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Les traits de personnalité hystérique

Dans le document Concept d’hystérie de conversion au XXI (Page 63-66)

PARTIE I : LES TROUBLES DISSOCIATIFS (DE CONVERSION)

C.   Les traits de personnalité hystérique

La question des rapports entre symptômes hystériques et personnalité demeure à l’ordre du jour. L’association entre symptômes et personnalité hystérique, ou maintenant histrionique, n’est pas certes aussi fréquente qu’on le disait [33]. Selon Marsden, seulement 20 % des personnes ayant une personnalité histrionique, présentent des symptômes de conversion [65]. L’étude de Braccini démontre même que la personnalité histrionique est aussi souvent associée aux troubles anxieux qu’aux troubles somatoformes [116].

En outre, les études de Chodoff, de Stephens, de Ljungberg mettent en évidence l'existence fréquente chez les hystériques de conversion d'un autre type de personnalité, la personnalité passive dépendante, psycho-infantile, assez proche de la personnalité orale des psychanalystes [12].

Mais pour beaucoup d’auteurs, les accidents de conversion définissent la névrose hystérique, avec les troubles de la personnalité et les manifestations dissociatives [40]. On retrouvait ces difficultés d’appellation dans le DSM-III-R [37], dans lequel l’entrée « Trouble de conversion » était suivie par « (hystérie de conversion) », rattachant ainsi toutes les manifestations pseudo-neurologiques à l’hystérie. Le DSM-IV [35], le DSM-IV-R [43] et la CIM-10 [36] reprennent juste les troubles de conversion.

Ainsi, les analyses factorielles de Lazare, Blaker, et Bonhomme [6] établissent une concordance entre les traits de personnalité hystérique et les symptômes hystériques.

Bonhomme [41] met en évidence des traits hystériques pour 83 % des conversions et une personnalité histrionique pathologique (selon DSM-III) pour 66 % des cas de conversion.

Widlöcher, en 1978 [64], évoquait déjà le risque de confusion entre conversion et personnalité hystérique. Effectivement, Lempérière, Perse et Henriquez dans leur rapport de 1965 sur les « Symptômes hystériques et personnalité hystérique » [12], ont bien montré que l’ensemble des statistiques ne plaidait pas en faveur d’une corrélation étroite. Si l’on considère le caractère hystérique dans son acception la plus étroite (théâtralisme, labilité de l’humeur, suggestibilité, attachements sexuels apparemment marqués mais dissimulant une inhibition importante) et dans sa forme la plus franche, on peut dire qu’ils ne s’observent que

les hystériques sont plus suggestibles que d’autres ou qu’il existe, parmi eux, plus de sujets suggestibles que dans la population générale.

De plus, certains auteurs ont montré une atténuation fréquente des traits de caractère simultanément à l’apparition des symptômes de conversion [17].

Par ailleurs, le diagnostic de conversion incertain ne pourra être confirmé ou étayé par un examen de la personnalité du sujet, ou sur l’étude de conflits intrapsychiques. Par contre, cette dernière étude pourra être utile pour comprendre le mécanisme psychologique de la conversion et pour aider pour traiter le patient [64].

Lazare, dans son étude de 1966, et d’autres auteurs, avec des études psychanalytiques, mettent en évidence la difficulté de donner une approche précise de la personnalité hystérique.

Lazare retrouve une forte corrélation avec l’égocentrisme, l’exhibitionnisme, l’hyperémotivité, la suggestibilité, la dépendance, la provocation sexuelle, la peur de la sexualité [6].

Par ailleurs, tout autant qu’une autre, une personnalité hystérique peut être affectée par une maladie organique, qu’il faut éliminer tout d’abord.

La personnalité histrionique appartient au Groupe B des troubles de la personnalité. Elle est définie par le DSM-IV-R [43] comme un « Mode général de réponses émotionnelles excessives et de quête d’attention, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :

- le sujet est mal à l’aise dans les situations où il n’est pas le centre de l’attention d’autrui,

- l’interaction avec autrui est souvent caractérisée par un comportement de séduction sexuelle inadaptée ou une attitude provocante,

- expression émotionnelle superficielle et rapidement changeante,

- utilise régulièrement son aspect physique pour attirer l’attention sur soi, - dramatisation, théâtralisme et exagération de l’expression émotionnelle, - suggestibilité, est facilement influencé par autrui ou par les circonstances, - considère que ses relations sont plus intimes qu’elles ne le sont en réalité ».

Lempérière [7] reprend, elle aussi, les trait suivants pour définir ce type de personnalité : égocentrisme, histrionisme, labilité émotionnelle, pauvreté et facticité des affects, érotisation des rapports sociaux, frigidité sexuelle, dépendance affective.

Escande insiste sur le comportement de séduction, avec une théâtralité de la présentation, l’hyper-expressivité des attitudes posturales et mimiques, le souci d’attirer, le besoin de resplendir, une apparence impersonnelle mais destinée à susciter l’admiration.

Selon Israël, rien n’est trop beau pour l’hystérique [49].

D. Choix et signification symbolique du

Le choix et la localisation du symptome dépend de multiples facteurs [7]:

 un trouble acquis ou constitutionnel (un myope avec des troubles visuels, un spasmophile avec des crises convulsives),

 l’identification à un parent, à soi-même,

 des douleurs éprouvées lors de maladies infantiles, reproduisant les conflits mobilisés à cette époque (gain d'amour parental, menace de castration, culpabilité masturbatoire),

 des identifications multiples (Freud décrit une malade ayant des mouvements contradictoires refletant l’homme violent et la femme violentée),

 l'érotisation de certaines fonctions (vision, langage), de certaines zones corporelles, établie durant les premiers stades de la sexualité infantile,

 selon son aptitude à exprimer la tendance inconsciente (une paralysie pourra être une défense contre l'activité sexuelle répréhensible tout en étant son substitut ; un spasme assurera la suppression de l'action et simultanément un substitut tonique de cette action ; un vomissement signifiera « je ne peux pas l'avaler »).

Israël [49] évoque le choix du symptôme dans sa localisation. Les limites des anesthésies semblaient se superposer à certains vêtements d’où les dénominations imagées d’anesthésies en gant, en chaussette, en ceinture, en manchette, etc, et étaient nettes sur la peau comme une découpe, voire une invitation à découper selon le pointillé. Ces limites sont comparables à d’autres marques de limitations comme le maquillage et les bijoux, et permettent d’insister sur certaines zones comme le cou, de rétrécissement. Tous les lieux de rétrécissement corporels (cheville, taille, poignets, cou) sont des lieux importants dans les relations humaines, et donc très investis dans la production de symptômes hystériques,

Dans le document Concept d’hystérie de conversion au XXI (Page 63-66)