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CHAPITRE 1 LA PATHOLOGIE DES TROUBLES ANXIEUX

5. Les différentes approches thérapeutiques des troubles anxieux

5.3. Les traitements non pharmacologiques

Avant même de considérer un traitement pharmacologique, il convient de vérifier que le patient respecte certaines règles hygiéno-diététiques simples tels qu’un rythme de sommeil raisonnable, une limitation de la consommation de substances excitantes et préférable en début de journée, une pratique régulière d’un exercice physique et un maintien du contact social avec la famille et les amis.

Les traitements non pharmacologiques des troubles anxieux, bien que d’orientations variées, sont inégalement représentés dans la littérature. Mais qu’ils soient invasifs ou non, ils démontrent une certaine efficacité en complément des traitements pharmacologiques ou comme alternative lorsque ces derniers ne sont pas suffisamment efficaces.

Les traitements non invasifs

A ce jour, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est probablement la forme de psychothérapie la plus étudiée comme traitement non-invasif des troubles anxieux. Dans le TP, avec ou sans agoraphobie, la TCC consiste à exposer étape par étape, le patient aux situations imaginaires et réelles qui déclenchent habituellement une réponse anxieuse et un comportement d’évitement (Cottraux, 2002). Dans le TAG, cette technique consiste à apprendre aux patients à observer et analyser leurs inquiétudes pour reconnaître comment celles-ci contribuent à leur anxiété, pour à terme, les remplacer par des émotions plus adaptées et plus rationnelles. Une méta-analyse de 27 articles de la littérature, totalisant 1 496 patients, a confirmé les effets bénéfiques à court-terme de la TCC en monothérapie, comparativement au groupe placebo, chez l’adulte souffrant de troubles anxieux (Hofmann & Smits, 2008). Au long-terme, à savoir 1 an après la fin de la TCC, 77% des patients répondeurs et 85% des patients en rémission présentaient un maintien de leur statut respectif (DiMauro

et al., 2013). La combinaison de la TCC avec une stratégie médicamenteuse a montré des

résultats hétérogènes ne permettant pas forcément de montrer qu’une approche est plus avantageuse que l’autre selon le type de troubles anxieux. En effet, une autre méta-analyse

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de 21 études randomisées chez 625 patients souffrant d’au moins un trouble anxieux traités par TCC à court terme, comparativement aux 641 patients traités par anxiolytiques ou antidépresseurs, a montré une meilleure efficacité de la TCC chez les patients souffrant de TP ou de TAG alors, qu’en revanche, les patients souffrant de TAS sont plus sensibles aux médicaments qu’à la TCC (Roshanaei-Moghaddam et al., 2011).

Les traitements invasifs

Les thérapies pour les troubles anxieux, outre les traitements pharmacologiques conventionnelles associés ou non à la TCC, sont pour le moment essentiellement expérimentales.

Initialement développée comme traitement antiépileptique, la stimulation du nerf vague a ensuite été utilisée en psychiatrie, après que les patients atteints d’EDC avec une comorbidité anxieuse et traités par cette technique aient montré une nette amélioration de leur humeur. Une étude pilote dans laquelle un dispositif permettant la stimulation du nerf vague pendant 10 semaines a été implanté chez 7 patients avec un TOC, 2 patients avec un ESPT et 1 patient avec un TP, n’ayant répondu a aucun traitement médicamenteux ou psychologique, n’a montré une amélioration des symptômes que chez 3 patients avec un TOC (George et al., 2008). En préclinique, chez le rat Sprague-Dawley, la stimulation du nerf vague augmente le temps passé dans les bras ouverts de l’EPM, sans modification de l’activité locomotrice (Noble et al., 2019).

Bien que les neurochirurgies lésionnelles, comme la capsulotomie aient été utilisées pour traiter les troubles d’anxiété résistants aux traitements, les études à long-terme ont

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Par rapport à la chirurgie ablative, la stimulation cérébrale profonde (SCP) présente l’avantage de pouvoir ajuster et personnaliser la neurostimulation. Jusqu’à ce jour, aucune étude clinique n’a été réalisée chez les patients souffrant de troubles anxieux, si ce n’est chez les patients atteints de TOC, qui montre d’ailleurs une amélioration de leurs symptômes (Lipsman et al., 2007). Toutefois, chez les patients souffrant de dépression résistante aux traitements, la stimulation profonde du nucleus accumbens (NAc) induit un effet anxiolytique comme l’indique la diminution du score d’Hamilton, passant de 23,3 à 19 après 1 mois puis à 14,9 après 1 an (Bewernick et al., 2010). Cette technique a également fait ses preuves chez des souris HAB mâles, naturellement anxieuses, puisque une implantation d’électrodes dans le NAc de ces animaux diminue la latence pour se nourrir dans le NSF (Schmuckermair et al., 2013). Toutefois, aucun effet n’a été retrouvé chez le rat Wistar pour une même implantation dans le NAc, dans le VCT et dans l’EPM (van Dijk et al., 2013).

Les techniques de neurostimulation

L’électroconvulsivothérapie (ECT), plus couramment utilisée dans l’EDC résistant aux traitements pharmacologiques, est une procédure pratiquée sous anesthésie générale, au cours de laquelle de petits courants électriques sont appliqués au niveau du cerveau, provoquant intentionnellement une crise convulsive de courte durée. Il existe très peu de preuves qui encouragent l’utilisation d’une telle technique chez les patients anxieux, en particulier parce que la comorbidité anxieuse chez les patients présentant un EDC est la principale contrindication, conduisant parfois à l’aggravation des symptômes anxieux ou au déclenchement d’attaques de panique (Fink, 1982). En revanche, une cure d’ECT améliore le score de l’échelle de l’ESPT administrée par le clinicien (CAPS, de 90 à 59,4 après 6 séances d’ECT) chez 20 patients, hommes et femmes, tous souffrant d’ESPT associés à des symptômes dépressifs et réfractaires aux traitements et à la TCC, et ce indépendamment de l’amélioration des symptômes de la dépression (Margoob et al., 2010).

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La stimulation magnétique transcraniale répétée (SMTr), dont le but est de causer une dépolarisation et donc une stimulation des neurones corticaux, possède l’avantage d’être moins invasive que l’ECT puisque ne nécessitant pas d’anesthésie générale, mais présente l’inconvénient de ne pourvoir atteindre les structures cérébrales profondes, comme l’amygdale, l’hippocampe ou le CCA, des régions pourtant impliquées dans les troubles anxieux. Cette technique n’a pas encore été approuvée par les autorités de santé dans le traitement des troubles anxieux, probablement à cause du manque d’études à grande échelle. Néanmoins, la SMTr appliquée au niveau du CPFdl s’avère efficace dans au moins 5 études cliniques menées dans le monde entier chez un petit nombre de patients TP (n = 1-6) avec ou sans comorbidité dépressive (Pallanti & Bernardi, 2009). Une étude préliminaire chez 10 patients atteints de TAG, ayant complété 6 sessions de SMTr en 3 semaines, a rapporté une diminution de plus de 50% du score d’Hamilton chez 60% des patients considérés à la fin de l’étude comme étant en rémission (HAM <8) (Bystritsky et al., 2008).