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Traitement des subordonnées

5.2 Jeu d’étiquettes syntaxiques et schéma d’annotation

5.2.8 Traitement des subordonnées

Parmi les propositions subordonnées, on peut identifier deux types de comportements principaux. D’un côté, nous avons celles introduites par un subordonnant dont la seule fonction au plan syntaxique est d’assurer l’inclusion de la subordonnée dans la proposi- tion principale. Il peut s’agir aussi bien des complétives, qui n’ont pas de rôle au plan sémantique non plus, que des circonstancielles, qui, quant à elles, apportent un contenu sémantique. D’un autre côté, on observe les propositions relatives et interrogatives indi- rectes, dont les subordonnants sont des mots en qu-. Bien que leur fonction sémantique puisse être analysée de différentes manières (cf. Le Goffic, 2007), ces formes ont typique- ment un double rôle au niveau syntaxique : elles assurent la subordination, mais elles ont également une fonction syntaxique à l’intérieur de la subordonnée (cf. Chomsky, 1977). Elles semblent donc avoir une double dépendance dans la phrase, une au niveau de la prin- cipale, et une deuxième au niveau de la subordonnée (il s’agit souvent d’une dépendance du verbe, mais ce n’est pas le seul cas de figure possible, cf. l’exemple 14b). Cependant, d’après le principe du gouverneur unique préconisé par la TST et adopté par les systèmes de parsing (cf. section 2.2.3), un token peut avoir un seul gouverneur. Ces formes ne peuvent donc garder qu’une de ces dépendances dans le cadre d’une annotation en corpus. Nous avons fait le choix de favoriser ici le lien à l’intérieur de la subordonnée, dans le but de préserver une représentation fidèle de la structure argumentale des verbes dans la subordonnée. Nous mettons donc en place deux traitements principaux : le premier pour les propositions dont le subordonnant n’a qu’un rôle au niveau syntaxique, et le deuxième pour les relatives et les interrogatives indirectes.

Les propositions dont le subordonnant a une seule fonction sont traitées à l’aide de deux étiquettes : Sub relie le verbe de la principale et le subordonnant, et PredSub est utilisée pour établir le lien entre le subordonnant et le verbe de la subordonnée.

(13)

Kada smo stigli, jesen je bila počela. quand sommes arrivés automne est été commencé

Root

Sub PredSub

’Quand nous sommes arrivés, l’automne avait commencé.’

Il est à noter que les subordonnées en da ‘que’ complétant les verbes aspectuels ou modaux et les complétives introduites par le même subordonnant bénéficient d’un traite- ment légèrement différent. Les particularités sont disponibles dans le guide d’annotation (tome 2, annexe C).

Le deuxième type de traitement connaît deux variations : l’une pour les relatives et l’autre pour les interrogatives indirectes.

En ce qui concerne les relatives, le lien entre la proposition principale et la subordonnée s’établit en reliant l’antécédent de la relative à son prédicat par la fonctionPredRel.

(14) a.

Poslužavnik gubi glazuru koj-om je prevučen. plateau perd émail que-INS.SG.F est couvert

PredRel DepVCas

‘Le plateau perd l’émail dont il est recouvert.’

b.

Došao je čovek čij-u dec-u poznajem.

venu est homme de.qui-ACC.SG.F enfants-ACC.SG connais

PredRel

ObjDir DepNAdj

‘L’homme dont je connais les enfants est venu.’

Il est à noter que le serbe admet également des relatives introduites par što ‘que’ invariable, dans lesquelles la fonction normalement dévolue au relatif est reprise par un pronom personnel. Le traitement de ces subordonnées est identique à celui des subordon- nées à subordonnant simple (cf. exemple 15).

(15)

Došao je čovek što sam ga pominjao. venu est homme que suis le mentionné

Root

Sub PredSub

ObjDir

‘L’homme que j’ai mentionné est venu.’

L’application du traitement prévu pour les relatives à ce cas de figure entraînerait la représentation du verbe de la relative avec deux objets directs. D’ailleurs, du point de vue sémantique, dans ces propositions, le relatif tend à perdre son sens relativisant pour ne garder qu’un rôle de subordonnant.

Les interrogatives indirectes sont traitées de la manière suivante : le verbe de la prin- cipale gouverne le verbe de la percontative via la relation PredPercont, alors que le su- bordonnant est relié au verbe de la subordonnée par l’étiquette qui exprime le mieux sa fonction par rapport au verbe.

(16)

Pitao je zašto dolaze. demandé est pourquoi viennent

Root

AuxV

PredPercont

DepVAdv

‘Il a demandé pourquoi ils venaient.’

Ce traitement s’inspire directement de celui mis en place dans le treebank FTBDep. Dans ce corpus, les propositions adverbiales sont traitées comme des modifieurs d’un verbe : le subordonnant porte l’étiquettemod, alors que la tête de la subordonnée en dépend via la fonctionobj. En ce qui concerne les relatives, elles sont également considérées comme des modifieurs, mais leur rattachement est différent : c’est l’antécédent de la relative qui gouverne son prédicat, et le relatif dépend du prédicat de la subordonnée. Il est annoté en accord avec la fonction qu’il exerce par rapport au verbe de la relative, préservant ainsi la représentation de la structure argumentale du verbe. Un traitement comparable a été mis en place dans le schéma d’annotation utilisé pour l’annotation du corpus croate SETimes (Merkler et al., 2013).

D’autres corpus adoptent des approches différentes. PDT favorise la tête lexicale pour tout type de subordonnée. C’est donc le verbe de la subordonnée qui dépend directement du verbe de la principale via la relation appropriée (Advdans le cas des circonstancielles,

Obj dans le cas des déclaratives et des percontatives, Atr dans le cas des relatives). Le subordonnant est rattaché au verbe de la subordonnée à travers la relation la plus ap- propriée (Adv dans le cas des circonstancielles et des percontatives, Obj ou Suj dans les relatives)(Hajič et al., 1999).

La deuxième version du treebank croate HOBS adopte la vision inverse : le verbe de la principale gouverne le subordonnant via la relation Sub et le subordonnant gouverne à son tour le verbe de la subordonnée à travers la relation Pred. Ce traitement concerne toutes les subordonnées, y compris les relatives. Par conséquent, la fonction syntaxique du relatif à l’intérieur de la relative est perdue.