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Les tiques et les zoonoses transmises :

Dans le document Le chien errant en Guadeloupe (Page 72-75)

HOMMES EN GUADELOUPE

A. Les tiques et les zoonoses transmises :

Les tiques exercent sur l’hôte un rôle direct pathogène au site de fixation :

l’action combinée de chélicères, munies de pinces et de la salive assure une véritable

digestion des tissus et créée ainsi une véritable poche dans laquelle s’accumule le sang avant d’être lui-même aspiré.

Au point de pénétration du tégument, l’hypostome est entouré d’un manchon hyalin baignant dans le liquide de cytolyse. Ceci entraîne au site de fixation une inflammation accompagnée de douleur et de prurit.

Le genre Amblyomma se distingue des autres tiques par son hypostome long et massif, créant chez l’hôte une porte d’entrée pour les micro-organismes, favorisant ainsi la formation

d’abcès, les myiases, et les maladies cutanées spécifiques (maladie de Lyme par exemple) [43’].

Lorsque la pénétration se fait par une nymphe ou une larve de tique, la lésion évolue alors en papule. Les adultes, pénétrant plus profondément dans le derme, engendrent des réactions inflammatoires plus importantes : les gênes occasionnées dépendent alors du site de fixation. Après détachement de la tique, la zone demeure enflammée, prurigineuse et douloureuse. Elle peut guérir spontanément ou évoluer en abcès après infection par Corynebacterium. Le rostre peut en outre subsister dans le derme si l’arrachage n’est pas précautionneux et il est alors soit éliminé par résorption, soit éliminé sous forme de fistule après surinfection.

Lorsque l’infestation est massive, les lésions cutanées peuvent évoluer en véritable pyodermite.

Le rôle spoliateur est quant à lui négligeable. La quantité de sang prélevée par Amblyomma

variegatum peut atteindre 0,5 mL de sang par femelle mais la colonisation doit être massive

pour engendrer une forte anémie.

Le rôle pathogène indirect est quant à lui primordial: il sévit sur les chiens, le bétail mais aussi sur les hommes.

1. La maladie de Lyme [23] :

La maladie de Lyme est due à la transmission de bactéries spirochètes du genre Borrelia :

Borrelia burgdorferi est le principal agent étiologique de la maladie de Lyme.

La borréliose humaine est une infection cosmopolite qui concerne essentiellement les enfants. Un quart des cas représentés concernent des enfants de moins de 14 ans.

La tique principale transmettant la borréliose appartient au genre Ixodes. Chez l’Homme, on observe :

- des signes cutanés :

Ils sont caractérisés par un érythème migrant relativement pathognomonique.

Il apparaît dans 60% à 80% des cas [23], et se manifeste par une lésion érythémateuse primaire, centrée sur le site d’inoculation de Borrelia. Une macule ou papule érythémateuse apparaît d’abord, au site de fixation de la tique et peut ensuite persister.

Après 2 à 3 semaines, le diamètre de l’érythème augmente, drastiquement parfois, et la forme devient annulaire tandis que le centre s’éclaircit. La taille moyenne est de 15 cm environ [23]. Une douleur, rougeur, un prurit peuvent accompagner cet érythème cutané.

6 à 50% des patients peuvent présenter des érythèmes migrants secondaires, uniques ou multiples. Ceux-ci sont alors de diamètre inférieur et migrent moins.

- des signes cliniques généraux : Ils accompagnent parfois la phase cutanée.

Ils sont variables : douleurs musculaires fulgurantes, céphalées, abattement, photophobie, nausée, vomissements, etc. Ils sont accompagnés par une hyperleucocytose, une vitesse de sédimentation augmentée et de l’hématurie peut également apparaître.

- des signes neurologiques :

Ils sont plus courants en Europe contrairement aux Etats-Unis, et apparaissent de préférence chez les jeunes enfants.

Ils présentent alors une paralysie faciale, des signes de méningite lymphocytaire et de polyradiculonévrite.

Plus rarement sont observés de la conjonctivite, uvéite, hépatite, cystite, etc. - des signes plus tardifs :

Certaines arthrites chroniques peuvent apparaître des années plus tard. Elles concernent alors les genoux, les épaules, les hanches.

Le traitement de cette infection consiste en l’administration de doxycycline, à raison de 100 mg matin et soir, pendant 10 à 21 jours ou d’amoxicilline (500mg en 2 à 3 fois par jour). Parfois, pour des raisons encore inconnues, certains patients restent réfractaires au traitement. On observe alors chez ces patients des anormalités du système nerveux périphérique et central caractérisées par une dépression, un abattement, des désordres du sommeil, des pertes de mémoires qui durent des mois à des années suivant l’infection primaire de Borrelia. La prévention consiste bien évidemment à se protéger contre l’infestation de tiques.

L’inspection est ainsi de mise après manipulation de chiens errants ou après avoir traversé un champ colonisé par les chiens ou les tiques : on s’attachera particulièrement aux parties dénudées exposées préférentiellement (chevilles, mollets, avant-bras, cou), mais aussi aux régions non exposées comme le bas ventre (vêtements collés à la peau), les aisselles, l’aine.

2. L’ehrlichiose :

L’ehrlichiose est transmise par un parasite intracellulaire obligatoire appartenant à la famille des Rickettsiacées. Les sites de ces bactéries intracellulaires sont les phagosomes des

leucocytes mononucléés ou des granulocytes [16].

On distingue deux entités d’ehrlichiose, différant selon l’espèce d’Ehrlichia en cause mais de symptomatologies très proches : Ehrlichia canis est quant à elle responsable d’une ehrlichiose humaine monocytique (EHM) [16].

Les signes cliniques observés sont une hyperthermie, des céphalées, des myalgies, des tremblements, de l’anorexie, une éruption cutanée (chez 20% des cas atteints de EHM), une hypertension, une coagulopathie, une insuffisance rénale, une leucopénie, une

thrombocytopénie et une anémie voire une pancytopénie.

L’évolution va de la simple séroconversion à l’infection mortelle.

Le traitement consiste en l’administration de doxycycline, à raison de 100 mg deux fois par jour pendant 5 à 7 jours.

3. Les fièvres à rickettsies :

Les bactéries du genre Rickettsia sont des bacilles à gram négatif intra-cellulaires transmises lors de piqûre d’arthropode, de tiques notamment.

Les symptômes cliniques sont une fièvre, des céphalées, une éruption cutanée, une lymphadénopathie locale ou généralisée et une tâche noire correspondant au site d’inoculation.

Depuis 1960, l’existence d’une rickettsie a été démontrée sur le territoire de la Guadeloupe : il s’agit de Rickettsia africae [33].

Il s’agit d’une rickettsie transmise essentiellement par Amblyomma variegatum et transmettant la fièvre africaine. Il semblerait que 27% des tiques appartenant à l’espèce Amblyomma

variegatum en Guadeloupe en soient porteuses.

Cette infection concerne surtout les hommes travaillant dans les champs.

Dans le document Le chien errant en Guadeloupe (Page 72-75)