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Des espaces de négociation et de concertation à inventer Le dispositif des appels à projets, comme celui intitulé Regard sur notre Le dispositif des appels à projets, comme celui intitulé Regard sur notre

LIENS ET RUPTURES

1.2.3. Participation citoyenne et politiques culturelles territoriales territoriales

1.2.3.2.3. Des espaces de négociation et de concertation à inventer Le dispositif des appels à projets, comme celui intitulé Regard sur notre Le dispositif des appels à projets, comme celui intitulé Regard sur notre

patrimoine, dans le cadre du schéma culturel du Pays Midi Quercy, constitue un

moyen d’établir un partenariat avec les associations et acteurs culturels du ter-ritoire. A partir d’un cahier des charges et d’une thématique inscrite dans les orientations du schéma culturel, il propose un financement et un soutien, à la diffusion par exemple, des projets qui seront sélectionnés par une commission comprenant des techniciens et experts, des acteurs institutionnels et des membres du Conseil de développement. Un des critères du cahier des charges à respecter incite les acteurs culturels associatifs ou non, à se regrouper pour envisager un projet transversal à différents domaines de l’art, du patrimoine, ou encore de l’habitat.

Or, l’adhésion des acteurs culturels et des associations n’est pas tou-jours au rendez vous et répondre à ces appels à projet leur demande de mobi-liser des capacités et de dépasser des incompréhensions. Tout d’abord, les ac-teurs culturels, pour élaborer leur propre stratégie doivent accepter les règles du jeu fixées par le Pays. L’orchestration faite par le Pays des rôles, des places, des responsabilités de chacun et des opportunités de tous, n’est pas toujours des plus compréhensibles pour les porteurs de projet. Les temps de réunions sont fréquents, ne sont aucunement décisionnels, et peuvent être perçus par les bénévoles et le milieu associatif peu en lien avec leur activité. Les acteurs

culturels doivent également être en mesure de s’approprier la pertinence des politiques culturelles, et donc à en dépasser la complexité du fait qu’elles relè-vent à la fois d’un champ de politique sectorielle et de celui de politique de développement territorial. Malgré le travail de consultation généralement me-né lors du diagnostic établissant le schéma culturel, la méfiance de certains acteurs culturels s’explique par le sentiment de ne pas maîtriser la complexité des règles de l’action culturelle locale. Il apparaît par conséquent que la com-préhension de la complexité des logiques institutionnelles devient largement aussi déterminante que la qualité d’un projet pour établir crédibilité et finan-cement. Ainsi, dans le cadre de l’appel à projets Regard sur notre patrimoine, la mobilisation du registre territorial est évidente. Les représentations sociales et l’intentionnalité des acteurs y jouent un rôle central, car il s’agit de prendre conscience de ce qui est potentiellement une ressource, de négocier sa valori-sation en créant un nouveau regard sur les territoires. Réinterpréter et se réap-proprier des héritages, mettre en scène un objet, un symbole, aménager des savoir-faire peuvent être des traductions de ces constructions. De plus, les ac-teurs culturels doivent être en capacité de s’organiser, de négocier en élaborant des règles de régulation et des projets, les amenant à construire ou à consoli-der leurs discours et à légitimer leurs propres rôles et places dans ces dyna-miques de développement.

Dans le cadre du Pays Midi Quercy, la mise en place d’une méthodolo-gie participative pour l’évaluation du schéma culturel a tenté de créer un es-pace de réflexion et d’appropriation des axes stratégiques de ce dernier. Cette expérience a été l’occasion pour les techniciens de réfléchir aux moyens d'associer les acteurs culturels et même plus largement les habitants, et de ré-pondre à la nécessité d’un espace de négociation où les choses peuvent être dites, entendues et prises en considération. Il résulte de cette réflexion et des échanges que cette évaluation a suscités, que les engagements doivent être ré-ciproques entre acteurs culturels et techniciens du développement culturel et territorial, et étendus aux différents acteurs du territoire, notamment les élus. Dans les conclusions et les perspectives apportées par cette démarche Baradat (2008), il apparait comme nécessaire aujourd’hui que l’avenir du schéma cultu-rel ne dépende pas uniquement du dynamisme et du professionnalisme du chargé de mission « culture » au Pays et des critères régionaux, et que les tech-niciens des intercommunalités, les membres du conseil de développement ain-si que les élus puissent impérativement percevoir les enjeux et s’y impliquer. Il s’agit alors pour les chefs de projet culturel recrutés de se situer dans une lo-gique de proximité, face à des petits porteurs de projets qui sont avant tout des représentants d’une dynamique issue du local, sans être systématiquement

en concordance avec les objectifs artistiques, culturels et territoriaux fixés dans le projet. Cependant, construire une action en faisant entrer en dialogue les logiques artistiques et culturelles et celle du territoire (sociale, patrimoniale, économique) ne peut se réaliser sans des engagements réciproques sur une réflexion approfondie à mener sur les moyens d’aménager le statut associatif et sur les relations entre le monde associatif, la population et les pouvoirs pu-blics. Moulinier (2001) considère que cette réflexion doit se faire dans la pers-pective d’une participation plus large aux décisions culturelles et dans le cadre d’un débat contradictoire qui respecte un certain nombre de principes : celui de l’autonomie des associations et de la spécificité de leurs apports, celui de reconnaissance de l’importance du bénévolat, celui de reconnaissance de la spécificité de l’activité économique et sociale des associations, comme secteur non assimilable au secteur marchand et soumis à des règles différents, et enfin ceux de complémentarité et de responsabilités assumées.

En conclusion, l’action publique culturelle tend à reconnaître que les fi-nalités ou les registres d’actions s’entremêlent sur le terrain, et qu’il n’est, comme le considère Raffin (2010) que rarement question d’art : « Bien plus

nombreux sont les individus concernés par la culture, simples auditeurs, spectateurs, publics qui utilisent la culture à d’autres fins qu'artistiques : s’amuser, se détendre, faire la fête, être ensemble, poétiser son quotidien, se connaitre, mais aussi se positionner politiquement, élabo-rer une parole publique, participer aux affaires de la cité ou encore gagner de l’argent, faire du profit ». Si, l’expression culturelle dans sa diversité, via le secteur associatif

ou des productions amateurs, semble être considérer comme porteuse de dé-veloppement local, de cohésion sociale ou d’images renouvelées des cam-pagnes, les liens à établir avec l’action publique culturelle et territoriales restent à réfléchir, à parfaire, à élaborer collectivement.

1.3. J

EUNESSES RURALES

Cette recherche est centrée sur les jeunes habitants ruraux, qui repré-sentent une partie de la population finalement peu sollicitée dans la littérature scientifique. La ruralité est souvent associée, nous l’avons vu précédemment, au passé, à la tradition, au patrimoine, et elle est de ce fait rarement montrée telle qu’elle est vécue par les jeunes. La jeunesse ne constitue pas une figure centrale de la campagne, car les jeunes y sont perçus comme minoritaires, ab-sents, partis, silencieux. De même aborder les jeunes habitants ruraux au tra-vers de leurs pratiques artistiques et culturelles peut sembler quelque peu dé-concertant pour comprendre le monde rural, même si elles paraissent avoir un

poids certain dans la dynamique locale, elles ne sont pas centrales pour les dé-crire. Mais cette approche peut se révéler comme essentielle pour comprendre quelle place ces jeunes habitants peuvent avoir dans les processus spatiaux à travers l’utilisation du lieu de vie, l’organisation d’un espace vécu… Tout en s’inscrivant au cœur du questionnement sur la jeunesse elle-même, par exemple à propos de l’accès à l’autonomie, l’analyse cherche à comprendre au travers des jeunes et de leurs pratiques en quoi « l’action individuelle et collec-tive est tout à la fois organisatrice de, et organisée par l’espace » (Lévy, Lus-sault, 2003). Ce faisant, cette démarche pose des questions de l’ordre de la construction sociale de la personne, de son intégration, de sa capacité à mobi-liser des ressources et des compétences, dans l’espace qui lui est propre, des changements qui peuvent s’opérer dans les espaces ruraux grâce à l’apport de pratiques jusque là peu prises en compte. Ainsi, se concentrer sur le pouvoir que les jeunes peuvent acquérir dans le processus de valorisation des espaces ruraux même les plus éloignés, sur leur capacité à changer et à faire évoluer l’organisation de l’espace dans lequel ils vivent, peut être révélateur des cons-tructions mutuelles entre l’individu, les autres et leur environnement. Cette approche peut également nous renseigner sur la place qu’occupent les terri-toires ruraux aujourd’hui et comment ils contribuent à « faire société ».