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Le sarcome de Sticker [30]:

Dans le document Le chien errant en Guadeloupe (Page 51-55)

DES CHIENS ERRANTS SOUMIS A DE FORTES PRESSIONS INFECTIEUSES ET PARASITAIRES

A. Le sarcome de Sticker [30]:

Il s’agit d’une tumeur transmissible par voie vénérienne, ancienne, sévissant notamment dans les régions tropicales à subtropicales, et en particulier dans le sud des Etats Unis et dans la Caraïbe [20].

Les chiens errants guadeloupéens sont fortement sujets à cette affection, tandis qu’il s’agit d’une pathologie en voie de régression en métropole.

Ce sarcome touche aussi bien les chiens mâles que les femelles, de races pures ou typiquement créoles.

Les cellules tumorales sont transmises d’un hôte infecté à son partenaire sexuel lors de la saillie : elles présentent un caryotype différent des cellules de l’hôte et possèdent un faible pouvoir immunogène .

Ainsi, sans générer de manifestations inflammatoires de rejet, elles s’implantent chez leur nouvel hôte sur la muqueuse vulvaire, vestibulaire, pénienne ou prépuciale. Rarement, sur l’utérus, les ovaires, le tégument du fourreau.

Une fois greffées, ces cellules tumorales prolifèrent chez leur nouvel hôte et favorisent

l’apparition de néoformations, en surélévation, bourgeonnantes, exophytiques, très friables, et saignant abondamment lors de leur manipulation.

Des ulcérations de la muqueuse hôte à la suite de compressions, ou des surinfections peuvent compliquer ce tableau lésionnel.

Chez la femelle, les observations se font par le propriétaire qui observe chez sa chienne environ deux mois après les chaleurs des saignements vulvaires plus ou moins abondants. La plupart du temps, cette affection est diagnostiquée à la suite de saillies non désirées survenant après une fugue pour le mâle ou une intrusion du chien mâle errant chez le propriétaire de la femelle en chaleur.

Ces tumeurs vénériennes ne métastasent que très rarement (moins de 3% des cas) [20] dans le foie, la rate, le tissu sous-cutané, les reins. Néanmoins, une dissémination de cellules

tumorales peut survenir à la suite de léchages de la zone génitale infectée, sur les babines notamment [20].

Le pronostic de cette affection est assez favorable car ces tumeurs régressent fortement lors de chimiothérapie (Vincristine, Oncovin ND, à la dose de 0,75 mg/m² , 3 à 4 fois à 7 jours

d’intervalle).

Leur exérèse n’est de ce fait pas toujours conseillée, d’autant que ce sont des tumeurs qui saignent beaucoup, et qui récidivent souvent lors d’une exérèse chirurgicale [20].

Lors de fatigue ou de réponse peu favorable à la chimiothérapie, une hématologie est alors indiquée pour évaluer le degré de l’anémie provoquée par le traitement.

De même, idéalement, une hématologie initiale est indiquée avant toute mise en place de chimiothérapie pour s’assurer que l’anémie générée par les hémorragies ne contre-indique pas la première séance de chimiothérapie.

En Guadeloupe, l’émergence concomitante de la phase chronique d’une ehrlichiose lors du traitement par chimiothérapie d’un sarcome de sticker est fréquente, chez les mâles autant que les femelles. Cette phase s’exprime alors par une leucopénie et une anémie souvent intenses et il convient alors de traiter l’ehrlichiose et de s’assurer de la normalisation des valeurs

hématologiques avant de reprendre les séances de chimiothérapie.

Il est inutile de préciser que peu de chiens errant sont traités par chimiothérapie et leur présence nombreuse permet de comprendre la persistance de cette affection sur l’île, tandis que cette pathologie diminue dans les autres départements français.

B. Le botulisme [4’’]:

Le botulisme est une intoxination provoquée par l’ingestion de toxines botuliniques produites par une bactérie à gram positif, saprophyte et anaérobie : Clostridium botulinum.

Il existe différents types de toxines botuliniques mais la seule capable de contaminer le chien est la toxine de type C. La contamination du chien par la toxine de type C se fait par ingestion de charogne, d’herbe souillée et survient notamment pendant les périodes de forte humidité ou de pluviosité.

Une fois ingérée, la toxine s’associe à une protéine de poids moléculaire similaire et se retrouve transportée jusqu’à la jonction neuromusculaire où elle bloque la libération d’acétylcholine.

La paralysie musculaire générée par l’inhibition de la neurotransmission n’entraîne le décès du chien que lorsque les muscles respiratoires sont touchés.

Les signes cliniques d’une telle intoxination sont une faiblesse musculaire évoluant progressivement en tétraplégie, avec persistance de la motricité caudale.

Les symptômes évoquent une lésion du motoneurone périphérique avec congestion importante des muqueuses, une hyperthermie, une mydriase intense.

Une dilatation gastrique associée n’est pas rare.

La conscience du chien contaminé n’est pas altérée. Lors du pincement des extrémités, on remarque une incapacité à effectuer un retrait de membre alors que le chien perçoit néanmoins la douleur.

Les mouvements respiratoires sont de faible amplitude, aggravant la congestion voire la cyanose. Lors de contamination massive, le muscle diaphragmatique se paralyse à son tour, ce qui engendre la mort par asphyxie.

Le chien se retrouve également dans l’incapacité d’uriner et de déféquer. Le décubitus est d’abord latéral sans possibilité de rétablissement.

L’évolution peut se faire en 2 à 3 jours, mais peut durer jusqu’à 7 jours, voire plus.

Peu à peu, le chien recouvre sa fonction locomotrice : cela débute par les mouvements du cou et de la tête. Le port de la tête permet alors un balancement du corps en position de décubitus sternal.

Puis, les mouvements de mastication réapparaissent, sans risques de fausse déglutition, permettant ainsi au chien de se réhydrater et de s’alimenter.

Le chien souffre en général à ce moment encore de rétention fécale due à l’installation sur quelques jours d’une constipation importante pouvant aboutir à un fécalome.

Un rétablissement complet est obtenu dans un délai de quinze jours suivant l’ingestion de spores ou de toxine botulinique.

Le chien errant est prédisposé pour cette toxiinfection car souffrant de malnutrition il se nourrit souvent de charognes et d’herbe contaminées.

Lorsque le traitement est débuté à temps, la déshydratation et la rétention urinaire peuvent être combattues efficacement.

En revanche, un chien errant retrouvé tardivement tétraplégique a un pronostic de

récupération faible lié à l’installation d’une insuffisance rénale soit glomérulaire par défaut de perfusion soit post-rénale par rétention excessive d’urine.

Le traitement principal consiste en - une réhydratation constante,

- un sondage gastrique afin d’éliminer au plus vite les aliments souillés ingérés, - une antibiothérapie évitant la prolifération intestinale de germes anaérobies : les

sulfamides sont alors souvent conseillés (l’association Septotryl-Colistine ND notamment, à raison de 1 comprimé matin et soir pour un chien de 40 kg) - un nursing constant évitant la formation d’escarres et permettant une stimulation

fréquente des fonctions locomotrices du chien

Cette affection sévit encore particulièrement en Guadeloupe.

A la suite de ces observations, force est de constater que les chiens errants vivant sous un climat chaud et humide développent plus aisément des pathologies infectieuses ou parasitaires que les chiens errants de climats tempérés.

Il n’est ainsi pas rare de constater la décimation de quartiers entiers suite à la survenue d’épizooties de leptospirose ou de parvovirose, phénomène heureusement raréfié en France métropolitaine.

Pour les mêmes raisons, la prolifération intense de parasites cutanés offre aux yeux des touristes et des habitants guadeloupéens un triste spectacle : celui de chiens faméliques exténués par les démangeaisons continues et les surinfections dont ils sont victimes. L’image du chien errant galeux ou teigneux, miséreux, prend alors toute son importance, contrastant avec le niveau de vie élevé dont bénéficient les guadeloupéens en général. Ces chiens errants vivant continuellement aux côtés des habitants constituent une menace permanente pour leur hygiène et leur santé et certaines mesures de précaution seraient à envisager afin de limiter tout risque de transmission à l’homme.

Figure 11 : plaies et

boiteries sur des chiens errants de Saint Félix.

PARTIE III :

LE CHIEN ERRANT CONSTITUE UNE MENACE

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