsi la question de la reproduction des expériences de leurs parents, et des processus