C.3. Conclusion I.C. : la latérale /l/
La quantité et la répartition des contacts linguopalataux pour la consonne /l/ varient en fonction de la position prosodique. Cette variation se traduit par une augmentation du contact au niveau de l'occlusion alvéolaire centrale et par une perte de l'asymétrie des contacts latéraux dans les positions supérieures GAi et GIi.
coté du passage latéral (peu de contacts). Dans les positions supérieures, au contraire, le contact de la langue s'équilibre sur les deux cotés en augmentant du coté de l'ouverture latérale (barres noires pour 1F et blanches pour 2M sur la figure 3.22) et en diminuant du coté de l'ancrage de la langue (barres blanches pour 1F et noires pour 2M sur la figure 3.22). L'augmentation du nombre d'électrodes contactées sur le coté du passage latéral provoque une diminution de cette ouverture latérale aux positions supérieures.
I.D. La voyelle /i/
D.1. Degré de contact linguopalatal
L'élévation de la langue pour la voyelle fermée antérieure /i/ se traduit par un degré de contact linguopalatal relativement important sur les bords latéraux du palais. La figure 3.24 présente des exemples de profils de contact pour la voyelle /i/, produits par les deux locuteurs. On peut voir que le contact est large sur les cotés et s'étend de l'arrière du palais jusqu'aux canines environ. Les 4 rangés latérales d'électrodes sont contactées par la langue et le passage de l'air se fait par la partie centrale du palais, au niveau de la rangé sagittale médiane. Dans le corpus, la voyelle /i/ est en contexte labial /p_p/ et les segments linguaux les plus proches sont des /i/ (/ip_pi/). De ce fait, le contexte segmental n'influence guère l'évolution des appuis linguaux et une tenue articulatoire linguale est clairement visible pendant la voyelle. Le maximum de contact linguopalatal pour /i/ a donc été mesuré au milieu de la voyelle pendant l'intervalle où le profil de contact est stable, i.e. pendant sa tenue.
Figure 3.24 : Exemples de profils de contact pour la voyelle /i/ produite par le locuteur 1F en position GAi et par le locuteur 2M en position GIi. Les points noirs représentent les électrodes contactées.
[i] Loc. 1F GAi [i] Loc. 2M, GIi
Pour la voyelle /i/, seules 3 positions prosodiques ont été considérées : le début de Mot, le début de GA et le début de GI. Il faut garder à l’esprit qu’ici la voyelle est dans unes syllabe VC, elle est donc dans la position initiale absolue du constituant prosodique. Les pourcentages moyens de contacts pour de la voyelle sont présentés sur la figure 3.25. Les résultats statistiques sont donnés dans le tableau III-7.
• Il apparaît que le degré de contact linguopalatal de la voyelle varie aussi en fonction de la position prosodique. Pour les deux locuteurs, il y a une augmentation de contact du début de Mot aux positions GA et GI.
Figure 3.25 : Degré de contact linguopalatal pour /i/ en fonction de la position prosodique. Exprimé en % d'électrodes contactées sur tout le palais.
0
20
40
60
80 Loc. 1F Loc. 2M
%
Mi GAi GIi Mi GAi GIi
Tableau III.7 : Degré de contact et valeur les formants F1, F2, et F3 de /i/. Comparaisons entre positions prosodiques. Résultats statistiques des tests ANOVA (1 facteur "position") et des comparaisons par paire effectuées par un test post-hoc Ficher PLSD. "ns" = p ≥ 0,05. "*" = p < 0,05.
Locuteur 1F Locuteur 2M Degré de contact F(2,45)=22,5; p=0,0001 F(2,43)=7,4; p=0,002
Mi <* GAi, GIi Mi <* GAi, GIi
F1 F(2,45)=0,27; p=0,8 ns F(2,43)=0,07; p=0,9 ns
F2 F(2,45)=1,0; p=0,4 ns F(2,43)=9,5; p=0,0004 Mi <* GAi, GIi
F3 F(2,45)=37,5; p=0,0001 F(2,43)=31,0; p=0,0001 Mi <* GAi <* GIi Mi <* GAi <* GIi
D.2. Caractéristiques spectrales
Il y a donc une augmentation du contact linguopalatal dans les positions supérieures à Mi, mais cette augmentation ne permet pas de distinguer les positions GAi et GIi. Il est possible que l'articulation de la voyelle varie davantage, mais que ces variations ne soient pas visibles sur le palais. Par exemple, une modification de la forme de la langue, de son degré d'élévation à l'arrière du palais dur ou à l'avant de la constriction palatale ou dans sa partie centrale, peut ne pas apparaître si cette variation n'élève pas la langue de façon suffisante pour qu'elle soit en contact avec le palais. Il est aussi possible que la position prosodique affecte d'autres articulateurs que la langue, les lèvres par exemple.
Si elles existent, ces variations articulatoires auront pour conséquence une modification de la taille des cavités de résonance dans le conduit vocal et donc des caractéristiques spectrales de la voyelle. Pour évaluer de telles modifications spectrales en fonction de la position prosodique, les formants F1, F2, et F3 de /i/ sont mesurés au milieu de la voyelle, au point où le profil de contact maximum a été relevé. Les valeurs des formants sont présentées sur la figure 3.26. Les résultats statistiques des comparaisons sont donnés dans le tableau III-7.
• Pour les deux locuteurs, il y a une augmentation progressive de la fréquence de F3 de la position Mi, à la position GAi, à la position GIi. Pour le locuteur 2M, il y a également une élévation de F2 de la position Mi aux positions supérieures GAi et GIi. Pour les deux locuteurs, F1 n'est pas affecté par la position prosodique. Ces variations formantiques sont illustrées sur les spectrogrammes présentés figure 3.27 pour une répétition de /i/ aux trois positions examinées pour le locuteur 1F.
Figure 3.26 : Fréquence des formants F1, F2 et F3 de la voyelle /i/ en fonction de la position prosodique.