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L’emport à domicile, ou l’autorisation d’emmener chez soi sa dose quotidienne de méthadone pour une durée limitée, est considéré comme un droit qui confirme les acquis du patient et facilite les efforts de ce dernier pour retrouver un mode de vie responsable et constructif. L’obtention du privilège d’apporter la méthadone avec soi est donc basée sur la

capacité du patient de gérer sa médication, capacité qui se manifeste par la stabilité démontrée dans son fonctionnement, dans l’atteinte de certains des objectifs poursuivis et dans le résultat des dépistages urinaires. Dans un premier temps, la stabilité se définit selon le comportement général, l’organisation du milieu de vie, la prise de responsabilité telle que l’ingestion quotidienne de la méthadone devant l’infirmier, la présence aux rendez-vous et l’observance des règles du contrat. Dans un deuxième temps, on juge de la stabilité avancée par la reprise des responsabilités en regard de la santé, de la famille et des enfants, du travail volontaire, de la scolarité, de l’emploi ou de tout autre rôle qui témoigne d’une meilleure intégration sociale. Avant d’accepter cette option, le médecin doit évaluer la capacité du patient à gérer de façon sure la prise et la possession de la méthadone et, de façon concomitante, la consommation de toute autre substance qui pourrait présenter des risques d’intoxication ou entraver gravement les buts poursuivis par le traitement. Une prise quotidienne contrôlée au début du traitement est primordiale pour faciliter l’adaptation du dosage, s’assurer que le patient est suffisamment responsable pour gérer seul son traitement et construire une alliance thérapeutique solide entre le patient et l’équipe du centre. Une période de six mois de prise quotidienne est généralement nécessaire pour franchir cette étape.

Une fois l’étape de stabilité atteinte, l’emport à domicile est envisageable d’abord pour le week-end, puis trois jours, puis lorsque les conditions sont réunies, pour la semaine. En concordance avec la réglementation nationale en vigueur, la prescription médicale pourra se faire pour une durée maximale de 28 jours. Les conditions pour autoriser l’emport à domicile sont :

- Une stabilité personnelle et familiale ;

- Etre en mesure de gérer sa dotation de méthadone de manière responsable ;

- Avoir un membre de la famille qui s’engage, officiellement, à soutenir le patient dans son programme thérapeutique ;

- Disposer des flacons, munis d’un dispositif de sécurité pour les enfants et étiquetés, correspondant au nombre de jours de la dotation ;

- Pour tout candidat à l’emport à domicile le centre doit fournir un certificat médical d’autorisation au cas où il est interpellé par la police.

L’emport à domicile n’est pas autorisé dans les cas suivants : - Les patients sans domicile fixe ;

- Les patients qui continuent à consommer de l’héroïne régulièrement ;

- Les patients qui cèdent, troquent ou vendent la totalité ou une partie de leur dose au marché noir.

La décision d’autoriser l’emport à domicile de méthadone, ainsi que la durée revient au médecin traitant. Lorsque, pour des raisons indépendantes de sa volonté, le patient doit séjourner dans une autre ville pour une durée supérieure à 28 jours, il peut s’adresser au centre d’addictologie le plus proche pour la continuité de son traitement sous l’appréciation du médecin du centre d’accueil et en coordination avec son médecin traitant du centre d’origine.

Dans le cas d’un voyage à l’étranger, des démarches sont à entreprendre auprès de la direction du médicament et de la pharmacie (service des stupéfiants) pour l’obtention d’une attestation de transport de médicaments classés comme stupéfiants ou psychotropes, en application des principes directeurs concernant les dispositions réglementaires nationales applicables aux voyageurs sous traitement par des substances placées sous contrôle international (42).

c. Dispensation

 Gestion de la Salle d’attente

La gestion de la salle d’attente de dispensation est importante pour prévenir les tensions entre les patients. En principe, les patients entrent dans le bureau de dispensation par ordre d’arrivée à la salle d’attente. Une manière simple pour prévenir tout risque de conflit est d’afficher une liste unique, pré-numérotée dans un ordre croissant, dans laquelle chacun, dès son arrivée dans la salle, inscrit son code-identifiant ou son prénom.

Il est préférable qu’un membre de l’équipe soit présent en permanence dans la salle. Il veillera, entre autres, à ce qu’il n’y ait pas de consommation ou de deal des produits entre usagers et que chaque patient quitte le centre aussitôt qu’il a eu sa dose ou sa dotation hebdomadaire.

 Entretien de dispensation

L’entretien de dispensation journalière ou hebdomadaire est un moment privilégié pour une prise en charge de qualité. Lors de celui-ci l’infirmier est invité à évaluer rapidement et discrètement l’état du patient et l’aider à faire face aux difficultés. Pour se faire il est amené à l’observer et/ou s’entretenir avec lui autour de :

- L’envie de consommer l’héroïne ;

- La consommation d’autres dogues ou médicaments ; - Le sommeil ;

- Son humeur ;

- Les relations avec la famille et l’entourage ;

- Ses éventuelles démarches de recherche de travail, de problèmes juridiques éventuels etc;

En cas de difficultés ou à sa demande, le patient peut être vu directement par le médecin, l’assistant social ou l’infirmier chef ou toute autre professionnel en mesure d’aider à résoudre le problème soulevé.

 Bureau de dispensation

Chaque patient est reçu individuellement dans le bureau de dispensation à porte fermée. La mesure du volume à prélever à l’aide de la seringue graduée se fait en face du patient, lui permettant de vérifier que le volume prélevé correspond effectivement à la dose prescrite par le médecin.