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LIENS ET RUPTURES

1.3.1. La jeunesse : un objet d’analyse

Aborder la question des jeunes habitants ruraux nécessite tout d’abord de se situer vis à vis des décalages et des contradictions entre ce que les jeunes sont et ce qu’ils représentent, et vis à vis des interrogations générales sur la place qu’ils occupent dans la société. La jeunesse est d’autant plus complexe à définir, qu’elle est généralement associée à la notion d’adolescence, alors qu’elle n’est est qu’une partie. Cette notion qualifiée de floue, puisque certains auteurs vont jusqu’à remettre en question son existence (Huere et al., 2003) même, apparaît comme une construction sociale47 et va dépendre de repères physiologiques et psychologiques liés à la puberté et de repères juridiques permettant l’accès à un statut social.

Dans la littérature scientifique, les conceptions théoriques de la jeu-nesse, bien souvent associée aux problématiques de l’adolescence, font réfé-rence à des notions de temps et d’âge, de culture et d’espace de vie.

47 Chapitre 2 : « L’invention de l’adolescence et le début des sciences de la jeunesse », in O. GALLAND, 2009, quatrième édition, Sociologie de la jeunesse, Editions Armand Colin, Paris.

1.3.1.1. La notion de temps dans la conception de la jeunesse. 1.3.1.1.1. Les délimitations de l’âge

Galland (2010) en interrogeant l’émergence de l’adolescence comme une nouvelle classe d’âge, considère que : « L’âge est un des concepts principaux de

l’anthropologie sociale. Catégorie qui permet de situer le déroulement de la vie biologique d’un individu dans son monde social, l’âge, comme le sexe, a une puissance classificatoire fondamentale, certes différente selon les sociétés ».

Or, cette puissance classificatoire des âges de la vie semble aujourd’hui bouleversée. Les qualités de la vieillesse ont définitivement perdu leur attrait au profit de celle de la jeunesse ; l’adolescence n’en finit pas de s’étirer : com-mencée plus tôt en raison d’une précocité physiologique mais aussi conférée par le monde des adultes, les seuils de sortie se sont brouillés : études plus longues, entrée dans la vie active et mise en couple plus tardives, allongement de l’espérance de vie. Fournier (2008) s’interroge sur les fluctuations des li-mites d’âge : « De fait, à l’heure où la jeunesse s’étire et la vieillesse s’allonge, les seuils

entre les âges ne sont plus clairement distincts. L’âge adulte serait-il en train d’être grignoté par les deux bouts ? ». Ce que Deschavanne et Tavoillot (2007) expliquent de la

manière suivante « Tout se passe comme si l’époque se façonnait un âge rêvé constitué de

la meilleure part de toutes les périodes de la vie ». La jeunesse « comme condition la plus authentique de l’humain » (Deschavannes, Tavoillot, 2007), fascine et attire car

elle est l’âge des possibles, des choix, des opportunités et parce qu’elle renvoie aussi à l’action, la vie, l’avenir, l’espoir, la force … » La jeunesse en représen-tant l’idéal de tous les âges de la vie évince en quelque sorte « la vie adulte » Il existe comme une sorte de prestige à être jeune et à rester jeune, de sorte que

« être jeune » devient un état qui cherche à être partagé par les autres âges de la

vie.

Pour Caron (2009) , il est d’ailleurs impossible de réduire la jeunesse à une classe d’âge, et les limites inférieures et supérieures ont toujours été diffi-ciles à fixer, alors que paradoxalement « la construction même de la catégorie jeunesse

a été fondée de tout en temps et en tout lieux sur un postulat d’âge : c’est même ce qui consti-tue sa raison d’être ».

La délimitation des contours de la jeunesse par l’âge s’avère beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît car elle relève d’une sorte de règle du jeu social, d’un souci de la classification, de la typologie, d’une manière de créer « une

po-lice des âges » au sens strict. Les sondages d’opinion, les politiques publiques ont

déterminé des classes d’âges : 16-18 ans, 15-24 ans, 18-25 ans parfois de ma-nière complètement arbitraire. Différentes tranches d’âge existent et se super-posent pour définir qui est jeune : le ministère de la Jeunesse et des Sports prend en compte les 12-18 ans, l’INSEE les moins de 25 ans, les missions

lo-cales les 16-25 ans, les Foyers de jeunes travailleurs les 16-30 ans. Ce traite-ment d’une population en fonction de son âge a contribué dans les faits à produire une catégorie spécifique, permettant de prendre en compte une par-tie de la population, au risque parfois d’établir une ségrégation, une mise à part. La jeunesse est ainsi « devenue un âge social, quoique socialement différencié » (Bantigny, 2009), puisque « les conditions de passage à l’âge adulte se différencient selon

les classes sociales » (Galland, 2007).

En termes d’âge, la distribution des places, des devoirs, l’accès au sa-voir, aux positions sociales, l’attribution de rôles, de statuts sont ordonnés se-lon une échelle sociale des âges, constituent le résultat d’une organisation so-ciale (Galland, 2007) et participent ainsi à l’affirmation de « normes de conduite

cardinales dont se dote une société et qu’elle fait évoluer » (Bantigny, 2009).

« Cette échelle sociale peut relever d’une sociologie particulière » (Galland, 2007),

mais ce n’est pas le choix qui est fait dans cette recherche. A travers une ap-préhension large, de 15 à 25 ans, l’intention a été plus de s’affranchir du carac-tère réducteur et contraignant des découpages et délimitations par âge sans prétendre définir les contours de la jeunesse, d’une catégorie ou d’un groupe social spécifique. Les limites d’âge de 15 à 25 ans sont fréquemment utilisées, que ce soit au niveau de l’institution scolaire, de la législation du travail comme des politiques publiques en faveur de la jeunesse. Cette fourchette large essaye de refléter l’allongement de la jeunesse, sans en déterminer ni le début, ni la fin, mais plutôt en essayant d’adopter une vision d’ensemble des différents états, fonctions et statuts que les jeunes peuvent avoir ou acquérir en grandissant et en vieillissant. La classe d’âge choisie, longue, permet donc de ne pas se centrer sur un seul type de jeune ou sur un seul âge physiolo-gique, en particulier celui de l’adolescence. Car c’est bien la diversité des jeunes et non l’entité et les contours de la « jeunesse », qui est riche pour ana-lyser le vécu des jeunes habitants ruraux, leurs pratiques, leurs actions et leurs expériences, ainsi que les interactions sociales dans lesquelles ils s’insèrent.

1.3.1.1.2. La transition : un temps prolongé, intermédiaire

L’idéalisation de la jeunesse tout comme l’abrègement de l’enfance, l’étirement de l’adolescence, l’abaissement de l’âge de la puberté physiolo-gique, l’extension de la scolarité, le recul de l’accès à l’indépendance profes-sionnelle, financière et familiale, l’étirement des étapes de prise d’autonomie, sont autant de facteurs actuels mettant à l’épreuve les repères temporels de la jeunesse. Ils rendent d’autant plus difficile la résolution du problème de la dé-finition et des contours de la jeunesse. La délimitation de l’âge ne suffit pas à déterminer les classes d’âge, car elles peuvent être aussi fondées soit sur des critères générationnels, soit sur des critères initiatiques (Bernardi, 1991). En

effet, les rites de passage, les cérémonies d’initiation et les fonctions rituelles ont ponctué longtemps la fin de l’enfance et le début de l’âge adulte.

La jeunesse peut être est abordée comme une transition (Galland, 2007), marquant « l’entrée dans la vie adulte » qui est définie à partir de trois critères biographiques correspondants à des changements fondamentaux de statut : « le début de la vie professionnelle, le départ de la famille d’origine et le mariage » (Galland, 2007). Gambino (2008) distingue plusieurs passages au cours des-quels une classe d’âge franchit différentes étapes du cycle de vie : celui de la famille d’origine à la constitution d’une nouvelle cellule familiale ; celui de la scolarité à l’insertion professionnelle ; celui de l’accession graduelle à diverses majorités (sexuelles, civique, matrimoniale, pénale) ; celui de la dépendance à l’indépendance financière. Cette conception fondamentale de la transition en terme d’étapes d’entrée dans la vie d’adulte va mettre l’accent sur les condi-tions sociales différentielles dans lesquelles s’effectue ce passage tout en con-sidérant la jeunesse comme « un processus de socialisation ou d’apprentissage des rôles d’adultes ».

Cette approche qui envisage la jeunesse comme une transition, a accor-dé une attention particulière aux rites de passage marquant la fin de la jeunesse et l’entrée dans l’âge adulte, mais aussi aux fonctions rituelles du groupe de la jeunesse. Ces rites de passage et fonctions rituelles déterminent à la fois les conditions d’entrée dans la vie, la préparation à l’adoption de rôles d’adultes et l’intégration des jeunes aux sociétés locales. Ils sont mis en évidence en France, dans le cadre d’études historiques (Bozon, 1981 ; Farcy, 2004 ; Banti-gny et Jablonka, 2009) portant sur les sociétés rurales à la fin du 19ième siècle et au début du 20ième siècle.

En France rurale, les âges de la vie étaient scandés par des rites, dont la plupart concernaient l’enfance, l’adolescence, et pour les hommes, le service militaire. Fortement sexués, ces passages soulignaient surtout la maturation sexuelle.

A côté des rites de passage48 proprement dits qui la concernent au pre-mier chef, la jeunesse des sociétés rurales était investie d’un rôle important qui la fait apparaître comme une classe d’âge particulière : « dans ces communautés, on

ne fait pas que « passer » la jeunesse, on la vit intensément et collectivement à travers tout un ensemble d’interventions ritualisées qui sont dévolues aux groupes de jeunes » (Galland,

2007). Le rôle dévolue à la jeunesse comprend autant l’organisation des fêtes calendaires, saisonnières ou patronales que la surveillance de la morale

48 La première communion, les rites entourant la conscription et les rites qui précèdent et accompagnent le mariage.

tive et de la constitution des couples. Outre la police des mœurs, la jeunesse est censée défendre l’identité et l’intégrité du territoire communal, manifester une solidarité et veiller à la sauvegarde des droits collectifs contre les villages voisins. A la fois gardienne de l’ordre social à l’intérieur de la communauté et gardienne des intérêts communautaires contre l’extérieur, la jeunesse, en tant qu’agent d’ordre va avoir recours à des pratiques de désordre toléré : rixes, bagarres, et charivaris. Sanctionnant tous les comportements qui vont à l’encontre des règles dominantes de la société rurale, les jeunes vont se placer également sous l’étroit contrôle de la société locale tout entière.

La conception de la jeunesse fondée sur la transition présente au-jourd’hui des limites à l’analyse. D’une part, le déclin constaté des rites de pas-sage peut en être une explication (Galland, 2007). Si les rites de paspas-sages des sociétés traditionnelles marquaient le passage d’un âge à un autre, aujourd’hui tout semble voler en éclats. La limite entre la jeunesse et l’âge adulte n’est plus clairement établie et se dissipe avec l’affaiblissement de l’âge comme catégorie hiérarchique de classement et l’allongement voire l’indétermination des modes d’accès à l’âge adulte lié à la scolarisation, à la poursuite des études, au con-texte socio-économique. Le rite n’a de sens que s’il signifie de manière solen-nelle et définitive un passage irréversible dans une autre classe d’âge. Et l’effacement des frontières lui fait perdre sa pleine efficacité symbolique. Selon les analyses courantes, les rituels seraient tombés en désuétude.

D’autre part, cette conception prend finalement peu en compte les res-sources, les degrés de liberté et de contrainte que les jeunes peuvent avoir (Gambino, 2008). En effet, l’accent mis sur des individus en devenir, sur ce que ces jeunes doivent acquérir, ce qui leur manque pour être adulte : l’expérience, la maturité, les compétences, ne permettent pas toujours de mettre en avant leur capacité d’action et leur aptitude à construire, à travers leur pratiques.

Or ces critiques et limites peuvent être toutefois dépassées si la notion de transition est envisagée de façon plus complexe, en tenant compte d’interruptions possibles et d’incertitude liées à l’allongement de la jeunesse et en développant une approche compréhensive de leurs pratiques. Ainsi, con-cernant notre recherche, la question peut être posée du rôle joué par les pra-tiques artispra-tiques et culturelles des jeunes en terme d’élaboration de nouveaux rituels d’appartenance ou d’intégration, de condition de passage d’une classe d’âge à une autre ou d’un statut à un autre, mais aussi en terme de choix, de tentatives, d’essais et d’expériences, de mise à distance (de la famille, du mi-lieu, du territoire…) qui mène à l’autonomie et à l’indépendance. La question de la transition offre de cette manière une acception dynamique de la jeunesse qui permet de s’interroger sur le sens des actions et des pratiques que les

jeunes mettent en œuvre pour trouver leur place dans la société locale, pour construire leur identité, pour vivre et faire vivre les espaces ruraux. En mobili-sant les termes de transition, passage, processus, étapes, ces conceptions con-duisent à privilégier une approche des pratiques artistiques et culturelles des jeunes habitants ruraux en terme de parcours, de trajectoires, de modes d’habiter.

1.3.1.1.3. Génération et question d’avenir

Si l’âge ne permet pas de délimiter et de définir les contours de la jeu-nesse, il prend toute se signification et devient un outil pertinent lorsqu’il est associé à l’analyse de ce qui s’articule autour de lui comme le formule Augus-tin (1991) « les jeunes en tant qu’âge de la vie n’existent que sous la forme des relations

que la société entretient avec eux ». Tout en mettant en évidence que les jeunes

n’ont pas une nature unique et prédéterminée, il explique que l’âge est associé au processus de socialisation, aux relations sociales entretenus entre généra-tions et groupes. La jeunesse, en tant que « porteuse d’avenir », serait en fait au cœur d’un agencement social distribuant les places en termes d’âge, attribuant les rôles, accordant les statuts, dispensant les devoirs et les prérogatives, les gratifications et les sanctions. En quelque sorte, pour reprendre les termes de L. Bantigny (2009) : « L’attention portée aux jeunes dit le souci de la régulation, de la

transmission, de l’ajustement aux valeurs nouvelles ». On attend quelque chose des

jeunes : une mission, une inventivité, une créativité, un changement, une régé-nération. C’est une période qui invite à réfléchir à l’avenir et qui indique un doute terrible des adultes sur la vision de l’avenir, sur le devenir de l’humanité, de la civilisation occidentale… L’association entre jeunesse et régénérescence s’accompagnent d’injonctions, d’assignations (intégration et exclusion), de re-présentations (fascination et rejet) contradictoires et alloue aux jeunes des propriétés singulières : désir de l’affranchissement et rejet de l’accommodement, intransigeance et dissidence, contestation et rébellion (Bantigny, 2009).

En ce sens, ces dispositions se rapprochent de la notion de génération au sens sociologique. Il y a une correspondance entre l’intérêt porté à la ques-tion des généraques-tions et celui porté à la jeunesse, à tel point que ces deux no-tions sont devenues synonymes (Galland, 2007). La génération est composée d’un ensemble d’individus, défini par la naissance et se distinguant nettement des personnes nées plus tôt ou plus tard. Elle est souvent associée à une inno-vation culturelle porteuse d’un esprit nouveau et marquée par un évènement historique. Chaque génération se nourrit d’un sentiment de discontinuité d’avec le passé : rupture dans le processus de transmission culturelle, nécessité d’inventer leurs propres cadres de référence, souvent en opposition radicale à

ceux que leur proposaient les anciens, coupure radicale de la continuité sociale comme fondement de la conscience générationnelle. Les attitudes, les caracté-ristiques et les attributs d’une génération confèrent une forte homogénéité et sont perçus comme se formant essentiellement au moment de la jeunesse et de l’entrée dans la vie adulte, sans que cela s’accompagne toujours d’une iden-tité de génération49: « Le processus d’apprentissage et de changements se déroule tout au

long de la vie, mais il est un point à partir duquel les individus, sans nécessairement devenir rigides, consolident leur propre identité, puis voient leur vie se routiniser et les interactions sociales se réduire » (Galland, 2007). L’idée de génération repose ainsi sur un

pos-tulat théorique qui conçoit les jeunes comme partiellement acteurs du chan-gement social, producteurs de nouvelles valeurs et de nouvelles normes qui construisent notre société.

En posant la question de l’avenir, la notion de génération, associée gé-néralement à celle de jeunesse révèle l’existence d’une construction sociale, d’un objet complexe en mouvement, composés d’éléments différents et diver-sifiés. La jeunesse n’est pas un état mais une recherche d’équilibre entre les désirs et les attentes des jeunes et les demandes sociales qui leur sont adres-sées. La jeunesse est ainsi en partie ce que la société projette et représente les valeurs qu’on lui attribue, porteuse autant de renouveau que d’éléments per-turbateurs. En retour, les jeunes, par leurs actions, contribuent à leur propre construction en tant que catégorie. Ils participent eux-mêmes à la constitution de ce construit qu’est la jeunesse. Ils sont à la fois les témoins, les révélateurs, et les producteurs des changements que nous cherchons à observer (Gambi-no, 2008).

1.3.1.2. Une culture spécifique ou une sous-culture :

1.3.1.2.1. « La jeunesse n’est qu’un mot » : le refus d’un essentialisme L’émergence des approches en termes de construction sociale prend naissance « dans le refus d’un essentialisme, qui fait de jeunes « les jeunes » et des « jeunes

« la jeunesse » (Bantigny, 2009). Gambino (2008) constate que nombreuses sont

les recherches sur les jeunes qui supposent la différence entre la jeunesse et le reste du cycle de vie et considèrent les jeunes comme une classe stable, spéci-fique, ayant sa propre sous-culture, ou même contre-culture. Cette représenta-tion culturaliste d’une classe d’âge a contribué à installer la concepreprésenta-tion de la

49 S’il peut exister des effets d’âge, des habitudes propres à une cohorte d’âge, cette communauté de situation, l’identité générationnelle des jeunes reste souvent très peu marquée.

jeunesse comme une catégorie sociale à part entière et différenciée des autres, tout en englobant dans un même ensemble, des situations extrêmement di-verses. Or, l’allongement et la diversification des étapes d’entrées dans la vie adulte rendent incertaine une démarche qui considérerait la jeunesse comme un tout indifférencié et qui amalgamerait des situations extrêmement diverses pour parler des « jeunes ». Galland (2007) avance à ce sujet « qu’il n’y a sans

doute aujourd’hui aucune autre période de la vie durant laquelle les individus connaissent des changements aussi nombreux et aussi radicaux de leurs modes de vie que durant la dizaine ou la quinzaine d’années qui vont de la fin de l’adolescence au début de la vie adulte. »

Dé-finir les jeunes comme une catégorie apparaît d’autant plus incohérent, que « la totalité de l’humanité est concernée, car tout le monde est ou a été jeune, et la question de

la jeunesse est celle de l’être humain » (Ramirez, 2007).

En formulant la maxime « La jeunesse n’est qu’un mot. », Bourdieu (1984) montre que les catégories d’âge, comme celle de classe et de genre, sont le produit de constructions sociales, de rapports de force et de domination. Dé-limitée par les autres générations, la jeunesse apparaît comme une création idéologique parce qu’elle est le fruit de négociations entre les classes sociales. Elle existe et évolue là où les groupes sociaux lui accordent une place et des fonctions. La réalité et les frontières floues de la jeunesse sont ainsi des pro-jections sociales des adultes pour dire qui est dans, ou hors du monde, où se partagent le pouvoir, les richesses et les positions sociales. Elles répondent à