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PARTIE I. État des lieux au Liban et problÉmatique

Chapitre 2. Problématique

2.1. La situation de la recherche au Liban : un état de pénurie

La situation de la recherche scientifique au Liban est inquiétante malgré les

efforts déployés. D’une façon générale, le conseil national de la recherche scientifique,

fondé en 1962, établit des programmes de recherche avec la collaboration d’autres

organismes et institutions nationaux et internationaux. Cette institution publique a

pour but d’encourager, de guider et de mener des recherches afin d’intégrer les

chercheurs libanais dans les domaines scientifiques. Les principaux financements sont

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essentiellement dédiés aux recherches dans les domaines de la science pure et de la

technologie. On considère que ces domaines ont un impact sur le développement

socio-économique du pays. Si nous consultons les programmes de bourses et les sujets

de recherches proposés depuis 2006, et même bien avant, nous pouvons aisément nous

apercevoir qu’ils abordent les domaines scientifiques « prioritaires », ce terme étant

utilisé par le CNRS-L lui-même. Les sujets traités concernent la physique, l’énergie

nouvelle, les sciences marines, l’environnement, la nutrition et la santé. Les plus

importants programmes établis par le CNRS sont : Grant Research Programm (GRP),

Associate Research Units (ARUS), Science, Technology and Innovation Policy

(STIP). Même si on affirme dans la présentation du CNRS et de son programme

l’existence du domaine des sciences sociales et humaines, nous remarquons l’absence

d’études et de financements dans ce domaine.

Il est évident que la recherche est un besoin humain et sociétal. Elle ne doit pas

être une option ; elle permet d’élaborer des outils et des indicateurs d’évaluation, et

des programmes de développement. Elle contribue à l’évolution des sociétés. Via les

recherches scientifiques, nous pouvons davantage comprendre une situation et mieux

la décrire pour l’améliorer, et suivre son progrès. À travers la recherche, l’observation

de la réalité, des outils et des processus existants sera possible, et par la suite, la mise

en place de programmes de développement deviendra réalisable. Cependant, la

recherche doit englober tous les champs pour trouver un équilibre dans le

développement de la société. Le paysage de la recherche scientifique dans un pays ne

s’accomplit que par la présence de toutes les branches. Pour que cet « écosystème »

soit en bonne santé et équilibré, il nous paraît crucial d’accorder la même importance à

tous ces composants. L’éducation reste le pilier fondamental de toute société, d’où la

nécessité de promouvoir les études et la recherche dans ce champ.

Dans son article intitulé « Recherche scientifique au Liban : le Liban à la traîne

», publié en 2013, la professeure Rania Bou Kheir montre que la situation de la

recherche scientifique au Liban et dans son entourage moyen-oriental se porte mal. Ses

travaux permettent de dégager les points essentiels qui sont à la base de la situation

actuelle. Nous résumons les différents problèmes évoqués par Rania Bou Kheir :

• Un accroissement significatif du nombre d’étudiants inscrits dans les

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• Moins de 10 % des enseignants sont des chercheurs.

• Un potentiel immense inexploité.

Elle confirme que la recherche est devenue autant un enjeu économique qu’un

enjeu sociétal, et qu’elle détermine à la fois le niveau intellectuel d’un pays, la valeur

de son enseignement, son rayonnement culturel, politique et économique et, plus

prosaïquement, son aptitude à s’adapter ou à tirer parti des avancées des autres.

En ce qui concerne plus particulièrement notre champ disciplinaire, nous

présentons un bref aperçu de la réalité de la recherche en sciences de l’éducation au

Liban.

Nous avons recensé et consulté les travaux de recherches menés dans le

domaine des TIC et du FLE/FLS depuis la fin des années 90 jusqu’à aujourd’hui,

parmi lesquels nous pouvons trouver deux thèses sur le Liban. Il est vrai que beaucoup

de recherches sont menées et éparpillées dans tous les pays de la francophonie, mais

pas particulièrement, ou très peu, au Liban. La plupart traitent de l’acquisition de la

langue via les TIC et des potentialités des TIC dans ce processus, mais très peu ‒ voire

aucune ‒ traitent de la formation des enseignants de FLS à l’usage des TIC.

Les principaux thèmes abordés concernent le développement des compétences

linguistiques et la communication grâce aux TIC, le rôle et l’impact de l’image et du

son et de certains logiciels dans l’apprentissage de la langue, l’analyse des interactions

par les TIC, l’enseignement à distance et la formation en ligne et leurs enjeux,

l’autoévaluation. Si la plupart des recherches portent sur l’acquisition de la langue par

les technologies, il existe peu de recherches sur la formation des enseignants à leurs

usages. En fait, les recherches francophones et internationales recensées traitent de

l’apport des TIC au développement des compétences linguistiques, scripturales, ou de

la compétence textuelle dans le contexte scolaire et universitaire.

Quant aux thèses menées sur le Liban, nous citons les plus récentes :

- Les nouveaux programmes d’enseignement du français au Liban. Intentions et

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- L’implantation de l’informatique pédagogique dans les écoles libanaises : état

et propositions. Wadih Skayem, 2002. (Université Paris- Descartes)

- Performances orales des enfants de 3 à 6 ans dans un contexte de bilinguisme

français/arabe au Liban nord. Colette Aoun, 2003. (Université Paris-Diderot)

- Présentations identitaires et rapport à la formation continue. Cas des

enseignants de français au Liban. Samir Hoyek, 2004. (Université Charles De Gaule –

Lille).

- Influence du français langue seconde sur les représentations identitaires des

jeunes au Liban. Maria Habib, 2009. (Université de Montpellier)

- Usages et effets des TIC dans l’enseignement-apprentissage du français langue

seconde : un exemple au Liban. Aïda Soufi, 2011. (Université de Strasbourg)

- Réseaux sociaux et autonomisation des adolescents. Joëlle Bacha, 2013.

(Université Franche-Comté)

En ayant recours à ces recherches comme références bibliographiques et études

des problématiques éducatives libanaises, nous nous sommes rendu compte de

plusieurs points :

D’abord, le point commun de toutes ces études est le terrain libanais.

Cependant, certaines recherches sont menées dans des régions particulières et

différentes les unes des autres. De la même manière, les problématiques étudiées et les

méthodologies adoptées diffèrent d’une recherche à l’autre. Mais, à notre sens, cette

fréquence de la recherche sur l’éducation au Liban est elle-même une problématique

qu’il faut traiter. D’ores et déjà, on peut comprendre que la recherche est menée par

des initiatives personnelles de certains acteurs éducatifs, et qu’il n’y a pas de politique

claire pour ce travail. Ces études portent sur des problématiques éducatives

importantes. Par rapport à un pays comme le Liban, selon nous, on est encore loin de

satisfaire tous les besoins en recherches dans le champ de l’éducation ; d’où la

possibilité de parler d’une situation de pénurie en recherche.

Les recherches doctorales francophones aujourd’hui, si elles ne sont pas

menées en France, s’effectuent essentiellement au sein d’universités privées payantes,

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comme l’université Saint-Joseph, qui est en cotutelle avec des universités françaises,

comme l’université de Lyon. En deuxième lieu, nous citons l’université Saint-Esprit

de Kaslik, qui encourage plus ou moins les recherches en éducation en son sein et en

cotutelle. Contrairement à la France, les laboratoires de recherche au Liban sont

presque inexistants.

Les études menées au niveau national sont le fruit des efforts d’organismes

nationaux comme le CRDP, et d’autres, internationaux, tels que l’UNESCO et

l’Institut français. Ce genre d’études a pour objectif de mesurer et de décrire certaines

situations pédagogiques. Elles se déroulent à de grands intervalles.

Il serait souhaitable de mobiliser les chercheurs et d’impliquer les professeurs

d’université dans la réalisation de recherches, en allégeant leur charge d’enseignement

et en leur fournissant le financement et toutes les conditions nécessaires. Ces

recherches et études, si elles étaient bien menées dans une politique nationale de

recherche claire, dynamiseraient les colloques et enrichiraient la publication

scientifique du pays.

De nombreuses problématiques existent encore en éducation au Liban. La

situation sociopolitique et économique influence le système éducatif. Cette situation

au Liban entraîne un besoin accru de recherche dans tous les domaines, et plus

particulièrement en éducation. La recherche doit se mettre au service du

développement du secteur de l’enseignement. La revendication de plus

d’investissement dans la recherche n’est pas uniquement un droit mais aussi un besoin.