• Aucun résultat trouvé

Un levier pour une mobilisation des intercommunalités Cependant, les Pays, qui ne sont pas des collectivités territoriales, Cependant, les Pays, qui ne sont pas des collectivités territoriales,

LIENS ET RUPTURES

1.2.2. L’organisation territoriale de l’action publique culturelle

1.2.2.2.3. Un levier pour une mobilisation des intercommunalités Cependant, les Pays, qui ne sont pas des collectivités territoriales, Cependant, les Pays, qui ne sont pas des collectivités territoriales,

appa-raissent comme des outils privilégiés de recomposition, d’aménagement et de développement, d’une nouvelle échelle locale : l’intercommunalité, vis à vis de laquelle ils ont un rôle en quelque sorte didactique. Il s’agit d’une nouvelle lo-gique de valorisation d’une échelle locale ou d’un échelon territorial local, dont la caractéristique serait d’être intermédiaire entre les niveaux d’organisation les plus locaux et ceux supérieurs. Elle impliquerait, d’autre part, et surtout, une logique de mise en relation entre les territoires et entre les acteurs situés dans ces territoires. Au delà de la question des échelles territoriales, ces regroupe-ments de communes seraient également des espaces intermédiaires en termes

de taille, d’étendue, de poids démographique et économique, en termes d’action et d’aménagement, entre logiques endogènes et logiques exogènes.

Dans ce contexte, au terme de la période de contractualisation prévu dans le dispositif régional Projets culturels de territoire , le schéma de développe-ment culturel doit avoir eu un effet de levier, c'est à dire qu’il est censé contri-buer à la structuration du territoire, qui doit être ensuite en capacité d’être autonome (notamment à même de financer sa politique culturelle). Une impli-cation plus forte des Communautés de Communes dans le financement et l’accompagnement des projets est de ce fait recherché par la région, et porté par le Pays et ses techniciens. L’intercommunalité est finalement considérée comme le niveau primordial de soutien et d’accompagnement technique et financier des projets culturels aux côtés des partenaires que sont la Région et le Département. Le Pays n’étant en fait là que pour coordonner et impulser une dynamique partenariale, et peut-être préparer l’intercommunalité de de-main33. Or les paragraphes précédents ont montré que l’action publique cultu-relle sur les territoires ruraux s’est développée de manière disparate, infor-melle, en s’appuyant sur les dynamiques associatives et les volontés politiques. De plus le cas de la lecture publique sur une des Communautés de Communes du Pays Midi Quercy a révélé précédemment les problématiques rencontrées au niveau des territoires intercommunaux ruraux.

Ainsi, malgré des engagements d’élus et de municipalités qui sont réels, l’analyse des entretiens menés par Baradat, 2008 auprès des techniciens du Pays, soulèvent des difficultés d’adhésion et de compréhension de la part des élus vis à vis du domaine culturel, et l’absence de discours et de réflexions né-cessaires à la structuration de politique culturelle. Cette absence de débats sur les orientations et les choix politiques à mener en matière de culture dans un projet global du territoire « pays », ne s’insère pas dans une démarche inter-communale, et laisse en quelque sorte le pouvoir décisionnel aux techniciens du Pays qui ont acquis une grande maîtrise de l'argumentation sur ce sujet. La sensibilisation des élus au domaine culturel comme la prise en compte de leur système de représentations, devient un enjeu majeur, car la mise en œuvre du schéma de développement culturel élaboré au niveau du Pays ne peut être réa-lisée sans son appropriation par les Communautés de Communes.

33 Avec la loi du 16 décembre 2010, réformant les collectivités territoriales et leurs groupements, les intercommunalités sont amenés à jouer un rôle prépondérant dans l’organisation territoriale française. Ce n’est pas tant au niveau du renforcement qe la démocratie locale que les changements risquent de peser le plus, mais au niveau d’une réduction drastique du nombre de structures intercommunales, d’élus, et de fonctionnaires. Les Pays seraient amenés à disparaître pour laisser la place à une seule intercommunalité. La revue POUR n° 209-210, juin 2011, consacre un numéro à cette réforme.

En cessant de relever de la responsabilité quasi exclusive de l’Etat, les nouveaux modes de l’action publique culturelle se complexifient. Les élus lo-caux s’approprient progressivement parfois avec réticence les politiques cultu-relles, qui trouvent une place dans les interventions des collectivités territo-riales. Pour Saez (2009), une véritable gouvernance territorialisée s’est ainsi mise en place, fondée sur un régime de coopération financière entre les di-verses autorités publiques. Si les départements sont des acteurs déterminants pour certains domaines culturels, comme la lecture publique, les régions ini-tient des politiques innovantes en s’appuyant sur un échelon de prédilection, l’intercommunalité, par l’intermédiaire des Pays. Dans ce contexte local d’ouverture et d’articulation, tout en restant au plus près des réalités territo-riales, se pose pour les différents acteurs la tâche complexe de définir et de débattre des nouveaux référentiels qui structureront l’action publique cultu-relle et feront suite ou se superposeront aux anciens concepts devenus caducs.

1.2.2.3. La culture dans un projet de territoire

Dans un contexte de décentralisation des politiques publiques, la loi LOADDT accentue la montée du registre territorial et généralise l’ancrage territorial des politiques culturelles aux autres domaines que celui de la lecture publique. La culture devient un outil transversal et structurant dans un projet global du territoire, dont les différentes phases : charte, diagnostics, schéma... se veulent être issues d’une concertation large des élus, des acteurs culturels et des habitants du territoire. Créer un territoire, espace pertinent et stratégique de développement qui s’ordonne autour d’un projet constitue, ainsi, une don-née de base. Le Pays est présenté comme un espace de projet commun, lieu de citoyenneté active, et repose à cet effet sur une charte. La charte contractualise l’accord entre élus et acteurs locaux de la société civile, les rapports entre le Pays et les communes. Cette dernière comprend un diagnostic - démogra-phique, social, économique, culturel, environnemental -, des orientations à 10 ans sur les mesures et modalités d’organisation, de mise en œuvre et d’évaluation. Le domaine culturel n’est donc pas absent de la charte. Lors de sa constitution, le Pays Midi Quercy a déterminé des axes stratégiques ou en-jeux, qui ont été déclinés en sept mesures. La « culture » s’inscrit ainsi dans l’enjeu n°2 de la charte de développement : « équilibrer la démographie et favoriser

la cohésion sociale par la valorisation du patrimoine, la mise en réseau des acteurs culturels et l’accès égalitaire de la population aux services culturels du territoire ». Parallèlement,

ter-ritoire, qui font l’objet de diagnostics ou d’études spécifiques et sont suivis par des comités de pilotage distincts34.

1.2.2.3.1. Différenciation du territoire et construction sociale de la ressource

Au niveau du Pays Midi Quercy, la rhétorique autour de la mobilisation de la culture comme levier du projet territorial et comme objectif de dévelop-pement est bien présente. Comme pour d’autres Pays de la Région Midi Pyré-nées (M. Sibertin- Blanc, 2009), la culture y apparait comme ressources identi-taires, mais aussi comme potentiel à dimension économique (notamment à travers le tourisme) et sociale (pour l’accueil de nouveaux arrivants, dans l’objectif de cohésion sociale et intergénérationnelle, comme service à la popu-lation, etc.) La culture est à la fois ressource territoriale et produit du territoire (Lefebvre, 2010). La dimension culturelle se retrouve attachée à de nombreux autres enjeux, en toile de fond ou en moyens d'interventions : développement touristique, économique, de l’emploi, valorisation patrimoniale et structuration des bourgs, développement des techniques d’information et communication, renforcement des services à la population, cohésion sociale et intergénération-nelle, assise du territoire Pays comme partenaire et acteur de l’aménagement.

A l’instar des projets culturels de territoire en Midi Pyrénées, l’action publique culturelle locale au niveau du Pays Midi Quercy intègre entièrement l’ancrage territorial prévu par le dispositif régional à travers le diagnostic et le schéma de développement culturel du Pays Midi Quercy. Même si les prin-cipes développés par les politiques culturelles nationales, comme la conquête des non-publics, l’égalité d’accès, ne sont pas écartés, puisqu’ils sont énoncés sous forme d’objectifs dans la démarche d’élaboration du schéma de dévelop-pement culturel : « favoriser l’accès à la culture », « respecter l’équité de services culturels

sur l’ensemble du territoire », « encourager la création artistique », ils ne sont pas

disso-ciés d’une construction territoriale. La mise en œuvre d’une politique culturelle locale est appréhendé certes comme un facteur d’amélioration de l’offre en direction des habitants par la structuration, la mutualisation et l’organisation au niveau du territoire de projet, mais tout autant comme un outil de dévelop-pement local et de construction territoriale, par lequel il s’agit de renforcer l’attractivité du territoire, de contribuer à la construction de l’identité du terri-toire émergeant « pays », ou de créer une image de dynamisme culturel du ter-ritoire.

Les référentiels de l’action publique culturelle vont privilégier la mise en valeur du territoire, et la mobilisation des spécificités et des potentiels locaux. Le diagnostic culturel engagé par le Pays Midi Quercy interrogeait à la fois l’implication de la collectivité publique tant quantitative que qualitative et l’évolution des pratiques culturelles afin d’évaluer sur quels éléments culturels s’appuyer pour élaborer un schéma de développement culturel. Effectué en 2003/2004, il a participé effectivement à la définition et à la mise en débat de référentiels structurants l’action publique culturelle, en reliant la mise en valeur du patrimoine culturel, matériel et immatériel, la mise en réseau des acteurs culturels et l’égalité des services culturels à la population sur l’ensemble du territoire, avec un regard particulier sur l’enfance et la jeunesse.

Ces perspectives et ces axes stratégiques donne lieu à la mise en place en 2008 d’un schéma de développement culturel sur une période de trois ans, validé par la Commission Permanente du Conseil Régional de Midi Pyrénées de juin 2007 dans le cadre du dispositif régional Projets Culturels de Territoire. Ce schéma définit des enjeux culturels pour le territoire, des axes stratégiques, des axes transversaux qui renforcent la cohérence de l’ensemble, et un plan d’action, sous forme de fiche-action y répondant35. Les aménités patrimoniales et paysagères ainsi que les dynamiques culturelles et initiatives artistiques exis-tantes sur le territoire y sont mobilisées en premier lieu. Le concept de « festival

phare » définit dans le contrat cadre du Pays Midi Quercy 2004-2006,

l’annonçait en proposant que « dans l’attente de la mise en place d’une politique

cultu-relle cohérente, le territoire proposera en 2004, une offre cultucultu-relle de qualité notamment à travers des festivals phares, ayant un impact départemental voir régional et mettant en valeur le patrimoine historique remarquable. (…) Le pays souhaiterait soutenir plus particulière-ment ces évèneparticulière-ments culturels en leur permettant d’accéder à des aides plus importantes (…) ».

Les dynamiques culturelles et territoriales sont donc perçues comme étroitement imbriquées, et les pratiques et initiatives culturelles locales devien-nent de manière formelle des moyens, des stratégies et des conditions du dé-veloppement territorial, qu’il s’agisse d’animer le territoire, de valoriser le local à travers les atouts patrimoniaux ou de construire de la ressource. Elles ne sont plus appréhendées comme un secteur détaché des dynamiques politiques, sociales, territoriales. Elles constituent à la fois un facteur d’investissement symbolique des espaces ruraux par les populations et un support de nouvelles aménités pour ces territoires. Elles sont également perçues comme

tibles de créer du collectif, de nouvelles formes de sociabilité, une participa-tion directe des habitants, des artistes et des acteurs culturels, et donc comme suscitant de nouvelles formes de gouvernance par l’implication de la société civile auprès des élus. Elles sont saisies dans une dynamique de développe-ment local comme en capacité d’engager des processus de différenciation des territoires reposant sur la construction sociale de la ressource, la qualification des lieux en lien avec l’environnement et la mise en scène du territoire. Mais, construire une image faite de tradition et d’authenticité n’est pas suffisant, il faut aussi une vie culturelle locale, proposer une offre de proximité, dévelop-per des stratégies d’attractivité pour renforcer l’économie résidentielle, déve-lopper le tourisme, revitaliser des activités traditionnelles ou créer de nou-veaux métiers.

Les politiques culturelles, en se territorialisant toujours plus, et en po-sant la culture comme une ressource du développement local ont tendance à prendre acte de la diversité des pratiques, productions, enjeux et sens culturels des populations dans leur ensemble ainsi que des finalités extrêmement di-verses et imprévisibles qui y sont associées. Le statut de la culture dans ces projets de territoire expriment une dualité dont rendent compte différents au-teurs, par le recours parfois à une terminologie empruntée à la littérature éco-nomique. Lefebvre (2010) parle de valeur d’échange et valeur d’usage de la culture alors que Greffe et Pflieger (2009) proposent les termes de valeur ex-trinsèque et de valeur inex-trinsèque, tandis que Saez (2009) distingue l’autonomie et l’hétéronomie du secteur culturel. Si un statut met l’accent sur l’enrichissement des imaginaires individuels et collectifs, l’autre relie la culture à l’ensemble du monde social. La valeur d’échange ou extrinsèque de la cul-ture, son hétéronomie ont tendance aujourd’hui à être omniprésentes, selon ces auteurs, et sont parfois perçus sous l’angle de l’instrumentalisation de la culture.

Ce terme n’est pas toujours approprié car d’une certaine manière il est connoté même s’il révèle un certain nombre de travers. Cependant le discours sur l’instrumentalisation, sur le rôle que l’on entend faire jouer à la culture peut apporter un éclairage sur ces approches territoriales.

Comme le montre Cettolo (2000), à travers l’analyse de trois cas en Mi-di Pyrénées, l'action culturelle apparaît d'abord sous une facette instrumentale, dans ses relations au développement local. Cette instrumentalisation de l’action culturelle révèle en réalité une tension, qui s’exprime dans l’opposition faite entre le projet culturel « en soi » et le projet culturel orienté vers un ob-jectif autre, de nature social (retisser du lien social en milieu urbain ou rural), économique (tourisme culturel) ou même institutionnelle (exploration de nou-velle formes de gouvernance). « Elle tend aujourd’hui à être saisie par une multitude

d’acteurs à des fins stratégiques de développement économique, de pacification sociale, de créa-tion de lien social et de cohésion de territoires nouvellement constitués, de marketing territo-rial et de valorisation d’image, d’aménagement rural ou urbain… » Gravari-Barbas et

Violer (2003). Or les limites posées par cette instrumentalisation culturelle ont participé à interroger la pertinence de ces démarches de développement local endogène, jusqu’à participer à une remise en cause de la notion de territoire comme échelon pertinent de la réflexion et de l’action. En effet, l’appel à la culture n’est pas toujours convaincant, il peut être même conflictuel à la fois en ce qui concerne les chemins qu’il emprunte que les finalités, et peut révéler des formes de coupures entre société civile et institutions, ou encore contri-buer à inventer de toutes pièces les territoires en empruntant des supports de communication comme le patrimoine, le paysage, les grands évènements cul-turels : Carnaval, festival, etc. Bernard Lubat36 s’élève contre ces pratiques dans l’entretien accordé à Labat (2003) : « J’aimerais, quand je vais ailleurs, voir des

pays fiers de montrer qu’ils sont en projet permanent, et non pas en vente permanente, affu-blé d’une image figée et plaquée » Le risque énoncé ainsi réside dans le fait que les

pratiques et initiatives culturelles artistiques ne soient mobilisées uniquement comme un réservoir d’images, plutôt que d’être ou de devenir une réelle res-source nécessaire à la fabrication de références collectives. Ces images pla-quées de manière neutre et interchangeable, peuvent en effet ne créer aucune dynamique si elles ne font pas sens pour la population, et constituer alors seu-lement un stigmate supplémentaire. Plus récemment, un article du Monde Di-plomatique37 intitulé Exode urbain, exil rural : des pauvres relégués à la campagne, est sévère car il analyse le recours à la culture non pas comme un instrument de développement mais de domination inscrit dans des stratégies de marketing territorial développés au nom de l’attractivité territoriale : « La valorisation

mar-chande du milieu géographique - en particulier du cadre méditerranéen - et la mise en scène de la civilisation paysanne dans les grandes cités - marchés de producteurs présentant le fol-klore de leur métier et l’authenticité de leurs produits - ont sans conteste participé à l’élaboration d’une fiction à travers laquelle les néoruraux pauvres parviennent souvent à sublimer la relégation socio-spatiale dont ils sont l’objet. » Lefebvre (1995, 2004) parle

de « double jeu culturel » pour exprimer cette relation complexe faite d’articulation et de contradiction entre la dimension symbolique et la dimen-sion utilitariste de l’action culturelle en milieu rural. Il considère de ce fait

36 Bernard LUBAT, enfant du pays, reconnu dans le monde du jazz et fondateur de la

Compagnie Lubat est à l’origine du célèbre festival de jazz d’Uzeste, né en 1978, dans sa commune qui comptait moins de 300 habitants.

37 Monde Diplomatique d’août 2010. Les auteurs de cet article sont Elie Gatien, Allan, Popelard, et Paul Vannier.

qu’elle ne peut être un facteur de développement que dans sa capacité à cons-truire une distance par rapport aux objectifs et aux modalités de développe-ment.

1.2.2.3.2. La création d’interdépendances entre échelons territoriaux Les limites de l’instrumentalisation culturelle, énoncées ici, engagent une réflexion sur les processus de différenciation propres aux modèles de dé-veloppement local endogène, construits autour de la notion de territoire. En effet, ces processus peuvent soulever un certain nombre de paradoxes et faire état de différents écueils et ambiguïtés. Par exemple, le recours au patrimoine, qui constitue pourtant un domaine d’action largement consensuel car allant au delà des clivages politiques, sociaux, générationnels, peut être à l’origine d’une

« certaine crispation sur le passé » (Di Méo in Arlaud et al., 2005) en faisant

réfé-rence à l'enracinement, aux traditions, à certaines formes de revendication identitaire. Il peut dynamiser comme paralyser des efforts de développement quand il va de pair avec les aspirations au repli, à l’autarcie, aux communauta-rismes, ou encore quand il renforce la construction de catégories : zone rurale à la marge…(Di Méo in Arlaud et al., 2005). Les processus de différenciation sont susceptibles d’induire, ainsi, plus des oppositions entre acteurs urbains et ruraux qu’une coopération, de produire de l’exclusion sans créer vraiment de dynamique, car apparaissent finalement peu compatibles avec les attentes d’une population appartenant simultanément à des territoires plus vastes et partageant des identités plurielles (Mormont, Mougenot, 2002). En effet, la ruralité apparait comme la rencontre plus ou moins conflictuelle d’usagers et d’habitants aux échelles d’appartenance diverses, vivants dans des espaces temps différents, et elle peut donc faire l’objet de formes variées d’appropriation symbolique ou matérielle (Sencébé, 2001). En fabriquant de la distinction, de la différence susceptible d’apporter une valorisation écono-mique, sociale ou géographique, on assiste parfois à une forme de repli, un mouvement de fermeture, discriminatoire et ségrégatif. A ce propos, Jaillet (2009) considère qu’il peut y avoir ainsi une dialectique entre mise à la marge, déclassement et reconnaissance de potentiels, car la création de la singularité risque d’accroitre les concurrences entre territoires, les processus d’enfermement et de stigmatisation, la genèse d’inégalités, au lieu de contri-buer à les atténuer.

Or, si la contribution de l’action culturelle peut se situer dans un pro-cessus de marquage et de qualification du territoire, permettant à une popula-tion de réinvestir symboliquement son espace, elle peut permettre aux terri-toires de prendre place dans un espace plus vaste. Les initiatives ou les lieux culturels peuvent être abordés, en effet, comme pouvant dépasser le territoire

sur lequel ils sont implantés et être perçus à travers leur capacité à établir de