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PARTIE II. Cadre thÉorique

Chapitre 2. La formation continue aux TIC des enseignants : entre

2.2. Les TIC dans la formation des maîtres

Les TIC sont de plus en plus présentes dans notre société, et l’école doit

nécessairement les introduire en son sein. L’école doit subir les mêmes changements

que la société, et doit profiter des opportunités que peuvent offrir les technologies et

en faire un atout pour l’éducation. L’évolution de l’école et l’implantation des

technologies éducatives vont induire automatiquement un nouvel enseignement.

Étant donné les effets des TIC sur le processus d’enseignement-apprentissage,

il est nécessaire que tout formateur les emploie. M. Huber estime que les TIC sont

capables de libérer la créativité et l’intelligence de la personne. Ces qualités sont des

éléments primordiaux pour le XXIe siècle, d’où la nécessité de les mettre à profit dans

toute situation de formation et d’apprentissage : « Les défis auxquels l’humanité est

confrontée aujourd’hui supposent que soient libérées les capacités qui se nichent en

chacun. Pour ce faire, il convient à tout formateur de s’approprier des outils aptes au

développement des intelligences » (Huber, 2007, p. 7).

La recherche montre que l’usage pédagogique des TIC en classe par les

enseignants reste jusqu’à aujourd’hui irrégulier et même décevant. À quoi ce constat

peut-il être dû ?

De nos jours, les recherches menées dans les pays industrialisés, où les écoles

sont considérées comme bien équipées, révèlent que ce qui est en cause ce n’est plus

l’absence de l’équipement technologique, mais c’est surtout les représentations et les

possibilités que connaissent les enseignants des TIC. Dans certains cas, malgré un bon

niveau de maîtrise technique acquis en formation initiale, les enseignants se trouvent

incapables d’exploiter ces compétences dans leurs pratiques pédagogiques

quotidiennes. D’où l’importance d’initier davantage les enseignants à l’usage des TIC

et de les encourager à innover en classe, et d’où la grande nécessité de leur offrir une

formation continue leur permettant de prendre conscience des opportunités des

technologies éducatives, et leur permettant d’articuler la pratique à la recherche et

d’apprendre à apprendre au fil de leur carrière.

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Thierry Karsenti met en avant l’importance de la préparation, des agents

scolaires en général et des enseignants en particulier, dans le processus de l’intégration

des TIC dans le travail enseignant : « l’intégration des TIC dans le travail enseignant

ne peut toutefois pas être vue comme un processus mécanique, elle soulève

concrètement toute la question fondamentale de la préparation et de la formation des

agents scolaires ‒ et plus particulièrement des enseignants ‒ à l’utilisation optimale

des TIC en lien avec l’amélioration de la formation des élèves » (Karsenti et Larose,

2005, p.4).

La formation des enseignants aux compétences techniques semble primordiale

dans un monde en perpétuelle évolution. Il est évident que l’un des piliers de la

réussite de l’implantation des TIC dans les classes reste la formation des enseignants.

L’OCDE accorde une grande importance à la formation continue des

enseignants. Il est vrai que la réforme de la formation initiale des enseignants est

incontournable, mais il est plus utile de former les enseignants en poste pour qu’ils

s’adaptent aux évolutions de la société et à ses nouvelles exigences. « La réforme du

système éducatif ne peut pas attendre les nouvelles générations d’enseignants »

(Fourgous, 2011)

Dans le même ordre d’idées, Colette Deaudlin, Sonia Lefebvre et al. citent :

« dans un contexte de changement visant l’amélioration de l’éducation, de nombreux

écrits soulignent l’importance du développement professionnel des enseignants (Fabry

et Higgs, 1997 ; Guskey, 2002) » (Deaudelin et al., 2005, p.100).

Lebrun (2004), à son tour, constate que l’importance de la formation des

enseignants (niveau méso) réside dans le fait que celle-ci constitue un maillon central

entre la formation des étudiants (niveau micro, celui de la classe) et le développement

de l’innovation dans les institutions (niveau macro à la frontière de l’institution et de la

société).

Concernant le phénomène de métamorphose de l’école, qui change ses

objectifs, les enseignants sont au cœur de la réussite du challenge et leur formation est

essentielle.

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Dans le rapport de Fourgous sur l’apprentissage à l’ère numérique, il est

prouvé que la formation continue des enseignants a des effets positifs sur

l’éducation : « La recherche a mis en évidence une corrélation entre la participation

des enseignants à des stages de formation continue et :

- Le bien-être et la confiance des enseignants,

- La réussite des élèves (Angrist et Lavy, 2001 ; Bressoux, 1996),

- L’adoption des outils numériques par les enseignants (SITES),

- L’utilisation des TICE dans des pratiques innovantes (OCDE, 2010),

- L’utilisation pertinente et efficace des TICE (Sardone et Devlin-Scherer,

2008) » (Fourgous, 2011, p.203).

Lebrun met l’accent sur l’objectif de la formation aux TIC comme suit : « Une

des finalités de la formation pédagogique des enseignants est que ces derniers soient

mieux armés à favoriser le développement des compétences requises chez les

étudiants » (Lebrun, 2004).

Quant à la formation aux TICE en tant que telle, comme tout apprentissage,

elle implique des conditions favorables facilitant la maîtrise des compétences

pédago-techniques…

Et comme tout étudiant, l’enseignant est un apprenant dont il faut respecter les

besoins et les pré-acquis : « Relativement au champ des technologies éducatives, nous

souhaitons étayer l’hypothèse suivante : si généralement on attribue le fait d’apprendre

aux étudiants, il est aussi vrai que les enseignants apprennent, que les sociétés

apprennent » (Lebrun, 2004). En tenant compte des conditions d’apprentissage, des

besoins de l’apprenant, de ses représentations mentales et de sa zone de

développement, à tous les niveaux de l’enseignement (étudiants ou enseignants

débutants ou expérimentés) est garantie une formation de qualité. Or, aujourd’hui, il

ne s’agit pas seulement de favoriser ces éléments, mais il s’agit aussi de développer

des compétences et une attitude réflexive.

L’un des facteurs primordiaux à la formation aux TIC est l’environnement, car

« former les enseignants aux TIC, c’est d’abord leur donner un environnement

favorable à l’apprentissage d’un usage réfléchi des TIC dans le cadre de leurs

enseignements » (Lebrun, 2004).

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Jacques Béziat (2012) suggère de mettre l’accent sur la réflexivité en formation

à l’usage des TICE. L’analyse et la réflexion autour des pratiques professionnelles

intégrant les TICE permettent à l’enseignant de prendre conscience des enjeux et

limites de ces outils, et par la suite d’en faire un usage régulier et pertinent : « Une

formation est certainement nécessaire pour espérer voir des pratiques pédagogiques

avec les TICE se développer en classe. Mais ce n’est qu’un des leviers pour leur

intégration dans les pratiques scolaires. Une formation aux TICE suppose que l’on

mette l’accent sur l’analyse des pratiques. Plus que de former “simplement” à l’usage

pédagogique d’outils numériques, il est indispensable de former à la complexité de

leurs enjeux intellectuels et pratiques ». De plus, Béziat (2012) insiste sur

l’importance de travailler sur les représentations sur les TICE, parce qu’elles vont

opérer comme déclencheur ou inhibiteur de l’action pour leur usage ou leur non-usage

scolaire.

Une formation professionnelle efficace permet (OCDE) :

- « D’actualiser les connaissances et compétences de l’enseignant,

- D’actualiser les pratiques pédagogiques des enseignants, à la lumière de la

recherche,

- D’appliquer dans les cours, les modifications apportées aux programmes et

aux objectifs d’enseignement,

- D’innover dans les pratiques pédagogiques,

- De recevoir des rétroactions sur ses activités,

- De suivre des activités d’apprentissage semblables à celles que l’enseignant

utilise avec ses élèves,

- D’échanger des informations et des pratiques entre pairs,

- D’échanger des informations et des pratiques avec les chercheurs et les

industriels,

- D’aider les enseignants les moins expérimentés à devenir plus efficaces »

(Fourgous, 2011).

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Nous avons évoqué supra l’importance accordée aux représentations que se

font les enseignants des TICE. Béziat (2011) met en évidence l’importance de

29Tiré d’OCDE 2011: (OCDE (2011). Building a High-Quality Teaching Profession Lessons from

around the world. Consulté le 24 février 2012

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travailler sur les représentations initiales qu’ont les étudiants en formation au métier de

l’enseignement, et de les faire évoluer en intégrant les exigences du milieu scolaire et

de ses finalités. Or, d’après nous, ces représentations se retrouvent non seulement chez

les étudiants en formation, mais aussi chez certains enseignants en poste. Béziat

explique qu’il existe une tendance à donner des arguments positifs ou négatifs sans

une vraie problématisation et sans une vraie analyse des technologies éducatives et de

leurs enjeux. Ces représentations émanent du discours ambiant et parfois de

l’expérience. Il affirme que les représentations qu’on se fait des technologies

influencent beaucoup les pratiques professionnelles, et que posséder des

représentations issues du discours commun entrave les pratiques professionnelles

parce que le métier est complexe : « Les enjeux d’une formation aux TICE

relèveraient donc d’un processus de prise de conscience de la complexité des objectifs

et des contextes d’intégration, et de la diversité des contraintes et des possibles.

Former aux TICE reviendrait, pour une bonne part, à travailler sur les représentations

de départ, et à les faire évoluer en intégrant les exigences du milieu scolaire et de ses

finalités » (Béziat, 2011).

Michel Develay, lui aussi, indique qu’il faut s’intéresser et travailler sur les

représentations qu’on se crée, parce que cela permet une prise de conscience de ces

dernières par l’enseignant et parce qu’ensuite cela facilite l’adoption d’une innovation

et d’une modification : « L’hypothèse qui conduit à s’intéresser aux représentations en

formation est qu’une prise de conscience par l’enseignant de ses propres

représentations constitue un élément facilitateur de l’introduction d’un changement »

(Develay, p.122).

Évoquer le sujet de l’introduction des TIC aux pratiques professionnelles des

enseignants, c’est évoquer la question de la formation continue.

L’enjeu de ce travail consiste à dégager ce qu’est une formation continue

réussie. Nous avons analysé et fait état des travaux de recherche autour de la

professionnalisation des enseignants pour que nous puissions comprendre et analyser

la situation actuelle de formation continue à l’usage des TIC au Liban. Ces recherches

mettent l’accent sur le rôle de l’enseignant.

L’enseignant joue un rôle majeur dans le processus

d’enseignement-apprentissage. Il constitue le pivot du système éducatif et influence tout projet

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d’innovation et de modernisation pédagogique. La réussite d’un nouveau projet

éducatif dépend de l’implication de l’enseignant. Au paravent l’enseignant était le

détenteur du savoir, le symbole du pouvoir, maintenant il est devenu le guide, le

conseiller, et l’observateur. Le rôle de l’enseignant change au même rythme que celui

de l’école. De nos jours l’école et l’enseignant doivent faire face à de nombreux

changements. Pour que toute société évolue elle est appelée à fournir une éducation de

qualité aux générations d’apprenants. Pour ce faire il semble important de recourir à la

professionnalisation des enseignants. Nous relevons une grande place accordée à la

formation continue. Certes la formation initiale est essentielle, mais la formation

continue constitue un vecteur majeur de la professionnalisation des enseignants. La

formation continue est indispensable aux enseignants déjà en service. L’utilité de la

formation continue réside dans le fait qu’elle permet d’accroître la compétitivité,

répondre aux problèmes causés par les mutations, mettre à jour les connaissances et les

compétences, accompagner l’innovation et le progrès, et s’adapter aux changements.

Mais pour que la formation continue ait ses effets souhaités et aboutisse à la

professionnalisation, quelques conditions et éléments sont à prendre en considération.

Il ressort de notre cadre théorique qu’il est utile de considérer la formation

continue comme étant une situation d’apprentissage, d’où la nécessité de fournir toutes

les conditions indispensables et de prendre en considération l’expérience et les

représentations de l’enseignant. En même temps il sera fructueux de faciliter le

transfert des connaissances et le développement des compétences à travers l’exécution

dans des situations pratiques.

Nous constatons que le rôle de l’enseignant pendant la formation continue

consiste à participer à l’enseignement, échanger et collaborer avec le formateur et les

collègues, être actif, réfléchir sur son métier et ses pratiques. Et afin d’impliquer

l’enseignant dans la formation il sera essentiel de le mettre en projet et de lui fixer des

buts clairs et concrets.

Nous pouvons tirer de ce parcours théorique que pour réussir une formation

continue professionnalisante il est crucial de développer des compétences, se baser sur

un référentiel, développer la pratique réflexive, travailler en coopération, et évaluer.

Quant à la formation continue aux TIC en particulier, nous pouvons constater

de la revue de littérature qu’il est insuffisant de développer des compétences

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technologiques chez l’enseignant, mais il faut aussi le mener à réfléchir sur l’usage

qu’il fait des TIC. En addition aux conditions de formation continue déjà citées

précédemment il est souhaité de travailler sur les représentations des enseignants,

parce que celles-ci influencent en grande partie l’intégration, l’utilisation et l’adoption

des TIC.

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