• Aucun résultat trouvé

4. CADRE THÉORIQUE

4.4 Applications de la Sémantique des cadres

4.4.3.1 The Quranic FrameNet Project

The Quranic FrameNet (Atwel et Sharaf 2009) est un projet visant à concevoir un modèle de représentation de connaissances (Knowledge Representation, KR) pour le texte

35 Nous signalons que le Quranic FrameNet s’appuie sur la CA (classical arabic), qui est une variante de la langue

arabe (section 2.2). Cependant, pour cette section, nous considérons que le texte coranique relève d’une langue de spécialité.

coranique selon la théorie de la Sémantique des cadres. L’objectif de ce projet est de construire une ressource lexicale décrivant les verbes dans la version arabe du Coran. Ce projet de recherche a été initié par l’Université de Leeds en Grande-Bretagne. Le choix de ne traiter que les verbes provient du fait que le verbe joue le rôle prédicatif le plus important dans la phrase (Atwel et Sharaf 2009 : 8). À chaque verbe choisi pour l’étude correspond un cadre dans FrameNet. Afin de vérifier l’exactitude du choix, la valence du verbe arabe doit être étudiée pour voir s’il fait appel aux mêmes core-FE que ceux apparaissant dans le cadre correspondant.

Le texte coranique a ses propres particularités linguistiques, surtout en ce qui concerne les emplois figurés. Par exemple, dans le verset suivant (ibid. : 4), le texte décrit les sentiments de peur des soldats :

When they came upon you from above you and from below you, and when eyes grew wild and hearts reached to the throats [33:10]

De plus la métonymie occupe une place importante dans le texte, comme le montrent les exemples suivants :

Ask the township where we were, and the caravan with which we travelled hither. [12:82] And We carried him upon a thing of planks and nails [54:13]

Dans le premier exemple, la phrase ask the towns signifie « demander aux habitants de ces villes », alors que dans le deuxième exemple, a thing of planks and nails signifie l’arche de Noé.

La méthodologie suivie dans ce projet consiste à extraire tous les verbes et leurs contextes du texte coranique. Ensuite, l’analyse est effectuée au moyen d’un index informatisé. Chaque forme verbale est classifiée en fonction de son schème (figure 62).

Figure 62 : Classification des verbes en fonction de leurs formes (Atwel et Sharaf 2009)

Dans la figure, à chaque schème, on a associé les verbes correspondants. Par exemple, les verbes katab (ﺐﺘﻛ) (écrire) et faraHa (حﺮﻓ) (réjouir) correspondent au schème faE~ala (ﻞﻌﻓ). De plus, une explication est fournie pour la signification des diacritiques associés aux formes verbales. Donc, dans le cas du verbe kataba, où le deuxième radical est vocalisé avec un a, le verbe devient transitif. Nous signalons que cette méthode de traitement des verbes est appliquée dans un certain nombre de ressources lexicales de l’ASM, comme AWN et AVN (voir section 3.2.1.2).

Ensuite, chaque verbe est analysé pour trouver l’UL correspondante dans FrameNet. Après cette étape, le cadre qui comprend cette UL est analysé afin d’en vérifier la bonne correspondance avec le verbe arabe. La condition optimale pour que le verbe cible arabe soit retenu pour un cadre donné est lorsqu’il comprend les mêmes core-FE que le cadre choisi.

À titre d’exemple, le cadre Ingestion dans FrameNet dispose de deux core-FE : Ingestibles et Ingestor. Le verbe arabe correspondant dans le texte coranique est eat36. Pour étudier les propriétés du verbe, une liste KWIC est établie et le lexicographe procède à l’analyse des occurrences (figure 63).

Figure 63 : Concordances du verbe eat dans le Coran (Atwel et Sharaf 2009)

D’après les concordances du verbe, on remarque que certains usages ne correspondent pas au sens décrit dans le cadre Ingestion. Eat dans [B] n’a pas le même sens que dans les autres exemples. Pour cette raison, les auteurs proposent d’élargir leur projet pour comprendre ces usages particuliers en suivant la stratégie du FrameNet allemand, SALSA (Burchardt et al. 2009), qui propose la création d’un proto cadre (proto-frame). L’intérêt du projet SALSA pour les lexicographes du Quranic FrameNet est qu’il permet de traiter des verbes idiomatiques qui sont nombreux dans le texte coranique. C’est pour cette raison que nous trouvons dans les concordances le verbe devour. Sa présence, pourtant non justifiée par les auteurs, a pour but la création d’un cadre prototype qui comporte l’usage métaphorique du verbe eat.

En ce qui concerne l’annotation, les auteurs entendent annoter le Coran en fonction de la méthode d’annotation suivie dans FrameNet. Donc, elle comprendra trois couches : les FE, les fonctions grammaticales et les groupes syntaxiques. Les auteurs proposent dans les exemples suivants des versets annotés selon le modèle de FrameNet. On y remarque leur utilisation du cadre Giving, mais avec une extension pour rendre compte du sens exact du verbe spend dans le texte coranique (Atwel et Sharaf 2009).

and [they DONOR] spend out of [what We have provided for them THEME] [2:3]

and they ask you what [they DONOR] should spend. Say, “[the excess DONATED_AMOUNT]”. [2:219] and they ask you what they should spend. Say, “Whatever [you DONOR] spend of [good DONATED_AMOUNT] is [for parents and relatives and orphans and the needy and the traveler RECIPIENT]. [2:215]

Toutefois, les auteurs ne proposent pas une stratégie pour faire face à la vocalisation dans le texte coranique puisqu’elle constitue un problème important quant au sens des unités lexicales. À titre d’exemple, pour un verbe comme eat, en arabe la forme du verbe ne change

pas à la forme nominale. Ce qui change est plutôt la distribution des voyelles courtes : ﻞﻛأ / ﻞﻛأ. La translitération du verbe en lettres latines nous montre exactement la vocalisation correcte : Akala/Akl.

Nous signalons que le projet est en cours et il n’existe pas encore une application sur le web. De plus, dans leur article, les auteurs ne donnent pas d’exemples tirés de la version en langue arabe du Coran.