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2.1.e. Si :

Dans cette étude, je parle de la position initiale dans ces constituants que je suppose être organisés hiérarchiquement de la façon suivante : de la position la plus haute à la position la plus basse, P > GI > GA > M > S. Il faut garder à l’esprit que la hauteur d'un constituant dans cette hiérarchie correspond aussi au niveau de la

frontière prosodique qui précède le constituant en question. Ainsi, un segment initial dans un constituant

supérieur (ex. GIi) est précédé par une frontière prosodique plus importante qu’un constituant initial dans un constituant inférieur (ex. Mi).

I.A. Notes préliminaires

A.1. Des constituants définis arbitrairement

Avant de présenter plus en détail les constituants, il faut préciser que ces cinq constituants ne correspondent pas forcement à des niveaux prosodiques établis dans la littérature. Ce sont les constituants d'une hiérarchie que je définis préliminairement. Je n'assume pas qu’ils représentent tous les constituants prosodiques du français, ni qu'ils appartiennent tous à la Hiérarchie Prosodique du français, ni qu'ils sont tous des constituants prosodiques (vs. syntaxiques ou morphologiques). En effet, cette thèse n'a pas pour objectif de faire un inventaire exhaustif des constituants prosodiques du français, ni d'examiner tous les constituants qui ont pu être proposés dans les différents modèles de la Hiérarchie Prosodique. D'autre part, c'est à la lumière des résultats, que j’essaierai de définir, à partir de leurs propriétés articulatoires, quels constituants peuvent être définis comme appartenant à la hiérarchie prosodique du français.

morpho-syntaxique des phrases cadres pour obtenir de la part des locuteurs la structure prosodique voulue, ces constituants correspondent aussi à des constituants syntaxiques particuliers.

A.2. Position prosodique vs. position sérielle

Il faut distinguer la position prosodique de la position sérielle, ou position linéaire, dans la phrase. En Introduction (section IIB.5), j’ai présenté des études montrant qu’il peut y avoir une déclinaison articulatoire du début à la fin d’une phrase. L’articulation d’un segment peut donc être affectée par sa position sérielle dans la phrase (p. ex. 2ème syllabe vs. 8ème syllabe à partir du début). Dans la plus grande partie de mes corpora, le segment test est toujours placé dans la 5ème syllabe de la phrase, de façon à contrôler un éventuel effet de déclinaison articulatoire. La position prosodique du segment va donc changer d’une phrase à l’autre (p. ex. GIi vs. Mi) mais sa position sérielle reste la même (5ème syllabe). Dans deux des premiers corpora conçus pour l’expérience de débit nasal, je n’ai pas contrôlé la position sérielle du segment test. Sa position dans la phrase varie parallèlement à sa position prosodique. Une comparaison avec un autre corpus dans lequel la position sérielle a été contrôlée me permettra d'évaluer l’influence qu’a pu avoir la variation de position sérielle sur les résultats.

A.3. Une comparaison paradigmatique entre positions initiales à différents niveaux

prosodiques, mais aussi entre position initiale et médiane

Afin d'examiner l'influence de la position prosodique sur l'articulation du segment, seule la position hiérarchique

la plus haute doit être considérée. Par exemple, dans la figure 2.1b, le /n/ de "Nadia" est en fait au milieu d'une

Phrase, au début d'un Groupe Intonatif, au début d'un Groupe Accentuel, au début d'un Mot, et au début d'une Syllabe. Or, je considèrerai que sa position est "initial de Groupe Intonatif (GIi)" pour pouvoir le comparer avec un /n/ placé en début de Groupe Accentuel, mais qui n'est pas aussi au début d'un Groupe Intonatif (ex. figure 2.1c). Dans la figure 2.1d, le /n/ de "Nadia" est au milieu d'une Phrase, au milieu d'un Groupe Intonatif, au milieu d'un Groupe Accentuel, au début d'un Mot, et au début d'une Syllabe. Puisque je ne considère que le constituant le plus haut dans lequel le segment est initial, sa position prosodique est "initial de Mot (Mi)".

Il faut garder à l'esprit que le début d'un constituant correspond au milieu d'un constituant de niveau supérieur. Ainsi, une variation articulatoire entre, par exemple, un segment en début de Groupe Accentuel et un segment au début de Mot peut être interprétée comme une différence entre les positions initiales de deux constituants différents. Elle peut aussi être interprétée comme une différence entre position initiale et position médiane dans un GA puisque le segment en début de Mot est aussi en position médiane dans un GA.

Dans cette étude, je préfère décrire les résultats en ne parlant que de comparaison entre positions initiales à différents niveaux. Parler de différences entre position initiale et position médiane ne me semble pas approprié puisque je ne considère qu’une seule des positions médianes au sein d’un constituant : celle qui est aussi le début du constituant inférieur. Je n’observe donc pas toutes les positions médianes dans le constituant pour les comparer à la position initiale. Dans notre étude sur l’anglais [Fougeron & Keating 1997], nous avions choisi un corpus en parole réitérée de façon à pouvoir faire une comparaison syntagmatique entre toutes les positions au sein d’un constituant. Avec un corpus en parole naturelle (non-réitérée), l'examen de toutes les positions (initiale, médianes et finale) dans chaque constituant nécessiterait un nombre de phrases beaucoup plus important. Dans mon corpus, de façon à contrôler le contexte segmental et la position sérielle, je n’ai qu’un

segment test par phrase et j’effectue une comparaison paradigmatique des positions entre des phrases

différentes.

I.B. Critères de codage prosodique

Le découpage prosodique d'une phrase comme celui présenté dans la figure 2.1b, par exemple, n'est qu'un des phrasés possibles pour cet énoncé. Dans le corpus utilisé, les phrases cadres sont conçues pour obtenir un phrasé particulier dans lequel le segment test est placé à la position prosodique souhaitée. J'ai fait varier dans ces

phrases la ponctuation, la structure syntaxique, le statut morphologique des éléments pour inciter les locuteurs à produire ces types de phrasés. Ainsi, les phrases cadres utilisées se distinguent à l’écrit par :

• la ponctuation ou la marque typographique de frontière : la position Pi est précédée d'un point ; les positions GIi et GAi sont précédées d'une virgule ; la position Mi est précédée d'un tiret ; la position Si n'est précédée d'aucune marque typographique la séparant de la syllabe précédente.

• le statut syntaxique : en position Pi, GIi, le segment test est au début du Syntagme Nominal (SN) sujet ; en position GAi, le segment test est au début d'un SN qui est le 3ème SN du sujet ; en position Mi et Si, le segment test est au milieu d'un SN.

• le statut morphologique : en position Pi, GIi et GAi, le segment test est au début d'un mot lexical ; en position Mi, le segment test est au début d'un mot lexical qui est le 2ème élément d'un mot composé ; en position Si, le segment test est au début d'une syllabe médiane dans un mot lexical.

Comme nous l’avons vu en Introduction, contrairement à la structure syntaxique qui est fixe, la structure prosodique d'une phrase peut varier d'une répétition à l'autre ou d'un locuteur à l'autre. Il est donc nécessaire de vérifier le découpage prosodique des énoncés produits par les locuteurs. Pour cela, les positions prosodiques dans les productions des locuteurs ont été codées à posteriori. Ce codage est effectué d’après les trois paramètres suivants :

• la présence/absence de pause

• le degré d'allongement final de la voyelle précédant le segment test • le type de contour intonatif des phrases

B.1. Notes sur le codage prosodique

Vu l'importance du corpus, je n'ai transcrit les contours intonatifs que d'un échantillon de phrases représentant un peu plus de la moitié du corpus total : les corpora pour le segment test /n/ et pour le segment /i/ produits par les deux locuteurs lors de l’expérience de palatographie, ainsi que les corpora pour le segment test /n/ produit par les 4 locuteurs lors de l’expérience de débit d’air. Soit un total de 930 phrases sur 1690 24. Je n’ai trouvé que très peu de variations dans les contours de f0 produits par chaque locuteur pour chaque type de phrases dans cet échantillon. S'il y avait des variations, elles se situaient sur la partie finale de la phrase, après le mot portant le segment test. Pour le reste des phrases du corpus, le contour intonatif n'a été vérifié qu'à l’oreille, le codage prosodique repose donc principalement sur les critères de pause et d’allongement.

Le codage intonatif des courbes de f0 suit le modèle de transcription développé pour l'anglais par Pierrehumbert (1980) et adapté pour le français par Jun et Fougeron (1995, 1998). Ce modèle est un modèle phonologique de l'intonation dans lequel seuls les événements tonals pertinents sont transcrits : un ton est assigné aux points où la courbe de f0 change de direction ("turning points") et le contour de f0 se fait par interpolation entre ces points. En français, nous ne considérons que deux types de ton : un ton haut (H) et un ton bas (B). Suivant la fonction de ces tons, différents diacritiques leurs sont attachés : le signe "%" marque un ton de frontière majeure (de Groupe Intonatif) qui est réalisé sur la dernière syllabe du groupe; le signe "*" marque le ton démarcatif de Groupe Accentuel qui correspond à, et est réalisé sur, la syllabe accentuée finale du groupe (accent final). Le ton haut de l'accent initial est noté par le signe "Hi". La figure 2.2 présente pour chaque type de phrase un exemple caractéristique du contour intonatif avec ce type de transcription sur la séquence test aux différentes positions prosodiques.

Dans cette étude je ne souhaite pas discuter de la validité de ce modèle. Il est utilisé uniquement pour sa simplicité de transcription et de codage (tons H et B, diacritiques * et %). Pour plus de clarté, je décrirai les contours intonatifs également avec les termes de "continuation mineure, majeure, contour final" (cf Delattre 1966).

Figure 2.2 a, b, c, d, e : Exemples de contour de f0 pour les phrases du corpus avec les segments tests /n/ produites par le locuteur 2M dans l'expérience EPG. (#) = pause. Les lignes verticales présentent les points de mesure de f0 (milieu de la voyelle de la syllabe) et indiquent la position du segment test /n/. Voir le texte pour l'explication des symboles de codage intonatif.

B%

tata dia

H*

/n/

na

B

100 250 Hz

2.2.a. Pi : Paul aime Tata. N adia les protège en secret.

#

tata

B%

paul

H*

na

B

/n/

100 250 Hz

2.2.b. GIi : La pauvre Tata, N adia et Paul n'arriveront que demain.

#

tata

H*

paul

H*

/n/

na

B

100 250 Hz

tata dia