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2. TRAFIC DES OPIACES ET OPIOÏDES DANS LE MONDE

Le trafic de stupéfiants est un commerce international illicite comprenant la culture, la fabrication, la distribution et la vente de substances interdites par la loi. Ce commerce est en constante évolution du fait des changements entraînés par la mondialisation et la démocratisation des nouveaux moyens de communication et de paiement. Les flux de drogue se caractérisent plus que jamais par des changements rapides des itinéraires de trafic, des modes opératoires et des méthodes de dissimulation.

L'opium est produit illicitement dans environ 50 pays dans le monde, les principales zones de production étant situées dans trois sous-régions. Les pays d'Asie du Sud-Ouest (principalement l'Afghanistan) approvisionnent les marchés des pays voisins et d'Europe, du Proche et du Moyen-Orient, de l'Afrique et de l'Asie du Sud, et en de plus faibles proportions l’Amérique du Nord et l’Océanie. Les pays d’Asie du Sud-Est (principalement le Myanmar le Laos) approvisionnent les marchés d’Asie de l’Est et du Sud-Est et d’Océanie. Les pays d'Amérique Latine approvisionnent les États-Unis et les marchés plus limités d'Amérique du Sud (5).

De 2016 à 2017, la production mondiale d’opium a bondi de 65 %, pour atteindre une production de 10 500 tonnes, chiffre le plus élevé jamais enregistré depuis que l’ONUDC a commencé à surveiller la production mondiale d’opium. On estime que la superficie totale consacrée à la culture de pavot à opium dans le monde a doublé entre 2006 et 2017 pour atteindre 420 000 ha. Cela s’explique principalement par l’augmentation record de sa culture en Afghanistan où les trois quarts de l’opium mondial actuel est produit(1). La production afghane fait l'objet d'un trafic international via des routes parcourant les pays limitrophes. Pour sortir d’Afghanistan, l’héroïne utilise trois routes principales. La principale surnommée « route des Balkans » traverse la République Islamique d’Iran, la Turquie, la Grèce et la Bulgarie via l'Europe du Sud-Est vers le marché de l'Europe occidentale. « La route du Sud » se dirige vers l’Afrique pour atteindre principalement l’Amérique du Nord, sollicitant plus particulièrement le Kenya, la Tanzanie, l’Afrique du Sud et le Nigéria. Et enfin « la route du Nord » à destination de la Russie qui passe par le Tadjikistan, le Kirghizstan et le Turkménistan.

Figure 5 : les principales routes de trafic d’héroïne entre 2012 et 2016

Source : ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2018

Notes: La taille des courbes de trafic est fonction de la quantité d'héroïne saisie dans une sous-région et du nombre de pays d'où est sorti l'héroïne vers une sous-région spécifique sur la période 2012-2016. Une nuance plus foncée indique que le pays représente plus de 50% de la production d'héroïne dans la région. Les flux de trafic sont déterminés sur la base du pays d'origine / de départ, de transit et de destination des drogues saisies : ils doivent donc être considérés comme une indication générale de la situation existante. Les flèches de flux représentent la direction du trafic : les origines des flèches indiquent soit la zone de fabrication ou celle de dernière provenance, les extrémités des flèches indiquent soit la zone de consommation, soit celle de la prochaine destination du trafic

Sur les 10 500 tonnes d'opium produites dans le monde en 2017, il est estimé qu'environ 1100 à 1 400 tonnes restent non transformées pour être consommées sous forme d'opium, le reste étant transformé en héroïne. Entre 700 et 1 050 tonnes d'héroïne ont ainsi été fabriquées dans le monde en 2017, dont 550 à 900 tonnes fabriquées localement en Afghanistan.

SOURCE : World Drug Report 2018, UNODC

Figure 6 : Culture, production, saisies et consommation

Parallèlement à l’augmentation de la production, les saisies d'héroïne ont atteint un niveau record en 2016 (91 tonnes), celles d'opium (658 tonnes) et de morphine (65 tonnes) ont atteint le deuxième plus haut niveau jamais enregistré. La plupart des saisies d'opioïdes se faisant à proximité des zones de production, l’Asie (en particulier le Proche et le Moyen Orient) est à l’origine de 86% de la quantité totale d'héroïne et de morphine saisies en 2016.

Figure 7 : zones de saisie d’héroïne en 2016

Outre les opioïdes illicites, de nombreux opioïdes à usage médical sont consommés hors du cadre thérapeutique dans plusieurs régions du monde et font l’objet de trafic. Le type d'opioïdes utilisés diffèrent selon les régions : en Amérique du Nord, par exemple, l'hydrocodone, l'oxycodone, la codéine et le tramadol sont les principaux opioïdes utilisés à des fins non médicales, tandis que la méthadone, la buprénorphine et le fentanyl sont les principaux opioïdes utilisés en Europe (2). Dans les pays d'Afrique de l'Ouest, d'Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient, le tramadol est la principale substance utilisée par les personnes signalant une utilisation non médicale d'opioïdes.

Les saisies d'opioïdes à usage médical ont atteint des niveaux records équivalents à ceux de l’héroïne. Les plus grandes quantités saisies étaient celles du tramadol (125 tonnes en 2017), suivies de la codéine (18 tonnes 2016), de l'oxycodone (1 tonne en 2016) et du fentanyl (0,4 tonne en 2016). L’Afrique continue de dominer les saisies d’opioïdes à usage médical avec 87% des saisies mondiales en 2016. Elles ont principalement été réalisées en Afrique centrale et de l'Ouest et en Afrique du Nord. Il s’agit majoritairement de tramadol produit en Inde ou en Chine (1). L’importance de ces saisies faisant craindre une « crise des opioïdes » en Afrique faisant écho à la crise nord-américaine actuelle.

SOURCE : World Drug Report 2019. UNODC

Les nombreuses mesures de répression ainsi que la restriction de l’accès aux opioïdes utilisés à des fins médicales poussent les consommateurs à rechercher de nouvelles voies d’acquisition de stupéfiants (6). A partir de 2010-2011, ils se tournent vers le darknet, la version cryptée d’internet. Le darknet renferme des cryptomarchés qui, comme les marchés de commerce en ligne habituels, permettent à leurs clients de rechercher et comparer des produits et d’évaluer leurs fournisseurs. Ces marchés mettent en contact des vendeurs et des acheteurs, sous couvert d’anonymat, pour échanger des drogues illégales, des nouvelles substances psychoactives (NPS), des médicaments sur ordonnance et d'autres biens et services, souvent illégaux. Une étude menée conjointement par l'EMCDDA et Europol en 2017 a révélé que plus de 60% de tous les produits listés sur les cinq principaux marchés mondiaux du darknet étaient liés à la vente illicite de drogues, y compris de produits chimiques et de produits pharmaceutiques liés à la drogue (7). On estime qu’en 2017, à peu près 8% des transactions d’achat de drogue dans le monde se sont faites à travers ce type de plateformes.

Bien que le Maroc ne soit pas un acteur principal dans le trafic des opioïdes, il est de plus en plus utilisé comme pays de transit vers le marché européen. Le gros du trafic d’opioïdes qui arrive au Maroc vient d’Afghanistan à travers le Moyen Orient, la corne de l’Afrique et l’Afrique subsaharienne. Cette dernière est devenue une plateforme importante dans le trafic de cocaïne et d’opioïdes destinés aux marchés européens et transitant par l’Afrique du Nord, notamment le Maroc. De plus, au cours des dernières années, des organisations de drogues sud-américaines ont commencé à exploiter les itinéraires marocains bien établis de cannabis pour faciliter le trafic de cocaïne mais aussi d’héroïne vers l'Europe. Avant leur redistribution vers les pays de destination, les drogues transitent par les pays sub-sahariens, notamment le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, et le Nigéria, mais le Maroc est également de plus en plus utilisé en tant que pays de transit. L'activité empruntant la route du désert vers le Maroc risque de connaitre un accroissement inquiétant à l'avenir (8).

3. SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE DE L’USAGE ET DE