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Transcriptions des épîtres dédicatoires

À Paris. Par Adrian le Roy & Robert Ballard, Imprimeurs du Roy

Disponible en ligne au http://javanese.imslp.info/files/imglnks/usimg/6/69/IMSLP264205-PMLP428285- leroy_livre_dair_de_cours.pdf

A TRESEXCELLENTE DAME CATERINE DE CLERMONT, CONTESSE DE RETZ

Ces jours prochains MADAME vous ayant presenté l’instruction d’asseoir toute Musique facilement en tablature de Luth, qui estoit fondée exemplairement sur les chansons d’Orlande de Lassus lesquelles sont difficiles & ardues comme pour rompre le disciple de l’art à franchir aprez toutes difficultez : je me suis avisé de luy mettre en queue pour le seconder ce petit opuscule de chansons de la cour beaucoup plus legieres (que jadis on appelloit voix de ville, aujourdhuy Airs de Cour) tant pour votre recreation, a cause du suget (que l’usage ha desja rendu agréable) que pour la facilité d’icelles plus grande sur l’instrument auquel vous prenez plaisir. Car vous ayant desja offert tout mon petit service comme serviteur hereditaire de votre maison, il ha falu que cestuicy ayst suivy le precedent : auquel si les harmonies musicales ne sont pareilles aux premieres, aumoins les lettres sont sorties de bonnes forges comme du Seig. Ronsard, Desportes, & autres des plus gentilz poëtes de ce siecle. J’espere que le public en recevra contentement, auquel j’ay jusques à present assez heureusement accomodé mes labeurs : mais vous estans desormais vouez comme chose votre, il me suffira que vous en demeuriez satisfaitte de ma part & que tous autres en soyent redevables a votre grandeur. Laquelle je supplie notre Seigneur conserver & accroistre en toute prosperité & m’entretenir en votre bonne grace.

A Paris le 15 jour de Fevrier 1571. Votre tres-humble serviteur Adrian le Roy

Antoine Francique, Le Trésor d’Orphée, 1600

À Paris. Par la veufve de Robert Ballard, & son filz Pierre Ballard, Imprimeurs du Roy en musique

Réimpression du fac-similé (Minkoff : Genève, 1973) A MONSEIGNEUR LE PRINCE

Monseigneur. J’ay prins hardiesse de consacrer aux autelz de vostre clemence ces premices de mes travaulx non que mon propre merite ou l’excellence de l’œuvre me peut induire à l’esmanciper soubz l’authorité de vostre nom je sçay que tout ainsi que Appelles seul eut pouvoir de peindre Alexandre & Lysippe de l’eslever en bosse ainsi a vous le plus rare & excellent jeune Prince que le ciel aye donné pour ornement a nostre siecle rien ne doibt estre offert qui ne soit accomply & parfaictement élabouré mais comme ainsi soit qu’entre toutes les vertus dont le ciel vous à richement doüé vous ayez en telle affection les artz Liberaux que vous leur rendez plus d’honneur que vous n’en recevez d’ornement encor que vous y soyez tres accomply : & bien meritant de ceulx qui les ayment, temoignez vouloir rendre grace aux muses de la recommandation quelles vous ont acquise entre les hommes : Ceste clemence disie, m'a faict soubz l'authorité de vostre nom donner jour, à cest abortif à ce que arrozé du nectar de voz faveurs, il puisse prendre vie & que l'autel inviolable de vostre grandeur le maintienne contre la mesdisance de ceux qui ou jugeants mal de la syncerité de mon affection ou jaloux de mon zele envers le public, voudroyent avancer quelque chose au prejudice de ma reputation. Ce n'est ny l'arrogance ny le peu de cognoissance de moy mesme qui m'induisent à le jetter en lumiere, je sçay que Chœrile & Sufæne ont plus perdu de credit par ung feul œuvre : qu'ilz ont publié qu'ilz n'en avoyent onques acquis en toute leur vie : l'instance de mes amis l'ha d'une violence extraordinaire arraché avant que d'estre formé, pour le donner disent ilz à l'utilite publique : Encores que je recognoisse trop l'imbecilite de mes forces & que par l'incapacite de l'œuvre je face recognoistre mon insuffisance, toutefois j'ayme mieux leur complaire avec quelque desadvantage que par leur resister trop opiniatrement acquerir le nom d’ingrat & superbe, plus tost que d’homme bien advise : Que si la candeur de mon affection ne vous est desagreable & vous plaist le prendre en vostre protection, j’espere qu’il ne se trouvera ny Mævie ny Zoile ny Thelin qui ose reprouver ce qui aura esté approuvé par un si puissant, si sage, & si magnanime Prince, & auquel est deu tant de respect pour ses vertuz & merites, que son plaisir doit estre l’archetype auquel nous devons conformer noz volontez, cest donc de vostre seule bonte non de mon merite, que j’espere que cest œuvre, quoy que basty avec peine excessive & diligence exquise, prendra quelque vigueur, & s’il plaist à Dieu le benir de tant, que vostre excellence en reçoive quelque contentement, je me tiendray trop honorablement satisfaict de mon travail en recevant si riche recompense que vostre bonne affection, laquelle je supplye le Createur : me vouloir octroyer & a vous continuer.

MONSEIGNEUR

En parfaicte sante treslongue & Heureuse vie.

De vostre excellence le tres-humble & tres-affectione serviteur.

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Robert Ballard, Premier livre, 1611

[À Paris. Par Pierre Ballard, Imprimeur du Roy]

Réimpression du fac-similé (Fuzeau : Paris, 1995) A LA REYNE REGENTE

MADAME, J’ay pris la hardiesse de faire imprimer ce que j’ay recueilli de mon labeur, pour montrer a la posterité que les moindres de vos passe-tems sont tres-louables, et contribuent grandement à la vertu : je sçay bien que cette tablature que je méts en lumiere, est trop peu pour satisfaire à mon devoir; mais je la tiens assés estimable puis que ce sont de simples fleurs ecloses des rayons des yeux de la plus belle, la plus sage, et vertueuse Reyne qui soit au monde. Il me suffira donc de suplier tres-humblement, vostre Majesté, de les avoir pour agreables, comme venans d’elle mesme, partant d’un cœur tres-devot à luy rendre toute sorte de devoir et d’obeissance, avec laquelle j’invocque la divine bonté vous continuer ses graces et benedictions :

Estant, de vostre Majesté, MADAME,

Le tres-humble et tres-obeissant serviteur et sujét,

R. BALLARD AU LECTEUR

Lecteur, Je t’ay bien voulu avertir que cét ouvrage n’est pas peut estre en telle perfection que tu l’eusse peu desirer de moy, pour l’observation des scrupuleuses reigles de la Musique : toutes-fois si tu le consideres, & que tu entendes bien la portée du Luth, tu ne m’accuseras peut estre pas si facilement d’ignorance, ou de negligence : neant-moins je ne veux pas en cela si fort m’excuser, que je ne sois bien aise que les maistres prenent la peine de l’examiner sans passion, pour en juger sainement : car je me remettray toujours à la discretion de ceux qui en peuvent estre capables. Te supliant bien fort de le reçevoir suivant la bonne intention que j’ay de t’honorer & servir.

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