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CHAPITRE 1 LA PATHOLOGIE DES TROUBLES ANXIEUX

3. Signes et symptômes

Bien que les réponses émotionnelles et physiques soient similaires dans les trois états, il existe des différences plus ou moins subtiles entre le stress, la peur et l’anxiété, comme suggéré par la classification du DSM-V qui distingue les troubles anxieux des troubles liés à la peur. Toutefois, la peur et l’anxiété sont étroitement liées, l’une pouvant déclencher l’autre. C’est par exemple le cas dans l’ESPT, où une peur passée peut déclencher une anxiété présente.

Stress Réaction réflexe de l’organisme en réponse à une situation inattendue ou dangereuse. Peur Réaction de l’organisme pour rester en sécurité en répondant au danger.

Anxiété Réaction de l’organisme pour rester en sécurité en prévoyant le danger. Sévère Modérée Légère 22.8% 33.7% 43.5% Sévère Modérée Légère 18.4% 19.6% 62.0%

Introduction

Le stress constitue la réaction réflexe de l’organisme, tant sur le plan physiologique que psychologique en réponse à une menace externe inattendue et difficile de la vie quotidienne, comme par exemple un décès ou des difficultés financières. La peur est considérée comme la réponse émotionnelle à une menace imminente et définie, réelle ou perçue. La peur représente ainsi la tentative de rester en sécurité en répondant au danger et en forçant le corps à agir soit en faisant face à la menace par le déclenchement du combat, soit en évitant cette menace par le déclenchement du mécanisme de fuite (Grillon, 2008). Cette réponse, en anglais fight-or-flight, est associée à des changements physiques (hyperventilation, tachycardie, hypersudation). L’anxiété, quant à elle, constitue la réponse émotionnelle suite à l’anticipation d’une menace future, imprécise ou inconnue. L’anxiété, lorsqu’elle est temporaire, est une émotion considérée comme normale. Cet affect émotionnel est nécessaire et doit être ressenti par chacun, à n’importe quel moment de la vie, pour permettre de maintenir un état d’alerte face à une situation dangereuse en préparant le corps à agir et à faire face à la menace par la fuite ou le combat (Steimer, 2002). Cette séquence débute par une immobilisation subite, en anglais, freezing, associée à la peur mais permettant la survie dans certaines situations.

Cependant l’anxiété peut devenir pathologique quand l’exposition à un stress crée un sentiment prolongé et incontrôlable de peur disproportionnée, d’inquiétude irrationnelle ou même encore de souffrance. Selon le trouble anxieux concerné, les symptômes peuvent commencer dès l’enfance (phobie spécifique), à l’adolescence (trouble d’anxiété sociale) ou au début de l’âge adulte (agoraphobie, trouble panique, trouble anxieux généralisé) et tendent à diminuer avec l’âge. Selon la NCS-R, on estime la moyenne d’apparition des premiers symptômes à l’âge de 11 ans (Kessler et al., 2005). Approximativement, il semblerait que les femmes soient deux fois plus sujettes aux troubles anxieux que les hommes (Bandelow & Michaelis, 2015).

Introduction

Il existe différents types de troubles anxieux : le trouble panique (TP), le trouble anxieux généralisé (TAG), l’agoraphobie, le trouble d’anxiété sociale (TAS) ou la phobie spécifique. Le terme « troubles anxieux » décrit une gamme de phénotypes multidimensionnels et bien que ces troubles diffèrent les uns des autres, ils présentent néanmoins quelques traits communs invalidants tels qu’une peur irrationnelle et excessive, un sentiment d’appréhension impossible à surmonter ainsi que de la difficulté à accomplir les tâches de la vie quotidienne (Figure 2).

Figure 2. Symptômes des troubles anxieux

Les troubles anxieux partagent tous des symptômes fondamentaux comme la peur, les soucis et l’inquiétude, mais chaque trouble anxieux possède aussi des symptômes qui lui est propre.

Adapté de (Stahl, 2013) ANXIETE GENERALISEE PEUR a SOUCIS

GENERALISE muscuTension laire Eveil Concentration Attention Som meil Fa tig ue Irritab ilité

ANXIETE

SOUCIS

Compulsions Tension musculaire Eveil Concentration Attention Som meil Fa tig ue Irritab ilité Atta que de Evite men t pa niq ue Atta que de Evite men t ANXIETE ANTICIPEE a

PEUR DES ATTAQUES DE PANIQUE

pa niq ue

Introduction

3.1. Le trouble anxieux généralisé

Le TAG est décrit par le DSM-V comme la présence d’inquiétudes et/ou de soucis excessifs, persistants et incontrôlables concernant un certain nombre d’événements ou d’activités pendant une période d’au moins six mois (Figure 2). En plus de l’anxiété et de la contrariété, le patient doit présenter au moins trois des symptômes somatiques suivants :

1. Agitation et/ou nervosité 2. Irritabilité 3. Fatigue excessive ou perturbation du sommeil 4. Difficulté à se concentrer

et/ou trouble de la mémoire 5. Tension musculaire

Une étude clinique menée chez 6 patients caucasiens, 3 hommes et 3 femmes atteints de TAG sévère (41 < STAI < 57]) a mis en évidence que ces patients répondaient de manière excessive non pas seulement à des stimuli de peur (« je vais perdre mon emploi »), mais aussi à des stimuli neutres (« il fait beau aujourd’hui »). Ceci démontre que les patients souffrant de TAG tendent à mal interpréter voire exagérer les signaux internes ou externes (Hoehn-Saric

et al., 2004).

3.2. Le trouble panique

Selon le DSM-V, Les personnes atteintes de TP manifestent des attaques de panique récurrentes, définies par l’occurrence soudaine d’une appréhension intense qui atteint un pic en quelques minutes. Le DSM-V distingue les attaques de panique attendues, associées à une peur spécifique, des attaques de panique inattendues, ne possédant aucun déclencheur ou signal apparent.

Introduction

Une attaque de panique est considérée comme telle, si au moins quatre ou plus, des symptômes suivants se produisent :

1. Palpitations ou accélération

du rythme cardiaque 2. Transpiration 3. Tremblement

4. Sensation d’essoufflement ou d’étouffement

5. Douleur thoracique ou

malaise 6. Nausées

7. Sensation d’étourdissement 8. Frissons ou sensation de

chaleur 9. Paresthésies

10. Sentiment d’irréalité ou de dépersonnalisation

11. Sentiment de perdre le

contrôle ou de « devenir fou » 12. Peur de mourir

En plus de ces symptômes, l’attaque de panique doit être suivie par une période d’au moins un mois d’inquiétude permanente concernant le fait de subir une nouvelle attaque de panique.

3.3. L’agoraphobie

Le DSM-V définit l’agoraphobie comme la peur de se retrouver dans des situations ou des lieux d’où il serait difficile de s’échapper. Cette angoisse est aussi fondée sur la peur de ne pouvoir trouver de l’aide facilement pour être secouru. Les individus sujets à l’agoraphobie craignent de se retrouver dans une situation réelle ou anticipée, comme quitter seul le domicile, utiliser les transports en commun, être dans des espaces ouverts ou fermés, faire la queue ou être dans une foule.

3.4. Le trouble d’anxiété sociale

Selon le DSM-V, les personnes souffrant de TAS, communément appelé phobie sociale, ont une peur marquée des situations sociales ou de performances dans lesquelles elles s’attendent à se sentir embarrassées, jugées ou rejetées par autrui. Dans ces conditions, les situations sociales sont évitées ou endurées avec une peur et une détresse intenses, qui se manifestent physiquement par un rougissement, une sudation intense, une asialie, des

Introduction

tremblements et des nausées. Les peurs liées aux performances affectent généralement la vie professionnelle qui exige la prise de parole régulière en public et perturbent sérieusement les relations avec les autres.

3.5. La phobie spécifique

Le critère diagnostique de la phobie spécifique comme expliqué dans le DSM-V se caractérise par une peur intense, irrationnelle et persistante d’un objet ou d’une situation qui ne présente que peu voire aucun danger réel. L’objet ou la situation phobique qu’elle soit perceptible ou anticipée provoque immédiatement un sentiment de peur et d’anxiété intense. Le DSM-V classe la phobie spécifique en 5 catégories en fonction du stimulus phobique : la phobie ayant trait aux animaux (arachnophobie), à l’environnement naturel (acrophobie), aux sang/injections/blessures (hématophobie), à certaines situations (claustrophobie) ou à d’autres types (émétophobie).