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Bez titla knigi ma parole ne kupit školnik, ni učitel’ [Sans titre, ma parole, ni l’écolier, ni le professeur n’achèteront le livre]

Moskovskij knigoljub N. Smirnov-Sokol’skij

O, èti postojannye mučitel’nye poiski nazvanij ! [Oh, ces souffrances éternelles pour trouver des titres !]

K. Paustovskij

Pourquoi les journalistes russes utilisent-ils fréquemment des paroles ailées dans les titres de leurs articles ?

Nous tenterons de répondre à cette question dans ce chapitre. Pour cela, nous allons tout d’abord nous intéresser au rôle du titre et à ses fonctions, ce qui nous permettra de comprendre les particularités du titre d’article de presse. Nous décrirons ensuite les titres contenant des citations, que nous appelons titres-citations. Enfin, nous étudierons l’histoire de l’utilisation des titres-citations dans la presse soviétique et russe. Ceci nous amènera à nous intéresser aux tendances stylistiques de la presse russe actuelle, qui sont à notre avis, bien reflétées par l’usage des titres-citations par les journalistes.

Le rôle et les fonctions du titre

Définition

Donnons tout d’abord la définition générale du titre du Petit Larousse : « le titre est un mot, une expression, une phrase, servant à désigner un écrit, une de ses parties, une œuvre littéraire ou artistique, une émission, etc, à en donner le sujet1 ». Toujours d’après le Petit Larousse, dans la presse, le titre est « un texte en gros caractères qui coiffe un article et en annonce le sujet ». Remarquons que dans les deux cas la définition du titre insiste sur sa fonction majeure qui est d’annoncer le sujet du texte qui suit.

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Le titre, carte d’identité et résumé du livre

G. Lessing, dans son œuvre La dramaturgie de Hambourg, de 1769, a remarqué

que dans l’Antiquité on n’attachait pas une grande importance au titre. D’après lui, on considérait alors que le rôle du titre est simplement un moyen de distinguer une œuvre d’une autre. D’après Goethe, l’habitude de donner des titres est née du développement de la littérature, l’augmentation du nombre des œuvres nécessitant de les nommer pour les distinguer les unes des autres. Progressivement, de simple signe distinctif, le titre est devenu un élément important dans la structure de l’œuvre. Le titre est aujourd’hui nécessaire aux œuvres de tous les genres. Seuls les poètes peuvent éventuellement publier des vers sans titre. Dans ce cas, c’est le premier vers de la poésie qui joue le role de titre.

Le critique littéraire russe du milieu du XIXe siècle V. Belinskij a souligné l’importance du titre, qui indique soit le personnage principal, soit l’idée principale de l’œuvre. Il a ajouté : « Vidna ptica po poletu, a kniga po zaglaviju 1 » [On reconnait l’oiseau à son vol, et le livre à son titre] : la fonction primaire du titre est de distinguer un livre des autres livres.

L’écrivain V. Korolenko a signalé dans une de ses lettres une autre fonction du titre qui est d’attirer l’attention sur le contenu du texte qui suit. Il considère la non-correspondance du titre avec le contenu de l’œuvre comme un grave défaut. S.Kržižanovkij, un critique littéraire soviétique des années vingt du XXe siècle, a noté que par son titre le livre est présenté au lecteur « en miniature 2».

Le titre qui fait vendre

Une autre fonction du titre a été décrite par l’écrivain russe de la première moitié du XXe siècle G. Žukov : il explique que si l’auteur parvient à trouver un titre original qui attire instantanément l’attention du lecteur, le succès du livre ou de l’article est garanti. Il ajoute que, au contraire, si l’auteur donne un titre banal ou non expressif à son œuvre, il le condamne lui-même.

Un autre écrivain russe, S. Rostovskij, a formulé le rôle du titre en faisant la synthèse des deux positions précédentes : pour lui, le titre est une concentration de contenu dans une forme susceptible d’attirer l’attention du lecteur.

Z. Bliskovskij, critique littéraire russe, dans son livre Muki zagolovka [Les tourments du titre]a noté que les éditeurs sont de bons commerçants, ils cherchent pour les romans que les auteurs leur proposent des titres qui peuvent « gonfler les voiles de la curiosité ». Il a formulé une sorte de théorème : « un bon livre avec un bon titre peut avoir du succès, un bon livre avec un mauvais titre n’aura jamais de succès, un mauvais

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Bliskovskij Z., Muki zagolovka, Kniga, M., 1980, p.5. Signalons que dans la première partie de cette phrase, Bliskovskij reproduit un proverbe russe.

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livre avec un bon titre a souvent du succès 1». Il ajoute qu’un auteur qui souhaite gagner le plus grand nombre de lecteurs doit donner à son livre un titre bizarre, bouleversant, éclatant ou mystérieux. Quand nous analyserons les titres d’articles et leurs rapports avec le contenu de l’article, nous verrons que les journalistes, pour vendre un contenu banal, créent souvent des titres spectaculaires en utilisant des citations connues. Le « théorème » de Bliskovskij semble ici s’appliquer.

Le titre militant

Certains titres expriment la position et les préférences de l’auteur, comme par exemple le titre du roman Prestuplenie i nakazanie [Crime et châtiment] par lequel Dostoevskij semble juger l’action de son personnage principal, ou encore le titre du poème « Xorošo ! » [Bien !] de Majakovskij, écrit pour glorifier le pouvoir soviétique à l’occasion des dix ans de la révolution d’octobre.

Le titre original

Nous avons découvert que quand les écrivains recherchent les meilleurs titres pour leurs œuvres ils peuvent abandonner leur titre initial si celui-ci a déjà été employé. Par exemple, Honoré de Balzac explique qu’il aurait appelé son roman « Deux amis » et non « Cousin Pons » si Jean de La Fontaine n’avait pas écrit une fable portant ce nom. Čexov se prononçait toujours pour l’originalité des titres des œuvres. Il détestait le plagiat, la citation ou le cliché. D’autres auteurs hésitent, et modifient les titres de leurs œuvres alors que leur rédaction est bien avancée ou même qu’elles sont déjà publiées. Un exemple caractéristique est le dramaturge A. Ostrovskij, qui a souvent modifié le titre de ses pièces.

Le titre recyclage

D’autres auteurs, au contraire, réutilisent des titres existants. C’est même devenu une tendance ces derniers temps chez les auteurs russes, mais ce phénomène ne date pas d’hier. Nous en présentons ici quelques exemples venus du XIXe siècle : Ladi Makbet Mcenskogo uezda [Lady Macbeth du district de Msentsk] en est une bonne illustration : Le titre du roman de N. Leskov s’inspire de celui de la tragédie Macbeth de W.Shakespeare. Les titres d’œuvres devenues célèbres se transforment en paroles ailées en étant répétés massivement, commençant ainsi une vie indépendante. La littérature russe et soviétique connaît plusieurs exemples de titres qui sont entrés dans la vie de la langue. C’est notamment le cas de la comédie de A. Griboedov Gore ot uma [Le malheur d’avoir trop d’esprit] qui s’emploie avec toutes sortes de modifications dans les titres d’articles. C’est aussi le cas du titre du roman de N. Gogol’ Mertvye duši [Les ames mortes] au sujet duquel A. Herzen dit la chose suivante : « Mertvye duši eto zaglavie samo nosit v sebe čto-to navodjaščee užas … vse eti Nozdrevy, Manilovy …

1 Bliskovskij Z., Ibidem, p.100

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vot mertvye duši » [Les âmes mortes est un titre qui porte en lui-même quelque chose d’horrible : tout ces Nozdrevy, Manilovy, voilà les âmes mortes]1. Effectivement, ce titre est devenu une expression imagée pour désigner des personnes déshumanisées.

Mais c’est surtout au XXe siècle que l’utilisation de citations dans les titres d’œuvre est devenue une tendance forte. L’époque contemporaine regorge d’œuvres dont les titres sont des citations connues. Un simple regard sur les titres des romans sortis ces dernières années révèle cette tendance. Ainsi l’auteur russe contemporain J. Poljakov s’est inspiré de la poésie de Puškin Pora moj drug, pora pour le titre de son roman de 2003 Zamyslil ja pobeg [J’ai imaginé ma fuite]. Parmi les romans à la mode publiés en Russie en 2006 on dénombre plusieurs titres-citations : Skromnoe obajanie intelligencii [Le charme discret de l’intelligentsia] de S. Prozorovkij, Casual - Skromnoe obajanie russkoj buržuazi [Casual - Le charme discret de la bourgeoisie russe] qui sont des citations modifiées du titre du film de L. Bunuel Le charme discret de la bourgeoisie, Proletaja nad soboj [Vol au-dessus de soi-même] de G. Popov qui est une citation modifiée du titre du film de M. Forman Vol au-dessus d’un nid de coucous et Dux less – Povest’ o nenastojaščem čeloveke [Sans esprit – Histoire d’un homme non véritable], titre d’un roman de S. Minaev qui a cité en le modifiant le titre

du roman de B. Polevoj Povest’ o nastojaščem čeloveke [Roman d’un homme

véritable]. Notons que S. Minaev a créé une expression inédite à partir du mot russe « Dux » [esprit] et du suffixe anglais « less » [sans].

On peut se demander pourquoi ces romanciers actuels réutilisent des titres existants ou reprennent dans leurs titres des citations d’œuvres connues. Nous mettons ici en évidence une manifestation du phénomène d’intertextualité, tel que le décrit notamment Dominique Maingueneau : « des énoncés sur d’autres énoncés 2». Les raisons qui poussent ces romanciers à réutiliser d’autres textes pourraient être de l’ordre du jeu (un clin d’œil aux connaisseurs de la littérature), ou bien du besoin d’être confortés par une autorité supérieure, (car souvent il s’agit de citations très connues, et de grande valeur symbolique), ou tout simplement de la paresse (car il est difficile de trouver un bon titre). Cela pourrait être aussi un phénomène de mode qui se propage dans le monde littéraire et touche le domaine journalistique qui nous intéresse plus particulièrement. La véritable explication est peut-être dans l’idée exprimée par Gérard Genette dans Palimpsestes qui a remarqué que « faire du neuf avec du vieux a l’avantage de produire des objets plus complexes et plus savoureux que les produits faits exprès : une fonction nouvelle se superpose et s’enchevêtre à une structure ancienne, et la dissonance entre ces deux éléments coprésents donne sa saveur à l’ensemble 3».

1

Bliskovskij Z., Ibidem, p.7

2

Maingueneau D., Analyser les textes de communication, Dunod, 1998, p.150.

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Les fonctions du titre d’une œuvre littéraire

Récapitulons maintenant les différentes fonctions du titre d’une œuvre littéraire, qui seront aussi importantes à prendre en compte dans notre étude du titre journalistique. Jacques George, dans Le discours intitulant, a noté que face au titre, « dans tous les cas, le travail du lecteur est essentiel, et aussi la culture personelle qu’il projette sur le texte1 ». Il souligne les diverses fonctions qui peuvent être attribuées au titre : celui-ci constitue « un signe différentiel permettant d’identifier une œuvre dans son individualité, il livre des indications sur le contenu ou au contraire provoque la suprise par son absence totale de rapport avec celui-ci, et enfin, il incite à la lecture2 ». Cette dernière remarque de Jacques George s’applique particulièrement bien à l’objet de notre étude, les titres-citations, comme nous le verrons un peu plus tard.

Gérard Genette, dans son œuvre Seuils, consacrée au paratexte littéraire, distingue quant à lui quatre fonctions littéraires du titre :

La première est la «fonction de désignation ou d’identification3 », déjà utilisée par les auteurs antiques, qui cherchaient à distinguer une œuvre d’une autre.

La deuxième est la « fonction descriptive », qui est censée refléter l’idée principale de l’œuvre, son thème ou son objet central.

La troisième fonction est la capacité du titre d’attirer l’attention et la curiosité du lecteur, appelée par Genette « fonction séductrice ».

La quatrième est la fonction connotative qui renvoie le lecteur de façon implicite à une époque, à un genre littéraire, à un contexte culturel.

Nous ajouterons quant à nous une cinquième fonction, la « fonction d’opinion », car le titre permet parfois aussi à l’auteur d’exprimer sa position, ses idées, notamment en introduisant un double sens, qui peut produire un effet d’ironie.

Une sixième fonction, reliée à la fonction séductrice décrite par Genette est la « fonction énigmatique ». Le titre, tout en étant hors du texte principal de l’œuvre, se trouve en rapport direct avec lui. Le lecteur doit résoudre le mystère du titre en lisant l’intégralité de l’œuvre, tout en gardant sa liberté d’interprétation de la signification du titre et de son adéquation avec le contenu de l’œuvre.

Nous nous intéresserons maintenant à la manière dont ces fonctions du titre sont exploitées dans la situation de communication entre le journaliste et le lecteur potentiel.

1

George J., « Le discours intitulant », in Delcroix, M.et Hallyn, F.(éd.), Méthodes du texte. Introduction aux études littéraires, Paris – Gembloux, Duclot, p.209.

2

Ibidem, p.205.

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Le titre journalistique et la communication

« Un bon journal, c’est la nation qui parle avec elle-même »

Will Rogers.

« Zagolovok-opasnaja štuka, osobenno na gazetnom ili žurnal’nom pole brani »

[Le titre est une chose dangereuse, en particulier sur le champ de bataille journalistique]

M. Kol’cov.

Le choix du titre par un journaliste a ses particularités. Le journaliste est un écrivain pressé. Il est obligé de répondre immédiatement à l’actualité, tous les jours il doit inventer de nouveaux titres. Plusieurs dizaines de titres doivent être créés pour chaque nouveau numéro d’un journal ou d’un magazine. Si l’écrivain subit la pression de son éditeur, le journaliste a une pression bien plus importante de son rédacteur en chef, surtout s’il écrit pour un quotidien.

Les fonctions du titre journalistique

Le journal, comme d’autres médias, sert à informer le public. Mais il ne lui suffit pas d’informer, il doit être à l’écoute de son public et lui plaire en le distrayant, pour être acheté et lu, et donc être rentable. Les journalistes sont amenés à utiliser tous les moyens pour répondre à ce double objectif : informer et distraire. Le titre, qui est le premier élément de l’article vu et lu par le lecteur, a un rôle important dans la réalisation de ce double objectif. Rappelons cependant qu’il n’en n’a pas toujours été ainsi. Au XIXe siècle les articles étaient publiés sans titre. On indiquait seulement l’origine de la nouvelle et sa date. Les titres sont apparus initialement sur la première page pour annoncer le contenu du journal. Progressivement, ces titres se sont retrouvés sur les autres pages. A présent, presque tous les textes et les illustrations sont publiés avec des titres, à l’exception des nouvelles brèves.

Les fonctions les plus importantes du titre journalistique sont d’informer et de capturer l’attention. De ce point de vue, les meilleurs titres sont ceux qui en suscitant la curiosité du lecteur le conduisent à poursuivre la lecture de l’article. Cependant le titre du journal doit rester compréhensible. Le journaliste qui cherche un titre original doit veiller à être compris. Un bon article avec un titre trop compliqué ou même incompréhensible est rejeté par le lecteur : c’est une erreur de communication de la part du journaliste.

Le style des titres est un élément qui contribue fortement à la personnalité d’un journal. Un lecteur fidèle peut reconnaître sa publication favorite à la seule vision des titres de ses articles. La façon dont un journal choisit ses titres est perçue comme révélatrice de ses tendances. Par le choix de son titre, l’auteur d’un article « écrit » sur son article et sur lui-même. Il est certain que ce choix est lié au besoin d’informer le

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lecteur, mais aussi à différents facteurs sociologiques et psychologiques (Le positionnement du journal, le public ciblé …).

Le journaliste, par le choix de son titre, donne son opinion sur l’événement qu’il décrit ou choisit tout simplement une forme très expressive pour séduire le lecteur potentiel et si possible pour créer une relation de confiance avec lui. Pour instaurer la confiance avec ses lecteurs, le journaliste puise dans « l’espace hors texte ». Ce terme appartient à V. Oleško, professeur à la faculté de journalisme de l’Université d’Ekaterinburg. Dans son livre Žurnalistika kak iskusstvo [Le journalisme comme art], il désigne sous ce terme « l’ensemble des informations non présentes directement dans le texte mais qui existent dans le conscient et même l’inconscient des participants au dialogue pendant l’acte de communication. L’échange n’est possible que si au moins une partie de cette information potentielle est connue des participants au dialogue1 ». Il existe donc des règles de communication que les journalistes doivent respecter pour garantir leur succès.

Théorie linguistique de la communication

Ceci nous amène à nous intéresser à la thématique de la communication, sous l’angle de la linguistique. Le terme communication, d’après le dictionnaire de linguistique de Jean Dubois2, est « l’échange verbal entre un sujet qui produit un énoncé destiné à un autre sujet parlant et un interlocuteur dont il sollicite l’écoute et/ou une réponse explicite ou implicite ».

R. Jakobson, dans les Essais de linguistique générale3 prend en compte six facteurs dans le processus de communication : un message produit par un émetteur en direction d’un récepteur, le contexte auquel renvoie le message, le contact/canal et enfin le code. Dans son schéma de communication Jakobson introduit la notion de contexte saisissable par le destinataire et la notion de contact ou canal physique ainsi que de connexion psychologique entre l’émetteur et le destinataire, contact qui leur permet d’établir et de maintenir la communication. Le schéma de la communication suppose la transmission d’un message entre un émetteur et un récepteur possédant en commun, au moins partiellement, le code nécessaire à la transcription et au décryptage du message.

Dans le cas qui nous intéresse, pour que la communication puisse s’établir, le journaliste et le lecteur doivent posséder les mêmes références culturelles. Remarquons que pour notre étude les notions de contexte et de connexion psychologique sont particulièrement importantes : c’est là que la référence à la réalité extra-textuelle présente dans la signification de la parole ailée présente dans le titre peut être transmise et partagée, à condition que le lecteur la connaisse. Dans le cas contraire, la communication échouera.

1

Oleško V., Zurnalistika kak iskusstvo, M., RIP-Xolding, 2003, p.115.

2

Dubois J., Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse, 1973.

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P. Charaudeau, dans son ouvrage Langage et discours. Eléments de

semiolinguistique a relativisé le schéma d’analyse de la communication de Jakobson. Il dit notamment que « l’acte de langage … peut être considéré comme une expédition et

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